DES AGRICULTEURS REFUSENT DE LIVRER LEURS ENFANTS POUR LA REPRISE DES COURS
. Des parents d’élèves, ne comptant que sur la force de travail de leurs enfants pour les travaux champêtres, ont refusé de libérer leurs garnements
Hier, dans beaucoup de contrées du monde rural, la reprise des cours s’est heurtée aux réalités de l’hivernage. Des parents d’élèves, ne comptant que sur la force de travail de leurs enfants pour les travaux champêtres, ont refusé de libérer leurs garnements. Une situation qui a fait que des enseignants venus tôt le matin rejoindre les salles de classes n’ont finalement pas aperçu l’ombre d’un apprenant.
La journée d’hier fixée par les autorités pour la reprise des cours pour les classes d’examen a été pluvieuse dans plusieurs localités au Sud du pays. Outre que cette situation météorologique a constitué une véritable entrave à la réouverture des salles de classes, la réalité socio-économique du monde rural a porté l’estocade à cette rentrée. Des élèves ayant des parents cultivateurs ont délaissé le chemin menant vers les établissements au profit des champs. Cette situation était notamment valable dans la région de Kolda. m. Diallo, enseignant et directeur d’école à Mampatin, une commune du Fouladou, n’a pas reçu beaucoup d’élèves dans l’établissement scolaire qu’il dirige. «En ce qui concerne le personnel enseignant, tout le monde a répondu présent ce matin. Mais concernant les élèves, nous avons noté un taux d’absence massif. Cependant je suis au regret de dire que cette situation était prévisible.
D’ailleurs, la semaine dernière, un parent habitant de ce village m’avait formellement avoué ne pas être dans les dispositions de laisser venir son fils à cause des travaux champêtres. Et je crois que c’est le même cas qui s’est posé avec plusieurs élèves qui sont partis épauler leurs parents pour les activités agricoles », a fait savoir le directeur d’école. Dans le département de Vélingara, un autre chef d’établissement déplore la même situation face au contexte de l’hivernage.
A l’en croire m. Baldé, c’est seulement avec l’implication des parents d’élèves que cette année scolaire peut être sauvée. Car, dit-il, les enseignants sont prêts à assurer leur mission mais la présence des élèves dans les salles classes de classe durant cette période est un sérieux casse-tête. « A notre arrivée ce matin, seules les filles étaient présentes dans la cour de l’école. C’est après un tour dans le village que nous avons reçu l’information selon laquelle, les garçons ont accompagné leurs parents dans les champs pour le défrichage en vue de la culture des champs. De ce fait, nous avons convoqué en réunion l’association des parents d’élèves ainsi que le comité de gestion de l’école pour trouver ensemble un terrain d’entente afin de régler ce problème », a expliqué m. Baldé, directeur d’école dans cette partie du Sénégal des profondeurs.
La forte pluviométrie, l’autre obstacle
Du côté de Diouloulou, une commune située à 80 km de Ziguinchor, c’est le même constat. Le lycée, point de convergence de centaines d’élèves qui, pour la plupart viennent des villages environnants, n’a pas accueilli de monde comme en temps normal. Professeur de mathématiques dans cet établissement, m. Doumbouya évoque la pluviométrie comme un des facteurs ayant compromis la reprise des cours dans la zone. «La pluie s’est abattue ici de 9h à 10h dans la matinée. Mais, malgré les conditions climatiques défavorables, nous, enseignants, on a tout fait pour venir au lycée. Mais malheureusement, les élèves ne sont pas déplacés. Ce qui fait que pour cette journée, il n’y pas eu cours au sein de l’établissement. C’est pourquoi avec cet hivernage, nous avons de fortes raisons de craindre pour l’issue de cette reprise des cours étant donné que le Sud du pays est une zone pluviométrique », confie le professeur de maths. De même, il attire l’attention sur le quantum horaire qui, selon lui, risque de ne pas être atteint à cause du retard noté dans le programme scolaire. « Avec tout ce temps passé hors des salles de classes, les professeurs que nous sommes sont contraints de revenir en arrière dans l’explication des cours. Ceci, du fait que, dans le monde rural, les élèves n’ont pas eu à suivre des cours en ligne pour des raisons que tout le monde connait », indique en conclusion ce professeur de maths exerçant au lycée de Diouloulou, en Casamance.