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20 avril 2024
Développement
MALGRE LA DISTANCE, LA DIASPORA CÉLÈBRE L'AÏD AUX CÔTÉS DU SÉNÉGAL
Dans les quartiers historiques de la diaspora à Paris et Montreuil, les témoignages abondent. Malgré les sacrifices consentis, les Sénégalais d'Île-de-France se mobilisent pour acheminer des fonds au pays
À l'approche de l'Aïd el Fitr prévue ce mercredi 10 avril, de nombreux membres de la diaspora sénégalaise en France intensifient leurs efforts de solidarité envers leurs proches restés au pays, comme en témoignent les témoignages recueillis par RFI dans le quartier historique de Château-Rouge à Paris et à Montreuil.
"Je me suis préparé pour pouvoir aider un peu", raconte Ousmane Diallo après avoir envoyé 200 euros à sa famille à Dakar via un bureau de transfert. Comme lui, beaucoup se "serrent la ceinture" pour réunir des fonds à faire parvenir au Sénégal. Ibrahima Sarre a de son côté destiné près de 600 euros à sa femme et ses enfants, expliquant que "quand tu es en France c'est pour travailler et envoyer au pays".
Même s'il travaille le jour de l'Aïd, Ousmane Diallo se réjouit que sa famille puisse "bien fêter", soulignant que "tout Africain en France soutient toute une famille restée au pays". Ibrahima Sarre, qui célébrera modestement en France, transmet aussi des "bénédictions" via cet argent destiné à acheter nourriture, vêtements et cadeaux.
Ces transferts financiers, parfois au prix de sacrifices, sont un "sacerdoce" pour ces travailleurs afin que leurs proches puissent dignement vivre cette grande fête religieuse et culturelle au Sénégal, malgré la distance.
LE MESSAGE DE L'IMAM DE KOLDA
Thierno Alassane Tall a exhorté les fidèles à promouvoir le culte du travail, surtout chez les jeunes. Il a également appelé à renforcer la paix au quotidien et à respecter les recommandations du Prophète
L’imam de la Grande mosquée de Kolda (Sud), Thierno Alassane Tall, a exhorté, mercredi, les musulmans à promouvoir le culte du travail et la paix au quotidien.
”On doit promouvoir le culte du travail surtout chez les jeunes et également promouvoir la paix dans nos faits et gestes. Nous devons suivre les recommandations du Prophète (PSL)”, a déclaré l’Imam Tall en prononçant son sermon lors de la prière de Korité marquant la fin Ramadan.
Le guide religieux à invité les dirigeants à faire preuve de responsabilité, soulignant que ”le musulman doit craindre Dieu”.
L’imam a également insisté sur le respect des prières et l’entraide entre les fidèles. ”La prière est une obligation pour tout musulman et l’entraide doit être une vertu pour chaque fidèle. Il faut penser aux démunis”, a dit le guide religieux.
L’imam de la Grande mosquée de Kolda a prié pour la paix au Sénégal et la réussite des nouvelles autorités placées à la tête du pays.
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L'APPEL DE DIOMAYE APRÈS LA PRIÈRE DE L'AÏD
Le chef de l'État a exhorté les Sénégalais à tout mettre en œuvre pour préserver le vivre ensemble dans le pays. Gage de paix, cette culture revêt selon lui une importance vitale pour l'avenir du Sénégal
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a invité, mercredi, les Sénégalais à consolider la culture du vivre ensemble, gage ”d’un Sénégal de paix, d’unité et de cohésion”.
”Il nous faut impérativement consolider notre précieux vivre ensemble qui est la garantie d’un Sénégal de paix, d’unité et de cohésion”, a-t-il déclaré après avoir effectué la prière de l’Aïd el Fitr, marquant la fin du Ramadan, à la Grande mosquée de Dakar.
Bassirou Diomaye Faye était accompagné de son Directeur de cabinet, Mary Teuw Niane, du Secrétaire général de la présidence, Oumar Samba Ba, du ministre des Forces armées, le général Birame Diop, du maire de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, entre autres autorités.
Selon lui, il s’agit d’un ”héritage sacré et précieux et nous avons la responsabilité individuelle et collective de l’entretenir”.
Le chef de l’État a rendu un vibrant hommage à tous les maîtres coraniques, hommes de Dieu et Khalifes généraux, dont les prières bénies ”constituent le socle qui nous permet, quel que soit les péripéties, de toujours rester debout”.
Il a par ailleurs renouvelé ses remerciements aux Sénégalais qui ont choisi un nouveau président de la République dans la paix, durant le ramadan, ”un mois particulier de communion et de dévotion multipliées et acceptées”.
Pour sa part, l’imam ratib de la Grande mosquée de Dakar, El Hadj Alioune Samb, a lors de son sermon, formulé des prières à l’endroit du nouveau gouvernement, invitant le président de la République à accorder un accent particulier, à l’éducation, la solidarité, l’inclusion, ainsi que le respect des coutumes et des guides religieux.
DAOUDA NGOM S’ENGAGE À APPORTER DE NOUVELLES PERSPECTIVES À LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMEN
“Je prends l’engagement de ne ménager aucun effort pour la réalisation de la politique environnementale définie par le président de la République”, a déclaré le nouveau ministre de l'Environnement.
Dakar, 9 avr (APS) – Le nouveau ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, s’est engagé, mardi, à Dakar, à “apporter de nouvelles perspectives et une approche connectée aux efforts de la protection de l’environnement”.
“En tant que nouveau ministre de l’Environnement et de la transition écologique, je ferai mien cet héritage de 64 ans, non sans y apporter de nouvelles perspectives et une approche connectée à nos efforts collectifs de protection de l’environnement”, a-t-il déclaré lors de la passation de services avec son prédécesseur, Alioune Ndoye. La cérémonie a eu lieu en présence du personnel du ministère et de plusieurs collaborateurs des deux ministres.
“Je prends l’engagement de ne ménager aucun effort pour la réalisation de la politique environnementale définie par le président de la République”, a insisté le professeur Ngom. Il déclare que “l’heure est à l’action revigorée, à l’exploitation des technologies vertes les plus récentes” avec l’implication des communautés, des entreprises et des partenaires internationaux dans un esprit de “dialogue fécond”.
Il a rappelé les défis qu’il est appelé à relever à la tête de son ministère, citant, entre autres, “la lutte contre la déforestation, la conservation de la biodiversité, l’adaptation au climat, la réduction de la pollution”.
“L’environnement peut et doit être un levier important et efficace pour le développement de la plupart des secteurs de la vie publique, comme l’agriculture, la pêche, le tourisme, l’énergie, l’industrie”, a estimé Daouda Ngom.
“Ensemble, grâce à une transition sans heurts et à une vision commune, le voyage vers un avenir plus vert et plus résilient se poursuit”, a-t-il poursuivi.
Pour sa part, le désormais ancien ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Alioune Ndoye, a souhaité à son successeur “plein de succès” dans sa nouvelle mission. Il souligne que Daouda Ngom donne l’assurance, car il connaissant beaucoup les agents du ministère pour avoir collaboré avec eux depuis des années. “En tout cas, vous avez tous nos encouragements, notre disponibilité quand il s’agit de défendre le Sénégal et ses intérêts”, a conclu M. Ndoye.
DIOMAYE LANCE LA MACHINE RÉFORMATRICE
Le président a dévoilé sa feuille de route ce mardi en Conseil des ministres. Justice, emploi, développement territorial : les défis de société sont nombreux. Le chef de l'État demande audits, plans d'action et changement de paradigme
Réuni pour la première fois depuis son installation le 5 avril, le Conseil des ministres présidé par Bassirou Diomaye Faye a permis au chef de l'État de dévoiler ses grandes orientations pour le Sénégal. "Une rupture en profondeur est nécessaire à tous les niveaux", a-t-il estimé, remerciant le peuple pour "l'espoir immense" placé dans son "projet collectif".
Le président a fixé cinq priorités pour son action: la jeunesse, l'emploi et l'éducation; la lutte contre la vie chère; la modernisation de la justice et la bonne gouvernance; la souveraineté économique et le développement territorial ; le renforcement de l'unité nationale. Il a demandé au Premier ministre Ousmane Sonko de finaliser avant fin avril un plan d'actions gouvernemental précis sur ces orientations.
Diomaye Faye a également exigé une "revue générale" des administrations, des finances publiques et des partenariats. Il a ordonné au gouvernement de "repenser l'organisation et le fonctionnement" de l'appareil d'Etat, et de lancer une réforme numérique du service public. Le président a enfin insisté sur "l'écoute, l'efficacité et la collégialité" du gouvernement pour assurer la réussite du "projet collectif".
Le compte-rendu du Conseil des ministres ci-dessous :
"Le Conseil des ministres s'est tenu ce mercredi 9 avril 2024 au Palais de la République, sous la présidence du chef de l'Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
A l'entame de sa communication, le président de la République a saisi l'occasion de ce premier Conseil des ministres après sa prestation de serment le 2 avril 2024, pour exprimer, encore une fois, sa reconnaissance infinie et sa profonde gratitude au peuple sénégalais, qui lui a fait confiance, avec son élection au premier tour avec 54, 28% des suffrages exprimés. Ce qui dénote de l'espoir immense placé au projet collectif défendu pour un Sénégal uni, souverain, juste et prospère.
Le chef de l'Etat a, à cet égard, salué la maturité du peuple sénégalais et sa volonté manifeste de soutenir une rupture en profondeur ; d'accompagner une transformation du système à tous les niveaux de la vie économique et sociale du pays.
Le président de la République a remercié et félicité tous ses compagnons et soutiens pour l'engagement historique exceptionnel, la résilience et le courage qui ont permis cette alternance inédite, acquise de haute lutte avec tant de sacrifices.
Le chef de l'Etat a ainsi félicité Monsieur Ousmane Sonko, nommé Premier ministre de la République du Sénégal. Il a magnifié sa posture de patriote et son travail au quotidien pour la préservation des idéaux partagés afin de consolider la souveraineté et le rayonnement du Sénégal.
Le président de la République a en outre félicité les 25 ministres et les 5 secrétaires d'Etat, membres du gouvernement de résultats, nommés le 5 avril 2024.
Le chef de l'Etat a demandé au gouvernement d'accélérer la réalisation intensive et cohérente du projet en travaillant avec précision, diligence, méthode et efficacité à la satisfaction des populations et au mieux des intérêts du Sénégal.
Le président de la République a insisté sur le rôle, l'action et la responsabilité du gouvernement, institution qui doit toujours s'arrimer au respect de l'Etat de droit et aux valeurs panafricaines historiques qui entretiennent notre vie en société, au regard de la montée en puissance des impatiences et des exigences des populations.
Le chef de l'Etat a notamment rappelé la nécessité de définir et de mettre en œuvre une politique inspirée par le « projet » de transformation systemique du senegal, décliné en cinq (5) orientations majeures. Ces dernières doivent s'ériger en axes prioritaires de l'action gouvernementale. Il s'agit de :
1. la jeunesse, l'éducation, la formation, l'entreprenariat et l'emploi des jeunes et des femmes ;
2. la lutte contre la cherté du coût de la vie et l'augmentation du pouvoir d'achat des ménages ;
3. la modernisation de la Justice, la protection des droits humains, la bonne gouvernance, la transparence, la reddition des comptes et l'amélioration de notre système démocratique et électoral ;
4. la souveraineté économique et la prospérité du Sénégal, l'exploitation optimale des ressources naturelles et le développement endogène durable des territoires ;
5. la consolidation de l'unité nationale et des solidarités dans un renforcement de la sécurité, de la paix et de la stabilité du pays.
Dès lors, le président de la République a demandé au Premier ministre, sur la base du projet et des orientations présidentielles sus indiquées, de finaliser, avant la fin du mois d'avril 2024, le Plan d'actions du gouvernement, avec un agenda précis de réalisation des objectifs fixés.
Dans cette perspective, le chef de l'Etat a demandé au Premier ministre de veiller à la mise en place effective et rapide des cabinets ministériels et de proposer, pour chaque ministère, une nouvelle organisation rationnalisée et des nominations qui sont conformes aux réformes et des objectifs sectoriels validés.
Le président de la République a également demandé au Premier ministre de :
- procéder à une revue générale des programmes et projets, du capital humain (audits des recrutements et des ressources humaines) et des ressources budgétaires dans chaque ministère ;
- faire la situation générale des finances publiques (conformément à la Code de Transparence dans la gestion des finances publiques), de la coopération internationale (l'état de toutes les conventions de financement signées) et des Partenariats Public- Privé ;
- engager, sans délai, avec le secteur privé (national notamment), la mise en œuvre d'une politique hardie de relance de l'économie nationale ;
- changer le référentiel de politique économique et sociale avec la consécration du projet ;
- préparer le programme législatif et réglementaire du gouvernement à partir des textes et de l'agenda d'adoption proposé par chaque ministère.
Enfin, le chef de l'Etat a demandé au Premier ministre de repenser l'organisation et le fonctionnement de l'Administration et du secteur parapublic ; et d'accentuer la réforme du service public autour de la digitalisation des procédures et de la transformation numérique des structures.
Le président de la République a ordonné la tenue d'un séminaire gouvernemental de cadrage global de l'action de l'État, ainsi que le développement d'une Stratégie de communication gouvernementale innovante, basée sur l'anticipation, la précision des messages, mais surtout sur l'appropriation des politiques publiques par les populations, qui doivent rester au cœur des interventions du gouvernement.
A ce titre, le chef de l'Etat a invité les membres du gouvernement à rester humbles et sobres, à cultiver l'écoute, l'efficacité, dans la collégialité et la solidarité, afin d'assurer la réalisation soutenue du projet.
Le président de la République a par ailleurs partagé avec les membres du Conseil, la lettre d'orientations qu'il a adressée aux fonctionnaires et agents de l'Administration du Sénégal.
Clôturant sa communication, le président de la République a adressé, en cette veille de Korité, marquant la fin du mois béni de Ramadan, ses chaleureuses félicitations et ses meilleurs vœux à la Oumah Islamique. Il a prié pour un Sénégal de Paix, de solidarité de prospérité et de progrès.
Dans sa communication, le Premier ministre a tenu à féliciter le chef de l'Etat pour sa brillante élection à la magistrature suprême du Sénégal. Il a également remercié le président de la République pour sa confiance le plaçant à la direction du gouvernement et réitéré son engagement permanent et celui de l'ensemble du gouvernement à œuvrer, sous l'autorité du président de la République, à l'accomplissement du projet collectif et souverain au service des sénégalaises et des sénégalais."
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TAHIROU SARR, LA DÉRIVE XÉNOPHOBE
Raevе, juriste, artiste et militant de gauche dénonce la montée inquiétante du "Zemmour sénégalais" et sa croisade contre les Guinéens. Si ce mouvement reste marginal, son influence grandit auprès d'une jeunesse en mal de repères
Dans une intervention remarquée lors de l'émission "Décrypter l'Afrique" présentée par Théophile Kouamouo, Raevе, juriste, artiste et militant de gauche sénégalais, a dénoncé la montée inquiétante de Tahirou Sarr, surnommé le "Zemmour sénégalais".
Ancien militant du parti Rewmi, Tahirou Sarr a créé le Mouvement Nationaliste Sénégalais, un parti ouvertement xénophobe et raciste. Selon Raevе, ce "parfait opportuniste" a profité du vide politique post-électoral pour imposer son discours haineux visant particulièrement les Guinéens.
"C'est quelqu'un qui porte un discours xénophobe, nationaliste, j'irai jusqu'à dire raciste" a tonné Raevе. "Il a plusieurs fois ciblé dans ses prises de parole les Guinéens, ce qui a été condamné par le CNRA."
Si le mouvement de Tahirou Sarr reste marginal pour l'instant, n'étant pas membre de la coalition au pouvoir, Raevе alerte sur les dangers d'un tel discours de haine qui séduit une partie de la jeunesse désœuvrée. "Ce type de propos naît souvent chez les jeunesses non formées, qui se laissent emballer faute d'ossature intellectuelle."
Face à cette menace, les autorités déploient une stratégie multiforme : réponses socio-économiques, lutte contre le racisme, défense de l'image d'un Sénégal de la Teranga. Selon Raevе, "les Sénégalais ne voudraient pas que ce discours de haine devienne la représentation du pays à l'international".
LE SORT DU FRANC CFA DÉPEND DES AFRICAINS, DIT PARIS
Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, estime que "la France n’a pas à se prononcer sur l’avenir du franc CFA". "Maintenant, aux États africains de décider", a-t-il déclaré
(SenePlus) - Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, tenant d'une ligne souverainiste, a remis en question l'utilisation du franc CFA pendant sa campagne électorale, plongeant l'avenir de la monnaie commune ouest-africaine dans l'incertitude.
Interrogé sur le sujet lors d'une visite en Côte d'Ivoire, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a estimé que "la France n’a pas à se prononcer sur l’avenir du franc CFA". "Maintenant, aux Etats africains de décider", a-t-il déclaré dans des propos rapportés par l'AFP, laissant entendre que Paris accepterait une réforme ou un changement de nom initié par les pays concernés.
Certaines voix critiquent de longue date la parité du franc CFA arrimée à l'euro, jugée pénalisante pour les exportations. Plus récemment, au Mali, au Burkina Faso et au Niger désormais dirigés par des juntes militaires plus souverainistes, des appels à quitter le franc CFA se sont fait entendre. La montée du sentiment anti-français chez les jeunes Africains mine la popularité de cette monnaie toujours imprimée en France.
Interrogé sur ces évolutions politiques régionales, le chef de la diplomatie française a vanté lors de sa tournée en Afrique de l'Ouest et au Kenya "des partenariats équilibrés" construits avec les pays alliés comme la Côte d'Ivoire, où il a rencontré le président Alassane Ouattara.
LA PARITÉ S'ÉLOIGNE
Avec 13% de femmes nommées, le gouvernement Sonko affiche la plus faible représentation féminine depuis 24 ans. Un coup dur pour le Caucus des femmes leaders qui avait pourtant œuvré pour que les candidats s'engagent à atteindre un minimum de 30%
Face à un gouvernement aux allures masculines, le Caucus pointe du doigt une régression contraire aux attentes et demandes des Sénégalaises. Il réclame des à travers le communique ci-après, des mesures correctrices :
"COMMUNIQUÉ DU CAUCUS DES FEMMES LEADERS DU SÉNÉGAL
Le Caucus des femmes leaders félicite Son Excellence M. le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, suite à son accession à la magistrature suprême de notre pays. Le Caucus salue la nomination de Monsieur Ousmane Sonko au poste de Premier ministre, et félicite l'ensemble des membres du gouvernement particulièrement les femmes.
Le Caucus a suivi avec beaucoup d'intérêt la formation du nouveau gouvernement et exprime sa déception par rapport à la faible représentation des femmes.
De 2012 à 2024, le Caucus a contribué à toutes les élections (présidentielles, législatives et locales), soit à travers des actions de renforcement de capacité ou la production de documents pour une meilleure représentation des femmes dans les sphères de décision.
En 2019, le Caucus a fait un document « Quel président pour la famille sénégalaise » qui avait été accepté et validé par tous les candidats.
Pour l'élection présidentielle de 2024, le Caucus est allé à la rencontre des candidats pour qu'ils s'engagent à intégrer les points suivants dans leurs programmes :
- Le ticket présidentiel, avec une femme vice-présidente.
- La nomination au moins de 30% de femmes dans le futur gouvernement et dans les postes de Direction, de PCA, etc.
Une étude menée par le CAUCUS en 2022 sur la participation politique des femmes a montré que de 1978 à 2021 la présence des femmes dans le gouvernement a eu une évolution en dents de scie, mais après l'an 2000, a même atteint des pics de 30 à 33%.
Depuis plus de 24 ans, c'est pour la première fois que le taux de représentation est descendu à un niveau aussi bas avec seulement 13%. Cette rupture est aux antipodes des espérances des femmes qui représentent la moitié de la population, c'est pourquoi pour le CAUCUS, il est inconcevable d'accepter une telle régression.
Le Caucus fait appel aux autorités et à toutes les personnes favorables à élever la voix pour redresser cette situation."
L'APR PERD LE CAP
L'unité en péril chez les anciens maîtres du jeu : après 12 ans de cohabitation forcée, l'ex-parti présidentiel dévoile ses lignes de fractures, entre règlements de compte et positionnement en vue d'un remodelage de l'échiquier politique
Entre le communiqué qui est sorti dimanche et celui du 8 avril, l’Alliance pour la République (Apr) semble plonger dans une crise. Comme si la situation résultant du choix de Amadou Ba comme candidat semble prendre une autre proportion.
Y’a-t-il une division au sein de l’Alliance pour la République (Apr) ? 6 jours après avoir cédé son fauteuil de président de la République, Macky Sall, patron de l’Apr, semble être en face de sa première crise en tant que chef du premier parti de l’opposition. En effet, des membres du Secrétariat exécutif national (Sen) ont affirmé qu’un «communiqué daté du 7 avril 2024 et portant la signature du Secrétariat exécutif national de l’Apr (Sen), a été rendu public. De quel Sen s’agit-il ? Quand et où s’est-il réuni? En présence de qui ?». Faut-il le rappeler, dimanche passé, un document supposé provenir de l’Apr a indiqué ceci : «L’Apr rappelle au président Bassirou Diomaye Faye, le fait qu’il ne peut inaugurer son magistère par une violation flagrante du statut des magistrats suite au décret voulant rapporter la nomination du Premier président de la Cour suprême dans les règles de Droit en Conseil supérieur de la magistrature. Nous exigeons le respect du principe de la continuité de l’Etat et de celui de l’inamovibilité des magistrats, surtout en ce qui concerne le président de la communauté judiciaire qu’est le Premier président de la Cour suprême.»
Pour les apéristes, ce communiqué est une «manipulation d’un groupe téléguidé et qui n’engage pas le parti. L’obligation première du parti dans la situation actuelle, est plutôt de faire l’évaluation de l’élection du 24 mars, de situer les responsabilités dans la défaite de son candidat, en particulier celles de son président, et d’en tirer toutes les conséquences».
Cette situation est une grande première. En effet, l’Apr, durant les 12 années passées au pouvoir, n’a jamais sorti un communiqué pour se démarquer d’une position prise par un groupe de ses membres. Et cela en dit long sur l’atmosphère du moment. L’unité, qui était l’une des caractéristiques du parti de Macky Sall, ne semble plus d’actualité. Faut-il préciser que cette division est apparue à la veille du choix du candidat de la Coalition Benno bokk yaakaar (Bby). En effet, lorsque l’appel à candidatures a été lancé pour choisir le candidat de la coalition jadis au pouvoir, des divisions ont été notées. Amadou Ba, qui avait clairement soutenu qu’il a été proposé par Macky Sall sans qu’il n’ait été candidat, a été hué lors d’une réunion à leur siège. Aly Ngouille Ndiaye avait finalement choisi de déposer sa candidature, tout comme feu Boun Abdallah Dionne. Mais lors de la veille du report de la présidentielle initialement prévue le 25 février dernier, la division a pris un autre niveau. Les pro-Amadou Ba avaient jugé nécessaire d’élever la voix contre ceux qui s’opposaient à l’ancien Premier ministre. Macky Sall avait choisi de se murer dans le silence. Mieux, le chef de l’Apr avait approuvé une initiative du Pds -qui accusait Amadou Ba de corruption avec des membres du Conseil constitutionnel- visant à installer une commission d’enquête parlementaire.
Quand l’élection a été fixée au 24 mars par les 7 «Sages», Macky Sall avait promu des pourfendeurs deAmadou Ba, alors que ses soutiens ont été exclus du gouvernement. Les premières sorties du candidat Amadou Ba ont été marquées par l’absence des ténors de l’Apr. Il aura fallu que Amadou Ba interrompe sa campagne pour tirer la situation au clair. C’est ainsi que les supports de campagne ont été mis à disposition du candidat de la majorité. Le communiqué du Sen actant l’union sacrée (tardive) derrière Amadou Ba en disait long sur leur motivation. En effet, le document avait clairement félicité les membres de l’Apr qui avaient prêté une oreille attentive à Macky Sall et avaient rappelé que le choix de Amadou Ba ne faisait pas l’unanimité dans le directoire de l’Apr. Ainsi, cette formation politique est rattrappée par sa non structuration.
Est-ce que cette confusion matérialisée par les deux communiqués est le début de la discorde ? Les jours à venir vont y répondre. En attendant, Macky Sall va continuer à diriger sa formation politique alors qu'Amadou Ba se dit prêt à s’opposer.
par Souleymane Bah
FRANC CFA : ENJEUX DE SOUVERAINETÉ ET VOIES VERS L'AUTONOMIE MONÉTAIRE
Pour les pays de la zone CFA, le chemin vers une plus grande autonomie monétaire est semé d'embûches, mais il est essentiel pour assurer un développement économique et social durable
Le franc CFA, initialement acronyme de « Franc des Colonies Françaises d'Afrique », puis devenu « Franc de la Communauté Financière Africaine » pour les pays de l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine » et « Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale » pour les pays de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale), représente un cas unique de monnaie partagée par plusieurs états dits souverains. Créé initialement en 1945, dans le contexte d'après-guerre et de reconstruction des économies européennes, le franc CFA illustre les complexités de liens monétaires étroites hérités de la colonisation française et leurs impacts sur le développement économique et social des pays membres.
Dans son article paru en 2011, Jérôme Blanc' met en lumière le rôle central de la monnaie dans les périodes de bouleversements politiques et économiques, ainsi que les conséquences de la subordination du monétaire au politique. Cette dynamique se retrouve dans l'histoire du franc CFA, bien que dans un contexte différent, illustrant comment la monnaie peut à la fois refléter et façonner les relations de pouvoir économique et politique.
A l'instar de la situation française durant la seconde guerre mondiale, où la monnaie était un instrument au service des stratégies de l'occupant allemand et du gouvernement de Vichy, le franc CFA a été critiqué pour son rôle dans la perpétuation de la dépendance économique vis-à-vis de la France.
L'introduction du franc CFA visait à faciliter l'intégration économique et monétaire des colonies africaine dans l'économie métropolitaine française, garantissant ainsi un accès privilégié aux ressources naturelles. Cette initiative s'inscrivait dans une logique de reconstruction économique de la France, où les colonies jouaient un rôle crucial en fournissant les matières premières nécessaires. 'Jérôme Blanc, 2011. Pouvoirs et monnaie durant la seconde guerre mondiale en France : la monnaie subordonnée au politique. Hal Open Science.
La zone franc CFA est caractérisée par une politique monétaire unique supervisée par la banque de France, jusqu'à des reformes récentes visant à alléger cette tutelle. Cette centralisation a eu des conséquences sur le développement économique et social des pays membres.
La garantie de la convertibilité du franc CFA par le trésor français a certes attiré des investissements, mais elle a également encouragé les fuites de capitaux vers des marchés et pays jugés plus sûrs, limitant ainsi les fonds disponibles pour des projets de développement local.
La zone franc CFA favorise historiquement et prioritairement les échanges avec la France et les pays de l'Union européenne, contribuant à une certaine dépendance et par conséquent freinant la diversification économique et l'intégration à l'échelle africaine.
La comparaison entre le franc CFA et la situation monétaire de la France durant la seconde guerre mondiale révèle l'importance cruciale de la souveraineté monétaire pour l'indépendance économique et le développement. Dans les deux cas, la subordination de la politique monétaire à des intérêts extérieurs a entravé la capacité des gouvernements à agir dans l'intérêt propre de leur développement économique et social.
Dans les années 1960, au début des indépendances des pays de l'Afrique de l'Ouest, la comparaison entre le Sénégal et la Corée du Sud aurait semblé pencher en faveur du premier en termes de potentiel économique. A l'époque, le Sénégal, avec ses ressources naturelles abondantes et son accès au vaste marché africain, était perçu comme un candidat prometteur pour la croissance économique et le développement. La Corée du Sud, quant à elle, était un pays ravagé par la guerre, avec peu de ressources naturelles et un avenir économique incertain.
Cependant, au cours des décennies suivantes, la trajectoire de ces deux pays a pris des directions radicalement différentes. La Corée du Sud, grâce à une politique de souveraineté monétaire affirmée, associée à une stratégie économique centrée sur l'industrialisation, l'éducation et l'innovation technologique, s'est transformée en une des économies les plus dynamiques et innovantes du monde. Cette transformation, souvent appelée le "Miracle sur le fleuve Han", a vu la Corée du Sud, l'un des plus pauvres du monde, se transformer en une puissance économique incontournable et devenir un leader mondial dans des secteurs tels que l'électronique, l'automobile et la technologie de l'information.
La pleine souveraineté monétaire a joué un rôle crucial dans ce processus. En contrôlant sa propre monnaie, la Banque de Corée a pu mener des politiques monétaires adaptées aux besoins de l'économie nationale, favorisant les investissements dans les industries clés et soutenant l'exportation par une gestion stratégique du taux de change. De plus, le gouvernement sud-coréen a utilisé sa capacité de financement souverain pour investir massivement dans l'éducation et la recherche et développement, établissant les fondations d'une économie basée sur la connaissance et l'innovation.
Cependant, le Sénégal, restreint par les contraintes du franc CFA et une certaine dépendance économique envers la France et d'autres partenaires occidentaux, a eu du mal à réaliser une croissance économique autonome à un rythme comparable. Bien que le franc CFA ait offert une certaine stabilité monétaire, il a aussi limité la flexibilité des politiques économiques du Sénégal, entravant sa capacité à répondre efficacement aux défis économiques internes et externes.
Cette divergence des trajectoires économiques met en évidence l'importance de la souveraineté monétaire comme facteur clé du développement économique. Récemment, des réformes ont été initiés pour redéfinir le rôle de la France dans la gouvernance du franc CFA, illustrant une volonté de réajuster les liens post-coloniaux vers une ère de partenariat plus équilibré et gagnant-gagnant
La question de la sortie du Franc CFA a été un sujet de débat intense parmi les économistes, les politiques, et les chercheurs, particulièrement en Afrique et en France.
Plusieurs auteurs et universitaires parmi eux, Nicolas Agbohou, Samir Amin, Demba Moussa Dembélé, Mamadou Koulibaly, Sanu Mbaye, Kako Nubukpo, Fanny Pigeaud, Joseph Tchundjang Pouemi, Mahamadou Lamine Sagna, Ndongo Samba Sylla et bien d'autres, ont apporté des contributions significatives à cette discussion, analysant les implications économiques, politiques et sociales d'une éventuelle sortie de cette zone monétaire.
Une solution de sortie du franc CFA, en espérant qu'elle sera dotée d'un nom qui résonne africain, implique plusieurs étapes stratégiques visant l'autonomie monétaire et économique tout en minimisant les risques de déstabilisation externes comme ce fût le cas de la Guinée juste après les indépendances. Une approche rigoureuse et bien planifié est crucial pour bien réussir cette transition.
Pour le Sénégal et comme pour les autres pays de la zone franc CFA, la réflexion sur la souveraineté monétaire et l'exploration de modèles économiques alternatifs, comme ceux proposés par la MMT (Modern Money Theory) ou Théorie Monétaire Moderne (TMM) basée sur les travaux de Randy Wray, Warren Mosler, Stephanie Kelton, et bien et d'autres, en concert avec une politique de gestion rigoureuse de l'inflation, offrent une voie prometteuse pour réaliser leur plein potentiel économique.
La MMT offre un cadre révolutionnaire qui pourrait redéfinir la manière dont les pays de la zone CFA perçoivent leur souveraineté monétaire et leur capacité à financer le développement économique et social. La MMT souligne que les gouvernements souverains, qui émettent leur propre monnaie, ont en fait une capacité financière illimitée pour financer des dépenses publiques et investir massivement dans l'infrastructure, l'éducation, la santé, et la technologie, stimulant ainsi la croissance et améliorant le bien-être social, à condition qu'ils opèrent dans leur propre devise. Contrairement à la croyance traditionnelle que les gouvernements doivent collecter des impôts ou emprunter pour dépenser, la MMT soutient que les gouvernements dépensent d'abord et collectent des impôts ensuite. L'émission de monnaie est le principal outil par lequel un gouvernement finance ses dépenses. Cette idée est particulièrement pertinente pour les pays souhaitant se défaire du franc CFA, car elle suggère qu'après avoir établi une monnaie souveraine, un pays comme le Sénégal pourrait embrasser des politiques ambitieuses de plein emploi sans la contrainte de financer ces politiques par l'emprunt extérieur ou la crainte d'un déficit budgétaire insoutenable. Un point critique de la MMT est sa prise en compte de l'inflation. Elle reconnaît l'inflation comme une contrainte réelle mais gérable, principalement à travers une politique fiscale efficace.
Pour optimiser la transition vers une monnaie pleinement souveraine et l'application de la MMT dans le contexte de sortie du franc CFA, il est vivement recommandé d'employer des modèles de simulation avancés, tels que ceux basés sur la dynamique des systèmes. Ces modèles offrent une méthode rigoureuse pour anticiper les impacts économiques, sociaux et financiers de telles politiques monétaires et fiscales avant leur mise en œuvre. En effectuant des tests de résistance (stress tests) approfondis, les décideurs peuvent identifier les risques potentiels, les vulnérabilités et les opportunités associés à l'introduction d'une nouvelle monnaie, garantissant ainsi une transition plus fluide et sécurisée.
Le débat sur le franc CFA aujourd'hui rappelle la période de reconstruction post-seconde guerre mondiale en France, où la souveraineté monétaire était cruciale pour la reconstruction nationale. Pour les pays de la zone CFA, une réforme du système monétaire, tenant compte des réalités économiques et les aspirations au développement du continent, est également cruciale. Toutefois, de tels changements nécessitent une coordination régionale et une volonté politique forte pour surmonter les inerties et les intérêts établis, à la fois au niveau national et international.
L'histoire de la monnaie, que ce soit en France sous l'occupation ou dans les pays utilisant le franc CFA, démontre que la monnaie est bien plus qu'un simple moyen d'échange, d'unité de compte ou de réserve de valeur ; elle est un reflet des dynamiques de pouvoir, de souveraineté, et d'autonomie. La manière dont une société gère et contrôle sa monnaie peut avoir des implications profondes et durables sur son développement économique et social. Pour les pays de la zone CFA, comme pour la France d'après-guerre, le chemin vers une plus grande autonomie monétaire est semé d'embûches, mais il est essentiel pour assurer un développement économique et social durable. L'implémentation réussie de la MMT dans le contexte d'une sortie du franc CFA impliquerait le renforcement des capacités institutionnelles.