«SI RIEN NE BOUGE D’ICI QUELQUES TEMPS, NOUS IRONS DEVANT LES GRILLES DU PALAIS»
TROIS QUESTIONS A MAGUEYE THIAM PORTE-PAROLE DE LA FAMILLE D’IBRAHIMA MBOW
Il a fallu presque un an, à trois jours de la tabaski de 2017, avant que la veuve, la mère et l’oncle d’Ibrahima Mbow, le détenu tué par balle lors de la mutinerie du 20 septembre 2016, ne soient entendus par le doyen des juges d’instruction (dji). amer et révolté de voir que le dossier ne bouge pas d’un iota, le porte-parole de la famille Mbow, Maguèye Thiam, annonce que les proches de la victime vont se rendre devant les grilles du palais de la république si le statu quo perdure. trois questions.
L’As : 20 septembre 2016 – 20 septembre 2017, un an que votre neveu a été tué par balle lors d’une mutinerie à rebeuss. où en est le dossier ?
Maguèye ThIam : L’enquête est en stand-by. Au début, le Procureur Serigne Bassirou Guèye s’est autosaisi. Nous sommes restés à son écoute pendant 6 mois sans qu’il ne se passe quoi que ce soit. Lorsqu’il faisait sa conférence de presse sur le meurtre de Fatoumata Matar Ndiaye, un journaliste lui a posé une question sur l’affaire d’Ibrahima Mbow. A la surprise générale, il a répondu, qu’au moment où il s’adressait à la presse, le meurtrier d’Ibrahima Mbow n’a pas été identifié. Nous
avons répliqué pour dire que ses propos n’honorent pas la justice Sénégalaise. Nous avons estimé que l’enquête sur la mort tragique de notre fils était plus facile à élucider que celle de Mme Fatoumata Matar Ndiaye. Pour rappel en moins de 72 heures, son présumé meurtrier, qui était son chauffeur, a été arrêté. Ibrahima Mbow a été tué dans une prison, ce sont des agents assermentés qui ont tiré, chacun avait sa matricule, on sait qui y était. L’autopsie a établi qu’il a été tué par une arme à feu. Il suffisait d’extraire la balle de son corps, de faire l’expertise balistique et d’identifier la provenance de la balle. Avec toutes ces informations, mettre la main sur le coupable devait être un jeu d’enfant. Ils ont causé une kyrielle de torts à Ibrahima Mbow. Il achetait un mouton de Tabaski, on a pris son argent, son bélier, on l’a emprisonné injustement, on l’a tué en prison, on n’a pas avisé sa famille, on l’a balancé à la morgue de l’hôpital A. Le Dantec. Il a fallu que nous menions nos propres investigations pour l’y retrouver. Là-bas, on nous a appris que la Direction de l’Administration pénitentiaire a payé tous les frais. Il a fallu qu’on attende quasiment un an avant que le Doyen des juges d’instruction, qui a le dossier ne nous convoque pour audition, à trois jours de la Tabaski de 2017. On m’a entendu, moi, l’oncle, à titre de témoin, sa maman Amy Kassé et sa veuve Maimouna Samb. La justice traine les pieds. Puisque les agents de l’administration pénitentiaire dépendent du ministère de la Justice, le Doyen des juges aussi, que la famille d’Ibrahima Mbow réclame justice à la famille judiciaire qui est fautive, tout ce qu’il nous reste à faire, c’est d’interpeller le Président Macky Sall en sa double casquette de président de la République et de Président du Conseil Supérieur de la magistrature. Nous lançons aussi un appel au nouveau garde des Sceaux Ismaila Madior Fall en qui nous avons confiance étant donné que c’est un professeur de droit.
Quand le meurtrier sera derrière les barreaux, Ibrahima Mbow pourra reposer en paix. On pourra envisager l’indemnisation de sa famille à la hauteur du préjudice subi. Ibrahima avait en charge sa mère, son enfant, son épouse, ses soeurs. En quelque sorte, celui qui l’a tué a crée un orphelinat ici.
Puisque le dossier ne bouge pas, quelle nouvelle action comptez-vous entreprendre ?
Nous ne pouvons pas dévoiler notre plan de bataille pour l’instant. Mais si rien ne bouge d’ici quelques temps, nous irons devant les grilles du Palais de la République. Quand nous avons élu à 65 %, le Président Macky Sall, il a promis que l’impunité était finie au Sénégal. Il a tapé du poing sur la table et dit : « Je ne protégerai personne ». Pourquoi la famille judiciaire cherche à protéger celui qui a tiré ?
Comment se portent la veuve et l’enfant ?
Jusqu’au moment où je vous parle, l’Etat n’a pas levé le plus petit doigt pour eux, aucune oeuvre sociale. On aurait pu faire de l’enfant une pupille de la Nation. Sa femme a été obligée de sortir de la maison familiale de son défunt mari pour se mettre en location à côté. Elle souffre dans son coin avec son bébé. Ce n’est pas facile. Même aujourd’hui, pour qu’on fasse le récital de Coran, ce sont des bonnes volontés du quartier qui nous ont aidés.