LES SEPT PERSONNES HANDICAPEES RECOUVRENT LA LIBERTE
ARRETEES ET PLACEES SOUS MANDAT DE DEPOT POUR DELITS DE MENDICITE
Les sept (7) personnes arrêtées pour délits de mendicité, vendredi dernier 22 juillet et placées sous mandat de dépôt deux jours après, sont désormais libres. Aucune charge n’a été retenue à leur encontre. Le juge du Tribunal des flagrants délits qui a statué sur leur sort hier, mercredi 27 juin, à la salle 7 du Palais de justice Lat Dior, les a relaxés au bénéfice du doute, jugeant que les éléments de preuve ne sont pas réunis dans cette affaire.
Sokhna Kébé, Awa Fall, Amy Ngingue, Mamadou Sy et leurs trois autres coinculpés ont été relaxés au bénéfice du doute, au terme d’un procès de plusieurs heures tenu à la salle 7 du Tribunal des flagrants délits de Dakar. Le juge a conclu qu’il n’existe pas de preuves suffisantes attestant leur culpabilité.
En effet, lors de leur face à face avec le juge, les 7 personnes poursuivies ont toutes reconnu avoir fréquenté la devanture de l’hôtel des députés pour mendier. Mais, disent-elles, le jour de leur arrestation, elles étaient sur les lieux juste pour le partage du butin récolté à la mosquée des maures de l’avenue Roosevelt. Mamadou Sy, le seul homme de la bande, a soutenu qu’il ne mendiait pas ce jour-là mais, dit-il, il partait au chevet de son épouse malade et internée à l’hôpital principal.
La représente du parquet a, lors de son réquisitoire, expliqué que l'article 245 du Code pénal interdit la mendicité sauf le vendredi. Continuant, le Procureur a souligné que même ce jour (vendredi), la mendicité n’est autorisée seulement qu’au niveau des mosquées. Suffisant pour que, après avoir rappelé la loi condamnant la mendicité, le Procureur de la République déclare coupable les prévenus mendiants et demande leur condamnation à 10 jours d'emprisonnement, assortis de sursis.
Mais il n’a pas été suivi par le juge qui a tout simplement relaxé les prévenus, au grand bonheur de la défense qui a insisté sur (les failles de) la loi, qu’elle juge obsolète, pour démonter l’argumentaire qui a prévalu à l’arrestation de leurs clients. Pour Me Mbaye Jacques Ndiaye, l’article 245 sur la base du quelle, ces personnes handicapées ont été inculpées ne mérite plus d’exister. La robe noire va plus loin, relevant que la loi interdisant la mendicité ne prend pas en compte la dimension religieuse. Mieux, il parle même d’hypocrisie de la société qui donne l’aumône et interdit la mendicité.
LES AVOCATS SE DECHARGENT SUR L’ETAT
Le procès des 7 mendiants, au-delà d’une affaire de société, a été comme une véritable affaire… d’Etat. De grands noms du barreau jadis plus présents dans les activités politiques et n’enfilant souvent leurs robes que pour défendre de «grandes causes et dossiers» aux envergures nationales ou même secouant l’Etat, étaient présents au Tribunal des flagrants délits de Dakar pour assurer la défense de ces personnes vivants avec un handicap, arrêtées et détenues pour mendicité.
Dans leurs plaidoiries, les robes noires se sont tous déchargées sur la politique sociale des différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays. Me El Hadji Diouf a, dès l’entame de son propos, laissé entendre que les sept personnes attraites à la barre du Tribunal des flagrants délits ne méritent pas le sort qui leur est infligé. Pour lui, la Loi d’orientation sociale n’est pas respectée. Les personnes vivant avec un handicap n’ont pas d’importants moyens de survie à l’image de grandes autorités.
Le responsable du Parti démocratique sénégalais (Pds), Me El Hadji Amadou Sall a dénoncé, pour sa part, ce qu’il qualifie de «honte et atteinte au sens de l’honneur». Pour El Hadj Amadou Sall, les personnes handicapées n’ont pas de place dans les liens de détention. Me Mbaye Jacques Ndiaye, en ce qui le concerne, a commencé par regretter la saisine de la justice dans cette affaire. Par ailleurs, Mbaye Jacques Ndiaye a montré toute sa désapprobation par rapport aux Cartes d’égalité de chance. A son avis, un tel programme ne devrait jamais exister.
Mbaye Jacques Ndiaye a, par ailleurs, soutenu que la non prise en charge des personnes handicapées dans la politique étatique date depuis les indépendances. Ils étaient plus de cinq avocats à se constituer pour la défense de ces mendiants. Me Aly Kane Ndiaye, mandaté pour la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) s’est aussi attaqué à la loi interdisant la mendicité. L’ancien Premier ministre du Sénégal, Me Souleymane Ndené Ndiaye s’est aussi engagé dans la même mouvance. A signaler que les personnes vivant avec un handicap ont été nombreux au palais de justice Lat Dior pour soutenir leurs frères et sœurs. Elles étaient visibles de tout bord.