OUSMANE SONKO, DU « DICTATEUR » AU « MODÈLE »
Pour la première fois depuis trois mois, Ousmane Sonko se prononce publiquement - Il ignore la politique, le dialogue de Macky et parle uniquement du livre à lui dédié par le journaliste-écrivain Ababacar Sadikh Top.
Pour la première fois depuis trois mois, Ousmane Sonko se prononce publiquement. Il ignore la politique, le dialogue de Macky Sall et parle uniquement du livre à lui dédié parle journaliste-écrivain Ababacar Sadikh Top. Un livre qui parle de sa « trajectoire, (son) parcours et discours d’espoir ».
“Ousmane Sonko est-il un dictateur ?’’. Voilà la question que se posait le journaliste-écrivain Ababacar Sadikh Top, il y a de cela 2 ans. Il ne le connaissait pas. Tout comme lui ne le connaissait. En fait, tout est parti d’une demande pressante d’interview du journaliste à l’homme politique. C’était en 2017. ‘’Un jour, rapporte M. Top, la rédaction de Dtv m’avait demandé de contacter Sonko ou un de ses collaborateurs de Pastef, pour recueillir leur avis sur un sujet d’actualité. Après avoir donné son accord, je me suis déplacé sur les lieux. Et sur place, il reçoit un appel et vient annuler notre entretien. L’argument avancé n’était pas ma préoccupation en tant que journaliste’’. Bredouille et dans tous ses états, Top rebrousse chemin. Mais il a mal dans sa chair. Comme à son habitude, le reporter, très présent sur le réseau social Facebook, trempe encore sa plume pour descendre en flammes le leader des patriotes. ‘’Est-il un dictateur ?’’, s’interrogeait-il dépité. Il était loin de s’imaginer qu’il allait produire un beau livre de 98 pages sur ce même homme. Cette tribune, peut-être, a pu porter ses fruits.
En effet, quelques heures après, informe l’auteur de ‘’Ousmane Sonko : Trajectoire, parcours et discours de l’espoir’’, le chargé de communication du Pastef l’appelait pour s’excuser et donner les raisons de l’annulation. Le même jour, pendant 7 minutes, ajoute-t-il, ‘’j’ai parlé avec Sonko au téléphone. Cela nous a permis de discuter de tout, sauf de la lettre ouverte que je lui avais adressée. Il m’avait alors, lui aussi, expliqué que c’était en fait une décision du bureau politique’’. Par la suite, les deux hommes sont parvenus à arrondir les angles, enterrer rancœurs et rancunes, et mettre en avant ce qui les unit : l’amour pour leur patrie, le Sénégal. Une interview s’ensuivit et depuis ce jour, ils ne se quittent pas. De dictateur présumé, Sonko devient alors un modèle assumé, une référence pour le journaliste teigneux, ancien de 2Stv et de la Dtv. Aussi, ne s’en cache-t-il point. ‘’J’ai une admiration intellectuelle. C’est ma faiblesse envers l’homme par la technicité et l’intégrité qu’il dégageait.
Sans lui dire, j’ai entamé une enquête sur sa personne. J’ai rencontré ses collègues, des chefs d’entreprises qui le fuyaient, des personnes qui le connaissaient de près. Et en entamant ce travail, je me suis promis de m’appliquer cette maxime de Hubert Beuve-Mery : le journalisme, c’est le contact et la distance’’. Top a donc essayé d’aller au contact du patriote en chef, mais tout en conservant cette distance nécessaire. Parce que, peut-être, il était un peu trop distant qu’il n’a pu découvrir à temps l’amour de Sonko pour Bob Marley et pour les chiens. Lui-même en a fait la confession, hier, à la cérémonie de dédicace. Ababacar Sadikh Top de décliner pourquoi un tel choix : ‘’Je sais que vous n’aimez pas que l’on parle de vous, mais vous allez accepter de souffrir, parce que vous incarnez l’espoir de la jeunesse. Vous avez réconcilié beaucoup de Sénégalais avec la chose politique. Sachez bien que le patriotisme qui vous a valu votre radiation de la Fonction publique est le même qui m’a amené à écrire ce livre. Toutefois, sachez-le bien : le même patriotisme me poussera à écrire si, un jour, votre action allait à l’encontre de votre discours. Cependant, connaissant votre trajectoire, parcours et discours, je ne doute point de votre intégrité et de votre honnêteté’.
Pour le président de séance, par ailleurs n°2 de Pastef, Birame Souleye Diop, l’auteur a fait preuve de courage, en tant que jeune journaliste, d’écrire sur un homme politique aussi clivant. Selon lui, l’auteur est aussi un véritable patriote et c’est pourquoi, il n’a pas voulu rester au Maroc et se faire raconter le moment décisif que constituait l’élection présidentielle de 2019. ‘’Il a compris qu’il fallait retourner au bercail pour participer à la lutte pour la libération du peuple. Jambar ken douko nettaly kharé daf ciy bokk (le guerrier ne se fait pas raconter la guerre, il y participe)’’. Parlant du livre, Bachir Coly déclare : ‘’C’est un témoignage à chaud et une analyse sur ce qu’il est convenu d’appeler le phénomène Sonko. C’est le récit d’un observateur attentif et amical, d’un homme de conviction dont la sympathie à l’égard du responsable politique n’a pas empêché de rester objectif…’’ En fait, Bachir avait quelques appréhensions en lisant l’ouvrage. Il se demandait : ’’Mba doufi wakh rek : il est beau, il est gentil, il a de l’argent, il fait le niokhor, c’est un talibé, dafay diapp dafay diouli…’’ Autrement dit, il s’inquiétait que cela soit juste un livre qui peint tout en rose sans justifications aucune.
Le directeur des opérations de L’Harmattan a donc été agréablement surpris de constater que l’auteur n’a pas cédé à cette tentation. Toutefois, constate-t-il, le journaliste, bien que objectif, n’a pu contenir son admiration pour le jeune leader. ‘’Son admiration pour ce Monsieur transparait dans chaque ligne qu’il lui consacre’’. Dans le livre, l’auteur parle du système si ‘’cher’’ à Ousmane Sonko, de l’homme ainsi que de son discours et de ses références comme Mamadou Dia dont il est la réincarnation, si l’on en croit l’auteur cité par M. Coly. ‘’Ce Maodo, dit-il, dont la voix résonne encore et toujours en Ousmane, lui a comme passé le témoin. Les deux hommes sont identiques sur plusieurs plans. Tous deux sont nés dans la région de Thiès et ont un lien très fort avec Khombole (Dia en tant que natif, Sonko en tant que ville natale de sa mère). Ils partagent également leur amour pour la religion et les valeurs : l’éthique, la rigueur, le même discours, mais surtout l’amour pour la patrie’’. Pour le président de Legs, Elimane Haby Kane, ‘’c’est une contribution majeure. Le livre constitue, en effet, une sorte d’alternative’’. Cependant, il pense que l’auteur est un peu trop gentil. ‘’Je m’attendais à ce que vous souligniez quelques faiblesses dans sa personne, sa démarche, ses actions… La dimension critique a un peu manqué dans l’ouvrage. Ce qui n’enlève en rien à sa vocation didactique, instructive et historique’’, a-t-il témoigné.