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28 mars 2024
Société
Par Danièle DARLAN
L’ESPOIR
Un nouveau président de la République a été élu à l’issue d’élections jugées libres et transparentes, encore une fois le peuple sénégalais a fait la démonstration de sa maturité, et de son sens de la République
Les événements qui se sont déroulés au Sénégal ces dernières semaines ont tenu en haleine l’Afrique entière et en particulier l’Afrique francophone : l’avenir de la démocratie au Sénégal était en train de se jouer et malheureusement certains ont souhaité la voir chuter et même disparaitre afin qu’elle ne soit pas un «mauvais exemple» pour les régimes autoritaires qui souhaitent s’affranchir de ce qui est pour eux un obstacle à leurs intérêts : la démocratie !
Beaucoup d’autres, en revanche, et j’en étais, ont tremblé de voir le Sénégal, terre d’exemple en la matière, reculer et peut être même chuter ! C’était sans compter sur le Peuple sénégalais et surtout son Conseil Constitutionnel qui ont joué pleinement leur rôle et ont préservé la démocratie au Sénégal.
Un nouveau Président de la République a été élu à l’issue d’élections jugées libres et transparentes, encore une fois le peuple sénégalais a fait la démonstration de sa maturité, et de son sens de la République.
Le Président élu, a trois missions principales : il est garant de l’unité nationale et de l’intégrité du territoire ; il a une mission de protection des populations ; il veille au respect de la Constitution, tout ceci sous l’œil vigilant du Peuple et de ses Représentants. Ce qui s’est passé au Sénégal est source de fierté mais aussi de leçons pour l’Afrique mais par dessus tout, source d’espoir pour l’Afrique. La première leçon est l’importance de la culture démocratique dans un Etat, le peuple sénégalais en a fait la démonstration ; il a fait la démonstration de son attachement aux principes démocratiques, de son attachement à son pays le Sénégal, et de sa maturité. La deuxième leçon est l’importance de la justice. Une justice indépendante est le cœur de la démocratie ; sans justice, sans respect des textes et en particulier de la Loi Fondamentale, la démocratie est une coquille vide : le Conseil Constitutionnel sénégalais a rempli cette exigence d’indépendance et a ainsi rempli sa mission. La troisième leçon est l’importance d’une Institution constitutionnelle forte mais également d’Hommes forts au sein de cette Institution, forts dans le sens noble du terme c’est-à-dire, des hommes et des femmes courageux, compétents, intègres et dotés d’une grande sagesse. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on a coutume d’appeler les membres des juridictions constitutionnelles «les Sages» !
Par-dessus tout, ce qui s’est passé au Sénégal, est source d’ESPOIR pour tous les peuples Africains afin que ceux-ci s’approprient leur souveraineté et comprennent ainsi que les pouvoirs que détiennent leurs dirigeants n’ont qu’une source en démocratie : le mandat que leurs peuples leur ont donné, de gérer et administrer l’Etat en leur nom et selon leur volonté exprimée dans la Constitution. Et c’est pour cette raison qu’ils ont institué un gardien chargé de veiller au respect des termes de ce mandat: la Juridiction Constitutionnelle.
Bravo au peuple sénégalais et à son Conseil Constitutionnel, nous en sommes fiers !
DANS LA MAJORITÉ, LES PREMIERS CRAQUEMENTS SE FONT JOUR
Défait pour la première fois après plus d'une décennie au pouvoir, le camp présidentiel sénégalais doit désormais faire son examen de conscience. Derrière l'union affichée, des dissensions éclatent déjà au grand jour et un début de règlement de comptes...
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 27/03/2024
La victoire surprise de l'opposant Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle marque le début d'une période d'introspection et de remise en question pour le camp au pouvoir, selon plusieurs analystes interrogés par l'AFP.
Déjà, au siège de l'Alliance pour la République (APR), le parti du président Macky Sall, "l'ambiance était à la fin de règne" lorsque le candidat malheureux Amadou Ba est venu féliciter le vainqueur lundi, rapporte l'agence. "Certains militants, à mots couverts, mettaient en cause l'intouchable président Macky Sall et son investissement moindre dans la campagne", note l'AFP.
Ces critiques se font plus virulentes dans la presse. "Macky Sall a sacrifié ceux qui étaient avec lui depuis 2008", déplore dans Le Quotidien Moustapha Diakhaté, ancien proche du chef de l'État. Pour lui, "Macky Sall a torpillé la carrière de milliers de militants".
Le porte-parole de la coalition présidentielle BBY, Pape Mahawa Diouf, invoque de son côté "le manque de sérénité" lié à la défaite et assure que le "moment de laver le linge" viendra "tranquillement". Mais les analystes évoquent déjà les prémices d'un règlement de comptes.
Selon El Hadji Mamadou Mbaye, chercheur interrogé par l'AFP, "les choses étaient pliées" depuis la mise en cause judiciaire de l'opposant Ousmane Sonko en 2021. Cette affaire a exposé les tensions au sein du camp présidentiel.
Autre erreur majeure pointée du doigt : le choix du candidat Amadou Ba qui a "peu charismatique, peu politique" et souffert des dissidences au sein de sa propre majorité.
Au-delà des tensions entourant la succession de Macky Sall, c'est bien le bilan global de 12 ans à la tête du pays qui est sanctionné, avec un rejet des inégalités et des violations des droits humains lors des dernières années troubles.
L'heure semble donc venue pour le camp présidentiel de tirer les leçons de cette cuisante défaite, ouvrant une période de questionnements internes qui risque d'exacerber les luttes intestines.
par Arona Oumar Kane
LE DEVOIR D'INGRATITUDE
EXCLUSIF SENEPLUS - La gratitude politique, si naturelle soit-elle, ne saurait justifier la reconduction de personnalités dont la présence au sein du prochain gouvernement contredirait l'esprit même de cette élection
Le président élu Bassirou Diomaye Faye va succéder à M. Macky Sall au sommet de l'Etat le 2 avril prochain. Cette élection est avant tout la victoire de l'intelligence stratégique d'un parti et surtout d'un leader qui a su contourner les manœuvres du pouvoir pour le mettre hors course et garder des chances de conserver le pouvoir. C'est aussi une victoire portée par une large coalition de mouvements et de personnalités, aussi vaste que composite.
Cette alliance, soudée dans l'urgence d'un changement, regroupe cependant des figures de proue des précédents régimes, certaines incarnant les travers et les échecs que les électeurs ont massivement rejetés ce dimanche 24 mars 2024. Ainsi se pose la question de l'attitude que doit avoir le nouveau président vis-à-vis de ces soutiens encombrants.
L'élection de Diomaye Faye symbolise un désir profond de renouvellement au sein de la société sénégalaise. Les citoyens aspirent à une gouvernance débarrassée des pratiques obsolètes et corrompues qui ont longtemps entravé le développement du pays. Ils ont voté pour une rupture, non seulement avec les méthodes du passé, mais également avec les figures qui les incarnent. Dans ce contexte, la gratitude politique, si naturelle soit-elle, ne saurait justifier la reconduction de personnalités dont la présence au sein du nouveau gouvernement contredirait l'esprit même de cette élection.
Le président Diomaye Faye se trouve donc face à un impératif moral : celui de "trahir" les attentes de ceux qui, bien qu'ayant contribué à la construction de sa victoire, ne représentent pas le changement plébiscité.
Bien au contraire, des figures comme Aida Mbodj et Habib Sy, respectivement ministres dans les gouvernements Diouf et Wade, pour ne citer que les plus en vue, mais aussi Moussa Diop ou Lansana Gagny, tous deux d'anciens DG sous Macky Sall, devront être écartés de toute possibilité d'exercer quelque fonction que ce soit au sein de la haute administration sous le nouveau président, ne serait-ce que pour le symbole.
Cette ingratitude, loin d'être une faute, enverrait un signal fort au peuple sénégalais en particulier et à la classe politique dans son ensemble. Un signal qui indique clairement que le choix des membres du nouveau gouvernement et la nomination aux fonctions civiles doivent se faire selon des critères de compétence, d'intégrité et de dévouement à la cause publique, en écartant toute considération de loyauté politique, y compris vis-à-vis de militants, sympathisants ou alliés de la première heure.
Hormis le cas des responsables politiques de premier plan qui gravitent autour de la mouvance Diomaye Président, il y a aussi les militants de base des groupements de femmes et de jeunes, les bouillants activistes de la diaspora ou des associations de la société civile, dont certains nourris aux pratiques politiciennes honnies des anciens régimes. Ceux-là doivent également voir leurs attentes de recevoir des subsides et autres passe-droits, en guise de récompense pour leur implication, déçues par le nouveau président qui devra expliquer clairement, après les avoir remerciés pour leur mobilisation, que sa priorité sera de travailler à améliorer concrètement leurs conditions de vie pour que soit rompu définitivement le triptyque "je te soutiens, tu gagnes, tu me récompenses".
Cette logique de partage de butin explique à elle seule le fait que plus de 51% du budget de la nation soit consacré aux dépenses de fonctionnement, ce qui est une aberration pour un pays de 18 millions d'habitants dont seulement 1% sont des agents du secteur public. Les milliers de milliards de FCFA que représente cette incroyable proportion, issus de nos impôts, de nos ressources naturelles mais aussi d'un endettement irrationnel, sert en partie à alimenter l'entretien d'une caste de privilégiés qui se sont accaparés les ressources du pays, au détriment de la majorité de la population obligée de se débrouiller dans l'informel pour subsister.
Les dignitaires connectés qui ont reçu le candidat Diomaye Faye ou M. Ousmane Sonko, en son nom, devront se passer des camions de vivres du Ramadan, des mini-cheptels pour les grands événements, des enveloppes de liquide, des moutons de tabaski, 4X4, largesses foncières sur le domaine publique national, billets d'avion et devises pour les pèlerinages, oumra et autres accomplissements d'acte de dévotion, devenus une monnaie d'échange très en vogue auprès de la clientèle.
Les amis, membres de famille et alliés de personnes proches du nouveau pouvoir et qui pensent déjà à s'improviser fournisseurs de biens et de services en tous genres pour capter une part des centaines de milliards de marchés publics, devront ronger leurs freins. Ils devront apprendre à résister aux pressions familiales et communautaires de ceux qui leur expliquent que c'est maintenant leur tour de profiter et qu'ils le méritent du fait de la volonté divine.
Certes, l'exercice s'annonce délicat. Il implique de naviguer entre les écueils de la politique réelle, où alliances et compromis sont souvent nécessaires, ceux des "réalités" d'une société accoutumée et abreuvée à la corruption de masse devenue une norme sociale, et la volonté de rompre radicalement avec les pratiques d'un ancien monde que les électeurs ont massivement voies.
Mais il en va de la crédibilité du nouveau régime. En choisissant délibérément de se démarquer des figures et des comportements du passé, le président Faye ne trahirait pas seulement des individus dont les intérêts peuvent diverger de l'objectif de développement que ses électeurs lui ont assignés, mais il resterait fidèle à un idéal défendu par un mouvement populaire qui l'a porté au sommet et à un mandat confié par un peuple avide de changements et de progrès.
Ce devoir d'ingratitude ne doit pas être perçu uniquement comme une négation de la politique traditionnelle, mais aussi comme l'affirmation d'une nouvelle éthique de gouvernance, où les responsabilités sont attribuées sur la base de la valeur ajoutée pour le pays, et non selon des calculs politiciens et des réflexes de préservation d'un ordre établi qui n'est plus tenable. En assumant cette posture, le président Diomaye Faye enverrait un signal fort, non seulement à ses concitoyens mais aussi à la scène internationale, affirmant ainsi à la face du monde que le Sénégal entre résolument dans une ère de transparence, d'efficacité et d'équité dans la gestion des affaires publiques, qui pourrait inspirer et contribuer à faire sortir le continent tout entier de l'ornière. L'histoire retiendra peut-être ce moment comme celui où un leader aura osé défier les codes non écrits de la politique sénégalaise pour rester fidèle aux aspirations de son peuple. Il s'agira, pour paraphraser une formule célèbre, de réduire la politique à sa plus noble expression.
M. Bassirou Diomaye Faye a une chance exceptionnelle de redéfinir les contours du pouvoir au Sénégal et de transformer notre pays radicalement, réussissant là où ses prédécesseurs ont échoué. Il aura besoin pour cela de puiser, dans la sagesse et le courage, les ressources spirituelles et morales nécessaires pour embrasser ce devoir d'ingratitude, une "trahison légitime" pour le plus grand bien du peuple sénégalais.
POUR LE MONDE, LE SCRUTIN AU SÉNÉGAL ENVOIE UN MESSAGE AUX CHEFS D'ÉTAT TENTÉS PAR L'AUTORITARISME
Selon un quotidien français, l'élection de Diomaye Faye revêt une portée dépassant largement le cadre national. En sanctionnant les dérives du pouvoir, les urnes envoient à en croire le journal, un signal fort rappelant les limites à ne pas franchir
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 27/03/2024
Dans son éditorial du 26 mars, Le Monde analyse l'élection présidentielle sénégalaise comme représentant "à la fois une victoire, un coup de tonnerre et un avertissement".
Certes, la victoire de l'opposant Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour constitue une "belle surprise démocratique", soulignant la solidité du processus électoral sénégalais. Cependant, ce résultat sonne avant tout comme un avertissement sévère pour le pouvoir en place.
En effet, selon Le Monde, ce scrutin marque la défaite du "candidat de la majorité sortante" face à un opposant "décrit comme un substitut", alors que le favori Sonko était empêché de se présenter. Cela démontre le rejet clair des politiques menées par le président Macky Sall.
Or, ce dernier est directement mis en cause pour avoir tenté de "s'accrocher indûment à son siège", multipliant les "manœuvres destinées à museler les opposants". Le journal souligne qu'il apparaît ainsi comme un "artisan de la défaite de son camp".
Au-delà du Sénégal, cet avertissement s'adresse aux autres dirigeants africains tentés par les dérives autocratiques. Il prouve que les urnes peuvent sanctionner de telles dérives et "renverser la table".
Cette élection majeure lance donc un message sans appel : les pouvoirs en place devront désormais composer avec des oppositions décomplexées et des populations résolues à faire entendre leur voix par les voies démocratiques.
par Sokhna Maguette Sidibé et Aminata Grace
FATOU SOW SARR A TOUT WHIPPIN
EXCLUSIF SENEPLUS - Elle brosse fièrement le sujet des régimes matrimoniaux, négligeant honteusement les rapports d’oppressions que peuvent charrier ces cultures qu’elle semble défendre devant l’élargissement des libertés homosexuelles
Sokhna Maguette Sidibé et Aminata Grace |
Publication 27/03/2024
« La polygamie, la monogamie, la polyandrie sont des modèles matrimoniaux déterminés par l'histoire et la culture de chaque peuple. Ces modèles sont aujourd'hui concurrencés par les mariages homosexuels. » 1.
Voilà le tweet de Professeure Fatou Sow Sarr, en réponse à une journaliste qui voulait entrer en contact avec elle pour un article au sujet de la polygamie au Sénégal.
La TL221 n’y a vu que du feu, l'acclamation à base de « réponse clinique », « citation de sociologie » entre autres expressions pour dire qu’elle a cloué le clapet à l’Occident par le truchement de la journaliste.
D’autres en revanche, plus prompts à s‘exercer à la réflexion - quoique le tweet n’en nécessitait pas tant par son absurdité à peine dissimulée - ont soulevé, heureusement pour le salut de la civilisation humaine l’ineptie que la sociologue a réussi à concentrer dans si peu de mots.
D’ailleurs, elle fait la prouesse de comparer régime matrimonial et sexualité comme si elle n’était pas au courant des homosexuels monogames, polygames… Elle est décevante à bien des égards mais l’on ne saurait guère lui reprocher son ignorance. En revanche, son génie manipulateur a été de susciter les fibres de tous les gardiens de « nos fameuses valeurs » par la mention des mariages homosexuels. Elle sait ce qu’elle fait, elle les convoque par une haine fédératrice pour esquiver les questions sur la polygamie ou devrait-on dire les problèmes de la polygamie.
Cette professeure qui ne s’embarrasse d’aucune rigueur intellectuelle ne nous donne point beaucoup de matière à débat mais on ne s’abaisserait à son niveau de laxisme, de légèreté et de vacuité intellectuelle. Elle brosse fièrement le sujet de ces régimes matrimoniaux, en fait des constructions historiques et culturelles figées, en négligeant honteusement les rapports d’inégalités, d’oppressions que peuvent charrier ces cultures qu’elle semble défendre devant l’élargissement des libertés homosexuelles.
La polygamie a été utilisée dans la société patriarcale comme moyen de domination des femmes, et pour maintenir aussi leur statut de propriété privée des hommes et d’objets interchangeables.
Venons-en au mariage traditionnel qui historiquement, était aussi un moyen de contrôler les femmes en les rendant dépendantes financièrement et affectivement de leurs maris, limitant leur autonomie, et contribuant aussi à cette perpétuation des rôles genrés, renforçant les attentes selon lesquelles les femmes doivent se consacrer exclusivement à leur mari et à leur famille. Ce qui nie toute aspiration personnelle à se définir autrement qu’à travers ces rôles préétablis par la société.
La polygamie, la monogamie, la polyhandrie sont des modèles matrimoniaux déterminés par l'histoire et la culture de chaque peuple. Ces modèles sont aujourd'hui concurrencés par les mariages homosexuels. https://t.co/2zDACgjptH
J’axe l’argumentaire sur le Sénégal, la polyandrie ? Êtes-vous sérieuse en faisant de tels raccourcis ? L’honnêteté intellectuelle aurait dû vous interdire de la mentionner à cause de sa rareté actuelle, et même à supposer que ce système soit répandu, vous ne pouvez ignorer les inégalités de pouvoir dans un monde capitaliste où les hommes exerceraient un contrôle autant sur les ressources du ménage que sur la femme.
Mais encore, le mariage homosexuel étant criminalisé au Sénégal, devons-nous comprendre que vous faites une comparaison entre l’Afrique (ici le Sénégal) et l’Occident ? Car la suite de vos tweets le suggère « Ma pensée profondément est que l’occident n’a aucune légitimité pour juger nos cultures. » 2 Il est très déstabilisant de vous voir tenir ce discours aliéné quand dans vos propres écrits vous soutenez mordicus que le système patriarcal, dont la polygamie est importée par les religions chrétiennes et musulmanes. Dissimuler l’homosexualité en Afrique a été une posture adoptée par les anthropologues occidentaux : « Dans la préface de leur livre « Boy - Wives and Female Husbands. Studies of African Homosexualities », Murray et Roscoe rappellent ainsi que les historiens et anthropologues occidentaux occultèrent longtemps la présence de pratiques homosexuelles en Afrique, nourrissant ainsi, explicitement ou implicitement, l’idée que ces dernières furent importées dans ces régions par des non-Africains (Arabes, Européens). »3
Peut-être qu’il est temps de décoloniser vos recherches, non ? Ok. Comme vous voulez glisser sur le terrain populiste, la rigueur intellectuelle qui vous sied voudrait que vous incluiez aussi dans « nos cultures » l’homosexualité, qu’importe la lecture binaire (qui encore une fois est une influence occidentale que vous fustigez) ou non binaire que l’on pourrait en faire (l’historicité du terme « goor-djigenn » homme-femme dans la langue wolof pratiquement non genrée mérite une prise de connaissance de votre part).
Et encore une fois, quel est le lien entre la question posée par cette journaliste et votre réponse qui emmène l’homosexualité sur la table ? La paresse voudrait que l’on vous étiquette homophobe sans plus. Mais nous n’en restons pas là. Cette démarche de ramener l’homosexualité toujours dans le débat pour alimenter l’actualité 4, dans ce contexte est une panique, servant de prétexte pour taire une autre panique. L’ironie (très amère) est que cela vienne d’une féministe.
Ici vous trouvez un bouc émissaire sexuel pour faire diversion sur un autre sujet qui va venir sur la scène internationale, à savoir le statut polygame de notre nouveau président. Vous ne pouvez esquiver ce phénomène. Pour citer vos propres mots : « Aujourd’hui, il y a un contexte où toucher à l’homosexualité prend une tournure particulière dans ce pays », des propos tenus après le sacre de l’écrivain Mouhamed Mbougar Sarr au Goncourt, où nous avons tous assisté à une vague d’homophobie. Dois-je continuer ?
En effet, c’est une posture adoptée dans les différentes vagues homophobes au Sénégal : « Une différence frappante (en comparaison avec le Cameroun par exemple) est qu'en dépit de la criminalisation de l'homosexualité dans la loi sénégalaise, le gouvernement du pays est intervenu contre des violences homophobes [38]. La notion de cultural anger (colère culturelle) développée par Gilbert Herdt [39] permet de mieux comprendre le cas sénégalais.
Dans l'introduction de son livre sur les « paniques sexuelles », l'auteur identifie le mécanisme par lequel une panique en engendre une autre : « C'est ce processus général que je désigne par le terme de colère culturelle la coalition de différentes émotions, relevant de domaines et arènes d'action dispersés, dans le but d'unir des individus et des groupes dans la poursuite politique d'un ennemi commun ou d'un bouc émissaire sexuel [40] » ».5
Je vous renvoie à cet article susmentionné qui expose aussi « une opposition radicale entre une Afrique homophobe et un occident tolérant »6, une posture qui à ma grande surprise n’est pas nouvelle dans vos prises de paroles, alors que l’homophobie est loin d’être spécifique à l’Afrique, de même que l’homosexualité ne l’est à l’Occident. Rien de mieux que les ressentiments post-coloniaux.
Cette question de la polygamie arrive à point nommé au Sénégal, notre nouveau président est polygame. Rien que par son existence et son statut actuel, il est un symbole d’encouragement pour tous les hommes musulmans et les hommes chrétiens qui souhaitent même dans la plaisanterie qu’on élargisse les droits de disposer de plusieurs femmes. Le droit et le décret divin de trahir une compagne sous des prétextes perfides. Encore une fois, la religion reste brandie, c’est le totem d’immunité contre toutes critiques (blasphèmes diraient-ils) pour encourager les femmes dans l’obéissance servile parce que le paradis (l’ultime blague) est entre les mains de leur mari… La polygamie rappelons-le n’est en aucun cas une obligation ni un devoir dans le coran.
La polygamie demeure la menace au fond de la gorge de tous les hommes sénégalais. Ils n’ont guère besoin de la prononcer. Les femmes, elles savent tout de même qu’elle est là, omniprésente prête à bondir de son trou pour construire à jamais un monstre entre elles et leur estime de soi, entre elles et leur quiétude intérieure que donne l’assurance de savoir l’être aimé à soi uniquement.
L’actualité aujourd’hui devrait être l’impact d’avoir un homme polygame au pouvoir sur la société. Le débat est en train d’être évité. Faites mieux, madame.
Sokhna Maguette Sidibé est féministe radicale.
Amina Grace est féministe radicale.
Notes :
*Définition du terme « Whippin » : On dit que quelqu’un a tout Whippin signifie qu’il mélange tout
1 « La polygamie, la monogamie, la polyandrie sont des modèles matrimoniaux déterminés par l'histoire et la culture de chaque peuple. Ces modèles sont aujourd'hui concurrencés par les mariages homosexuels. » @FatouSowSarr1, Twitter (nouvellement X), 26/03/2024
Le tweet auquel elle répond : « @FatouSowSarr1 Bonjour Madame, je suis journaliste pour @CausetteLeMag et souhaiterais vous joindre pour un article au sujet de la polygamie au Sénégal. Vous serait-il possible de me suivre afin que je puisse vous écrire en MP ? Un grand merci par avance » @AnnaCuxac, Twitter (nouvellement X), 26/03/2024
2 « Ma pensée profondément est que l'occident n'a aucune légitimité pour juger de nos cultures. » @FatouSowSarr1, Twitter (nouvellement X), 26/03/2024
3 Aminata Cécile Mbaye « Les discours sur l’homosexualité au Sénégal. L’analyse d’une lutte représentationnelle », Thèse de doctorat, sous la direction de Dr. Ute FENDLER, Université de Bayreuth, 2016, P.16.
4 Aminata Cécile Mbaye « Les discours sur l’homosexualité au Sénégal. L’analyse d’une lutte représentationnelle », Thèse de doctorat, sous la direction de Dr. Ute FENDLER, Université de Bayreuth, 2016, Chapitre 3 : « L’homosexualité au Sénégal : la création d’une actualité »
5 Awondo, P., Geschiere, P. & Reid, G. (2013). Une Afrique homophobe : Sur quelques trajectoires de politisation de l'homosexualité : Cameroun, Ouganda, Sénégal et Afrique du Sud. Raisons politiques, 49, 95-118. https://doi.org/10.3917/rai.049.0095
6 Awondo, P., Geschiere, P. & Reid, G. (2013). Une Afrique homophobe : Sur quelques trajectoires de politisation de l'homosexualité : Cameroun, Ouganda, Sénégal et Afrique du Sud. Raisons politiques, 49, 95-118. https://doi.org/10.3917/rai.049.0095
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LYCÉE DEMBA DIOP, LES NOTES DE L'ÉLÈVE DIOMAYE ET LE TÉMOIGNAGE DU PROVISEUR
Des notes brillantes, un élève sérieux et travailleur. Ce sont les traces laissées par Bassirou Diomaye Diakhar Faye dans les annales de son Lycée à Mbour.
iGFM - (Dakar) Des notes brillantes, un élève sérieux et travailleur. Ce sont les traces laissées par Bassirou Diomaye Diakhar Faye dans les annales du Lycée Demba Diop de Mbour.
MORT DE MOUHAMED DIOP, LA POLICE DE PIKINE ATTAQUÉE APRÈS L'INHUMATION DU DÉFUNT
Après l’inhumation de ce jeune homme, suite à son arrestation, des jeunes ont attaqué le commissariat de Pikine. Ils ont barré la route, cassé des véhicules et brûlé un bus Dakar Dem Dikk.
Des heurts ont éclaté ce mercredi à Pikine. Après la mort et l’inhumation d’un jeune homme du nom de de Mouhamed Diop dit Taya à Pikine, suite à son arrestation, des jeunes ont attaqué le commissariat de Pikine. Ils ont barré la route, cassé des véhicules et brûlé un bus Dakar Dem Dikk.
Le certificat de genre de mort, suite à l’autopsie de «Ameth Taya» conclut que le décès est dû «aux complications métaboliques et hémodynamique d’un polytraumatisme avec fractures déplacées des arcs postérieur de la 4e et 9e côtés, contusion pulmonaire et légion fessière avec infiltration hémorragique importante, traumatisme du coude gauche. Par ailleurs on note de multiples abrasions cutanées et une tuberculose pulmonaire évolutive».
DIOMAYE FAYE RÉCOLTE 54,28% DES VOIX
L’opposant est déclaré vainqueur de la présidentielle par la Commission nationale de recensement des votes, loin devant son challenger Amadou Ba crédité de 35, 79 %. Les résultats officiels et définitifs sont attendus du Conseil constitutionnel
L’opposant Bassirou Diomaye Diakhar Faye, 44 ans, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 24 mars avec 54, 28 % par la Commission nationale de recensement des votes qui a proclamé mercredi les résultats provisoires du scrutin.
Le candidat du pouvoir sortant, Amadou Ba, est arrivé deuxième du scrutin avec un score de 35, 79 % , d’après les résultats de la Commission nationale de recensement des votes qui siégeait à la Cour d’appel de Dakar.
Les résultats officiels et définitifs de l’élection présidentielle seront publiés dans les prochains jours par le Conseil constitutionnel.
Cette étape sera suivie par la prestation de serment du président élu et la passation officielle du pouvoir avec le chef de l’Etat sortant, Macky Sall, dont le mandat s’achève le 2 avril.
Plus de 7, 3 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes dimanche pour élire un cinquième président de la République. Dix-neuf candidats étaient en lice.
La Commission nationale de recensement des votes a avancé un taux provisoire de participation de 61, 30 %
LE FRANC CFA, LENTE AGONIE SOUS L'IMPULSION DU SÉNÉGAL
Fort de sa victoire électorale, Bassirou Diomaye Faye souhaite se faire le porte-voix régional de ceux désirant rompre avec le CFA, mais dans une approche prudente
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 27/03/2024
Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a fait de l'abandon du franc CFA un cheval de bataille de sa campagne électorale. Une promesse forte auprès de l'opinion publique de son pays, mais qu'il entend mener de manière prudente, comme l'analyse RFI.
Rupture des derniers liens avec l'ancienne puissance coloniale, retrouvaille de la souveraineté monétaire, le débat autour d'une sortie du franc CFA agite l'Afrique de l'Ouest depuis des décennies. Porté par la jeunesse du continent, il s'agit d'un sujet très populaire, symbole d'émancipation post-coloniale.
Cependant, un divorce brutal avec cette monnaie commune à huit pays pourrait avoir de lourdes conséquences économiques, fait valoir RFI. Il risquerait de précipiter le Sénégal dans une crise financière et de faire fuir les investisseurs, un scénario dont le pays n'a pas besoin pour son développement. Même les trois pays dirigés par des juntes militaires et en rupture avec la Cédéao hésitent pour l'instant à franchir le pas.
Fort de sa victoire électorale, Bassirou Diomaye Faye souhaite pourtant se faire le porte-voix régional de ceux désirant rompre avec le CFA, analyse la radio internationale. Mais à l'image des autres dirigeants africains, il prône une approche prudente. Il veut d'abord se concerter avec les autres pays concernés par la future monnaie commune ouest-africaine, l'éco.
Cet éco, dont la mise en circulation est prévue pour 2027 par la réforme de 2020, doit remplacer le franc CFA selon un processus s'inscrivant dans la durée, plusieurs décennies de discussions étant nécessaires pour y parvenir. Le Sénégal n'envisagerait l'option d'une monnaie nationale que si les conditions de convergence régionale ne sont pas réunies à l'échéance, a indiqué à RFI l'économiste Cheikh Fatma Diop, qui a coordonné le programme du parti présidentiel Pastef.
Préalablement, le pays devra assainir ses finances, renégocier sa dette, rééquilibrer son commerce extérieur et constituer des réserves pour garantir cette future devise. Un processus de plusieurs années, le temps de réunir les garanties nécessaires à une sortie maîtrisée du franc CFA selon l'analyse prudente privilégiée par le nouveau chef d'État sénégalais.
Avec la réforme de 2020, le contrôle français sur la monnaie commune ouest-africaine a quasiment disparu. Seul subsiste le nom du franc CFA, désormais symbole encombrant pour certains pays cherchant davantage d'autonomie sur la scène régionale et internationale. Le Sénégal de Bassirou Diomaye Faye pourrait bien devenir, par une sortie progressive et concertée, la tête de pont de l'abandon de cette monnaie post-coloniale en Afrique de l'Ouest.
L'AUTRE DEFI DES FEMMES DE L'ARMEE
L’association des pionnières de la police sénégalaise (APPS) souhaite consolider les acquis obtenus par la Police nationale depuis l’intégration des femmes en son sein, en coachant les jeunes policières
Dakar, 27 mars (APS) – L’association des pionnières de la police sénégalaise (APPS) souhaite consolider les acquis obtenus par la Police nationale depuis l’intégration des femmes en son sein, en coachant les jeunes policières, a indiqué, mercredi, sa secrétaire générale, Coumba Ngouille Thiam.
‘’Le travail des femmes au sein des forces de défense et de sécurité est un acquis à consolider. C’est pourquoi l’APPS est là pour essayer de coacher les plus jeunes, pour qu’elles fassent mieux que nous’’, a-t-elle déclaré.
Mme Thiam s’exprimait lors d’un atelier axé sur le Thème ”Importance du rôle des femmes dans les activités des FDS : perspectives et impacts”. Cette rencontre entre dans le cadre de la commémoration de la journée internationale des droits des femmes, organisée en présence du directeur de l’Ecole nationale de police et de représentantes d’autres corps en uniforme.
Cet atelier a pour objectif de montrer l’importance du rôle des femmes dans les activités des FDS à travers un partage d’expérience à l’édification de la paix et de la sécurité intérieure.
A la retraitée depuis quelques années, Mme Thiam a précisé qu’il s’agissait, à travers cette association, de venir en appui à la jeunesse, dans le cadre d’ un mentorat et un partage d’expériences.
‘’Nous voulons discuter de nos expériences avec nos benjamines, car chacune d’entre nous ici a eu à faire aussi bien sur le plan national qu’international, des missions hautement appréciées par les les Nations unies ainsi que nos autorités sénégalaises’’, a-t-elle soutenu.
Pour elle, les neuf premières femmes qui ont intégré le corps de la police en 1981, ont apporté ”une touche particulière” dans le métier, à travers la palpation ou la fouille corporelle des femmes, le rassemblement des éléments constitutifs sur les violences basées sur le genre, etc.
‘’Il est important d’accueillir les femmes victimes de violences, par une femme qui sait le faire et qui sait mieux mettre sur son épaule une autre femme’’, a-t-elle estimé.
Mme Thiam s’est félicitée de l’appel à la paix lancé au cours d’une randonnée pédestre qu’elles ont organisée avant la tenue de l’élection présidentielle.
‘’Nous avions vécu des situations extraordinaires que nous ne voulions pas voir au Sénégal. Aujourd’hui, nous nous réjouissons de pouvoir organiser cette activité dans la paix et la sérénité’’, a-t-elle fait valoir.