Le feuilleton de cette semaine fait le tour du monde des saveurs. Et mardi 24 novembre, c'est le Sénégal qui est à l'honneur avec une spécialité traditionnelle, le thièboudiène. Un mot qui veut dire littéralement "du riz avec du poisson" en wolof, mais qui représente bien plus que cela dans la culture culinaire sénégalaise, où la recette se transmet d'une génération à l'autre. À Saint-Louis, ancienne capitale du pays, la ville se transforme en cuisine à ciel ouvert à l'heure du déjeuner. À l'ombre des ruelles, des femmes cuisinent le plat incontournable qu'est le thiéboudiène.
"Ce plat n'a pas d'égal, je ne jure que par ça. J'en mange depuis que je suis né", confie un habitant de la ville, assiette à la main. "Le thiéboudiène c'est ici son histoire. Quiconque veut l'imiter devra s'inspirer de nous", clame une habitante de Saint-Louis. Ce plat a été cuisiné pour la première fois en 1830 pour le gouverneur de la ville. Tous y ont ensuite succombé. Dans ce pays de pêcheurs, l'ingrédient principal n'est jamais bien loin, et toujours frais. Le Sénégal a déposé une demande pour le classer patrimoine immatériel de l'Humanité auprès de l'Unesco.
LE PANAFRICANISME EST LA TENTATIVE DE CONSTRUIRE UN ORDRE INTERNATIONAL ALTERNATIF
« L’opinion française reste prisonnière d’un récit colonial qui veut que la France soit pure, inattaquable et intervienne pour maintenir l’ordre. (...) Or, cette présence française participe de la politique impériale de la France »
Middle East Eye |
Hassina Mechaï |
Publication 29/11/2020
Libye, Mali, Rwanda ou encore Biafra. Autant de « crises » africaines d’hier et d’aujourd’hui gérées depuis l’Occident. Pourtant, une alternative existe : le panafricanisme. Une réponse africaine aux questions africaines.
C’est un lieu commun. Au chevet des crises à travers le monde se pose toujours ladite « communauté internationale ». Terme qui regroupe au fond, pour peu qu’on s’y arrête, les États occidentaux et plus précisément ceux qui sont membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Sans la Chine et la Russie, donc.
La majorité des États subissent beaucoup plus l’ordre international occidentalo-centré tel qu’il est né de la Seconde Guerre mondiale qu’ils n’y participent de façon effective. Pourtant, des ordres internationaux alternatifs ont pu émerger à travers l’Histoire, ordres normatifs et narratifs qui offraient une alternance à l’ordre international occidental.
Parmi eux, le panafricanisme, tant dans sa dynamique politique qui promeut l’indépendance totale du continent africain que dans sa dimension transnationale et civile qui prône la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine.
Comment ce mouvement peut-il éclairer autrement les crises internationales, quelles solutions offre-t-il, quelle est sa dynamique ?
Amzat Boukari-Yabara, historien et docteur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), auteur de Nigeria (De Boeck, 2013), Mali (De Boeck, 2014) et Walter Rodney (1942-1980) : les fragments d’une histoire de la révolution africaine (Présence africaine, 2018), répond à MEE.
Middle East Eye : Qu’est-ce que le panafricanisme ?
Amzat Boukari-Yabara : Le panafricanisme est un mouvement né dans un contexte précis, celui des résistances qui sont apparues au sein des populations africaines déportées et réduites en esclavage dans les Amériques sous la contrainte du colonialisme, du capitalisme et du racisme. Trois systèmes qui sont encore présents et structurent le monde actuel.
Depuis deux siècles et demi, ces résistances se sont incarnées dans des projets collectifs, des projets d’unité continentale ou des projets d’État-nation. C’est donc un mouvement historique et politique qui participe des relations internationales et qui s’est institué dans des congrès.
Pourtant, ces congrès n’ont jamais été pris en compte dans la structuration de l’ordre international. Le panafricanisme serait donc une contre-histoire de l’Occident : une réparation par des populations d’origine spécifique (noires et/ou africaines) à travers des projets de libération et d’émancipation de tout ce que l’Occident a produit de dégâts humains, culturels, écologiques.
Une date marque ce mouvement de destruction par le colonialisme : 1492 avec la « découverte » des Amériques et la mise en place des hiérarchies et concepts raciaux.
Le panafricanisme est aussi un projet d’unité visant à rééquilibrer l’ordre international. Il s’est incarné dans des projets culturels, économiques, politiques et également dans des créations qui lui donnent un caractère tangible dans la diaspora et sur le continent. Le panafricanisme renvoie à tous ces espaces que l’Afrique a fécondés.
MEE : En quoi offre-t-il un contre-modèle au système international tel qu’il est ?
ABY : Le panafricanisme est apparu comme un grain de sable dans ce système des relations internationales. C’est la tentative de construire un ordre alternatif face au système international qui repose sur l’idée westphalienne d’États.
Avec le congrès de Vienne de 1815, l’Europe met en place son système international qu’elle va étendre au reste du monde. Lors de la première conférence panafricaine qui a eu lieu à Londres en 1900, les militants essaient de coaliser Haïti, le Liberia et l’Éthiopie, qui à l’époque étaient les trois seuls États dirigés par des noirs, pour leur demander de parler au nom de tous les noirs qui n’avaient pas accès à un appareil d’État.
La question du panafricanisme a souvent été mise de côté car considérée comme étant de l’ordre du ressentiment. Les dirigeants qui l’ont incarnée, de Kadhafi à Sankara, pour citer deux cas assez récents, ont fini de la même manière [assassinés dans des conditions encore obscures].
Leur refus de considérer l’Occident comme le centre du monde révèle une forme de blessure narcissique des Occidentaux hostiles à l’idée d’un autre monde possible. L’Occident n’aime pas qu’on lui fasse la morale et infantilise le reste du monde.
MEE : Mais le panafricanisme n’est-il pas contraint par un système international dont l’acteur principal reste l’État ?
ABY : La question de l’État-nation va s’imposer tout simplement parce que l’histoire de la colonisation va modifier la manière dont les structures étatiques et politiques africaines fonctionnaient. En Afrique, il y avait des empires, des royaumes, des cités-États, des républiques et également des sociétés sans État.
Après avoir fait carrière dans le journalisme satirique, PSK est revenu à ses premiers amours. Avec deux recueils de poèmes et un roman publiés en l’espace d’une décennie, le sexagénaire s’est imposé comme l’une des voix majeures des lettres africaines
Après avoir fait carrière dans le journalisme satirique, le Sénégalais Pape Samba Kane est revenu à ses premiers amours littéraires et artistiques. Avec deux recueils de poèmes et un roman publiés en l’espace d’une décennie, le sexagénaire s’est imposé comme l’une des voix majeures des lettres africaines.
« Je suis fruit de toi/ De ton rire qui me mangue / Tu goyaves ma nostalgie / Qu’habite ton haleine corossol / Ta bouche sapotille ma bouche / Tes dents pomment mon cou / Croquent ma volonté… » « L’homme qui écrit ces vers, cet homme ne peut être qu’un poète », déclarait Lilyan Kesteloot, grande historienne de la littérature africaine, aujourd’hui disparue. L’homme en question, celui-là même qui aime déclamer son amour à sa belle avec des mots aussi fruités que poétiques s’appelle Pape Samba Kane.
Pape Samba Kane. Retenez ce nom. À la soixantaine bien bouclée, PSK, comme ses amis l’appellent, est l’une des voix montantes des lettres sénégalaises. Il est l’auteur d’un roman et de deux recueils de poésies. « Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours écrit », aime-t-il dire, regrettant d’avoir tardé à mettre ses talents littéraires à l’épreuve du grand public. Son parcours mérite d’être raconté.
Journaliste au Cafard libéré
Pape Samba Kane a longtemps été journaliste. Il a travaillé dans des rédactions sénégalaises, a fondé des journaux. Son nom a été un temps synonyme de portraits corrosifs qu’il brossait des hommes politiques dans les pages du Cafard libéré, équivalent du Canard enchaîné en France. Selon la légende, la grande peur des hommes publics à Dakar était de voir leurs secrets et leurs incohérences étalés à grands traits dans les colonnes du journal satirique, sous la plume mordante du talentueux PSK. Ils étaient nombreux à pousser des « ouf » de soulagement lorsque le journaliste a raccroché les gants il y a quelques années.
Aujourd’hui, PSK est journaliste à la retraite, confortablement installé dans les faubourgs populaires de Dakar, où il peut enfin consacrer son temps à concrétiser ses ambitions littéraires et artistiques. « Quand j’ai pris ma retraite, confie-t-il, je suis revenu à mes premiers amours. C’est pourquoi quand les jeunes journalistes me posent la question “quand écris-tu ta poésie” ou “Comment passe-t-on de l’écriture journalistique à l’écriture créative ?”, j’essaie d’expliquer qu’en réalité, c’est l’écriture créative qui m’a emmené au journalisme ».
La danse des djinns
C’est en 2015 que cet ancien journaliste et patron de presse a réellement renoué avec l’écriture littéraire en publiant son premier roman chez un éditeur sénégalais, les éditions Feu de brousse. Sabaru Jinne, le titre en wolof de son roman signifie « La danse des djinns ».
L’Assemblée nationale a adopté un projet de budget qui, pour les autorisations d’engagement, octroie 450 milliards 861 millions 409 mille 845 francs CFA au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation
Dakar, 28 nov (APS) – L’Assemblée nationale a adopté un projet de budget qui, pour les autorisations d’engagement, octroie 450 milliards 861 millions 409 mille 845 francs CFA au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, pour l’année 2021.
Les crédits de paiement prévus pour ce ministère s’élèvent à 239 milliards 407 millions 275 mille 175 francs CFA.
Son budget pour l’année 2021 est structuré autour de quatre programmes, dont l’enseignement supérieur, les œuvres sociales universitaires et l’administration du ministère.
La construction et la réhabilitation en cours des infrastructures pédagogiques, dans les universités, ainsi que l’achèvement des travaux de l’Université Amadou-Mahtar-M’Bow et de l’Université du Sine-Saloum El Hadj-Ibrahima-Niass font partie des priorités du département ministériel chargé de l’Enseignement supérieur.
S’agissant des œuvres sociales universitaires, Cheikh Oumar Hanne, chargé de ce ministère, a dit que 75,39% des crédits alloués serviront à l’‘’amélioration de la qualité de vie des étudiants’’.
DEUX MILLIARDS DE FRANCS CFA DE L’ETAT POUR L’ACHAT DE PIROGUES EN FIBRE DE VERRE, DÈS DÉCEMBRE
La Délégation à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ) va décaisser 2 milliards de francs CFA en décembre prochain pour l’achat de pirogues en fibre de verre destinées aux pêcheurs sénégalais, a annoncé son patron, Pape Amadou Sarr
Mbour, 29 nov (APS) – La Délégation à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ) va décaisser 2 milliards de francs CFA en décembre prochain pour l’achat de pirogues en fibre de verre destinées aux pêcheurs sénégalais, a annoncé son patron, Pape Amadou Sarr, samedi, à Mbour (ouest).
‘’On a une enveloppe de 2 milliards de francs CFA destinée à l’achat de pirogues en fibre de verre. Les fonds seront disponibles dès le 1er décembre 2020’’, a assuré M. Sarr lors du lancement d’un programme national de renouvellement du parc piroguier.
‘’La balle est dans le camp du directeur général de la Société des infrastructures de réparation navale’’, a-t-il ajouté en présence de ce dernier, qui a remis des pirogues en fibre de verre à des pêcheurs mbourois.
Le gouvernement recommande aux pêcheurs l’achat des pirogues en fibre de verre, plus que aptes à la navigation que les pirogues de fabrication artisanale utilisées au Sénégal.
Pape Amadou Sarr déclare qu’‘’une enveloppe de 100 milliards de francs CFA (…) sera disponible à partir de 1er janvier 2021’’ pour le soutien aux initiatives économiques des jeunes et des femmes.
‘’Nous allons faire de la discrimination positive pour Mbour, Joal-Fadiouth, Cayar (ouest), Saint-Louis (nord) et Kédougou (sud-est)’’, a-t-il dit, ajoutant que ces zones sont les principaux points de départ des migrants sénégalais cherchant par tous les moyens à entrer en Europe pour y travailler.
M. Sarr dit avoir reçu du président de la République la consigne de trouver ‘’des solutions urgentes’’ à l’émigration clandestine, par la création d’emplois et le soutien des initiatives économiques des jeunes et des femmes, avec la collaboration du ministre chargé de la Formation professionnelle.
CES LEADERS DES INDÉPENDANCES AFRICAINES ASSASSINÉS
Qu’ont en commun les morts brutales de Lumumba, d’Um Nyobè, de Moumié et de Boganda ? Pour l’historienne Karine Ramondy, la même logique de neutralisation était à l’œuvre
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 28/11/2020
Fin des années 1950, aux premières heures des indépendances. Alors que l’euphorie s’empare des capitales africaines, plusieurs leaders politiques sont éliminés. Dans l’ouvrage Leaders assassinés en Afrique centrale 1958-1961. Entre construction nationale et régulation des relations internationales (éd. L’Harmattan, 2020), l’historienne Karine Ramondy revient sur le destin tragique de quatre figures de proue des indépendances en Afrique centrale, éliminées entre 1958 et 1961.
L’éphémère Premier ministre congolais, Patrice Lumumba, dissous dans la soude par des séparatistes du Katanga épaulés par des hommes de main belges. Les indépendantistes camerounais Ruben Um Nyobè – abattu d’une balle dans le dos par l’armée française, en pleine forêt équatoriale – et Félix-Roland Moumié – empoisonné au thallium à Genève, en Suisse.
Peut-être aussi le Centrafricain Barthélémy Boganda : il n’est pas exclu que le crash de l’avion dans lequel il a perdu la vie ait été un attentat. C’est d’ailleurs l’une des révélations du livre de Karine Ramondy : une analyse récente d’un document essentiel – le « rapport Bellonte » – lui a permis de relever des manquements qui exigeraient la réouverture d’une enquête.
Une entreprise concertée
La chercheuse évoque un « moment d’accélération de l’Histoire où [les ex-puissances coloniales] redoutaient de perdre leurs acquis » et pointe une certaine impunité pour ces crimes qui s’inscrivent dans un continuum de violences remontant à la colonisation.
Si elle est la première à réunir dans un même ouvrage des parcours jusqu’alors étudiés séparément, c’est, confesse-t-elle, pour démontrer qu’« il y avait des processus, des réseaux et des acteurs communs qui œuvraient ensemble, dans le même sens, quelles que soient les colonies en jeu et quelles que soient les métropoles en train d’y perdre leurs acquis. »
Une entreprise concertée, donc. États, entreprises, services secrets, organismes internationaux… Tous concourent à la descente aux enfers des « condamnés ». L’universitaire en veut pour preuve les calculs des États-Unis ou de l’Union soviétique – pourtant réputés anticolonialistes – et les manœuvres scélérates des ex-colonisateurs pour maintenir le statu quo, par exemple au sein des Nations unies, qui ont joué un rôle trouble.
Au Conseil de tutelle de l’ONU, les ex-puissances coloniales usent en effet de leur pouvoir pour neutraliser les revendications nationalistes. Ramondy fait état d’une circulaire secrète dans laquelle elles se promettent de bloquer toute tentative d’émancipation « rapide ».
Ni waa Senegaal gëmee Yàlla te fonk diine, umpul kenn ci àddina si.
Nde, askanuw Senegaal, ñi ci ëpp ay jullit lañu. Nee ñu, cig xayma, 100 yoo jël ci doomi réew mi, 95 yi jullit lañuy wootewoo. Diiney Lislaam, nag, biir Senegaal, dafa làmboo ay màndarga yi koy wutale ak i réew yu bare. Ndaxte, amees na fiy këri diine yu mag, maanaam ay tarixa, askan wi xër ci lool, sax. Tarixa yooyu, ay sëriñ a leen jiite, ñu leen di woowe xalifa, taalibe yi fonk leen lool, weg leen. Dafa di, dayo bu réy a réy la kilifa yooyee am ci taalibe yiy déglu ak a jëfe seen i ndigal saa su nekk. Àq, dayo ak gëdd bi taalibe yi jox sëriñ si moo tax, ñoom sëriñ si, ñu am kàddu ak sañ-sañ bu bir ci mbiri réew mi, rawatina pólitig. Te, lu ni mel, ndajem njiitu réew mi, Maki Sàll, ak Idiriisa Sekk mi lëmbe réew mi doy na ci firnde. Waaye, bala tey, démb la woon.
Ca 1930-1940, fekk na 2 eelu xare bu mag bi ame àddina sépp. Jamono jooju, Almaañ gu Itleer dafa songoon Farãs, sonaloon ko lool. Ci la
Farãs wëlbatikoo ca réew ya mu nootoon, Senegaal bokkoon ci, ngir sàkku ndimmal ak i ndaw yi koy xeexle. Noonu, ñu yabal Belees Jaañ.
Belees Jaañ, ngir xam cër bu sëriñ si am ci askan wi, daldi seeti Seriñ Tuuba. Ca la ko xamalee li xew ba noppi sàkku ci moom mu digal ay ñu jàppaleji Farãs. Seriñ bi nangul ko ko, daldi sant Séex Ibra Faal mu wutili ko ay waxambaane yu ca man a dem.
Waaye, du loolu rekk la Sëriñ bi mës a defal tubaab bi. Ndax, ca jamono yooyu ba tey, santoon na Séex Anta Mbàkke mu utal ko ay gune yu ñuy dalal ca daaray nasaraan yi doon door a ubbi ca diiwaanu Njaaréem. Gune yooyu Séex Anta Mbàkke tànnoon, Séex Anta Jóob, werekaan bi, àddina sépp xam ko tey, ca la bokkoon. Ndege, Séex Ibra Faal moo doon denc yaayam ca këram gi ñu duppe woon Kër gu Mag.
Àddinay dox ba jamonoy 1940-1950. Lewopóol Sedaar Seŋoor miy dooni njëlbeenug njiitu réewum Senegaal ci njeexitalu nooteel bi, daldi ñibbisi. Bi mu noppee ci njàngam ma mu doon defe Farãs, dafa delsi Senegaal sóobu ci pólitig bi. Doomu Juwaalo jooju, nag, ab katólig la woon, bare woon xam-xam te ñawoon xel lool, sax. Xelam mu ñawoon moomu la jëfandikoo woon, natt dayo bi seriñ si am ci géewu pólitig gi, daldi leen di jiital ciy naalam. Noonu, mu seqiy jéego, seeti leen, di leen nemmeeku, di waxtaan ak ñoom, laxasaayu jikkoy taalibe, di jëfe ndigal, di bàyyi tere. Looloo taxoon Sëriñ Fàllu Mbàkke, xalifa murid yi ca jamono jooju, doomoo woon ko. Moo tax itam ñenn ñiy wax ne Seŋoor, gannaaw Yàlla, lépp lu mu mës a am ci politig Sëriñ Fàlloo ko ko mayoon. Li koy firndeel mooy ne, donte ne katólig la woon, mooy ki jëkk a jiite Senegaal, réew moo xam ne jullit yaa ci ëpp, ci diirub 21i at. Bi Seŋoor di dem, dafa jox lenge yi Abdu Juuf.
Abdu Juuf tamit, fi Seŋoor tegoon i tànkam ñeel sëriñ si la tegoon yosam. Dafa joxoon sëriñ si cër bu mat sëkk, lëkkaloo woon ak ñoom. Moom, njiiteefam ak xilaafa Seriñ Abdu Laxaad Mbàkke ñoo méngoo. Xalifa bi daldi koy uuf, jàppale ko ni Sëriñ Fàllu jàppalee woon Seŋoor. Ndimbalam ak taxawaayam ñoo mayoon Abdu Juuf ab ndëgërlaay ba tax koo toog ci jal 20i at. Ndaxte, ci atum 2000 la ko Ablaay Wàdd daanoon ci joŋanteb wote ba. Ablaay Wàdd moomu tamit, ci murid la féetale woon boppam.
Ablaay Wàdd, dafa mës a biral ne murid àqan la. Mu yàggoon lool ci kujje gi, ca jamonoy Seŋoor ak ci jamonoy Abdu Juuf. Waaye, mësul woon a réeroo ak i ñonam, doonte ne xalif bi, Abdu Juuf mii féetale woon boppam ci Tijaan yi, la doon jàppale. Àddinay doxati ba Góor gi mujje moome, yéeg ci jal bi.
Ndamu Ablaay Wàdd, nag, ci woteb 2000 yi, jaloore ju réy la woon, àddina sépp daan ko soow. Askanuw Senegaal bégoon lool ci coppite
bi mu yàggoon a xaarandi te amoon ci wàll wu réy. Jamono jooju, Sëriñ Saaliw Mbàkkee nekkoon xalifa murid yi. Ñépp xame woon ko màndute ak jege bi ko Ablaay Wàdd jege woon. Dafa di, Ablaay Wàdd, ku fésaloon péeteem ci murid yi la. Loolu xawoon na jur njàqare ak tiitaange. Ndax, dañ doon ragal njiitu réew ma woon jéng, di doxal xàjj-ak-seen. Moo tax it, fi mu ne nii, kenn amul mbeeteel ci ni waa Tuuba tëyee, ba sun-jonni-Yàlla-tey jii, pàrti PDS bi ñu wàcce ci jal bi, 8i at ci ginnaaw.
Lii lépp, nag, warul tax ñu jàpp ne, sëriñi murid yi kese ñoo daan dugal seen loxo ci làngu pólitig gi. Déedéet. Dañ ci gën a fés rekk, waaye noonu la deme woon it ci yeneen tarixa yi, rawatina bu tijaan yi.
Kenn umpalewul ne, Sëriñ Séex Tijaan Si ci boppam, sosoon na fib pàrti, jiite woon ko. Moom kay, sëggoon na sax ci géewu pólitig gi. Looloo taxoon mu dugg ndung-siin, ndax xeex ba mu daan xeex Seŋoor. Tey, doomam ji, Sëriñ Mustafa Si, kilifay Mustarsidiin yi, moo ko wuutu, jiite pàrti boppam, di PUR. Bu weesoo ñoom ñaar ñooñu nag, mënees na lim, ba tey ci tijaan yi, Sëriñ Paap Maalig Si (rakku Sëriñ Séex) ak Sëriñ Abdu Asiis Si Al Aamin. Ñii de, naam fësaluñ woon seen bopp bu baax ci pólitig bi, waaye jot nañ cee dugal seen i loxo ak seen i xalaat bu baax. Waaye, nag, kenn ci ñoom du dab Sëriñ Abdu Asiis Dabbaax. Ku mat a ràññe la woon, moom, Sëriñ Abdu Asiis Si Dabbaax. Ndaxte, daawul noppi, daawul tàyyi di taxawu askan wi ak di artoo ko dànkaafu Nguur gi, ngir muy bàyyi xel baadooloo yi. Ittéem yèpp doon rekk, wax dëgg, yore pusóom di ñaw. Ndax sax du taxawaay woowu moo jur baatu Pólitig, ca dëgg-dëgg ?
Ci sunu jamono yii nag, daa mel ni, bi Maki Sàll di yéeg ci jal bi, daa faf bettoon ñu bare, ba ci sëriñ si. Mbaa sax, du looloo taxoon Parsidã naagu woon ba di leen jéem a sóoru ci njëlbeenub moomeel ga ? Ak lu ci mënti am, gaaw naa dellu ginnaaw moom, xamaat palaasam, ràññe cër bi mu ameel sëriñ si ci réew mu bindoo ni Senegaalu tey jii ! Moo tax it, fi mu ne nii, digganteem ak sëriñ si, mel na ni mburook soow ! Doonte mënagul a fexe ba dugg ci xolu waa Tuubaa yi. Li muy féeteele boppam ci tarixa Murid yépp, mel na ni tey, waa Tiwaawon ñoo ko gën a jàpp. Loolu yépp nag, teewul, ba Parsidã Maki Sàll bëggee juboo ak njatigeem ba woon, Ablaay Wàdd, Sëriñ Muntaxaa Mbàkke, di Seriñ Tuubaa tey, moo dox diggante bi ba juboole leen, keroog ba ñuy ubbi jumaa Masaalikul Jinaan. Yemul foofu. Ndax, fan yii rekk, bi Idiriisa Sekk di wax ak askan wi ngir layal duggam ci nguurug Maki Sàll, junjaale na taxawaayu sëriñ si ci ànd bi mu àndaat ak Maki Sàll. Nee ñu, Sëriñ Musaa Nawel Mbàkke, miy sëriñu Idi, moo dox lépp ba mu sotti.
Idi moom, gannaaw ba ñu ko tàkkale nombog-tànkam gu bees gii ko may mu nekk léegi ñetteelu njiit ci Nguur gi, génnam bu njëkk, Seriñ Muntaqa la ko jagleel ; te it, li mu ko xamal leer na : « Da noo ñëw fii sargalsi la, wax la sunu ngërëm, ginnaaw ndam li nu am, ba nu toppe say ndigal yépp ba mu mat sëkk, bañ cee sàggane lenn. » Laata muy egg ci Sëriñ bi nag, Idi jot naa jaar ci sëriñam, Seriñ Musaa Nawel Mbàkke, wéet ak moom lu yàgg, ci li taskatu xibaar yi jottali.
Ginnaaw lees fi jot a wone lépp ñeel taxawaayu sëriñ si ci pólitig bi, baax na ñu amal ab taxaw-seetlu ci mbiri ñaari doomi réew mi. Ñaar ñooñu, tey, ñépp a leen naw. Ñoo ngi rëccu liñ jotal woon a jiite réew mi walla liñ ci yàggul ; ñooñooy Séex Anta Jóob ak Mamadu Ja.
Séex Anta, kenn umpplewul ne, Murid la woon ci juddoom ak ci xaleelam. Moom, Kër gu Mag la yaroo, màgge fa, ca ëttu ak kiiraayu Séex Ibra Faal. Waaye, Séex Anta, li mu doon weg sëriñ si yépp, kenn mësu ko woon dégg ci làngu pólotig gi, muy mbubboo askanam walla tarixaam. Màndute gu mat sëkk la àndaloon ci wàll woowu, ni mu ko doon defe ci wàll wu ne. Ndax dañu ko mere woon ci tekkaaralam googu ? Li am daal mooy ne, Séex Anta, dëggu, pas-pas ak xam-xam yi ko ñépp xamaloon, taxul seriñ si wallsi ko, wuyu ci wooteem yi mu doon def ngir yewwi réew mi, defaraat ko, doonte ñu bare-bari ci askan wi, moom lañu faraloon. Leneen lu laxasu woon it ci mbir mi moo doon ni, Tubaab yi ŋànkoon dëgg réew mi, Seŋoor moo leen gënaloon fuuf Séex Anta.
Mamadu Ja moom, doonoon ku jullite, nekkoon na ci jal bi, ci diir bu gàtt (1959-1962). Wànte, li mu doon jullite julite lépp (képp ku ko xamoon mënoon na ko koo seedeel), moom ak sëriñ si, jaaroowuñu woon taal. Dëggu ak xadar yi mu àndaloon, mayuñu ko woon muy maslaa maslaa yu bare, walla di doxaale jikkoy naaféq. Looloo gënoon a indi ay jafe-jafe ci digganteem ak ñu bare ci kilifa diine yi. Moo tax it, ba mu jotee woon ak Seŋoor ci ginnaaw gi, gisul woon ñu bare ñu féeteek moom. Noonu la ko xaritam xañee woon nguur gi, dugal ko kaso, tëj ko fa lu ëpp fukki at.
Bu nu taxawee seetlu ba noppi, laaj wi sampu nag, mooy xam ndax ku sëriñ si àndal dangay falu, ku mu won ginnaaw nga xalangu ?
Ay laaj yu bare sax. Bañ a falu te dencal sa bopp say xalaat yu rafet ngir suqali sam réew ? Falu te njar say xalaati bopp ciy bëgg-bëgg sëriñ si ba noppiy dox ci seen i ndigal ? Walla weneen yoon xaj na ci diggante wu sew woowule ?
Tey jii, xale yu mel ne Usmaan Sonko, di door a samp seen ndënd ci géewu politig bi, war nañu cee am njàngat. Usmaan, ci njëlbeen ga, daa meloon ni ku joxul sëriñ si seen gëdd. Waaye ci at yu mujj yii, mel na ni ku soppi taxawaayam ci wàll woowu, ndax ni muy gën a jegee léegi kilifa diine yi.
Àndak sëriñ si walla won leen ginnaaw ? Su nu misaale wax ji ak kàddu Idiriisa Sekk yu yees yi : tànn sa bu la neex la !
par Siré Sy
COMMUNICATION GOUVERNEMENTALE, À L’ORIGINE DE LA GRANDE INCOMPRÉHENSION
C’est incongru de voir des ministres de la République en pleine semaine, déserter leurs bureaux pour faire face à la presse. Macky Sall et son régime sont depuis 2014 dans une logique de communication de campagne électorale
Le moins que l’on puisse dire, c'est que le gouvernement cherche la formule dans sa communication. Et ceci, depuis 2014. C’est à peu près sûr et certain que si le président Macky Sall n’était pas devenu un ingénieur en pétrole, il aurait opté à pour devenir un journaliste. Tellement le camarade aime la presse et les médias, et ceci, depuis fort longtemps (Il est midi ; Océan FM ; etc.). Et l’amour que notre bien-aimé président porte aux médias est tel que pour lui, ‘’communication mooy médias et média moy communication’’. L’addiction de notre cher président aux médias et aux hommes de médias est telle que, si sous le président Senghor, ce fut l’ère des enseignants, sous le président Abdou Diouf l’ère des administrateurs civils et sous le président Abdoulaye Wade, l’ère des avocats ; on peut dire que sous le président Macky Sall, c’est l'ère des journalistes.
Quand nous sommes et que nous faisons dans le management de la très haute performance, c’est tellement incongru de voir des ministres de la République en plein jour de la semaine, déserter leurs bureaux et leurs dossiers, pour faire face à la presse. Là où les chargés de communication et les attachés de presse étaient largement suffisants pour donner l’information (on n’est pas encore dans le registre de la communication).
Et cette image est contre-communicante. Car lors du premier exercice du ‘’gouvernement face à la presse’’, la mise en scène, la phraséologie, la lexicologie, les éléments de langage, et le jeu d’acteurs, étaient mal adaptés. Au point que le gouvernement aura passé plus de temps à expliquer et à justifier ses échecs et ses contre-performances qu’à faire dans la pédagogie et dans la didactique de ses initiatives prises et de ses actions menées. Il y a dans l’idée et dans la lettre dans l’expression ‘’faire face’’, une attitude défensive et attentiste, alors qu’il faut être sur l’offensive et la proactivité ; une attitude guerrière et polémiste, alors qu’il faut faire dans la pédagogie et dans la didactique. D’ailleurs, pour qui connaît le niveau d’infiltration et de collusion entre presse et pouvoir, on aurait pu dire ‘’le gouvernement dans (et pas face à) la presse’’. Bon bref….
Une empreinte fort vendable
Le président Macky Sall estime que son gouvernement a beaucoup fait pour les populations, en termes de projets montés, de programmes déroulés, de financements libérés et de mécanismes d’accompagnement mis en place. Oui, sur ce plan, le président a raison, comme le confirme ce bref panorama :
Dans le domaine des infrastructures routières, son régime a construit des routes (1 295 km), parachevé les autoroutes (217 km), construit de nouveaux autoponts (12) et réalisé le pont Gambie qui désenclave complètement la Casamance.
Dans le domaine de l’agriculture, le régime du président Macky Sall a relevé très sensiblement le niveau de production agricole (céréalière et horticole) à des niveaux jamais égalés (plus d’un million de tonnes). Même s’il faut se désoler de la tyrannie de l’arachide où tout en consolidant ses niveaux de production, le Sénégal gagnerait à mettre le cap dans la production des fruits et légumes (horticulture), l’autosuffisance en riz et une très grosse production en mil.
Dans le domaine de l'élevage, c’est avec le président Macky Sall que le Sénégal est autosuffisant pour la première fois, en produits avicoles et la production de ‘’poulet du pays’’ et des ‘’œufs du pays’’ couvrent largement la consommation au point que le Sénégal est devenu maintenant un pays exportateur de produits avicoles.
Dans le domaine des énergies, des pas de géant ont été réalisés en l’espace de huit ans relativement à la fourniture correcte d’électricité et dans l’électrification rurale. En termes de coûts, le prix du kilowatt (91,17 FCFA), est dans les cordes des ménages sénégalais et l’innovation techno-électrique qu’est woyofal, est maintenant entrée dans les mœurs sociales. Même s’il faut regretter la gestion de nos blocs pétroliers et gaziers qui ont été du n’importe quoi…. Quand la gestion de l’eau sera une gestion de la rareté tant que KM3 et le projet de dessalement de l’eau de mer ne seront pas opérationnels. Dans le domaine de la pêche ''môme'', xaral ma nopi sax….
Réalisations et impacts, la grande confusion
Premièrement, dans son approche actuelle, le gouvernement informe (la presse) qui est une parmi tant d'autres des fabriques d’opinion, plus qu’il ne communique avec les populations et les consciences collectives. Le président Macky Sall et son régime pensent que s’ils informent et échangent avec la presse, à intervalle de temps réguliers, c’est fini, ils peuvent dormir tranquille. Alors que cette étape qu’est celui de l’information, est le niveau un - étape un - sur une chaîne de valeur en manière de communication. Informer (verticalité, dissémination, amplification) n’est pas communiquer (relation interpersonnelle, plaidoyer et influence).
Deuxièmement, le régime en place confond une communication axée sur les réalisations (communication électorale) et une communication orientée impact (communication politique). Entre ces deux types de communication, les angles d’approche, les éléments de langage et les postures à adopter, diffèrent complètement. Et c’est là le talon d’Achille du président Macky Sall et de son régime, qui sont depuis 2014 dans une logique de communication de campagne électorale (en s’adressant plus à l’opposition et aux détracteurs) que dans une communication politique (consistant à parler aux populations et aux forces vives de la nation, destinataires et bénéficiaires des politiques publiques).
Troisièmement, à l’actuel des doubles enjeux (les réalisations qui sortent de terre, les impacts positifs qui se font de plus en plus sentir) et du ‘’compliqué‘ désir à vouloir croquer le fruit défendu (rires), un schéma opérationnel en termes de communication gouvernementale, ne pouvait-il pas être la désignation dans chaque ministère, d’un porte-parole dont la mission matin, midi, soir, serait d’aller à la rencontre des forces vives de la nation, pour interagir avec elles et surtout être en mode écoute. Quand le chargé de communication (attaché de presse), sera le contact direct de la presse, avec qui au besoin, il peut organiser un entretien-interview entre le ministre et un organe de presse.
Un ministre, c’est un très haut cadre et le temps du très haut cadre devrait être extrêmement minuté. Car, en trois heures de temps de travail d’un très haut cadre, que des mesures prises, de contraintes levées, de pistes balisées, de problèmes solutionner… Alors, huit ministres ‘’branleurs’’ pendant toute une journée, tous les quinze jours, cela fait forcément désordre.
Siré Sy est fondateur du Think Tank Africa WorldWide Group
LE DESTIN CONTRARIÉ DE KHALIFA SALL
La mairie de Dakar paraissait être le tremplin idéal d'accession à la fonction présidentielle pour l'ancien édile. Elle l'aura finalement conduit tout droit en prison. Gracié mais toujours inéligible, pourra-t-il un jour se remettre en selle ?
Jeune Afrique |
Marième Soumaré |
Publication 28/11/2020
Longtemps, une large banderole accrochée à la devanture de l’hôtel de ville de Dakar a indiqué le nombre de jours de détention de Khalifa Sall. Le temps passant, les jours sont devenus des semaines, puis des mois. Quand le maire de la capitale sénégalaise a finalement été gracié par le chef de l’État, le 29 septembre dernier, l’immense compteur affichait 936 jours.
Condamné en appel à cinq ans de prison pour « faux et usage de faux » et « escroquerie portant sur des fonds publics », Khalifa Sall aura donc passé près de trente mois à la maison d’arrêt de Rebeuss. La veille de son incarcération, survenue le 7 mars 2017, il avait prévenu ses équipes : « Ça va être long, très long. Si vous pensez que la situation est terrible, préparez-vous : vous n’avez encore rien vu. »
Mais comment aurait-il pu imaginer que l’incarcération ne l’empêcherait pas d’être élu député en juillet 2017 ? Qu’elle ne le dissuaderait pas non plus, alors qu’on lui avait tant reproché de ne pas assumer ses ambitions du temps où il était libre, de se porter candidat à l’élection présidentielle de février 2019 via un communiqué rédigé derrière les barreaux ?
Depuis sa sortie de prison, l’ancien maire de Dakar rase les murs. Lors de sa seule allocution publique, prononcée trois semaines après sa libération, il s’est dit « sans haine ni rancune », mais son avenir continuera de se conjuguer au conditionnel tant qu’il n’aura pas recouvré l’ensemble de ses droits civiques. Libéré dans le cadre de négociations entre le président Macky Sall et son prédécesseur, Abdoulaye Wade, Khalifa Sall assure n’avoir jamais sollicité de grâce – cela serait revenu à reconnaître les faits pour lesquels il a été condamné.
Années chaotiques
Pour Khalifa Sall, qui a gravi un à un les échelons du Parti socialiste (PS) auquel il a appartenu pendant près de cinquante ans, les trois dernières années ont donc été chaotiques. Procédures en appel, puis en cassation, recours déposé devant la Cour de justice de la Cedeao… Ses avocats auront tout tenté, mais cela n’aura empêché ni sa condamnation, ni sa destitution de ses mandats de maire et de député, ni l’invalidation de sa candidature à la magistrature suprême par le Conseil constitutionnel.
Les premiers mois, l’opposition et une partie du PS lui apportent un large soutien. Puis les appuis ont commencé à se raréfier. « Je sais bien comment ça fonctionne, confiait-il alors à l’un de ses proches. Aujourd’hui nous sommes cinquante, mais bientôt nous serons trente, puis dix. »
« À partir du moment où il a été destitué de sa fonction de maire, en août 2018, les choses ont été plus difficiles, confirme un de ses collaborateurs. Cela a été pareil quand il a perdu son mandat de député. On recevait trente manifestations de solidarité par jour, mais personne ne souhaitait s’afficher publiquement à ses côtés. »
Depuis des siècles, la zone où se trouve la Mauritanie actuelle est un point de jonction entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Les Français arrivent dans la région à la fin du 19e siècle. En 1903, la Mauritanie devient un protectorat français, puis une colonie. Six décennies plus tard, Moktar Ould Daddah proclamera l'indépendance du pays, le 28 novembre 1960. La capitale est Nouakchott, ville qui vient à peine d'être créée. Le pays ne possède presque aucune infrastructure car les colons français dans la région avaient surtout développé la ville sénégalaise de Saint-Louis, un peu plus au sud. Sur le plan politique, la Mauritanie a connu une série de coups d'État militaires depuis l'indépendance. Dans ce pays immense où vivent 4 millions de personnes, la première transition pacifique date seulement de 2019.