LA PEUR AURAIT-ELLE CHANGÉ DE CAMP ?
Le respect de la volonté populaire devient un impératif et, toute déclaration, qui ramerait à contre-courant de celle-ci, porterait en elle-même les germes d’une violence inouïe
Hallucinant, surprenant, bluffant, étonnant, effarant, abasourdissant, ébahissant, inattendu, bouleversant, les qualificatifs ne manquent pas pour s’indigner du cirque insensé, de la comédie fade et insipide joués, hier, tard dans la soirée, par l’homme de main de Macky Sall, entouré de ses thuriféraires et autres laquais. En effet, le Premier ministre du Sénégal, Mouhamed Bounn Abdallah Dionne, s’est fendu d’une déclaration surprise aux relents d’un hold-up électoral dans laquelle il crédite son candidat d’un score de 57%, synonyme de sa réélection dès le premier tour, alors que la compilation des résultats reste encore très parcellaire. A l’état actuel des tendances, même un enfant en Cours d’Initiation (CI), qui vient à peine de se familiariser avec les mathématiques, se garderait de verser dans ces excès après cumul des résultats.
De quoi Macky a-t-il vraiment peur ? Que cache cette démarche floue, absconse et vaporeuse d’un autre âge ? A-t-il inconsciemment scié la branche sur laquelle il est assis ? Cette phobie et cette psychose qui l’habitent découlent-elles d’une tare innée ou d’un handicap acquis ? Pourquoi, le Premier ministre se substitue-il à la commission électorale à ce stade des dépouillements ? Serait-on dans une démocratie sans démocrates ?
Malgré la confection calamiteuse des cartes d’identité Cedeao, nonobstant la mise hors course de Karim Wade et de Khalifa Sall, en dépit de l’instauration d’un parrainage taillé sur mesure destiné à écarter de sérieux challengers, sans compter l’utilisation à grande échelle de l’argent public pour s’aliéner des électeurs et les transferts massifs d’électeurs pour se donner une bonne longueur d’avance, le peuple sénégalais a imposé, par les urnes, les conditions d’un second tour inéluctable. Sous ce rapport, le respect de la volonté populaire devient un impératif et, toute déclaration, qui ramerait à contre-courant de celle-ci, porterait en elle-même les germes d’une violence inouïe qui mettrait en danger la stabilité du pays : ce qui serait inacceptable pout tout démocrate imbu de valeurs. Le Sénégal existait avant 2019. Il continuera d’exister. Que Macky sache qu’il n’est qu’un simple usufruitier. Il n’a aucunement le droit de saborder les fondamentaux de la République en confisquant le verdict des urnes.
Le calme, la sérénité et la fluidité du vote relèvent moins de l’organisation du scrutin dont l’Etat et certains caciques du pouvoir se gargarisent que de la maturité du peuple sénégalais qui a une longue tradition de culture électorale. Sa participation qui dépasse les 60%, selon une organisation de la société civile « Sunu élection », est assez révélatrice du décalage abyssal entre les citoyens et la classe politique (les citoyens sénégalais, malgré le tintamarre, savent d’avance pour qui voter et se paient souvent la peau des hommes politiques en les grugeant).
La République des Valeurs (RV), fortement ancrée dans ses convictions républicaines, s’insurge contre le hold-up électoral rampant et condamne énergiquement la déclaration libertaire, anarchiste et anarchisante du Premier ministre. Elle appelle à la sérénité, au calme et jouera le rôle qui est le sien pour l’éclatement de la vérité des urnes et le triomphe de la démocratie.