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UNE POLITIQUE MIGRATOIRE À VAU-L'EAU

Quatorze années et des programmes à la pelle n’ont pas permis aux régimes de l’ex-président Wade et de celui de son successeur Macky d’apporter une solution à l’équation de l’émigration irrégulière. Les maux de la crise de 2006 ont perduré jusqu’en 2020

Lamine Diouf  |   Publication 11/11/2020

Les services d'urgence espagnols ont annoncé, lundi, que plus de 1 600 migrants africains sont arrivés, ce week-end, sur les côtes des îles Canaries. Samedi, plus de mille personnes ont débarqué à bord d'une vingtaine de pirogues dans les îles de Grande Canarie, Tenerife et El Hierro. Dans la matinée de dimanche, c’est plusieurs autres bateaux, avec quelque 600 personnes à bord, qui ont été pris en charge sur cet archipel espagnol situé au large des côtes nord-ouest de l'Afrique.

Ces dernières arrivées reflètent un rythme d'une ampleur inédite depuis plus d’une décennie, faisant craindre une nouvelle crise d’une ampleur comparable à celle de 2006, durant laquelle, selon ‘’El Pais’’, plus de 31 000 candidats à l'immigration avaient atteint les Canaries.

Le Sénégal, tristement célèbre pour sa grande participation à cet exode massif de la jeunesse africaine, revit une situation similaire, 14 années plus tard. Ces dernières semaines, le phénomène du "Barça ou Barsakh" ("Barcelone ou la mort"), poussant des jeunes à prendre la mer pour l’Espagne, est reparti à la hausse. Entre le 14 octobre et le 7 novembre, c’est 1 765 personnes en provenance du Sénégal qui ont été accueillies dans au moins trois îles de l’archipel, selon un décompte de la militante des droits humains Helena Maleno Garzon. Ceci, en ne tenant pas compte des chiffres officiels annoncés par la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) qui affirme qu’en un mois, la marine nationale a intercepté et remis aux services de police 527 candidats à l’émigration illégale.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, une analyse de la situation qui avait poussé les jeunes Sénégalais à s’aventurer dans l’émigration clandestine, montre qu’en 2020, rien n’a changé. Les raisons évoquées en 2006 restent toujours d’actualité, malgré le changement de régime, pour expliquer cette fuite de la force de travail du pays vers l’Occident.

‘’Les gens sont pauvres. (…) Il y aura d'autres départs’’

‘’Ce que l'on voit en 2020, c'est que ce sont surtout les pêcheurs d’ici qui s’en vont pour les îles Canaries, parce qu'ils n'ont plus de poissons à pêcher. Des bateaux internationaux sont au large et nous pillent. Les gens sont pauvres. Je pense que dans les trois prochains mois, il y aura d'autres départs. Et cette fois, la mer sera moins calme [à cause des conditions météorologiques moins favorables, NDLR]’’, prédisait, il y a deux semaines, sur la plateforme Infomigrants, Moustapha Diouf, Président de l’Association des jeunes rapatriés (Ajrap). Son présage semble se réaliser. Dans les médias sénégalais, plus de 480 migrants sont annoncés morts dans des accidents de pirogues en direction de l’Espagne.

Son association, créée en 2007, regroupait déjà des personnes ayant tenté l’émigration par les pirogues. Si la qualification est passée de ‘’clandestine’’ à ‘’irrégulière’’ en 2020, les motivations qui l’avaient poussé à tenter de quitter à tout prix le Sénégal incitent toujours les jeunes à tenter l’aventure.

Dans un document présenté comme une ‘’exigence partielle de la maîtrise en science politique’’ de l’université du Québec à Montréal, Mylène Coderre-Proulx a produit, en 2013, une étude intitulée ‘’Incidence des politiques migratoires de l'Union européenne sur la gestion migratoire en Afrique de l'Ouest : le cas de la politique étrangère espagnole au Sénégal’’.

Analysant la crise migratoire de 2006, élément de base de ses recherches, l’étudiante canadienne écrit : ‘’Les départs depuis les côtes sénégalaises concernent essentiellement les populations des zones côtières. Ceci s'explique, entre autres, par la crise du secteur de la pêche artisanale. En effet, les accords de pêche entre la République du Sénégal et la Communauté européenne de 1997 et 2002 ainsi que certains permis de pêche octroyés illicitement durant le mandat du président sénégalais Abdoulaye Wade (Greenpeace, 2012) auraient facilité la venue de chalutiers étrangers et l'exploitation massive des ressources halieutiques.’’

Elle ajoute qu’un ‘’récent rapport du Pnud (Programme des Nations Unies pour le développement) confirme la paupérisation du secteur de la pêche artisanale au Sénégal et évalue à plus d'une centaine de bateaux battant pavillon étranger essentiellement des régions de l'Europe et de l'Asie (Pnud, 2010 : 62)’’.

Les licences de pêche, le mal qui persiste

Malgré les espoirs placés en Macky Sall, après son élection en 2012, les mêmes pratiques sont encore dénoncées par l’ONG de la protection de l’environnement. Pratiquement, tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département de la Pêche au Sénégal ont été accusés d’avoir signé, dans l’illégalité, des licences de pêche en faveur de navires industriels étrangers. Ceci, malgré les alertes sur la surexploitation de la ressource dans les eaux sénégalaises. Dernièrement, c’est l’actuel ministre de la Pêche et de l’Economie maritime qui est pointé du doigt, pour avoir ‘’ouvert’’ la voie aux ressources halieutiques sénégalaises à des bateaux chinois. Accusations dont l’ONG affirme détenir des preuves. Le 9 octobre, Greenpeace a dénoncé dans un rapport l’attribution non-transparente de licences de pêche à des navires industriels qui surexploitent les ressources sénégalaises. 

Comme en 2006, la conséquence se ressent sur la pêche artisanale dont dépend désormais plus de 600 000 Sénégalais. La raréfaction des produits halieutiques est désignée par tous les pêcheurs, principale composante des migrants irréguliers, comme instigatrice de leur projet d’émigration en Europe où ils espèrent trouver de meilleures conditions de vie. D’autant plus que cette crise du secteur de la pêche artisanale rend disponibles des capitaines de pirogue en quête de revenus et maîtrisant la navigation en haute mer.

Mylène Coderre-Proulx poursuit son analyse de la crise migratoire de 2006 et remarque que ‘’le recul des indicateurs macroéconomiques a eu un impact tangible sur les conditions de vie de la population sénégalaise et a estompé l'espoir de changement suscité par l'arrivée du gouvernement de Wade en 2000. La déception, née de l'absence de création d'emplois et d'une situation économique qui s'est détériorée, pousse plusieurs Sénégalais à voir dans l’émigration la seule opportunité possible’’.

De Wade à Macky, les mêmes déceptions sur les politiques d’emploi

Cette image du Sénégal sous l’ancien régime revient aujourd’hui avec insistance, à travers le manque d’emplois. Malgré les programmes annoncés pour lutter contre le chômage endémique des jeunes (Der, Fongip, etc.), une amélioration trop peu importante est notée. La politique politicienne s’engouffrant dans ces projets, cela aboutit à des détournements des fonds et d’objectifs. Avec son expérience, Moustapha Diouf l’avait aussi vu venir : ‘’Ce qu'il se passe ne m'étonne pas. Cela fait des années que je dis sur tous les médias du monde que des pirogues repartiront, parce qu’ici, les gens sont fatigués. Même si le trajet depuis Dakar fait plus de 1 400 km. Ça ne va pas s’arrêter, tant qu’il n’y aura pas de projets pour nos jeunes. Il y a toujours eu des départs organisés depuis Thiaroye-sur-Mer. Entre 2006 et 2019, le phénomène n'a pas cessé.’’ 

De 2006 à 2020, la sensibilisation sur les pesanteurs sociales a été négligée. L’étudiante canadienne faisait ressortir des réalités de l’époque que tous les reportages sur la recrudescence de ce phénomène observent encore. ‘’Les premières arrivées réussies, relatait-elle, ont un effet fulgurant chez les candidats à l'émigration restés au Sénégal. Les appels téléphoniques d'un frère, un ami ou un parent arrivés sains et saufs à destination ont rendu ce périple migratoire plus envisageable. Les récits d'immigration réussie en Europe et les transferts d'argent qui l'accompagnent insèrent une logique d'association entre réussite économique et migration dans la population sénégalaise. Ceci crée un imaginaire migratoire où désormais le clandestin est celui qui brave la mer, la faim et la soif, celui qui risque sa vie pour atteindre un objectif noble, celui d'accéder au marché du travail et de chercher à sortir sa famille de la pauvreté (Ba et Ndiaye, 2008)’’.

Il faut aussi noter qu’en 2005, le gouvernement Zapatero avait entamé la régularisation de 600 000 migrants en Espagne dont 30 000 Sénégalais, suscitant un effet d'appel d'air. Cette même situation a été observée en 2020, avec la crise de la Covid-19 en Europe. En Italie, par exemple, le ministre de l’Agriculture avait annoncé, en mai dernier, que son pays allait régulariser 200 000 sans-papiers ‘’pour sauver nos récoltes et l’agriculture’’.

Plus de 1 300 milliards de francs CFA obtenus des Européens pour lutter contre le phénomène au Sénégal

En 2006, la crise avait débouché sur un accord de réadmission conclu entre le gouvernement espagnol de Zapatero et celui du Sénégal dirigé par Abdoulaye Wade. Cela avait permis le rapatriement de 4 600 et 5 000 Sénégalais. L’histoire va sans doute se répéter. Face à cette explosion des arrivées de migrants, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, en visite dans l'archipel espagnol, vendredi, a déclaré qu’il ‘’est important à présent d'augmenter les retours vers les pays d'origine et de transit’’. Un sujet sur lequel la Commission et l'Espagne travaillent.

Au Sénégal, où la réponse apportée à l’émigration irrégulière a montré ses limites, de plus en plus d’organisations de la société civile appellent à un audit des programmes de lutte contre le chômage des jeunes. Le Forum civil demande aux autorités de ‘’rendre compte des milliards injectés pour lutter contre le phénomène’’.

À l'occasion de la visite, à Dakar du Premier ministre français Edouard Philippe, le 17 novembre 2019, la France et le Sénégal avaient également renouvelé leur coopération dans la lutte contre les migrations irrégulières. Plus de 1 300 milliards de francs CFA (2 milliards d’euros) ont été distribués au Sénégal depuis 2007.

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