L’ONU ALERTE SUR LES RAVAGES DE L’ANTI DOULEUR «TRAMADOL»
Le document révèle que les saisies de Tramadol sur le continent africain représentent 88% de toutes les saisies mondiales en 2017
À l’occasion de la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogue, célébrée chaque année le 26 juin, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a publié son Rapport mondial sur les drogues 2020. Le document révèle que les saisies de Tramadol sur le continent africain représentent 88% de toutes les saisies mondiales en 2017. L’Afrique de l’Ouest n’est pas épargnée et pire, la consommation de cet antidouleur pour des raisons non médicales a atteint un niveau alarmant
En plus de la consommation de cannabis qui prend des proportions inquiétantes, l’ONUDC attire l’attention sur un nouveau phénomène qui menace le continent africain. Dans son rapport 2020 sur les drogues, l’organisation des Nations unies estime le nombre d’usagers d’opioïdes en Afrique à 6 millions en 2017, contre 2,2 millions en 2016.Al’en croire, la consommation non médicale des opioïdes est particulièrement forte en Afrique de l’Ouest et du Centre, où elle concernerait 1,9% de la population adulte.
L’ONUDC soutient ainsi que l’utilisation non médicale des opioïdes pharmaceutiques, particulièrement le Tramadol, s’est particulièrement développée, avec un nombre croissant de personnes entamant un traitement pour soigner des troubles liés à l’utilisation détournée de cet antidouleur.
D’ailleurs, le rapport laisse entrevoir que le trafic de Tramadol pour un usage non médical constitue également une menace majeure en Afrique de l’Ouest, du Centre et du Nord. Ainsi, note-t-on, les saisies de ce médicament en Afrique sont passées de 8 tonnes en 2013 à 111 tonnes en 2017, représentant 88% de toutes les saisies réalisées dans le monde en 2017. Et une étude, réalisée entre septembre 2018 et juillet 2019 par le Bureau régional de l’ONUDC en Afrique de l’Ouest, révèle que le trafic d’opioïdes pharmaceutiques et leur utilisation non médicale, particulièrement le tramadol, ont atteint un niveau alarmant dans la région ces dernières années. Au Nigeria par exemple, la prévalence de l’usage non médical des opioïdes pharmaceutiques en 2017 était estimée à 4,7% de la population âgée de 15 à 64 ans.
D’après le rapport, toujours au Nigeria, mais aussi dans certains quartiers de Lomé, Togo, les opioïdes pharmaceutiques, en particulier le Tramadol, ont ainsi été identifiés comme la deuxième drogue la plus consommée après le cannabis en 2017. Pis, les récentes saisies mettent en évidence l’ampleur du trafic.
Et la quantité saisie au Nigeria a presque doublé entre 2016 et 2017, passant de 53 tonnes à plus de 92 tonnes. En 2018, ajoute-t-il, les forces de l’ordre nigérianes ont signalé la saisie d’environ 150 tonnes de tramadol dans le pays. En Côte d’Ivoire, renseigne le rapport, environ 44 tonnes ont été saisies sur les marchés de rue en 2018, tandis que plus de 16 millions de comprimés ont été interceptés au Niger. Cela étant, selon les données officielles, les saisies globales de Tramadol en Afrique de l’Ouest équivalent à 88% de toutes les saisies effectuées en Afrique et à 77% de toutes les saisies au niveau mondial en 2017. Le Tramadol représentait également 82% de toutes les quantités d’opioïdes pharmaceutiques saisies en Afrique de l’Ouest en 2016 et 91% en 2017. L’Afrique enregistre la plus forte augmentation mondiale de la consommation de cannabis entre 2010 et 2017 Par ailleurs, les données recueillies dans le rapport mondial 2020 montrent également une évolution de la situation.
Ainsi, entre 2013 et 2017, 20% de toutes les saisies mondiales d’herbe et de résine de cannabis ont été réalisées en Afrique. A en croire le rapport, l‘Afrique du Nord a représenté 99% de toutes les saisies de résine de cannabis et 55% de toutes les saisies de feuilles de cannabis en Afrique entre 2013 et 2017. En 2017, selon le document, les quantités d’héroïne saisies en Afrique ont triplé par rapport à 2013 et augmenté de 31% par rapport à 2016 - soit une croissance plus forte que la moyenne mondiale - principalement en raison du trafic d’héroïne de l’Asie du Sud-Ouest vers ou à travers l’Afrique de l’Est.
Aussi, les saisies de méthamphétamine fabriquée localement (y compris en Afrique de l’Ouest et australe) et destinée à l’exportation, notamment vers l’Asie, ont également augmenté. A préciser que la consommation de drogue dans le monde est en hausse, passant de 4,8% de la population mondiale âgée de 15 à 64 ans en 2009, à 5,3% de la population en 2018. Toujours au niveau mondial, l’augmentation de la consommation de cannabis entre 2010 et 2017 a été la plus forte en Afrique, suivie par l’Asie.
Ainsi, on estime qu’1,2% de la population du Kenya et 10,8% de la population au Nigeria consomment du cannabis. Il faut noter en outre que cette année, la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues a pour thème : «Une meilleure connaissance pour de meilleurs soins»
Et selon la directrice exécutive de l’ONUDC, «partout dans le monde, nous constatons que les risques et les conséquences de la consommation de drogues sont aggravés par la pauvreté, les possibilités limitées d’éducation et d’emploi, la stigmatisation et l’exclusion sociale, ce qui contribue à son tour à aggraver les inégalités, nous éloignant davantage de la réalisation des objectifs de développement durable ». En définitive, Mme Ghada Waly soutient que dans le cadre de la reprise de la COVID-19, il est nécessaire que tous les pays respectent leurs engagements et fassent preuve d’une responsabilité partagée pour lutter contre l’offre de drogues illicites et réduire la demande.