LE CALVAIRE SANS FIN DES MALADES DU SIDA
Depuis son apparition dans les années 80, le Sida ou Syndrome d'immunodéficience Acquise a atteint des proportions épidémiologiques partout dans le monde
Depuis son apparition dans les années 80, le Sida ou Syndrome d'immunodéficience Acquise a atteint des proportions épidémiologiques partout dans le monde. L’organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à 36 millions le nombre de décès causés par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Les personnes vivant avec le VIH (Pvvih) sont estimées à38millions, soit 1,7million de personnes nouvellement infectées chaque année. Un taux relativement élevé qui dépasse celui des moins de 500.000 nouveaux cas que s’était fixé l’Onu sida pour 2020. Mais force est de constater que la lutte a connu des avancées remarquables, car 67% des malades ont accès aux soins. Le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, célèbre aujourd’hui la journée mondiale de lutte contre le VIH/Sida sous le thème : «La Solidarité mondiale et de la responsabilité». Une occasion saisie par l’association des personnes vivant avec le VIH, pour interpeller les différents acteurs sur l’accès aux traitements antirétroviraux (Arv).
«Nous demandons à l’Etat du Sénégal et au Fonds Mondial d’essayer de sécuriser l’approvisionnement des médicaments». Tel est le cri du cœur de personnes vivant avec le Vih au Sénégal. En prélude à la journée mondiale dédiée à la lutte contre le Vih/ Sida, la présidente de l’Association des personnes vivant avec le Vih, Soukèye Ndiaye, a tenu à faire un plaidoyer en soulevant les maux dont souffrent les malades. D’autant que, dit-elle, le thème retenu cette année est «La solidarité mondiale et la responsabilité». Elle trouve qu’il est de la responsabilité de l’Etat et de ses partenaires de veiller à ce qu’il n’y ait plus de rupture de médicaments. A ce jour, rappelle-t-elle, aucun traitement ne permet de guérir le Sida, ni d’éliminer le Vih du corps. Cela dit, souligne Soukèye Ndiaye, avec les traitements appropriés, une personne séropositive peut désormais vivre longtemps. La présidente de l’Association des personnes vivant avec le Vih estime que le Sida est devenue une maladie chronique. «Les personnes séropositives restent cependant susceptibles de transmettre le Vih toute leur vie, surtout si elles ne sont pas bien traitées. Donc, il est du devoir de l’Etat de nous faciliter l’accès aux Arv et le traitement à long terme», plaide-t-elle. Ceci demeure important même si le Sénégal, comme d’autres pays d’ailleurs, a connu des avancées notables dans le domaine, déclare Soukeye Ndiaye. Elle pense que si l’Etat baisse la garde, cela risque de conduire à un autre rebond de l’épidémie.
En plus des ruptures dans la distribution des Arv, les personnes vivant avec le Vih sont également victimes de stigmatisation et de discrimination. Soukèye Ndiaye, qui vit avec le Vih depuis 2005, en a fait l’amère expérience. Elle renseigne qu’au début son entourage avait eu du mal à accepter qu’elle était séropositive. Ayant été victime de stigmatisation, elle est quand même parvenue à relever ce défi, en accentuant la communication auprès de son entourage. «Je m’étais fixée comme objectif de vivre positivement avec mon statut de sérologie et de protéger mon entourage, mes enfants et ma famille», clame-t-elle avec abnégation. A l’en croire, elle a réussi à faire comprendre à son entourage qu’en lieu et place de la discrimination, une meilleure compréhension de la maladie et une bonne prise en charge peuvent aider la personne séropositive à vivre pendant de nombreuses années. «Aujourd’hui, je vis ma vie de sérologie positivement», se réjouit la présidente de l’Association des personnes vivant avec le Vih.
Le seul fait d’accepter son statut et de bénéficier de la prise en charge dès le début de sa maladie a permis à Mme Ndiaye d’avoir aujourd’hui une charge virale indétectable. Dans la même veine, elle salue les avancées notées dans l’accès aux Arv notamment avec la décentralisation au niveau des postes de santé et même au-delà avec la dispensation communautaire. «Ce qui m’a permis à relever ma charge virale depuis des années. J’ai une charge virale indétectable, cela signifie qu’on n’a pas de problème par rapport aux Arv», explique Souykeye Ndiaye qui invite l’Etat à mettre les bouchées double sur l’accès aux antirétroviraux.
«AUCUNE PERSONNE VIVANT AVEC LE VIH N’A ETE TOUCHEE PAR LA COVID-19»
Cependant, Soukeye Ndiaye renseigne qu’il y a parfois des ruptures dans la distribution des Arv. «Mais, on parvient toujours à s’en sortir», dit-elle. A la question de savoir si la crise sanitaire née de la pandémie de la Covid-19 n’a pas eu d’impacts dans leur approvisionnement en médicaments ou leur traitement, elle souligne qu’au début de la maladie, les personnes vivant avec le Vih ont rencontré des difficultés dans l’accès aux services de soin.
A l’en croire, cela découle de la peur et la de psychose des Sénégalais dans leur ensemble à se rendre dans les services sanitaires. De surcroit, les personnes vivant avec le Vih avaient peur de chopper la Covid-19, surtout qu’elles font partie des catégories vulnérables. «Au Sénégal, le ministère de la Santé a compris qu’il était dans l’obligation de nous protéger. Et c’est ce qu’il a fait en sécurisant les sites de prise en charge pour que toute personne qui a des comorbidités soit en sécurité. Aucune personne vivant avec le Vih n’a été touchée par la Covid-19», a-t-elle révélé. Aujourd’hui, Soukèye Ndiaye est plus que jamais engagée dans le plaidoyer pour que le VIH soit vaincu dans le monde. Mais à court terme, elle souhaite qu’aucun enfant ne naisse avec le Vih au Sénégal.
Pour l’heure, elle plaide pour que tous les jeunes puissent faire leur test de sérologie, afin de détecter à temps la maladie et ainsi suivre le traitement et s’ils n’ont pas le Vih qu’ils puissent se prémunir. «Nous demandons également à ce que toutes les femmes enceintes puissent se dépister afin de protéger le futur bébé contre une probable présence du virus.
Pour les Arv, nous demandons à ce que l’Etat et le Fonds Mondial essaient de sécuriser l’approvisionnement des médicaments pour qu’il n’y ait plus de ruptures non sans renforcer l’accessibilité et la qualité des médicaments pour nous faciliter le traitement à long terme», a-t-elle conclu.