STATISTIQUES DES GROSSESSES EN MILIEU SCOLAIRE
Plus de 1000 cas ont été recensés en 2020 au Sénégal
Le Groupe pour l’Etude et l’Enseignement de la Population (Geep) a publié une étude sur les grossesses en milieu scolaire. C’était à l’occasion de la journée de lancement de la campagne de la stratégie zéro grossesse à l’école. Selon le Geep, 1075 cas de grossesses répertoriés dans les écoles au Sénégal au cours de l’année 2020.
Les chiffres font froid dans le dos. Les élèves ont une vie sexuelle très active. En attestent les résultats issus de l’enquête menée par le Groupe pour l’Etude et l’Enseignement de la Population (Geep) sur les grossesses des élèves. Selon le coordonnateur du Geep Pr Babacar Fall, 1321 grossesses en milieu scolaire ont été répertoriés en 2019 au niveau national. «Et en 2020, nous avons constaté 1075 grossesses dans les écoles.
Le recensement couvre les cas de grossesses qui ont été constatés et relevés par les responsables scolaires, du 15 octobre 2019 au 31 juillet 2020», révèle-t-il. Il estime que ces cas de grossesses se répartissent sur l’ensemble du territoire national et aucune région n’est est épargnée. «Il y a des zones où le phénomène persiste beaucoup, notamment dans le sud du pays, que ce soit dans les régions de Sédhiou, Ziguinchor et de Kolda. Récemment, nous avons constaté que ce phénomène réapparaît nettement au niveau de la région de Kaffrine, dans la zone rurale de Thiès et même au niveau de la banlieue de Dakar», renseigne-t-il.
Tirant la sonnette d’alarme, il déclare que le phénomène s’est aggravé parce qu’il touche les classes de 1er cycle (notamment de la 6ème à la 3ème). «Si nous ne créons pas un environnement sécurisé, d’information et de protection, de l’intégrité, nous risquons de voir ce phénomène s’amplifier», avertit-il. Interpellé sur les causes de ces grossesses, Pr Babacar Fall répond : «Cela est dû en grande partie au phénomène des mariages précoces. Parce que pour une bonne partie des parents, le moyen de prévenir la sexualité précoce, c’est de marier la fille très tôt. C’est dire que le phénomène des mariages d’enfants est préoccupant.
D’autant que 50% des cas de grossesses précoces dénombrés en milieu scolaire concernent des mariages précoces», révèle Pr Babacar Fall qui trouve que cette pratique est très récurrente dans les régions sud du pays. «Nous constatons la même chose aussi dans la banlieue dakaroise, dans les zones rurales de Tivaouane, de Thiès, de Mbour, Kaffrine et de Kaolack. C’est une question nationale. Donc, il est important qu’on trouve des solutions à travers un travail d’informations auprès des parents d’élèves. La plupart de ces grossesses se font entre les élèves».
GROSSESSES EN CHIFFRES DANS LES ECOLES
Au Sénégal, la santé des adolescentes suscite une grande préoccupation. Selon l’EDS 2019, la proportion d’adolescentes ayant déjà commencé leur vie féconde augmente rapidement avec l’âge, passant de 1% à 15 ans à 33% à 19 ans, âge où 26% des jeunes filles ont déjà eu au moins un enfant. En réalité, les adolescentes ont une activité sexuelle débouchant le plus souvent sur des grossesses précoces ou non désirées, alors qu’elles sont insuffisamment informées pour prendre des décisions responsables.
En 2020, les établissements où des cas de grossesses ont été recensés sont estimés à 484 contre 563 en 2019. Par rapport à 2019, une baisse a été constatée. En effet, 1321 cas de grossesses ont été enregistrés entre 12 et 19 ans en 2019 contre 1075 cas en 2020. Cette baisse a été enregistrée dans les académies de Fatick, Kaffrine, Kaolack, Kédougou, Kolda, Matam, Tambacounda, Thiès et Ziguinchor.
Par contre une hausse a été notée à Pikine/Guédiawaye, Rufisque, Diourbel, Louga et Saint-Louis. 76,56% des cas de grossesses sont intervenus entre 13 et 18 ans. Le pourcentage de cas intervenus entre 13 et 15 est de 23,91%. C’est à Kaolack que l’on note le taux le plus élevé de cas de grossesses intervenus à cet âge avec 46,30%. Il est suivi par Kédougou 42,50%, Ziguinchor avec 40%.
Pour les grossesses intervenues entre 16 et 18 ans, la ville de Pikine arrive en tête avec 72,73%. Elle est suivie par Sédhiou 69,08%, Diourbel 65,96%. 76,37% des cas de grossesses sont survenus dans le premier cycle, c’est-à-dire entre la 6ème et la 3ème, contre 23,62% dans le second cycle. Cette situation est constatée dans toutes les régions. Les cas de grossesse les plus nombreux sont constatés entre la quatrième et la troisième avec 602 cas.
Dans le second cycle, ce sont les classes de seconde qui sont les plus touchées. 55,62% des cas de grossesses concernent des filles qui sont dans les liens du mariage contre 44,28% de filles célibataires.