GREENPEACE DEMANDE AU SENEGAL DE GELER L’ACCORD
Alors que des centaines de corps de migrants dont plusieurs jeunes sénégalais sont engloutis dans la mer, l’Etat du Sénégal a signé un nouveau protocole de pêche avec l’Union Européenne (UE).
Suite à la polémique sur fond de soupçons d’opacité autour du nouveau protocole de pêche liant le Sénégal à l’union Européenne pour les cinq prochaines années, la section Afrique de Greenpeace est sortie de son silence. Dans un communiqué intitulé «L’Europe veut le poisson du Sénégal mais rejette ses migrants», l’organisation non Gouvernementale demande à l’Etat de geler cet accord le temps d’évaluer le précédent noué en 2014 et arrivé à échéance en 2019.
Alors que des centaines de corps de migrants dont plusieurs jeunes sénégalais sont engloutis dans la mer, l’Etat du Sénégal a signé un nouveau protocole de pêche avec l’Union Européenne (UE). Ce qui a fait sortir Greenpeace de sa réserve. L’Ong estime qu’au même moment où l’UE entame le rapatriement des migrants sénégalais, elle continue d’exploiter les ressources halieutiques du Sénégal dont la rareté est en partie la cause du désespoir des milliers de ses jeunes. Qui plus est, elle soupçonne une certaine opacité dans la signature de ce nouvel accord. Du coup, «Greenpeace Afrique invite l’Etat du Sénégal à geler cet accord de pêche, à faire une évaluation transparente de l’accord précédent, à partager les informations avec les acteurs et à tenir compte de la situation des stocks, de la surcapacité de la flotte nationale et du désespoir des pêcheurs, avant de prendre une décision».
Mieux, Greenpeace invite les deux parties à procéder à une mise à jour des données scientifiques sur les stocks de poissons et de partager ces informations avec les acteurs de la pêche pour une prise de décision conformément aux engagements pris. Car, souligne l’Ong, l’accord en question n’a jamais été partagé avec les organisations professionnelles. «Ce qui est contraire aux dispositions règlementaires et autres engagements des Etats qui font de l’implication des acteurs dans les processus décisionnels un élément important de bonne gouvernance des ressources. Les Objectifs de Développement Durable, le Code de la Pêche et la Constitution du Sénégal sont, entre autres, clairs sur la nécessité d’intégrer les acteurs de la pêche dans la prise de décision», souligne Greenpeace. Sur ce même esprit, signale l’ONG, le principe directeur de la signature d’un accord de pêche se base au moins sur deux points. «Il s’agit de l’état des ressources halieutiques concernées par l’accord et la capacité de la flotte nationale à exploiter ces ressources». Mieux, indique-t-on dans le communiqué reçu à «L’As», un accord de pêche doit être signé sur la base du surplus de production qui correspond au potentiel halieutique d’un stock que la flottille nationale n’est pas en mesure de pêcher.
Sur ce, conclut l’organisation basée au Pays-Bas, ce nouvel accord ne peut être qualifié de durable en l’absence de surplus de production. «L’UE devrait s’assurer que le gouvernement du Sénégal a bien effectué l’évaluation des stocks concernés par cet accord de pêche et qu’il y a effectivement un surplus de production dont la flotte sénégalaise n’est pas en mesure d’exploiter », souligne-t-elle. Et au-delà de ces aspects techniques, martèle la section Afrique de Greenpeace, la dimension économique et sociale devrait être prise en compte d’autant plus que le secteur de la pêche traverse une crise sans précédent. Et c’est seulement dans ces conditions que la transparence et la protection des ressources clamées par les autorités de l’UE et du Sénégal seraient une réalité, renchérit l’ONG.
En outre, selon elle, il ne fait l’ombre d’aucun doute que c’est la mauvaise gestion des ressources halieutiques au Sénégal qui a conduit en grande partie à la rareté des poissons à cause des accords signés et des licences de pêche octroyées à des navires étrangers. De ce fait, Greenpeace Afrique demande aux autorités de l’UE et du Sénégal de se pencher sur les vraies causes de ce phénomène afin d’y apporter une solution définitive plutôt que de laisser empirer la situation en signant cet accord.