L'UVS, UN SUCCÈS À RENFORCER
Créée en 2013, l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) a connu une montée en puissance rapide. Son modèle pédagogique (comodal adapté) est salué par ses travailleurs, les parents et les étudiants. Mais ils demandent plus de moyens
Lors du Conseil présidentiel du 14 août 2013 qui faisait suite aux Concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur, le Chef de l’Etat avait décidé de mettre les Technologies de l’information et de la communication (Tic) au cœur du développement de l’enseignement supérieur et de la recherche pour améliorer l’accès à l’enseignement supérieur et l’efficacité du système. C’est dans ce cadre que l’Uvs a vu le jour. Depuis lors, l’institution a connu une montée en puissance qui en fait, aujourd’hui, la deuxième université du pays en termes d’effectifs. Une montée en puissance liée en grande partie à son modèle pédagogique caractérisé par un enseignement en ligne et en présentiel, mais aussi par son accessibilité. Son modèle pédagogique est comodal adapté. Selon le coordonnateur de l’Uvs, Pr. Moussa Lo, c’est un système de formation où coexistent de façon simultanée les modes de formation en présentiel et à distance. Ce qui permet à l’étudiant de choisir, sur une base hebdomadaire, le mode de diffusion qui lui convient, en fonction de ses besoins ou de ses préférences. L’autre atout de l’Uvs, c’est d’avoir réussi le maillage du territoire à travers ses 14 Espaces numériques ouverts (Eno). L’ambition des autorités, c’est de couvrir les 45 départements. Aujourd’hui, vu le contexte marqué principalement par la pandémie de Covid-19, le modèle d’enseignement de l’institution a montré toute sa pertinence.
Parents, étudiants et syndicalistes saluent la création de l’Uvs mais demandent plus de moyens. « L’Uvs est un modèle nouveau qui n’est pas très connu mais qui, depuis un certain temps, s’impose comme une référence », confie Abdou Khadre Diop, le secrétaire général adjoint de la section locale du Saes. Il en veut pour preuve la pandémie de Covid-19 qui a conduit beaucoup d’universités à adopter l’enseignement à distance. En plus, poursuit le syndicaliste, l’Uvs a fait des émules dans des pays comme la Côte d’Ivoire, d’autres comme le Mali et le Tchad sont venus s’inspirer de son modèle. Le coordonnateur de l’intersyndicale des personnels administratifs, techniques et de service de l’Uvs, Pape Daouda Dieng, affirme à son tour que l’institution a un modèle pédagogique performant et satisfaisant. « L’Uvs a un modèle pédagogique comodal qui fonctionne correctement et donne satisfaction aux étudiants », explique M. Dieng. Selon lui, en première année, l’étudiant fait plus de cours en présentiel portant sur le leadership, le développement personnel, l’initiation en informatique. Après cette étape, poursuit-il, l’étudiant se familiarise avec l’enseignement à distance. « Il est encadré par des tuteurs. Il n’est pas laissé à lui-même », a précisé le syndicaliste qui souligne que le modèle comodal a permis à l’Uvs d’avoir de bons résultats.
Le président de l’Union nationale des parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal (Unapees), Abdoulaye Fané, abonde dans le même sens, le modèle pédagogique de l’Uvs a montré toute sa pertinence. « Nous sommes au 21ème siècle. C’est l’heure des Tic avec une nouvelle approche scientifique, technologique et pédagogique qui peut permettre de faire des enseignements », explique-t-il. C’est pourquoi, à son avis, l’enseignement à distance comme pratiqué par l’Uvs doit être privilégié.
Plaidoyer pour plus de moyens
Trouvé à la Place de l’Obélisque avec ses camarades, Moussa, élève en classe de première au lycée Blaise Diagne, amoureux du net, espère être orienté à l’Uvs, après le bac. Trouvée au même endroit, Astou qui est en terminale au lycée Kennedy, est déjà fascinée par le modèle pédagogique l’université virtuelle, et son rêve à elle aussi, c’est d’y poursuivre ses études. « Je suis tentée par l’enseignement à distance. En plus, y a plus de liberté pour l’étudiant », confie la lycéenne qui a déjà un frère pensionnaire de cette université.
Mais les responsables syndicaux de l’Uvs, tout comme les parents d’élèves, sont unanimes à dire que l’établissement a besoin d’un accompagnement de la part des pouvoirs publics. Le modèle, qui n’est pas à 100 % virtuel, nécessite beaucoup de moyens et d’investissements, car certains enseignements sont dispensés dans les Eno, explique Abdou Khadre Diop du Saes. Et malheureusement, constate-t-il, l’Uvs ne dispose que de cinq Eno aux normes alors qu’elle compte 50 000 étudiants. «L’Uvs a besoin d’accompagnement, de financement pour construire des Eno, disposer d’outils pédagogiques, renforcer le personnel», plaide M. Diop. Abdoulaye Fané de l’Unapees demande à son tour l’augmentation du budget.
Des résultats satisfaisants
Malgré l’insuffisance des moyens, l’Uvs enregistre des résultats satisfaisants. Selon un document de sa cellule de communication, en licence 1, le taux de réussite se situe entre 47,7% et 69,2%. En licence 2, il est entre 63,98% et 85,7%. En licence 3, ce taux est entre 84,62 et 89%. Pour le master 1, il est de 76,39%. Au total, l’Uvs compte à ce jour 3.994 diplômés en licence dont 506 pour la promotion 1950 pour la promotion 2, 1241 pour la promotion 3 et 1297 pour la promotion 4. Concernant le taux d’insertion professionnelle, l’Uvs révèle qu’il est de 13.45 % en 2020 (284 insérés sur 2.111 répondants).