«LES FORCES DE L’ORDRE DOIVENT RESPECTER LE PROTOCOLE D’INTERVENTION»
De l’avis du commissaire Boubacar Sadio, toute intervention des forces de l’ordre doit au préalable obéir à un protocole bien défini.
De l’avis du commissaire Boubacar Sadio, toute intervention des forces de l’ordre doit au préalable obéir à un protocole bien défini. Et non à une volonté de vouloir démanteler un parti politique et de museler des gens qui sont prompts à intervenir dans les réseaux sociaux et la presse.
«On a l’impression qu’il y a une chasse aux sorcières ou une volonté de démantèlement d’un parti politique et de musellement des gens qui sont reconnus comme étant prompts à intervenir dans les réseaux sociaux et la presse ».
C’est la conviction de l’ancien commissaire de Police, Boubacar Sadio, qui fustige l’attitude des forces de l’ordre face aux multiples arrestations notées ces derniers jours et qui se font sans une convocation au préalable.« Si le citoyen est régulièrement domicilié, on doit lui remettre une convocation», souligne-t-il.
A l’en croire, toute arrestation qui n’entre pas dans le cadre des flagrants délits doit impérativement être précédée d’une convocation. A fortiori, si le principal concerné est régulièrement domicilié. «Il faut d’abord lui envoyer une convocation et lui donner l’opportunité d’aller répondre dans les locaux du commissariat. Et sur la base d’indices dont on dispose, on peut procéder à son arrestation ainsi qu’à sa garde-à-vue en prenant le soin d’en informer le maître de la police ou le directeur de la police judiciaire à savoir le procureur», explique le commissaire Boubacar Sadio.
«Par conséquent, le fait venir de force défoncer la porte d’un citoyen pour lui demander de vous suivre manu militari, c’est exagéré», dénonce l’officier de police à la retraite. «On a l’impression qu’il y a une volonté de trouver une pensée unique, de poser une certaine volonté sur le reste de la population et ce n’est pas une bonne chose», fustige-t-il.
A propos des violentes manifestations notées au lendemain de la convocation avortée de Ousmane Sonko par la Section de Recherche de la Gendarmerie, le commissaire Boubacar Sadio déclare : «D’emblée, on ne peux pas dire qu’elles sont normales ou non. Mais en tant qu’ancien commissaire de police, je sais que cela peut entrer dans le cours normal de l’évolution des choses dans la mesure où la police était sur une piste objective avec des indications très précises. Jusqu’à preuve du contraire, je pense que cela entre dans le cadre d’une enquête».
Cela dit, il n’a pas manqué de déplorer les arrestations tous azimuts des militants du Pasteef ou d’activistes. «Le droit de manifester est un droit constitutionnel» Sur un autre registre, il déplore les nombreuses interdictions des manifestations. «On ne peut pas interdire aux populations de manifester parce que c’est un droit constitutionnel», clame-t-il en indiquant que les pouvoirs doivent s’adapter à la marche du temps et être les premiers à respecter la constitution. Il demande qu’on laisse les gens manifester, d’autant que la liberté d’expression est garantie par la constitution.
Seulement, commissaire Boubacar Sadio invite les manifestants à éviter trois formes de violences pour gagner en crédibilité. Il leur demande en effet de respecter les biens publics, les biens des personnes privés etc. «Tout comme il est demandé aux forces de l’ordre de respecter le protocole d’intervention et d’éviter de brutaliser les gens, de les mater etjusqu’à ce que mort s’en suive même. Cela est interdit et anormal dans un Etat de Droit », rappelle-t-il.
A l’en croire, les excès sont notés de part et d’autre. «Car autant les citoyens doivent respecter et reconnaître aux policiers leurs devoirs, autant il y a des excès du côté des manifestants, ainsi que de la provocation même au niveau des forces de l’ordre», dit-il.