L’OPPOSITION DISCREDITE LA JUSTICE
Les députés de l’opposition ont dressé un sévère réquisitoire contre la gestion de la Justice. C’était hier, mercredi 2 décembre, lors du vote du projet de budget du ministère de la Justice.
Les députés de l’opposition ont dressé un sévère réquisitoire contre la gestion de la Justice. C’était hier, mercredi 2 décembre, lors du vote du projet de budget du ministère de la Justice.
Les députés de l’opposition pensent que la justice n’est pas équitable dans ses rapports avec les citoyens. Selon Cheikh Abdou Mbacké, elle coûte cher au contribuable sénégalais et n’a comme objectif que la condamnation d’opposants.
Pour le député Woré Sarr, le fait que Mansour Faye, l’actuel ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, n’a pas été inquiété, après sa déclaration disant qu’il ne répondra pas à l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), traduit une justice à double vitesse. Elle revient ainsi sur la condamnation de Karim Wade par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) et de son exil au Qatar. Cheikh Bamba Dièye, quant à lui, juge que les dernières années ont démontré, avec aisance, une instabilité dans la justice, surtout si l’on considère le traitement réservé aux hommes politiques.
A son avis, il faut que la justice soit équidistante, pour l’équilibre du pays. L’Etat devrait savoir raison-garder dans le dossier du président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums), Souleymane Téliko. Moustapha Guirassy, lui, parle d’une politisation du pouvoir judiciaire et d’une judiciarisation du pouvoir politique. Le fait que des magistrats soient nommés et qu’on leur confie des postes politiques est une entorse à la bonne marche de l’institution judiciaire. Les juges ne doivent pas non plus occuper les fonctions en relation avec des commissions d’enquête ou des tribunaux créés juste pour satisfaire une clientèle politique, dit Moustapha Guirassy. Pour lui, le dossier du président de l’Ums, Souleymane Téliko, est un signal fort du problème qui sévit dans le secteur. Il est le signe d’un manque de démocratie qui, en plus du manque de justice, commence à se faire sentir dans d’autres sphères, pense-t-il, tout en soutenant que c’est un fait qui peut mener à une instabilité.
Toussaint Manga dénonce, en ce qui le concerne, une volonté du Garde des Sceaux, Me Malick Sall de museler la justice. «Les dossiers du président du Tribunal de Podor, Ngor Diop, le dossier du président Souleymane Téliko, le cas du magistrat Samba Ndiaye Seck et celui de Yaya Amadou Dia, démontrent tous que vous avez l’intention manifeste de museler la justice», a-t-il dit.
Pour Mamadou Diop Decroix, la justice est en crise et la perception qu’a l’opinion de la justice est négative. En atteste le déballage qu’il y a eu entre le magistrat Ngor Diop et Yaya Amadou Dia. Le pouvoir politique utilise les faiblesses de la justice pour mieux maîtriser le secteur ; ce qui est source de problème, estime-t-il. Il soutient, par ailleurs, que les gouvernements africains ont tendance à utiliser la justice, mais il faudra travailler pour faire de sorte que la justice soit une institution pour les gouvernants.
Le droit de réserve qui est requis des magistrats pour les faire taire sur des affaires jugées graves est inacceptable, selon le parlementaire. Le président du Groupe parlementaire «Liberté et Démocratie», Serigne Cheikh Mbacké, abonde dans le même sens que ses collègues. Pour lui, les partisans du régime accusés de détournement ne sont jamais inquiétés. Pendant ce temps, un magistrat ayant servi à la condamnation de Karim Wade et de Khalifa Ababacar Sall est promu. Il faisait référence au ministre de l’Intérieur et la Sécurité publique, Antoine Félix Diome.