SERIES DE VIOLENCES EN MILIEU SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE
L’Unapes condamne et propose des sanctions graduées
L’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal (Unapes) condamne les séries de violences notées en milieu scolaire dans notre pays ces derniers temps. Se défendant de protéger des auteurs d’actes de violences, la coordination dirigée par M. Abdoulaye Fané trouve extrêmes les exclusions définitives d’élèves. Elle préconise d’autres mesures moins contraignantes et qui correspondent à la gravité des actes commis. Des sanctions graduées, quoi.
La violence en milieu scolaire est devenue banale dans notre pays. Chaque année, elle prend des proportions inquiétantes avec une gravité extrême ces derniers mois. C’est à ce point sérieux que des acteurs de l’école ont estimé nécessaire de se lever pour exiger de mettre fin à cette série de violences. Parmi eux, l’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal qui déplore les violences opérées au niveau de quelques établissements scolaires durant la fin de l’année académique ainsi que la façon dont certains élèves de quelques établissements ont célébré le début des vacances. « Ce sont des scènes que nous avons remarquées en milieu scolaire durant ces dernières années. Cette année, elles ont pris plus d’ampleur. Parce que nous avons eu à répertorier beaucoup d’actes commis envers des enseignants un peu partout à travers le pays. Nous, parents d’élèves, présentons nos excuses à l’ensemble de la communauté éducative. Particulièrement aux enseignants et à ceux qui gèrent le secteur éducatif et même universitaire. En effet, cette spirale de violences n’épargne pas le milieu estudiantin. Parce qu’on a également noté les mêmes actes dans les universités. Quand on voit un professeur harcelé par des étudiants qui lui arrachent son micro, ce sont là des scènes qui sont véritablement très déplorables. L’Unapes les a désapprouvées. Nous constatons que ces actes gagnent le système éducatif dans le moyen et le secondaire. On a vu des élèves brûler leurs blouses, déchirer leurs cahiers. Nous le déplorons et demandons à ce que des sanctions puissent être prises par rapport à ces actes et que des enquêtes très sérieuses puissent être menées afin que des mesures soient prises pour éradiquer ce fléau », exige le président de l’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal.
L’Unapes contre l’exclusion définitive des élèves du Cem Hann !
Cela dit, Abdoulaye Fané trouve très sévères les mesures prises par les autorités du Cem (collège d’enseignement moyen) de Hann, concernant les exclusions proposées par le conseil de discipline. A l’en croire, par cette mesure, il y a des risques de sanctionner des personnes qui ne sont pas fautives. En effet, argumente-t-il, il y a des mesures qui peuvent être prises et qui n’iront pas jusqu’à l’exclusion définitive des élèves. « Nous sommes foncièrement contre ces mesures d’exclusion définitive de ces élèves. Nous considérons que ce sont des élèves qui sont en 5ème et 6ème. Si on les exclue, ça risque de porter préjudice à leur avenir. Donc, ce qu’il y a lieu de faire, c’est de mener une enquête plus approfondie en convoquant toutes les parties prenantes. A savoir : les parents d’élèves, les enseignants, le ministère de l’Education et même les élèves pour pouvoir véritablement déterminer de manière précise les causes qui les ont conduits à faire des actes pareils. Nous avons le temps, d’ici la réouverture des classes, pour vraiment faire des enquêtes approfondies », ajoute Abdoulaye Fané. Selon lui la sanction définitive d’un élève doit correspondre à la gravité de l’acte commis. « Elles sont graduelles. Par exemple, un élève qui lance une brique sur un professeur au point de le blesser à la tête, ce qu’on a noté à Sindia, c’est différent d’un élève qui brûle son uniforme scolaire. Les sanctions doivent être prises sur la base de la gravité de l’acte commis. Nous sommes tombés d’accord sur l’exclusion qui a été prononcée contre l’élève qui a eu à lancer une brique sur son professeur. Celui-ci mérite une exclusion. Cela pourra servir d’exemple pour d’autres qui seront tentés de faire de tels actes », confie le président de l’Unapes.
Les solutions de sortie de crise !
Lutter contre la violence en milieu scolaire et universitaire devient donc l’affaire de tous. C’est tellement vrai que certains chefs religieux se sont impliqués dans cette bataille. Lors de la prière de l’Aïd-el-Kébir (Tabaski) à Thiès, l’imam Tamsir Ndiour de la mosquée Moussanté, dans son sermon, a proposé l’adoption d’une loi réprimant l’outrage à l’enseignant. Ce au même titre qu’il y a des lois sanctionnant l’outrage aux agents de la force publique ou aux magistrats. Ceci pour donner plus de gages de sécurité aux professionnels de l’enseignement qui se sentent menacés dans l’exercice de leur fonction. Car, à en croire l’imam, le conseil de discipline ne suffit pas pour combattre les violences en milieu scolaire. Autrement dit, selon l’imam Ndiour, seule la loi qu’il préconise pourrait faire reculer les auteurs.
Une proposition qu’approuve l’Unapes tout en formulant de son coté des mesures. « L’Inspectrice d’académie de Dakar est en phase avec ce que nous avons proposé. Les sanctions peuvent aller jusqu’au paiement de tous les dégâts qui ont été commis. Que les élèves puissent être sanctionnés en faisant des travaux forcés au niveau de l’établissement. Il y a beaucoup de séries de sanctions, mais qui peuvent quand même ne pas aller jusqu’à l’exclusion définitive d’un élève. Nous pensons que c’est un peu sévère. Nous sommes en train de prendre langue avec les autorités au plus haut niveau pour qu’on essaie de voir dans quelle mesure aller vers des sanctions qui puissent être à la mesure des actes commis » conclut Abdoulaye Fané, le président de l’Union nationale des parents d’élèves du Sénégal (Unapes).