L’UVS EN PLEIN BUG
Entre déficit infrastructurel et retard des enseignements en passant par un budget faible, l’Université virtuelle du Sénégal vit une traversée du désert
Créée pour apporter des solutions à une demande croissante d’accès à l’enseignement supérieur, l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) est aujourd’hui empêtrée dans un sévère «bug». Entre déficit infrastructurel et retard des enseignements en passant par un budget faible, l’UVS vit une traversée du désert.
La section SAES-UVS sonne l’alerte. Les syndicalistes n’en peuvent plus de voir leur outil de travail se désagréger. Dans un communiqué parvenu hier à «L’AS», ils sont revenus sur les différents maux que rencontre le temple virtuel du savoir. D’emblée, ils ont soutenu qu’avec un effectif de plus de 30 000 étudiants en plus des 21 000 bacheliers nouvellement orientés, l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) est devenue en 7 ans la deuxième université publique du Sénégal en termes d’effectifs. «Malgré le budget dérisoire de 4,7 milliards de FCFA, les résultats satisfaisants obtenus par les étudiants dans les différents concours nationaux sont la preuve de l’efficacité du modèle pédagogique de l’UVS, et de l’engagement de son personnel administratif et pédagogique», se réjouissent les syndicalistes. Pour autant, ils estiment que l’UVS fait aujourd’hui face à trois difficultés majeures qui résultent de l’incohérence des actions du gouvernement. En effet, renseignent-ils, les 21 000 bacheliers de l’année 2020, orientés dans l’établissement depuis janvier 2021, n’ont à ce jour pas reçu leurs outils de travail (ordinateurs et clés de connexion internet). Ce qui, selon eux, rend impossible le démarrage des cours. «Il faut voir que l’UVS étant une université virtuelle, les ordinateurs sont l’équivalent des amphithéâtres dans les universités classiques », renchérissent-ils.
LA SUBVENTION DE L’ETAT COUVRE EN REALITE A PEINE 50% DES BESOINS DE L’UVS
Ensuite, la section SAES de l’UVS a tenu à informer et alerter l’opinion sur le fait que la prise en charge des 51 000 étudiants avec un budget aussi faible entraîne un déficit chronique de personnel administratif et enseignant. En réalité, note-t-on, le déficit de financement de l’UVS est non seulement structurel, mais aussi croissant. La section SAES de l’UVS a ainsi estimé le gap de financement à 3 milliards de FCFA en 2018, et à 4,3 milliards en 2020. Autrement dit, précise-t-elle, la subvention de l’État couvre en réalité à peine 50% des besoins de l’établissement d’enseignement virtuel. Enfin, à tout ce qui a été précédemment dit, s’ajoute le retard important dans la livraison des ENO (espaces numériques ouverts). «A ce jour, seuls 5 ENO sur 45 ont été livrés », renseigne la section Saes de l’UVS.
A en croire les syndicalistes, étant donné que les examens sont faits sur table, l’université virtuelle du Sénégal se trouve dans l’impossibilité d’organiser les évaluations dans les délais requis, et la conséquence en est tout simplement l’allongement excessif et anormal de l’année académique. Les syndicalistes pensent que si l’État n’accroît pas son soutien financier à l’UVS, si le rythme de livraison des ENO n’est pas accéléré, si les ordinateurs des nouveaux bacheliers ne sont pas livrés dans les meilleurs délais, alors de très grands risques d’effondrement pèseraient sur l’UVS. Les syndicalistes estiment qu’au-delà de l’UVS, cet effondrement affecterait non seulement tout le système national d’enseignement supérieur, mais aussi le pays tout entier (compte tenu en effet du maillage du territoire national par l’UVS). «Nous, section SAES de l’UVS, considérons que l’UVS constitue désormais un joyau national. Plus qu’une université, elle est en effet un instrument de souveraineté, tant sur le plan éducationnel que technologique et à ce titre, il est de la responsabilité de tous les citoyens et de tous les patriotes de la défendre, et au besoin de participer au combat en faveur de la préservation de ses acquis et de son développement», lit-on en définitive dans le communiqué parvenu à «L’AS».