MEURTRIER D’UN CONDUCTEUR DE «JAKARTA», PAPE DJIBY YADE PREND 20 ANS DE TRAVAUX FORCES
CHAMBRE CRIMINELLE DE DIOURBEL
La Chambre criminelle de Diourbel se penchait sur une affaire de meurtre commis il y a cinq ans dans le département de Bambey. Pape Djiby Yade, le mis en cause, comparaissait seul en l’absence de la partie civile. A l’issue du procès, il a été reconnu coupable et a écope de 20 ans de travaux forcés.
DIOURBEL - La Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Diourbel a finalement condamné Pape Djiby Yade à une peine de 20 ans de travaux forcés pour le meurtre de Moustapha Thiaw, un conducteur de moto-taxi «Jakarta». Les faits se sont déroulés le 11 octobre 2011 dans le département de Bambey. Un certain Modou Diouf habitant du village de Ndiarème Tiékène, dans la commune de Ndangalma, avait découvert un corps sans vie sous un fromager, une moto «Jakarta» à terre. C’était celle de la victime qui venait de recevoir deux coups de couteaux.
Informés, les gendarmes de la brigade de Bambey font le constat et ouvrent une enquête. Mais quelques heures après, les oncles de Pape Djiby Yade reçoivent la visite de ce dernier qui les informe s’être bagarré avec une personne et l’avoir blessée.
Aïda Diouf, la mère de Pape Djiby, qui s’est présentée à la barre à titre de renseignement, abonde dans le même sens que ses frères pour dire que son fils est venu tôt le matin chez elle dans le village de Keur Aliou Diouf pour l’informer qu’il a tué un homme sans autres précisions.
Devant la barre du tribunal, le meurtrier est revenu sur les faits. «J’avais loué les services du motocycliste Moustapha Thiaw afin qu’il me conduise à Touba Toul. Et c’est en cours de route que ce dernier a simulé une panne d’essence. Alors qu’on s’affairait à pousser la moto avec nos mains pour se rendre vers la station la plus proche, Mouspha Thiaw m’a attaqué avec un couteau pour me demander de lui remettre l’argent que je gardais par devers moi. C’est en me défendant que j’ai porté deux coups sur une partie du corps dont je ne saurais me souvenir», a-t-il narré à la barre.
Durant tout le procès, il a soutenu mordicus qu’il était en posture de légitime défense pour avoir été attaqué le premier par Moustapha Thiaw qui voulait lui soutirer les 80 000 francs Cfa, dont il disposait et son téléphone portable. «Il m’a même demandé si je disposais d’un couteau par devers moi, je lui répondu non. Ensuite, après la bagarre je n’ai pas vu mon téléphone, ni les 80 000 francs Cfa», a-t-il précisé.
C’est d’ailleurs ce qui a conduit, dit-il, à son arrestation par la gendarmerie, étant entendu que Moustapha Thiaw est décédé des suites de ses blessures au couteau, telles que l’atteste le certificat de genre de mort qui parle de plaie pénétrante du flanc gauche, une hémorragie interne, ecchymose du thorax.
Le parquet, dans son réquisitoire, a tout simplement balayé d’un revers de main toutes ses allégations. L’Avocat général, Baye Thiam, est parti d’un fait qui n’a pas été retenu dans l’arrêt de renvoi, à savoir une tentative de vol de la moto en cours de route. Ensuite, le chemin emprunté et qu’il semble bien connaître n’inspirait pas confiance. En plus, l’accusé est le propriétaire du couteau, car c’est un vendeur de pastèque.
Il a aussi, selon Baye Thiam, tenter de cacher le corps de la victime. Sachant qu’il ne pouvait s’emparer de la moto de peur d’être vu par les villageois, Pape Djyby Yade est parti chez les siens sans les informer dans un premier temps qu’il avait tué un homme. Mais qu’à cela ne tienne. Le parquet est d’avis que la légitime défense ne saurait prospérer dans cette affaire et retient la thèse du meurtre, avant de requérir une peine de 20 ans de travaux forcés.
La défense assurée par Me Assane Dioma Ndiaye a plaidé la légitime défense et l’excuse de la provocation. Dès l’entame de sa plaidoirie, l’avocat rejette la thèse de tentative de vol qui ne figure d’ailleurs pas sur l’arrêt de renvoi devant la chambre criminelle. Et la constance dans cette affaire est la bagarre, alors Me Ndiaye pense à deux faits qu’il évoque : L’attaque injuste et la riposte proportionnelle et concomitante. Ce qui justifie à ses yeux la thèse de la légitime défense. Il a demandé ensuite la disqualification des faits en coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Après délibéré, le président Ndir a rejeté la demande de l’avocat et retenu le meurtre, avant de condamner l’accusé à 20 ans de travaux forcés conformément à la demande du parquet.
Au terme du procès, Me Ndiaye s’est dit déçu quelque part. Car les faits pouvaient être disqualifiés en coups et blessures sans intention de donner la mort. Il projette en accord avec son client d’interjeter appel dans les 15 jours.
Ce jeudi, la Chambre d’accusation se penche sur une affaire de trafic de chanvre indien avec comme accusé le sieur Babacar Guèye alias gaucher pour des faits qui datent de décembre 2014.