POLITIQUES ET SYNDICALISTES PLEURENT UN MEDIATEUR
Suite au rappel à Dieu du Khalife général des Tidianes, Serigne Abdou Aziz Sy Al Amine hier, vendredi 22 septembre, les témoignages ont fusé de partout pour relever les valeurs de l’homme. Interrogés par la Rédaction de Sud Quotidien, les hommes politiques et les syndicalistes pleurent un médiateur. Pour cause, le défunt s’est toujours engagé dans la résolution des crises qui secouaient le pays.
ABDOULAYE WILLANE, PORTE-PAROLE PS : «Al Amine était un médiateur politique, social, syndical et intellectuel»
« La dernière rencontre que j’ai eue avec lui remonte le 9 juillet 2017 dans ses champs de Médina Sy dans la zone de Kaffrine. Ce jour, il nous a exhorté à rester digne du seigneur à mériter de la nation. Pour ce faire, il nous disait que nous devons demeurer des hommes d’Etat, des hommes politiques au sens de l’intérêt général. Il nous a rappelé que le pays était un pays de dialogue et qu’il fallait rester fidèle. Il était membre de chacune des familles religieuses Touba, Ndiassane, Leona Niassene, et Médina Baye. Partout, il était une voix autorisée dont l’avis était recherché et suivi dans la recherche de paix de cohésion et de concorde. Il était aussi une passerelle féconde dans le dialogue islamo-chrétienne. En somme, c’était un médiateur, un médiateur politique social, syndical et intellectuel de guide dans le pays. Je rappelle que l’un des derniers messages qu’il a adressé à l’humanité à propos du massacre ethnique en Birmanie. Je pense qu’il est parti, la mission accomplie. Il ne nous reste qu’à lui souhaiter un bon repos au paradis à côté de ses grands frères. Au nom du parti social, au nom du président Ousmane Tanor Dieng, je voudrais présenter nos condoléances aux musulmans à la tarikha Tidiane et à la nation à travers le président de la république Macky Sall »
AMADOU SALL, PORTE-PAROLE PDS : «Al Amine était khalife avant d’être désigné khalife»
«Sergine Abdoul Aziz Sy Al Amine était l’incarnation des valeurs sénégalaises les plus nobles durant toute sa vie. Il a œuvré pour l’unité et il était khalife avant d’être désigné khalife. Il était un élément essentiel dans la vie religieuse de ce pays. C’est un homme exceptionnel généreux, franc et véridique. Il fait partie des grands guides religieux qui ont transcendé les confréries. Il n’était pas là seulement pour la communauté Tidiane».
MOUSSA SARR, LIGUE DEMOCRATIQUE : «Al Amine était un homme véridique et courtois»
«Je retiens de Serigne Abdou Aziz Sy, Al Amine, un régulateur social qui a joué un rôle extrêmement important dans le pays parce qu’il a participé à la résolution des crises scolaires. Il a été un homme véridique et courtois. Il a entretenu de très bonnes relations avec les acteurs sociaux et politiques».
MAMADOU LAMINE DIANTE, ANCIEN COORDONATEUR DU GRAND CADRE DES ENSEIGNANTS : «L’année scolaire 2016-2017 dont le monde se félicite est le fruit de sa médiation»
«Il a été un marabout mais également un régulateur social hors pair. Il était notre doyen et devancier dans la fonction enseignante. C’était un grand militant de l’éducation et la formation, mais aussi partisan de la paix dans l’espace scolaire. Les œuvres qu’il a eues à réaliser dans le domaine de l’éducation et de la formation sont là pour témoigner de son engagement. Il a ouvert des instituts où des jeunes sénégalais ont été formés. En tant que syndicaliste, nous l’avons pratiqué. Son implication dans la recherche de solutions aux crises scolaires successives a été notoire. Je me souviens quand on est venu solliciter son intervention dans la recherche de solutions dans le règlement de conflits que nous avions avec l’Etat du Sénégal. Très régulièrement c’est lui qui prenait l’initiative et nous faisait appeler pour une rencontre. Et lors de ces rencontres évidemment, il nous écoutait pour savoir la portée de nos revendications. Il nous demandait également de préserver les intérêts des apprenants et des parents d’élèves. Son implication a été déterminante dans la crise de 2016. Parce que lorsque la situation était extrêmement tendue, il avait demandé à nous rencontrer. Et ayant compris que nous sommes dans une impasse avec les autorités, il a demandé malgré la légitimité de notre grève, de sursoir à nos revendications pour permettre aux élèves de terminer paisiblement l’année. Et il avait promis de prendre le relais en adjoignant les autres familles religieuses pour la mise en place d’un comité qui allait servir d’interface entre les autorités et nous. Et même l’année scolaire 2016-2017 dont le monde se félicite est le fruit de cette situation. Parce qu’un homme de cette dimension, si on prend des engagements à son égard, vous êtes tenu de les respecter».
MALICK FALL, SECRETAIRE GENERAL DU SYNDICAT DES ENSEIGNANTS DU SUPERIEUR (SAES) : «C’est le mouvement syndical qui est orphelin»
«Il est un médiateur social compte tenu du rôle que Serigne Abdou jouait. Je voudrai prendre exemple en 2015, quand nous étions au sommet de la grève du Saes, il a eu à recevoir une forte délégation du Saes. Il nous avait reçus pendant deux heures de temps. Et récemment quand la grève du Saes a démarré en 2017, pendant le mois de ramadan, il a eu l’amabilité de nous rencontrer alors qu’il était extrêmement chargé et qu’aussi le poids de l’âge se faisait sentir. Il l’a fait en aparté dans ses appartements privés. Je peux dire que c’est le mouvement syndical qui est orphelin. C’est un régulateur social qui a eu toujours a joué son rôle. C’est une grosse perte pour nous».