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20 avril 2024
Société
PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BOUBACAR BORIS DIOP
CE VIEIL HOMME, NOTRE ENFANT…
Wade a desservi Karim, renforcé la cote de popularité de Macky tout en donnant de lui-même une image négative. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre la libération de son fils
Boubacar Boris Diop, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 24/03/2015
Des analystes pourtant peu suspects de passion partisane continuent à regretter que la Crei n’ait été apparemment réactivée que pour juger Karim Wade. Même si on peut leur reprocher de tenir pour quantité négligeable ses co-inculpés ou d’oublier trop vite les nombreux dossiers déjà instruits, leur trouble mérite la plus grande attention. Il nous rappelle qu’au Senegal l’autorité publique n’a jamais vraiment su quelle attitude adopter à l’égard des auteurs de crimes économiques. C’est peu de dire que ces derniers, du fait de leur forte capacité de redistribution, sont plus souvent admirés que stigmatisés.
Il se raconte du reste, sous forme de blague populaire, qu’à des détenus ordinaires se plaignant des faveurs accordées à ces prisonniers de luxe, un régisseur aurait répliqué, excédé : «Ecoutez, ce n’est pas pareil, vous, vous êtes des voleurs alors qu’eux ont détourné !» Cette complaisance à l’égard de ceux qui dilapident nos maigres ressources s’explique-t-elle par le fait que le même personnel politique se partage le pouvoir depuis l’Indépendance ? L’hypothèse peut être avancée sans risque.
Le plus fascinant, c’est que Me Abdoulaye Wade, alias le «pape du Sopi», a été élu, après une exceptionnelle mobilisation populaire, pour briser ce cercle vicieux de la gabegie et de l’impunité. Quel Sénégalais peut s’en souvenir aujourd’hui sans un formidable éclat de rire ? Sous son règne, le système est devenu complètement fou ! Dès ses premières heures au Palais, il déclare à Idrissa Seck, qui l’enregistre en secret– drôle de gens, n’est-ce pas ?- : «Nos problèmes d’argent sont désormais derrière nous», avant d’ajouter cette phrase hallucinante : «Même les gangsters savent s’en tenir a un strict code d’honneur quand vient l’heure de se partager le butin.»
Il n’est dès lors pas étonnant qu’au cours de ses deux mandats à la tête du pays, on ait eu l’impression d’un gigantesque foutoir financier. Bien des cadres ayant travaillé avec Me Wade, en particulier ceux qui venaient de la Gauche, n’étaient pas des corrompus, loin s’en faut. Mais ceux qui l’étaient ne se sont pas du tout gênés. Les affaires en tous genres– terrains, trafic de devises voire de drogue– ont sans cesse défrayé la chronique et des milliers de gens qui tiraient le diable par la queue, ont amassé en peu de temps une colossale fortune.
Dans un petit pays à l’élite aussi «compacte», tout finit par se savoir, même, et peut-être surtout, ce que les medias choisissent, pour diverses raisons, de taire. Et– ne soyons donc pas si oublieux– Karim Meissa Wade, à la tête de moult ministères stratégiques, était au centre de tout. La justice lui demande depuis juillet 2014 de justifier l’accroissement phénoménal de sa fortune à l’époque où son père était chef de l’Etat. Il n’en a pas été capable et cela lui a valu une peine ferme de six ans et une amende de 138 milliards de francs Cfa.
On peut certes entendre les critiques des ONG des Droits de l’homme qui voient dans la Crei une juridiction d’exception violant les normes du droit international mais on a aussi eu le sentiment que pour ses avocats leur client, lâché par certains de ses prête-noms et complices, confondu sur des points importants, était devenu indéfendable. On les a donc davantage entendus en conférence de presse qu’à la barre du tribunal qu’ils ont du reste finalement boycotté. Il est d’ailleurs difficile de savoir à quoi ont bien pu servir les avocats étrangers supposés plaider en faveur de Karim Wade.
Malgré le gros cafouillage sur le compte de Singapour– un point, il faut le souligner, non pris en compte par le juge Henri-Grégoire Diop–, personne n’a été surpris par le verdict du 23 mars. Il n’y a pas lieu de se réjouir qu’une personne encore dans la force de l’âge soit obligée de rester quatre années en prison mais des dizaines de milliers d’autres Sénégalais purgent la même peine sans que cela n’émeuve personne.
L’avertissement vaut pour tous nos futurs chefs d’Etat. Ce qui arrive à Karim Wade doit leur faire comprendre qu’il est inadmissible et dangereux de détourner les suffrages populaires au profit de sa famille.
L’ex-président Wade, naguère tout-puissant, n’a rien pu faire pour sauver son fils. Il n’a même pas pu trouver un hôtel pour y organiser ce que le politologue Mbaye Thiam a appelé sur Sud FM «la dévolution paternelle du parti». Cela en dit long sur la brutalité de la chute de Wade. Il s’était pourtant montré si agressif à maintes reprises que le pays a eu de sérieuses craintes pour la sécurité des biens et des personnes le jour du verdict. A l’arrivée il y a eu plus de peur que de mal.
Me Wade, conscient de son faible pouvoir de nuisance ces temps-ci, s’y était sûrement attendu et c’est sans doute pour cela qu’il a fait de son fils le candidat du PDS à la présidentielle de 2017. Le projet, c’est de lui faire porter les habits de lumière du prisonnier politique, si populaire que le régime n’aura d’autre choix que de ne pas le maintenir en détention. Est-ce bien sérieux ? En vérité, cela s’appelle raisonner la tête à l’envers.
Tout d’abord, Karim Wade, qui n’a jamais remporté le moindre scrutin, est un binational. On le voit mal renoncer à son passeport français pour briguer les suffrages des électeurs sénégalais. Et au fait, dans quelle langue leur demanderait-il de voter pour lui ? C’est un point central que tout le monde semble avoir oublié. Sauf, probablement, l’intéressé lui-même et son père. Me Wade, qui a affronté tous les présidents, de Senghor à Macky Sall, sait bien ce qu’élection veut dire dans notre pays. Il serait étonnant qu’il entretienne au fond de lui-même la moindre illusion quant aux chances de son fils pour l’élection de 2017.
Il sait bien, pour le dire familièrement, que les carottes sont cuites.
Wade aura en effet tout essayé mais les appels du pied à l’armée n’ont pas eu plus d’écho que sa menace insolite de prendre le maquis. Et pour faire monter la tension, il ne s’est interdit aucune grossièreté à propos de la famille Sall. Ce faisant, il a desservi Karim Wade, renforcé la cote de popularité de Macky Sall tout en donnant de lui-même une image encore plus négative qu’à l’ordinaire. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre une cause, la dernière d’un vieux combattant, qui lui tient tant à cœur : la libération de son fils.
Une fin de parcours aussi douloureuse– il est des moments où le vieil homme suscite en effet une vague compassion– rappelle, toutes proportions gardées, celle d’Alboury Ndiaye. La tradition rapporte qu’au soir de sa vie, affamé et au bord de l’épuisement, le Bourba Djoloff fut obligé de voler une écuelle de lait dans l’arrière-cour d’une maison de Dosso, dans l’actuel Niger. Surpris par la propriétaire, il n’eut d’autre choix que de nier avec véhémence. En vain : un enfant l’avait vu en secret, qui témoigna contre lui. Il aurait alors déclaré à son griot : « J’ai été tout-puissant au Djoloff et voilà à quoi je suis réduit. Tout est perdu et je sais que ma fin est proche.»
Alboury Ndiaye, immortalisé entre autres par le dramaturge Cheik Aliou Ndao, a été peut-être le moins ambigu, le moins controversé de nos héros nationaux mais un cruel destin avait pris avantage sur le guerrier errant, panafricaniste avant la lettre. Du célèbre politicien libéral aussi, on peut dire, mais hélas pour de moins glorieuses raisons, que tout est perdu aujourd’hui, même l’honneur.
Il ne lui reste plus qu’à solliciter la clémence de celui dont il a dit tout récemment que jamais il ne serait au-dessus de Karim Wade. Peut-être s’exprimait-il ainsi en surestimant ses capacités à infléchir le cours de la justice. En homme qui a toujours cru au seul rapport de force, il est bien conscient d’être à la merci du régime de Sall. La surenchère verbale va rester de mise pendant quelque temps pour sauver les apparences mais il est très probable qu’il va bientôt jouer, en coulisses, la seule carte qui lui reste raisonnablement : solliciter la grâce présidentielle. Et si Macky Sall venait à céder aux pressions, l’on n’entendra probablement plus parler ni de l’homme Karim Wade ni encore moins du candidat sans peur et sans reproche. On peut supposer qu’il sera aussi oublié des Sénégalais que l’est à l’heure actuelle sa sœur. Le président pourrait être tenté de se montrer magnanime après avoir su se montrer ferme.
Qu’adviendrait-il des Bibo Bourgi et autres Mamadou Pouye, condamnées en même temps que Karim ? La question n’est pas simple car une libération générale ferait désordre dans l’opinion.
Quoi qu’il arrive, gardons-nous de jeter trop vite la pierre à Me Abdoulaye Wade. Ce quasi centenaire au regard perdu, si tragiquement solitaire, c’est nous-mêmes qui l’avons librement enfanté dans l’allégresse générale il y a une quinzaine d’années. Au-delà du sort personnel de son fils, c’est de cela que nous devrons nous souvenir demain et après-demain.
Enlevés le 3 mai dernier à Kaïlou (Ziguinchor) par une faction du mouvement indépendantiste MFDC et emmenés au plus profond de la forêt casamançaise, les démineurs otages font part, pour la première fois, de leurs conditions de détention et exposent leur vœu ardent de rejoindre «le plus tôt possible» leurs familles respectives. Dans la forêt, ils pratiquent la chasse et la pêche. Le journaliste et Reporter d'Image Christian Thiam de SenePlus.Com s'est entretenu avec les otages et plusieurs chefs militaires du MFDC dont César Atoute Badiate. Dans les toutes premières minutes de la vidéo, César Atoute Badiate s'exprime en diola mais les réactions des otages sont toutes en français.
Le voyage est long pour accéder au cantonnement militaire. Après plusieurs heures de conduite, il faut encore plusieurs kilomètres à pied pour accéder à la zone d’influence de César Atoute Badiate au fin fond de la forêt de Casamance. Un fief qui se «trouve bel et bien en territoire sénégalais», comme nous le précise le reporter de SenePlus.Com Christian Thiam qui a effectué ce voyage avec Jean Michel Mathiam un employé de la société sud-africaine Mechem pour qui travaillaient les otages.
Au plus profond de cette forêt, ils sont faits otages depuis le 3 mai 2013, loin de leurs familles, de leurs proches et de leur environnement social habituel. Cet enlèvement porte la signature d'une des factions séparatistes du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC) dirigé par César Atoute Badiate.
Depuis que la vie de ces démineurs a basculé, personne ne les avait vu, ni entendu s'exprimer publiquement.
Assis sur des bancs en plein milieu de la forêt, les otages de César Atoute Badiate semblent en bonne forme physique. Pour la première fois, ils ont eu l’occasion de faire part de leurs conditions de vie et leur vœu ardent de retrouver leurs familles respectives.
Tout s’est passé sous l’œil vigilant du chef d’Etat-major du maquis César Atoute Badiate. C’est lui en premier qui prend la parole et s’exprime dans sa langue maternelle, le joola. Fixant droit la caméra, par moments, il expliqué les circonstances de sa rencontre avec Christian Thiam ainsi que l’objet de la visite de ce dernier dans le maquis.
A la suite, du général maquisard, c’est Charles Coly un des otages qui prend la parole. Serein, il confesse que depuis leur enlèvement, ses compagnons et lui n’ont été victimes d’aucune forme de maltraitance, ni de terreur de la part de leurs ravisseurs. En d’autres termes, ils ont été bien traités. Charles parle même de liberté de circuler dans les environs immédiats alors même qu’ils sont retenus comme otages.
«On est libre ici, on se déplace comme on veut»
«Depuis que nous avons été arrêtés, nous n’avons eu aucun problème. On a un peu marché, et cela c’est normal », a-t-il dit. Poursuivant son propos, Charles explique également que même la nourriture n’a jamais été un problème pour eux. «Nous allons à la pêche et à la chasse. On se déplace comme on veut », a-t-il souligné en tentant de se débarrasser des insectes de la brousse qui bourdonnent dans ses oreilles. Personne dans le maquis n’a jamais pointé une arme sur un otage pour lui ordonner d’exécuter une action, assure Charles.
En revanche, ce qui reste pénible et insupportable pour eux, c’est la séparation d’avec leurs familles respectives. «Le seul problème que nous avons, dit-il, c’est qu’on n’a pas nos familles». Doucouré, qui semble le plus jeune des otages qui ont fait face à la caméra, ne semble pas apprécier le propos très apaisants tenu par son collègue Charles.
Et il a tenu à marquer son désaccord, en prenant la parole : «On tient ici des discours pour dire que tout va bien… Mais on sera mieux chez nous», rétorque Doucouré, très ému avec une voix grinçante et empreinte d’émotion. «C’est bien beau de dire oui on n’a pas de problème. Mais nous, nous voulons rentrer chez nous le plus rapidement possible», a poursuivi l’otage.
«C’est très dur de vivre ici »
Gilbert Tendeng corroborant les propos de Charles, se dit persuadé qu’ils n’auront pas de problème. Seulement, reconnait-il «c’est dur de vive ici». Gilbert Tendeng se préoccupe du sort qui leur sera réservé après leur libération du point de vue professionnel. En effet, il craint qu’après leur libération, leurs familles respectives les déconseillent de continuer à travailler comme démineurs pour la société sud-africaine Mechem, parce que cette activité sera perçue comme une activité bien trop risquée.
Pour rappel, ils étaient douze démineurs travaillant pour la société sud-africaine Mechem, à être enlevés par la faction séparatiste du MFDC de César Atoute Badiate. Ils exécutaient tranquillement leur tâche ce 3 mai au soir dans le village de Kaïlou, (département de Ziguinchor), quand les rebelles ont fait irruption et les ont kidnappés.
Le général Badiate qui a commandité ce rapt estime que le gouvernement du Sénégal n’a pas respecter son engagement à arrêter le déminage dans les zones que le chef rebelle considère comme zone contrôlée par le mouvement rebelle.
Le 28 mai 3 femmes faisant partie des 12 démineurs ont été libérées pour des raisons humanitaires après une médiation des autorités de Bissau, de la Croix Rouge, le groupe de réflexion pour la recherche de la paix en Casamance, entre autres acteurs.
Mais auparavant le chef de l’Etat, Macky Sall avait commis, ce que plusieurs observateurs de la vie politique sénégalais avaient considéré comme "une maladresse" en affirmant dans une série d’entretien accordé à l’AFP que les « otages seront libérés », et que ce n’était «pas un problème». Ainsi, le président Sall en minimisant cet enlèvement a peut-être donné l'occasion aux ravisseurs de faire monter les enchères, ajoutent des analystes interrogés par SenePlus.Com.
Depuis 1982 la Casamance, sud Sénégal, fait face à une rébellion indépendantiste qui entrave le développement économique de cette région dû à l’insécurité : braquages, enlèvements, et autres assassinats.
TRADUCTION DES PROPOS DE CÉSAR ATOUTE BADIATE, AU DÉBUT DE LA VIDÉO
"Charles, bonjour à toi et à tes amis. Comme vous le savez, d’habitude nous effectuons des voyages. Et Dieu a fait qu’au cours de notre dernier voyage, avant hier, nous avons eu l’occasion de rencontrer ce monsieur qui voulait voir dans quelles conditions vous vivez.
Il faut dire que cela fait un moment qu'il souhaitait vous rencontrer mais nous avions estimé que n’aviez pas un assez bon moral pour que nous puissions donner une suite favorable à cette demande. Nous avions donc préféré reporter cette rencontre.
Mais comme maintenant vous êtes un peu plus habitués aux conditions de vie ici, j'ai pensé que cette fois-ci, il n'y avait aucun obstacle à ce que vous le rencontriez aujourd'hui. "
PLAIDOYER POUR QUE LE 26 SEPTEMBRE SOIT DÉCLARÉ JOUR FÉRIÉ
”Le 11 septembre aux Etats-Unis est un jour férié, mais ici chaque année nous faisons comme si de rien n’était, nous demandons que ce jour-là soit déclaré, un jour férié. C’est important que l’on puisse le porter", plaide Cheikhna Keïta.
Dakar, 19 avr (APS) – Le deuxième vice-président de l’association nationale des familles des victimes et rescapés du naufrage du bateau le ‘’Joola’’, Cheikhna Keïta, a plaidé, vendredi, pour que le 26 septembre soit déclaré, jour férié au Sénégal.
”Le 11 septembre aux Etats-Unis est un jour férié, mais ici chaque année nous faisons comme si de rien n’était, nous demandons que ce jour-là soit déclaré, un jour férié. C’est important que l’on puisse le porter. Nous demandons à l’Etat du Sénégal de le faire”, a-t-il déclaré lors d’un point de presse en présence de plusieurs membres des familles des victimes du bateau le ”Joola”.
M. Keita a par ailleurs indiqué que leur association veut mettre en place une fondation, demandant à ce que les 6 milliards de francs CFA restant de l’indemnisation des familles, soient reversés à la fondation pour aider les familles des victimes.
”Nous demandons aussi à penser aux membres de l’association, s’il y a des postes à pourvoir au Mémorial musée le bateau le Joola”’, a-t-il fait-valoir.
Malang Badji, président de l’association des rescapés du bateau ”le Joola”, a, annoncé la tenue prochaine d’une assemblée générale de l’Association nationale des familles de victimes et des rescapés.
Le bateau le ”Joola” assurant la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, a fait naufrage, le 26 septembre 2002 aux larges des côtes gambiennes, faisant près de 2000 victimes, dont 64 survivants, selon un bilan officiel.
AMNISTIE, OUSMANE KABILINE DIATTA LIBRE
L’ordre de libération de Ousmane Kabiline Diatta vient d’être signé par le doyen des juges après réquisition du procureur de la République et transmis à l’administration pénitentiaire, a-t-on appris de Me Ciré Clédor Ly.
L’ordre de libération de Ousmane Kabiline Diatta vient d’être signé par le doyen des juges après réquisition du procureur de la République et transmis à l’administration pénitentiaire, a-t-on appris de Me Ciré Clédor Ly.
Selon l’avocat, il ne resterait que Alioune Dieng, sauf « omission », qui sera libéré mardi par « la chambre criminelle en application de la loi d’amnistie »
En 2022 après son arrestation, Ousmane Kabiline a été « placé en garde à vue avant son déferrement par les forces de défense et de sécurité », avait indiqué le procureur, ajoutant que Kabiline Diatta est accusé de « complot et autres infractions contre l’autorité de l’Etat, de participation à un mouvement insurrectionnel, d’actes et de manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves, de culture et de trafic de chanvre indien ».
C’est à la suite de ces accusations que le mandat de dépôt a été requis ainsi qu’une délégation judiciaire, a-t-il souligné, avant de le présenter comme « le second et le bras armé d’une aile dure de la rébellion du MFDC, dirigée par Paul Aloukassine Bassène ».
Le procureur avait également révélé que des recherches sont menées pour retrouver d’autres éléments du MFDC qui avaient fait cap sur Dakar pour se joindre à Kabiline Diatta et participer avec lui « à ladite manifestation, avec l’idée bien manifestée dans les échanges de profiter de toute opportunité pour s’adonner à des opérations de pillage, de destruction et d’atteintes contre l’intégrité physique de personnes vraisemblablement innocentes ».
par Abdoulaye Sall
LA LAÏCITÉ EST UN PILIER DE NOTRE RÉPUBLIQUE
Pourquoi créer une structure spécifique pour les diplômés en arabe ? Je m'interroge sur le placement de cette direction au sein de la présidence. La question de la neutralité de l’État face aux différentes confessions religieuses se pose
Je m'adresse à vous aujourd’hui en tant qu’inspecteur de l'enseignement à la retraite et en tant qu’activiste, pour exprimer mes préoccupations profondes concernant la récente création de la Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés de l’Enseignement Arabe au sein de la Présidence de la République. Cette décision, telle qu'annoncée lors du communiqué du conseil des ministres du 17 avril 2924, soulève plusieurs interrogations importantes qui, je le crois, méritent une réflexion approfondie.
Premièrement, en tant que nation qui s’enorgueillit de son caractère laïc, il est surprenant et préoccupant de voir une direction spécifiquement dédiée aux affaires religieuses et à l'insertion d'une catégorie spécifique de diplômés être établie directement sous votre haute autorité. Cette démarche semble indiquer une préférence non seulement pour une confession particulière, mais également pour une discipline d'enseignement spécifique, ce qui peut être perçu comme une rupture du principe d'égalité qui doit prévaloir dans un État laïc.
Deuxièmement, la question de la neutralité de l’État face aux différentes confessions religieuses se pose avec acuité. Il est crucial de savoir de quelle confession sera issu le directeur de cette nouvelle direction, et comment cette nomination pourra affecter l’équilibre et la cohésion entre les différentes communautés religieuses du Sénégal.
Troisièmement, l'insertion des diplômés de l'enseignement arabe soulève la question de la pertinence et de l’équité vis-à-vis des diplômés des autres disciplines linguistiques. Pourquoi créer une structure spécifique pour les diplômés en arabe, et pas pour ceux des autres langues ( français, anglais, russe, allemand, espagnol, langues nationales...) ? Cette décision pourrait être vue comme une forme de favoritisme qui mine les principes d'équité et d'égalité des chances pour tous les citoyens, quelle que soit leur formation académique. Cela d'autant plus que le premier article de la constitution est sans équivoque : "La langue officielle de la République du Sénégal est le Français. Les langues nationales sont le Diola, le Malinké, le Pular, le Sérère, le Soninké, le Wolof et toute autre langue nationale qui sera codifiée". Nulle référence à l'arabe ! Alors monsieur le président de la République si vous voulez vraiment créer une rupture remodelez la constitution et érigez l'arabe comme second langue officielle pour vous mettre à l'aise.
Enfin, je m'interroge sur le placement de cette direction au sein de la présidence. Cette organisation pourrait-elle signifier une ingérence du politique dans des domaines qui devraient plutôt relever de technicités éducatives et religieuses gérées de manière plus neutre et indépendante ?
Monsieur le président, la laïcité est un pilier de notre République. En témoigne notre constitution : "La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances.”
Cette laïcité doit par conséquent être préservée et protégée.
C'est la raison pour laquelle je vous implore de reconsidérer cette initiative, en veillant à ce que l'administration publique reste un espace de neutralité et d'égalité, conformément aux principes qui ont guidé notre nation jusqu'à ce jour.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le président, l'expression de ma très haute considération.
M. Abdoulaye Sall est Inspecteur de l'enseignement à la retraite, activiste à ses heures perdues.
par le chroniqueur de seneplus, Jean Pierre Corréa
PUISQUE L’AIR EST ENCORE SI LÉGER
EXCLUSIF SENEPLUS - L'urgence de la réforme institutionnelle requiert l'achèvement des travaux préparatoires d'ici septembre afin que les législatives et le référendum sur une nouvelle Constitution se tiennent quasiment en même temps
Jean Pierre Corréa de SenePlus |
Publication 19/04/2024
" Nous ne pouvons pas déplorer des effets dont nous avons chéri les causes". Bossuet
Bassirou Diomaye Faye a été élu président dès le premier tour, un résultat salué par la planète entière, qui a fait du Sénégal le laboratoire in vivo de ce que le continent africain est en mesure de déposer dans le panier garni de la démocratie universelle… Le Sénégal..aid est devenu par la grâce turbulente de tout un peuple, le Sénéga…beau… 18 millions de citoyens en ronronnent d’aise et de fierté… Enfin presque, disons 4 millions… non, plutôt 2 millions de Patriotes, les 2 millions restants étant souvent pointés et dépeints comme d’insupportables renégats. Des pas « triotes » quoi ! Mais ça devrait bientôt s’arranger. Que veut dire ce mot de « peuple » d’ailleurs ? “Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple. Ma confiance dans le peuple gouvernant est infinitésimale. Ma confiance dans le peuple gouverné est infinie. Quand le peuple sera intelligent, alors seulement le peuple sera souverain.” Ainsi persiflait Charles Dickens… Mais je digresse.
Cette victoire est perçue non seulement comme le fruit de la détermination du peuple sénégalais, mais aussi comme une preuve de sa volonté inébranlable de défendre sa souveraineté.
Le nouveau pouvoir doit avoir chevillé à l’esprit quasi magique du 24 mars, que l'engagement civique et citoyen a joué un rôle crucial dans la neutralisation des tentatives visant à perturber le processus électoral. Cela a également encouragé le Conseil constitutionnel à affirmer résolument les principes du Droit face à l'Exécutif, qui a parfois semblé chercher à dévier, ignorer ou même défier la législation en vigueur.
Les efforts collectifs et synergiques des organisations de la société civile ont été déterminants dans cette lutte pour la démocratie.
Les Sénégalais dans un bel ensemble, ont su féliciter le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, pour sa victoire éclatante et méritée et sont déterminés à unir leurs efforts et à poursuivre leur mobilisation pour la réalisation des objectifs de bonne gouvernance démocratique, que tout notre peuple attend et appelle de ses vœux.
Le pouvoir nouveau, voulu de manière absolue par le peuple sénégalais, doit considérer que cette victoire est aussi le fruit d’organisations progressistes et démocratiques successives, qui ont mené des combats héroïques multiformes pour conquérir l’exercice des libertés civiles et fondamentales, notamment celles d'association, de réunion, d'expression et de vote. Ces conquêtes ont permis la consécration du pluralisme politique et syndical ainsi que l’avènement d’une presse indépendante du pouvoir politique. C’est certainement sur ces acquis que repose la fameuse « exception sénégalaise » qui, surfaite ou non, explique pour une bonne part l’absence de coup d’État militaire et la réalisation de deux alternances politiques à la tête de l’État par les urnes.
Nous sommes tous patriotes et fiers de notre Histoire, qui ne débute pas le 24 mars 2024.
C’est parce que nous sommes tous des patriotes, sans prétentieuse majuscule, que nous attendons de nos nouveaux gouvernants, qu’ils respectent rapidement l'engagement de refondre en profondeur les institutions pour en finir avec l'hyper-présidentialisme, engagement scellé par la signature du Pacte, l’objectif étant d’arriver à la refonte des institutions. C’est là que se dresse l’urgence, qui commande que le travail préalable soit achevé au plus tard en septembre pour que la nouvelle Assemblée nationale puisse être élue quasiment concomitamment avec un référendum autour de la nouvelle Constitution dans le sillage de celle de la CNRI… Cette urgence peut tout à fait être prise en compte sans jurer d’avec l’exigence sociale et populaire, parfois populiste, de la rupture et de son symbole le « balai ».
Sans oublier que pour bien nettoyer un escalier, il convient de le balayer justement du haut vers le bas, à travers l’exemplarité, et en conformité avec les principes du « JUB, JUBAL, JUBANTI », de la transparence promise, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a sonné la charge de la « reddition des comptes ». Il a d’abord ordonné la publication des rapports de la Cour des comptes, de l’Inspection générale d’Etat, et de l’OFNAC des cinq dernières années.
Le ton est donné pour la transparence dans la gestion des affaires, promise aux Sénégalais et l’opération « Goxi », rendre gorge, rien de moins, est lancée. Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakar Faye a instruit le Garde des Sceaux de finaliser avant le 15 mai 2024, un projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte.
Muscles bandés et menton fier, on donne dans le cosmétique et l’imprudence, car, que tous les rapports soient publiés, n’indique nullement que ceux qui ont vu leurs noms cités dans leurs pages, sont coupables de quoi que ce soit. Il était préférable d’ôter du coude de Macky Sall les dossiers qui empestaient l’atmosphère, et d’en révéler les forfaitures à un peuple spolié par cette kleptocratie décomplexée.
Un projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte
Le président de la République a aussi informé le Conseil qu’il a créé à la présidence de la République une Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés de l’Enseignement Arabe (composé du Bureau des affaires religieuses et du Bureau de l’insertion des diplômés de l’enseignement arabe).
C’est là que le premier « lanceur d’alerte à considérer et bien sûr à protéger s’invite dans un débat pour le moins nauséabond, et adresse au président de la République une lettre ouverte, allongé sur son pliant de retraité, en totale sincérité et biberonné aux principes de la République, une, indivisible, laïque et sociale inscrits en lettre d’Or et sur un socle d’airain dans le préambule de notre Constitution.
Adossé à un rude bon sens, et à une notion très claire de l’Histoire de son pays qui n’a pas débuté encore une fois le 24 mars 2024, Monsieur Abdoulaye Sall, Inspecteur de l'enseignement à la retraite et activiste à ses heures perdues, comme il se définit avec ironie, écrit sans colère aucune mais avec consternation, au chef de l’Etat, pour, je cite « exprimer mes préoccupations profondes concernant la récente création de la Direction des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés de l’Enseignement Arabe au sein de la présidence de la République. Cette décision, soulève plusieurs interrogations importantes qui, je le crois, méritent une réflexion approfondie.
Premièrement, en tant que nation qui s’enorgueillit de son caractère laïc, il est surprenant et préoccupant de voir une direction spécifiquement dédiée aux affaires religieuses et à l'insertion d'une catégorie spécifique de diplômés être établie directement sous votre haute autorité. Cette démarche semble indiquer une préférence non seulement pour une confession particulière, mais également pour une discipline d'enseignement spécifique, ce qui peut être perçu comme une rupture du principe d'égalité qui doit prévaloir dans un État laïc ».
Première alerte.
Semblant lui demander : Mais Diomaye avec qui vous causez avant de décider, la réponse semblant être dans la question, et depuis quand une direction peut être rattachée à la présidence ? », notre papy flingueur d’alerte, secoue son Xalima, le trempe dans le Daa, et assène sur son Alluwa que « l’insertion des diplômés de l'enseignement arabe soulève la question de la pertinence et de l’équité vis-à-vis des diplômés des autres disciplines linguistiques. Pourquoi créer une structure spécifique pour les diplômés en arabe, et pas pour ceux des autres langues (français, anglais, russe, allemand, espagnol, langues nationales...) ? Cette décision pourrait être vue comme une forme de favoritisme qui mine les principes d'équité et d'égalité des chances pour tous les citoyens, quelle que soit leur formation académique. Cela d'autant plus que le premier article de la Constitution est sans équivoque : "La langue officielle de la République du Sénégal est le français. Les langues nationales sont le diola, le malinké, le pular, le sérère, le soninké, le wolof et toute autre langue nationale qui sera codifiée". Nulle référence à l’arabe ! Fermez le ban !!!
Un ange traverse le bureau du nouveau ministre de l’Éducation nationale, qui avale un boa sans broncher…. Cette organisation pourrait-elle signifier une ingérence du politique dans des domaines qui devraient plutôt relever de technicités éducatives et religieuses gérées de manière plus neutre et indépendante ?
SCUD final
« Monsieur le président, la laïcité est un pilier de notre République. "La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de race, de sexe, de religion. Elle respecte toutes les croyances.” C'est la raison pour laquelle je vous implore de reconsidérer cette initiative, en veillant à ce que l'administration publique reste un espace de neutralité et d'égalité, conformément aux principes qui ont guidé notre nation jusqu'à ce jour ».
Pour ma part, j’ose espérer que le reste relève juste de l’étourderie et de la confusion entre vitesse et précipitation.
Qu’un Conseil interministériel soit consacré à la préparation de la Tabaski 2024, alors qu’avant la Tabaski, 16 ou 17 juin, selon nos lunes capricieuses et récalcitrantes, il y a le pèlerinage national à Popenguine, ça ne peut relever que de l’étourderie et sera vite corrigé.
Qu’une réunion interministérielle de suivi des engagements du gouvernement dans le cadre de la préparation du pèlerinage à la Mecque, édition 2024, soit évoquée alors que les inscriptions pour le pèlerinage aux lieux saints de la chrétienté sont ouvertes depuis quelques jours, apparemment, le gouvernement n’a pas encore déniché les bons sherpas.
Mais puisque c’est juste une question de CV et que l’air est encore léger, tout cela va s’arranger. Il a l’air tellement sympathique notre président Bassirou Diomaye Faye… Il est certain qu’il a aussi la musique.
C’est à lui de rassurer celles et ceux qui redoutent d’être voilées ou « embabouchés » malgré eux et à l’insu de leur plein gré.
par Moussa Bassel
LE CRÉPUSCULE DE L’EMPIRE FRANÇAIS EN AFRIQUE DE L’OUEST
EXCLUSIF SENEPLUS - L’accession au pouvoir de Diomaye Faye sonne le glas de la stratégie française centrée sur l’influence d'une élite politique favorable à ses intérêts pour la perpétuation de relations désavantageuses aux peuples africains
Le changement de régime au Sénégal vient d’ouvrir une boite de pandore pour la France avec le basculement progressif des pays de son pré-carré vers une doctrine souverainiste aux conséquences économiques significatives. Doctrine dont l’application peut être salvatrice pour les pays de la sous-région et compromettante pour les intérêts de l’ancien colonisateur.
Les élections du 24 mars dernier au Sénégal feront date dans l’histoire des relations entre la France et un de ses piliers ouest-fricains. Les résultats favorables au Pastef (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité) viennent de marquer une rupture de taille dans le sillage des siècles de domination politique, économique et culturelle. Sur le plan politique, le Sénégal a toujours été considéré de l’extérieur comme un laboratoire de stabilité ; image qui cache mal en réalité la longue stratégie française de mise en place et de soutien d’élites politiques sentinelles et protectrices de ses intérêts à travers trois prismes : D’abord celui des accords de coopération mis en place au sortir des indépendances (politiques de défense, politiques économiques et monétaires, gestion des matières premières). Ensuite, un historique documenté dans la mise à l’écart de toute une génération de leaders nationalistes, progressistes, panafricanistes, farouchement opposés au pillage des ressources du continent et adeptes d’une ligne radicale de l’émancipation politico-économique. Enfin, une longue tradition d’eugénisme électoral visant à faire obstruction à la participation des masses populaires au choix de leurs représentants.
Hérité de pratiques coloniales de l’ancienne métropole, cet eugénisme électoral s’est perpétué sous les régimes successifs au Sénégal depuis l’accession à l’indépendance et même bien avant. Il a eu pour noms modifications de la carte administrative, bourrages d’urnes, bureaux de vote fictifs, rétention des cartes d’électeur pour certaines catégories de population jugées hostiles aux régimes en place, emprisonnement d’opposants ou charcutage électoral à l’endroit des primo-votants.
Néanmoins, la capacité du Sénégal à réussir des alternances par la voie des urnes peut s’expliquer en partie par un déclencheur de taille : l’instauration d’un multipartisme intégral par l’adoption de la loi du 6 mai 1981 - une longueur d’avance sur les voisins de la sous-région - qui a vu l’éclosion des partis d’opposition. Les formations politiques ont mené pendant des décennies une lutte sans relâche pour l’adoption d’un code électoral inclusif, transparent, permettant l’expression réelle de la volonté populaire. De nombreux combats ont abouti à engendrer un processus électoral « relativement » robuste qui rend difficile toute possibilité de fraude ou de manipulation des suffrages. Le corollaire dans le subconscient des Sénégalais est l’intériorisation d’une conviction forte qu’aucun pouvoir ne peut résister à leur mobilisation massive dans les urnes. C’est ce qui est au fondement même d’une tradition de luttes pré-électorales émaillées de violences et de pertes en vies humaines. Contrairement donc à un narratif biaisé, les Sénégalais ont souvent payé d’un lourd tribut l’accession au libre choix de leurs dirigeants et à une absence de mainmise extérieure sur le dénouement de leurs processus électoraux.
Par conséquent, si une des cartes maitresses de la France a toujours résidé dans sa capacité d’influence sur une élite politique favorable à ses intérêts pour la perpétuation de relations désavantageuses aux peuples africains, l’accession au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye sonne le glas de cette stratégie. Élément majeur de son domino politique en Afrique subsaharienne, le Sénégal vient de prendre un tournant qui consacre une jeune génération décomplexée, ambitionnant de mettre fin aux relations économiques asymétriques avec la France.
Sur ce plan économique, le Sénégal représente avec la Cote d’Ivoire, un enjeu primordial pour la France. Cette dernière est le premier fournisseur du Sénégal avec une part de marché de 17% des importations. 38% de l’excédent commercial français avec l’UEMOA (Union Monétaire Ouest Africaine) est porté par le Sénégal. Le Sénégal représente 26% des ventes françaises au sein de l’UEMOA et concentre plus de 50% du stock d’investissements directs étrangers Français, sans compter plus d’une centaine d’entreprises françaises implantées sur son sol.
A ce désavantage structurel s’ajoute la question lancinante du franc CFA, arrangement monétaire conclu entre la France et ses anciennes colonies au sortir de la deuxième guerre mondiale, et adossé à une garantie institutionnelle du trésor Français. Les experts en pointent plusieurs éléments néfastes aux économies des zones de prévalence de cette monnaie. Arrimée à une monnaie forte (Euro) elle constitue tout d’abord une subvention pour les importations et une taxe sur les exportations des pays qui l’utilisent. En plombant la production intérieure de biens et services, elle empêche la promotion d’un socle industriel de transformation des produits primaires et confine les pays de la zone Franc dans un rôle de simples pourvoyeurs de matières premières. Par ailleurs, c’est une monnaie qui sert particulièrement les intérêts des investisseurs et entreprises étrangers, leur permettant un rapatriement facile des profits (par le biais de la parité fixe avec l’Euro) sans se soucier de la gestion des fluctuations monétaires et du réexamen des prix sur le marché international. Un autre enjeu de taille pour la France est de pouvoir effectuer l’achat de ses matières premières sans l’entremise des devises étrangères. Les arguments habituels portant sur la stabilité monétaire , la crédibilité internationale, la stabilisation de l’inflation – souvent brandis par les défenseurs du franc CFA – ne peuvent plus faire l’économie (voire la nécessité) pour le Sénégal et les pays de la zone Franc d’un recentrage radical de leurs priorités autour de l’accès au crédit des PME, la relance des productions locales, la création d’emplois pour les jeunes et la création d’une monnaie en adéquation avec ses réalités économiques propres.
La question de la dette constitue un autre écueil auquel devra faire face la nouvelle équipe. Cette dette vient de dépasser les 14 000 milliards de francs CFA (21 milliards d’euros), soit plus de 76 % du PIB en 2023, taux supérieur au seuil de convergence de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), fixé à 70 %. Ces montants ont été alourdis notamment par les investissements massifs dans les infrastructures dans le cadre du Programme Sénégal Emergent et le soutien à l’économie consécutif à la crise du covid et à la guerre en Ukraine.
S’attaquer à ces défis sur le plan économique est une tâche titanesque jamais entreprise par un gouvernement sénégalais compte tenue d’abord du niveau d’endettement abyssal hérité du régime précédent. Ensuite, il suppose de briser le paradigme de la dépendance/subordination économique qui a longtemps prévalu dans les relations avec la France. Confronté à la réalité du pouvoir, la nouvelle équipe pourra s’appuyer sur quatre leviers : une population jeune, dynamique et très réceptive au discours souverainiste porté par le duo Diomaye-Sonko, un contexte sous-régional marqué par la recrudescence d’une volonté de fédéralisme politique (exemple de l’Alliance des Etats du Sahel) dans laquelle le Sénégal peut jouer un rôle moteur - même s’il reste à en définir les contours – et en enfin l’exploitation imminente (en 2024) des ressources gazières et pétrolières qui peut être synonyme de rééquilibrage du ratio entre stock de dette extérieure et revenu des exportations.
Une partie du discours et des promesses de campagne du parti Pastef a consisté à dévoyer le paternalisme politique de la France et l’exploitation économique de son pré-carré en Afrique de l’Ouest. Fort d’un sentiment anti-Français très présent notamment chez les jeunes, il est sans nul doute que la nouvelle équipe matérialisera dans son programme des mesures phares pour l’instauration d’un partenariat « gagnant-gagnant », afin de sortir le pays de la spirale endettement/pauvreté/émigration.
PLAIDOYER POUR QUE LE 26 SEPTEMBRE SOIT DECLARE JOUR FERIE
Le deuxième vice-président de l’association nationale des familles des victimes et rescapés du naufrage le ‘’Joola’’, Cheikhna Keïta, a plaidé, vendredi, pour que le 26 septembre soit déclaré, jour férié au Sénégal.
Dakar, 19 avr (APS) – Le deuxième vice-président de l’association nationale des familles des victimes et rescapés du naufrage le ‘’Joola’’, Cheikhna Keïta, a plaidé, vendredi, pour que le 26 septembre soit déclaré, jour férié au Sénégal.
”Le 11 septembre aux Etats-Unis est un jour férié, mais ici chaque année nous faisons comme si de rien n’était, nous demandons que ce jour-là soit déclaré, un jour férié. C’est important que l’on puisse le porter. Nous demandons à l’Etat du Sénégal de le faire”, a-t-il déclaré lors d’un point de presse en présence de plusieurs membres des familles des victimes du bateau le ”Joola”.
M. Keita a par ailleurs indiqué que leur association veut mettre en place une fondation, demandant à ce que les 6 milliards de francs CFA restant de l’indemnisation des familles, soient reversés à la fondation pour aider les familles des victimes.
”Nous demandons aussi à penser aux membres de l’association, s’il y a des postes à pourvoir au Mémorial musée le bateau le Joola”’, a-t-il fait-valoir.
Malang Badji, président de l’association des rescapés du bateau ”le Joola”, a, annoncé la tenue prochaine d’une assemblée générale de l’Association nationale des familles de victimes et des rescapés.
Le bateau le ”Joola” assurant la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, a fait naufrage, le 26 septembre 2002 aux larges des côtes gambiennes, faisant près de 2000 victimes, dont 64 survivants, selon un bilan officiel.
LE MOTIF DE LA CHUTE DU TOURISME A MATAM
Plusieurs facteurs, dont l’avènement de la pandémie de Covid-19 et la situation sécuritaire dans la sous-région, ont plombé l’activité touristique dans la région de Matam qui compte une quinzaine d’hôtels
Matam, 19 avr (APS) – Plusieurs facteurs, dont l’avènement de la pandémie de Covid-19 et la situation sécuritaire dans la sous-région, ont plombé l’activité touristique dans la région de Matam qui compte une quinzaine d’hôtels, indique le président du Syndicat d’initiative et de tourisme, Ousseynou Fall.
”Depuis l’avènement du Covid-19, nous sommes confrontés à divers problèmes qui ont plombé toute l’activité touristique dans la région. Il y a également la situation dans la sous-région, notamment au Mali avec l’insécurité qui a fait que des zones comme Bakel et Matam ne sont plus fréquentées par les touristes européens”, a expliqué Ousseynou Fall lors d’un entretien avec l’APS.
Selon lui, certains touristes préfèrent aller vers d’autres localités comme Podor que de venir dans la région de Matam. D’ailleurs, il n’existe que deux hôtels dans la capitale régionale : la Résidence du fleuve et le centre d’accueil Bilbassi.
Il déplore l’installation de beaucoup de réceptifs hôteliers à Ourossogui, ”obligeant les personnes en mission dans la région d’y loger et de rallier la commune de Matam pour y tenir leurs activités comme des séminaires et autres”.
‘’Les gens logent parfois en dehors de la capitale régionale malgré eux. Car ils sont obligés de se déplacer jusqu’à Matam pour y tenir leurs activités et rentrer à la fin. Si on avait des hôtels capables de recevoir tout ce monde, ce serait bien. Malheureusement, celui que je gère ne compte que huit chambres’’, a expliqué M. Fall, premier gestionnaire du célèbre hôtel Sogui de Ourossogui.
Ousseynou Fall rappelle que, pour promouvoir le tourisme dans la région, beaucoup de sites et attractions touristiques avaient été répertoriés, avec l’appui d’une structure française dénommée Initiative pour le développement durable (IDD) et basée à Calais, au nord de la France.
Les maisons du Farba et du Diom, le lac de Kanel, le parc zoologique de Ranérou pour attirer des touristes
Les teinturières de Bokidawé, le lac de Kanel, les forgerons et les Laobé de Ogo, les ateliers des potières de Wassacodé Mbayla et le parc zoologique de Ranérou avaient été retenus à cet effet, a-t-il précisé.
‘’Dans la commune de Matam, on avait découvert des sites comme la maison du Farba, au quartier Soubalo, la maison du Diom qui est construite en banco avec une chambrette installée en haut. On se débrouillait avec ces sites que nous faisions découvrir aux touristes que nous envoyaient nos collègues de Saint-Louis’’, se souvient le propriétaire de la Résidence du fleuve, créée en 2006.
Il y a quelques années, rappelle-t-il, le secteur était bien organisé à Matam avec des visites, des sites répertoriés, des ballades sur le fleuve et des parties de chasse dans le Ferlo. Il rappelle qu’une quinzaine de guides avaient été formés dans ce sens.
Le syndicat d’initiative local regroupe la quinzaine d’hôtels de la région ainsi que des restaurants, a-t-il précisé.
Ousseynou Fall souligne que, depuis 2019, le Syndicat d’initiative et de tourisme de la région de Matam s’est affilié à celui de Fatick dans l’espoir de ‘’faire revivre l’activité touristique dans la région’’.
‘’Nous comptons beaucoup sur les nouvelles autorités, notamment le ministre de tutelle qui a promis de venir à Matam pour une visite. Le président du Syndicat national d’initiative et de tourisme, Issa Barro, nous a aussi promis un accompagnement en faisant tout son possible pour relever les défis à Matam’’, a fait savoir l’acteur touristique.
Pour faire revivre le secteur dans la région, Ousseynou Fall, a acquis un site au quartier Halwaar avec l’intention d’y construire un hôtel. Pour l’heure, il dit être à la recherche de partenaires pour réaliser ce projet.
LA CLÉ DE LA STABILITÉ SÉNÉGALAISE
Alors que l'insécurité gangrène le Sahel, comment le Sénégal y échappe-t-il ? Selon l'universitaire Papa Fara Diallo, son secret résiderait dans une politique de dialogue avec ses voisins immédiats
La politique de bon voisinage développée par le Sénégal depuis plusieurs années impacte sur la stabilité du pays et explique qu’il soit épargné jusque-là par les ”menaces” liées à la criminalité transfrontalière, estime l’universitaire Papa Fara Diallo.
“Le Sénégal, dans sa politique étrangère, a toujours développé une diplomatie de bon voisinage. Le Sénégal est réputé être un pays stable”, a dit cet enseignant en science politique à l’université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis.
“Si on a cette stabilité, c’est parce qu’on n’a pas de problème avec nos voisins. Donc, on peut avoir une bonne politique de gouvernance sécuritaire, transfrontalière avec nos voisins”, a déclaré Papa Fara Diallo, dans un entretien avec l’APS.
De l’avis du maître de conférences titulaire en Science politique, le Sénégal a une bonne politique avec ses voisins.
La criminalité transfrontalière et les menaces liées au terrorisme sont “très présentes dans le Sahel mais pour le moment, le Sénégal est épargné. Si on a ça, c’est parce qu’on a une bonne politique de bon voisinage”, a-t-il analysé.
Le Sénégal ne veut plus avoir de problèmes avec ses voisins immédiats, comme lors de la crise de 1989 avec la Mauritanie, qui a failli se transformer en “guerre ouverte” entre les deux pays, a souligné Papa Fara Diallo, maître conférences en science politique.
Le Sénégal doit aussi faire avec les “turbulences” dans sa partie sud, frontalière de la Gambie et de la Guinée-Bissau, avec notamment la question de la rébellion en Casamance. D’où la nécessité de faire en sorte que “les menaces transfrontalières ne puissent pas véritablement avoir un impact au Sénégal”.
Il s’y ajoute qu’avec la Mauritanie, où le président Bassirou Diomaye Faye a effectué jeudi sa première visite hors du territoire sénégalais depuis son installation, “on a un contrat d’unitisation pour l’exploitation du pétrole et du gaz, notamment le projet Grand Tortue Ahmeyim (GTA) que nous partageons 50/50 avec la Mauritanie”.
“Donc, c’est un pays voisin contigu au Sénégal mais qui est un allié stratégique pour l’exploitation du gaz et du pétrole offshore”, a fait observer l’universitaire sénégalais, selon lequel le projet GTA est “le plus important et le plus avancé du Sénégal”, en matière d’hydrocarbures.
Un autre élément à prendre en compte dans l’analyse de cette visite concerne les accords de pêche, a relevé Papa Fara Diallo, en rappelant qu’en 2020, “plus de huit pêcheurs” de Guet-Ndar avaient été tués par les garde-côtes mauritaniens parce qu’ils avaient “violé l’espace maritime d’un pays souverain”.
La Mauritanie applique le repos biologique, qui favorise le renouvellement de la ressource halieutique, “contrairement peut-être au Sénégal”, où la surpêche fait que la ressource “devient de plus en plus rare”.
“On a donné beaucoup de licences de pêche à des bateaux étrangers qui viennent pêcher chez nous. Les pêcheurs sénégalais ont vu leurs débarquements journaliers drastiquement baisser depuis 2014. Donc, ils vont suivre le poisson jusqu’en Mauritanie parce que la Mauritanie applique le repos biologique”, dit-il.
Le Sénégal a aussi besoin de négocier avec la Mauritanie sur les accords de pêche, notamment pour les licences, poursuit-il, pour parler de l’importance de la première sortie officielle du président Faye.