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20 avril 2024
Société
UN BLOGUEUR GUINÉEN EN EXIL FACE AU RISQUE D'EXPULSION
Figure critique du régime guinéen exilée au Sénégal, le jeune activiste Djibril Agi Sylla croupit désormais en prison à Dakar. Ses défenseurs alertent sur les périls d'un refoulement vers Conakry
(SenePlus) - Placé en détention provisoire pour séjour irrégulier, le blogueur guinéen Djibril Agi Sylla risque l'expulsion du Sénégal, affirme RFI. Figure critique du régime guinéen, cette décision judiciaire suscite l'inquiétude de son avocat et des ONG.
Selon la radio, le jeune activiste était convoqué par la justice sénégalaise suite à une plainte pour diffamation et injure publique émanant de l'homme d'affaires KPC. Mais lors de l'audience jeudi, le procureur s'aperçoit que M. Sylla, entré au Sénégal le 9 février 2021, n'a pas de titre de séjour.
Bien que le blogueur affirme avoir déposé une demande d'asile politique, il ne peut le prouver. Placé en détention provisoire, il risque une expulsion vers la Guinée. Son avocat, Maître Amadou Kane, s'inquiète auprès de RFI.
"Étant donné qu'il a fui son pays d'origine par crainte, le droit interdit de le refouler. (...) Nous souhaitons alerter les autorités sénégalaises pour exclure tout refoulement vers son pays d'origine", plaide-t-il, évoquant les risques sécuritaires encourus.
L'affaire doit être examinée mardi par le tribunal de grande instance de Dakar. L'issue judiciaire est suivie de près par les organisations de défense des droits humains, inquiètes du sort réservé à ce critique du régime guinéen au Sénégal.
DÉCÈS DE MBAYE SIDY MBAYE
Figure respectée du journalisme sénégalais, il s'est éteint dans la nuit de samedi à dimanche. L'ancien formateur au Cesti et porte-parole du CORED, laisse le souvenir d'un défenseur des valeurs éthiques de la profession
Le journaliste Mbaye Sidy Mbaye, ancien porte-parole du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie (CORED), est décédé dans la nuit de samedi à dimanche, ont rapporté plusieurs médias.
Le défunt a travaillé à la radio nationale, la RTS, à la radio Walf Fm (privée) avant de devenir formateur au Centre d’étude des sciences et techniques de l’information (Cesti), l’institut de journalisme de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Mbaye Sidy Mbaye a été un temps président de la section sénégalaise de l’Union internationale de la presse francophone (UPF).
VIVES TENSIONS ENTRE TÉHÉRAN ET TEL-AVIV
L'Iran a lancé une attaque de drones contre Israël, franchissant un nouveau palier dans l'escalade des tensions avec son ennemi juré. Cette riposte aux frappes israéliennes en Syrie plonge la région dans l'incertitude quant aux risques d'un embrasement
(SenePlus) - Téhéran a lancé une attaque de drones contre Israël samedi soir depuis son territoire, a annoncé le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari dans une allocution télévisée, comme l'ont confirmé des médias d'Etat iraniens. Cette opération intervient après que l'Iran a promis de "punir" Israël pour une attaque meurtrière sur son consulat à Damas le 1er avril, rapporte l'AFP.
"Nous surveillons la menace dans l'espace aérien", a déclaré M. Hagari, précisant collaborer avec les Etats-Unis et des partenaires régionaux pour intercepter les drones. Israël a dans la foulée fermé son espace aérien par précaution. Le Premier ministre Benyamin Netanyahu a assuré le pays était "prêt à faire face à n'importe quel scénario".
Cet accès de tensions a incité plusieurs pays comme la Jordanie et l'Irak à fermer également leur espace aérien, rapporte Le Monde. La France a enjoint ses ressortissants à ne pas se rendre en Iran, Israël et au Liban.
D'après ce même article, la saisie samedi par l'Iran d'un porte-conteneurs israélien dans le Golfe avait déjà fait craindre une riposte imminente de Téhéran. Signe de l'état d'alerte, l'armée israélienne a fermé les écoles pour deux jours et limité les rassemblements.
Les Etats-Unis ont "fermement" condamné l'acte de "piraterie" iranien et réaffirmé leur "engagement inébranlable" envers Israël, a écrit sur Twitter le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan. Le président Biden a écourté son week-end pour des consultations d'urgence, révèle ce média. Une escalade semble se profiler entre l'Iran et Israël dans ce contexte de vives tensions.
LA DANGEREUSE HUBRIS DES MILITAIRES MALIENS
Depuis presque 4 ans, le Mali est privé de dirigeants élus, tandis que les maux ayant motivé le premier coup d'Etat "n'ont cessé d'empirer". Il y a toujours un risque à vouloir abréger les mandats réguliers, pour se faire la courte-échelle vers le pouvoir
(SenePlus) - La junte au pouvoir au Mali a franchi un cap cette semaine en suspendant les activités des partis politiques et de certaines associations, et en interdisant aux médias de les relayer. Une réaction, selon certains, à l'appel lancé début avril par plus de 80 partis et organisations de la société civile pour la tenue d'une élection présidentielle et la fin de la transition militaire.
"À bien des égards, ces mesures trahissent une certaine fébrilité, au moment où l'on attend de la junte qu'elle fédère, dans le dialogue, les Maliens autour de valeurs", analyse Jean-Baptiste Placca dans un éditorial pour RFI. Depuis presque 4 ans, le Mali est privé de dirigeants élus, tandis que les maux ayant motivé le premier coup d'Etat "n'ont cessé d'empirer".
Une situation qui interroge de nombreux Maliens sur "le sens même de cette transition". L'argument d'un membre du Conseil national de transition selon lequel "la raison d'État prime sur les libertés" sonne comme un aveu accablant. "La plupart réalisent à quel point, au nom des miettes qu'ils recueillent de la mangeoire d'État, certains peuvent renoncer à toute éthique, à tout principe."
Une transition née d'ambitions personnelles ?
Comment en est-on arrivé là ? L'éditorialiste rappelle que la junte d'Assimi Goïta "n'était qu'un troisième larron, venu cueillir un pouvoir déstabilisé" par les manifestations contre IBK. Des acteurs qui les avaient alors soutenus "étaient persuadés que cela leur profiterait personnellement".
"Nombre des acteurs politiques qui avaient alimenté la fronde contre Ibrahim Boubacar Keïta étaient persuadés que cela leur profiterait personnellement. Tous avaient applaudi Assimi Goïta, avant d'en devenir les détracteurs."
Une mise en garde : "Il y a toujours un risque à vouloir abréger les mandats réguliers, pour se faire la courte-échelle vers le pouvoir." Tandis que d'autres, "conscients de ne jamais pouvoir sortir vainqueurs d'élections régulières, préfèrent miser sur des révolutions opportunes".
Répression ou chaos : quel avenir ?
Face à l'intransigeance des militaires, quelle issue ? "À moins d'avoir le courage des Sénégalais, quelques-uns seront arrêtés, et les autres se tiendront plus ou moins cois", prédit J-B Placca. Mais "les troubles peuvent aussi bien reprendre, avec le risque que cela inspire d'autres troisièmes larrons".
La perspective d'élections semble s'éloigner chaque jour davantage. "Il faut du courage, pour, comme le Premier ministre du Mali, annoncer à ses concitoyens qu'il n'y aura d'élection qu'une fois le pays stabilisé. Car, lui-même ne sait pas quand."
Bref, au Mali, "la transition est à durée indéterminée. Les privations diverses le sont déjà, les journées sans électricité aussi, comme certaines libertés. L'heure est donc vraiment propice aux illusions à durée indéterminée !"
DES CLASSES INCLUSIVES POUR LES ÉLÈVES SOURDS ET MALENTENDANTS AU SÉNÉGAL
Dans quelques établissements scolaires du Sénégal, on teste avec succès de nouvelles classes mixtes accueillant élèves sourds et entendants. Une innovation porteuse d'espoir pour la scolarisation de tous
(SenePlus)- Dans certaines classes du Sénégal, les élèves sourds et malentendants étudient désormais aux côtés des autres. C'est le cas à l'école Apix Guinaw Rails Sud, dans la banlieue de Dakar, où Mouhamed Sall suit sa scolarité avec le soutien d'une assistance. Lors d'un cours observé par l'agence Associated Press, ce dernier s'est avancé au tableau noir et a posé rapidement une question en langage des signes à l'assistante. Il a ensuite résolu l'exercice, sous les applaudissements silencieux de ses camarades qui agitaient leurs mains en signe d'appréciation.
Certains élèves de la classe se sont familiarisés avec la langue des signes ces derniers mois pour communiquer avec Mouhamed Sall, qu'ils connaissaient déjà de l'école primaire. "On a appris le langage des signes car on est amis depuis longtemps, ça a été facile", témoigne l'un d'eux, Salane Senghor. Les nouveaux camarades sont curieux et regardent souvent vers l'assistante pour comprendre ce que dit Mouhamed Sall.
Pourtant, l'inclusion scolaire des enfants handicapés reste un défi au Sénégal. Selon l'UNICEF, 60% d'entre eux ne vont pas à l'école, faute notamment de données statistiques fiables. Le pays manque en effet d'une stratégie nationale en la matière, malgré quelques initiatives pionnières comme celle de l'école Apix, soutenue depuis l'an dernier par l'ONG Humanité & Inclusion. Celle-ci finance le recrutement d'assistances maîtrisant la langue des signes dans quatre établissements scolaires pilotes.
"Nous voulons des progrès du gouvernement pour garantir à chaque enfant, quelles que soient ses capacités, l'accès à l'éducation", souligne Sara Poehlman de l'UNICEF. Car dans une région où les frais scolaires pèsent lourd, le programme permet à Mouhamed Sall de suivre sa scolarité gratuitement, après que sa mère a longtemps payé des activités spécialisées coûteuses.
Des initiatives volontaristes émergent pourtant, comme les récentes formations électorales en langue des signes ou le succès de l'équipe nationale sourde de football. Mais la route est encore longue pour une véritable inclusion. Les difficultés persistent pour les familles éloignées des établissements pilotes. Et le niveau élevé en langue des signes des élèves sourds pose problème aux enseignants peu formés.
Pour Jandira Monteiro d'Humanité & Inclusion, une collaboration renforcée entre les ministères de la Santé et de l'Éducation est nécessaire. Afin que chaque enfant puisse, comme Mouhamed Sall, développer pleinement ses talents à l'école, au sein d'une société solidaire.
par Bassirou Dieng
CHAPEAU À BIRAME SOULEYE
Certains parrainages sont une opportunité de capter des ressources. On parraine Massamba ou Mademba et on attend qu’il finance toute votre activité ou vous appuie de manière conséquente pour assurer les charges de votre festivité
Les propos du nouveau ministre des Energies du pétrole et des mines sont sur toutes les lèvres depuis sa déclaration d’après prière de Korité à Thiès. Voilà entre autres ce qu’il a dit : « Nous allons travailler pour le Sénégal, c’est notre priorité. Je le dis ici, dans ce gouvernement, on n’y verra pas quelqu’un parrainer des combats de lutte, baptême ou football. Moi, quiconque me fait parrainer pour un combat de lutte ou un baptême, gâche sa fête ». Quel mal y a-t-il dans ces propos ? Absolument rien ! C’est mon avis !
Monsieur le ministre Birame Souleye Diop n’a fait que dire la vérité. Une vérité crue qui pourrait déranger. Mais une vérité tout de même.
Le grand mal du Sénégal, c’est aussi ça. Se voiler les yeux pour ne pas oser regarder en face la vérité. Quand vous osez mettre les points sur les i et dire publiquement ce qui se dit tout bas, certains viennent vous faire la morale et vous taper dessus.
Birame Souleye Diop a bien raison. Ce Sénégal nouveau que nous voulons tous bâtir doit s’accompagner d’un changement de paradigmes à tous les niveaux notamment au niveau comportemental, de la gestion des deniers publics, du comportement de nos dirigeants envers les populations, du comportement des populations vis-à-vis des autorités, etc. Et les points parmi tant d’autres soulevés par le ministre Birame Souleye Diop font partie des maux qui gangrènent notre société depuis des années. Qu’on le dise ou pas, certains parrainages sont une opportunité de capter des ressources. On parraine Massamba ou Mademba et on attend qu’il finance toute votre activité ou vous appuie de manière conséquente pour assurer les charges de votre festivité. Ça, vous le savez et je le sais.
C’est pourquoi je félicite personnellement le ministre Birame Souleye Diop d’avoir bien osé mettre les points sur les i. Et également d’avoir fait savoir à qui veut l’entendre que nous préférons parrainer le Sénégal que de parrainer un combat de lutte, un match de football ou un baptême. Ceux qui réclament un changement de paradigme à tous les niveaux vont sans doute le féliciter. Car, ceux-là savent bien que faire parrainer un ministre, un DG ou autre, qui n’a que son maigre salaire, et attendre qu’il vous donne des centaines ou milliers de billets de banque, c’est entre autres le pousser à aller puiser dans les caisses de l’Etat. Cette pratique doit cesser. On doit mettre fin à ce business qui enrichit une personne.
Birame Souleye a également bien raison de dire que nous allons parrainer le Sénégal en lieu et place des combats de lutte, baptême ou match de football. Car, en le disant, le nouveau ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines, a inclus la finalité de notre projet de gouvernement qui est de changer le Sénégal à tous les niveaux et de manière systémique. Il faut que ce business, qui a enrichi beaucoup des personnes qui s’accommodent de tous les pouvoirs, prenne fin. Parrainons l'Éducation et la Santé au profit de tous plutôt que d’enrichir des gens qui ont fait leur business de ce réseau pour capter de façon indue des ressources du pays. Et ce sont toujours les mêmes aux basques des DG, ministres, députés de tous les pouvoirs qu’ils tournent le dos dès qu’un changement s’opère.
L'ÉRE DU TOUT-ÉCRAN
Le face-à-face disparaît, englouti par la déferlante numérique. Nos smartphones sont devenus les prothèses d'une société où l'on ne se regarde plus en face
(SenePlus) - Selon le sociologue David Le Breton, professeur à l'Université de Strasbourg, nos sociétés connaissent une profonde mutation dans les modes de communication interpersonnelle. Dans une tribune au journal Le Monde, il déplore la disparition progressive du "face-à-face" au profit d'interactions dématérialisées, vidées de leur substance charnelle.
"Le visage est le centre de gravité de toute conversation", souligne-t-il. Plus qu'un simple échange de paroles, le face-à-face instaure "un principe de considération mutuelle" basé sur la réciprocité des regards et de l'attention portée à l'autre. "On supporte mal celui qui ne nous regarde pas en face en s'adressant à nous", rappelle le sociologue.
Pourtant, ce lien charnel tend à se distendre. "Aujourd'hui, dans maintes interactions ou sur les trottoirs des villes, les visages deviennent rares, le plus souvent absorbés par l'écran du smartphone". Une "hypnose sans fin" qui rend aveugle à son environnement immédiat et indifférent à l'autre. "Une société spectrale où, même devant les autres ou dans les rues, les yeux sont souvent baissés sur l'écran".
Des "communications sans visage"
M. Le Breton déplore cette omniprésence des écrans qui engendre des "communications sans visage, sans présence". Un monde "sans chair" où la parole se vide de sa substance, une "humanité assise" coupée de sa sensorialité.
"Les réseaux sociaux sont sans visage, contrairement à la parole du quotidien", affirme-t-il. Ils deviennent des "mondes de masques" où l'anonymat "autorise le harcèlement, les insultes, les menaces". Des "paroles sans visage, sans possibilité de vérification" dans un vaste "carnaval" fait de multiples identités factices.
La fragmentation du lien social
Cette désincarnation de la parole entraîne une profonde fragmentation du lien social selon le chercheur. "Chacun devient une monade, centré sur lui-même et son éventuelle communauté d'intérêt. La chose publique disparaît."
Plus gravement encore, ces nouveaux modes de communication favorisent l'indifférence à autrui. "Nous sommes de moins en moins ensemble, mais de plus en plus côte à côte, dans la fragmentation, les yeux rivés sur nos écrans, sans plus nous regarder", déplore David Le Breton.
Dans ce contexte, le visage humain connaît une véritable mutation, passant du "lieu sacré du rapport à l'autre" à un simple "élément parmi d'autres d'un corps qui a de moins en moins d'importance dans la relation à autrui". Une évolution préoccupante selon le sociologue, qui voit dans cette disparition progressive des visages le signe d'un délitement du lien social et de "la disparition de la chose publique".
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RÉINVENTER LA DIFFUSION DES SAVOIRS
L'enseignement public sénégalais se dégrade au profit du privé, miné par un système déconnecté des réalités culturelles africaines. L'école reproduit un "roman national" orienté, gommant les voix dissidentes et le rôle des femmes dans l'histoire
Dans le cadre de la série "Où va le Sénégal ?", animée par Florian Bobin, chercheur en Histoire à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, un riche échange à eu lieu autour de l'éducation populaire, du rôle des intellectuels et artistes dans la démocratisation des espaces culturels. Zoubida Fall, auteure et animatrice de podcast, l'artiste-graffeur Madzoo TRK et l'universitaire Saliou Diop ont apporté leurs éclairages.
Le constat est sans appel : l'enseignement public sénégalais se dégrade au profit du privé, miné par un système déconnecté des réalités culturelles africaines. L'école reproduit un "roman national" orienté, gommant les voix dissidentes et le rôle des femmes dans l'histoire. Face à cette vision convenue, les intervenants impliquent un regard décapant.
En réinscrivant dans l'espace public, via différents médias, des figures et récits historiques marginalisés, ils œuvrent pour une « éducation populaire ». Les fresques monumentales de Madzoo TRK rendent visibles des personnalités comme Frantz Fanon ou Amílcar Cabral. Le podcast "Conversations féminines" de Zoubida Fall amplifie les voix féminines trop souvent inaudibles. Saliou Diop, par ses recherches, désinstitutionnalise la pensée du philosophe Cheikh Anta Diop.
Leurs pratiques créent ainsi de nouveaux espaces culturels décentralisés, ancrés dans le quotidien populaire. Mais le combat est de taille face au manque de soutien étatique aux voix alternatives, contraignant à l'auto-organisation et aux financements étrangers.
Dans une société où la culture officielle reproduit les schémas jacobins en concentrant les ressources dans la capitale, ces artistes et intellectuels engagés inventent d'autres modalités de transmission. Une renaissance culturelle et politique par le bas, qui se jouera peut-être de la capacité à "se raconter librement".
D’après un rapport de la Fao, de l’Unicef et du Pam, 55 millions de personnes seraient dans cette situation en Afrique de l’Ouest et du Centre dont 500 000 personnes au Sénégal.
Bés Bi le Jour |
Amadou BARRY & Malick SY |
Publication 13/04/2024
Les mois prochains risquent d’être vécus durement par une partie de la population sénégalaise. D’après un rapport de la Fao, de l’Unicef et du Pam, 55 millions de personnes seraient dans cette situation en Afrique de l’Ouest et du Centre dont 500 000 personnes au Sénégal. Une situation qui interpelle le régime de Diomaye Faye qui devra faire face, comme Macky Sall en 2012 avec 800 000 Sénégalais sous la menace de l’insécurité alimentaire.
Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le gouvernement. Un rapport conjoint du Pam (Programme alimentaire mondial), de la Fao (Fonds des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation) de l’Unicef (Fonds des Nations Unies pour l’enfance), publié ce 12 avril 2024, fait état de «500 000 personnes menacées d’insécurité alimentaire au Sénégal». Au-delà, en Afrique de l’Ouest et du Centre, près de 55 millions de personnes auront du mal à se nourrir pendant la période de soudure, de juin à août de cette année, s’inquiètent ces trois organismes spécialisés des Nations Unies. Qui notent que ce chiffre représentant «une augmentation de 4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire par rapport aux prévisions de novembre dernier». Une situation d’incertitude qui s’ajoute à la description faite par le nouveau régime. Le chef de l’Etat a déclaré avoir trouvé une «situation déplorable», lors de sa rencontre avec la coalition Diomaye Président au King Fahd Palace. Alors que le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, a évoqué, selon Walfnet, une «situation difficile» que les populations devraient vivre.
Le syndrome de 2012 avec Macky Sall
Cette situation rappelle celle de 2012. Le Président Macky Sall, nouvellement élu, s’est heurté à un premier problème : 800 000 Sénégalais menacés de famine d’insécurité alimentaire dans certains départements du Sénégal. Il en fera une priorité en sollicitant les partenaires financiers. «Je lance un appel à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux pour soutenir nos efforts de mise en place d’un programme d’urgence visant à assister les zones rurales touchées par le déficit alimentaire», avait-il déclaré dans son premier message à la Nation du 3 avril 2012. Lors de sa toute première visite officielle qu’il avait réservée à la France, le Président Sall évoquait parmi les urgences, cette question. Paris avait libéré 80 milliards de FCFA au titre de l’aide bilatérale.
«La vulnérabilité des pays qui ont leur propre monnaie»
Pour remédier à ce spectre d’insécurité alimentaire, Martin Naindouba Djerandodje, expert régional Fao, déclare que «la Fao encourage l’Etat du Sénégal à mieux travailler avec le secteur privé pour mieux investir dans l’agriculture», soulignant que la situation est «beaucoup plus préoccupante dans d’autres pays de la région, notamment dans le sahel». Il ajoute : «Chaque année, la situation va de mal en pis. Lorsque nous avons fait la première analyse en novembre, le nombre de populations en insécurité alimentaire était autour de 49 millions. Maintenant, c’est 55 millions, y compris bien sûr les chiffres de la Centre Afrique». Il renseigne que «l’autre enseignement du rapport, c’est la vulnérabilité de certains pays de la sousrégion qui ont leur propre monnaie». Un débat qui concerne le Sénégal aussi, puisque les nouveaux dirigeants ont prévu dans leur programme une monnaie nationale, même si la question reste suspendue à une réflexion plus approfondie.
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UNE HISTOIRE DE L'IMPÉRIALISME ÉLECTORAL EN FRANÇAFRIQUE
Après «Une histoire du franc CFA », Ndongo et Fanny retrempent leurs plumes pour nous raconter «Une histoire de l’impérialisme électoral en Françafrique » . Découvrez le nouvel ouvrage de deux complices intellectuels : un chercheur et une journaliste
Après le succès inattendu de leur premier ouvrage sur le franc CFA, intitulé «L’arme invisible de la Françafrique : une histoire du franc CFA», l’économiste Ndongo Samba Sylla et sa complice intellectuelle, la journaliste française Fanny Pigeaud, se sont emparés d’une autre thématique en rapport avec la domination de l’Afrique, la démocratie avec ses farces de vraies-fausses élections comme c’est fréquent dans beaucoup de pays d’Afrique.
Les deux auteurs viennent de faire paraître «De la démocratie en Françafrique : une histoire de l’impérialisme électoral ». Ce nouveau livre fait écho au précédent dédié au franc CFA dans lequel ils se sont attelés à rendre intelligible toute la problématique de la monnaie aux Africains.
Il est disponible en librairie depuis quelque temps et en attendant la ceremonie de dedicace dans quelques semaines, Ndongo Samba Sylla nous donne un petit aprecu de leur nouvel ouvrage et ainsi que ce qui a motive la production de cet ouvrage.