UNE PIROGUE SÉNÉGALAISE COUPÉE EN DEUX PAR UN NAVIRE CHINOIS
Accident maritime au large de Bouffoutte en Gambie, Bilan : trois morts et deux rescapés. Les Chinois ont tenté de prendre la fuite
La rude concurrence des bateaux de pêches étrangers se poursuit. Non seulement ces navires, qui bénéficient pour la plupart de licences de pêches délivrées par nos autorités, pillent nos ressources halieutiques mais encore ils installent une insécurité permanente en haute mer, au grand dam de nos pêcheurs qui ont de frêles embarcations. D’ailleurs, il n’est pas rare que des accidents tragiques se passent en haute mer et soient passés dans la rubrique des pertes et profits. Des accidents dont les victimes sont toujours sénégalaises. C’est ainsi que le vendredi 24 juin dernier, une embarcation sénégalaise a été encore victime d’un tragique « accident » au large de Bouffoute, dans les eaux gambiennes. Selon des informations dignes de foi, un navire battant pavillon chinois au non Hu Yang Yu (98-90) a percuté et scindé en deux ce jour-là une pirogue sénégalaise contenant cinq pêcheurs. Les trois sont ainsi morts sur le coup.
Le navire chinois ne s’est pas pour autant arrêté pour porter assistance aux naufragés, poursuivant tranquillement son chemin. Il a fallu l’énergique intervention de l’observateur gambien, Oumar Mané, pour contraindre l’équipage chinois à rebrousser chemin et secourir le malheureux équipage de la pirogue sénégalaise. Ainsi, le navire chinois a pu récupérer deux des corps sans vie dont celui d’un nommé Abdourahmane Ndour de Bargny ainsi que deux rescapés. Quant au troisième mort, celui de Mamadou Faye, habitant de Yène, il est resté introuvable. Une partie de la pirogue découpée en deux du fait de la violence du choc a été également remorquée vers le port de Banjul. Les corps et les rescapés également ont été transportés dans la capitale gambienne.
Pour les besoins de l’enquête, le bateau chinois est toujours retenu au port de Banjul.
Pour Pape Ibrahima Diaw, président de l’Union nationale des mareyeurs du Sénégal (UNAMS) et mandataire national de «And Suxali napu Sénégal », qui est au chevet des rescapés et suit le dossier auprès des autorités gambiennes, « cela fait des années que cette situation d’insécurité dure sans que les autorités étatiques ne réagissent. Nous ne cessons de dénoncer ces agressions des grands navires, sans succès.
Depuis deux ans, nous interpellons le ministre de la Pêche sur le listing des bateaux autorisés à pêcher dans nos eaux en vain. Et nous savons qu’il y a des bateaux qui disposent de licences de pêche et que les autorités cachent. Nous n’avons pas besoin du nombre de bateaux disposant de licences mais du listing en ce sens que tous les bateaux de pêche sont immatriculés avec des cartes grises et un manifeste déterminant les zones dans lesquelles ils peuvent pêcher. Ce sont ces mêmes bateaux, chinois et coréens, qu’on nous cache qui font ces agressions et nous n’allons pas continuer de subir ces agressions sans rien faire. A Nouadhibou, en Mauritanie, une de nos pirogues a été victime du même genre d’accident avec 9 morts. Heureusement que les autorités de ce pays ont traqué et interpellé l’équipage coupable.
A Lompoul, nous avons traqué un capitaine de bateau chinois qui coupait nos filets et récupérait notre pêche, en haute mer, pour le mettre à la disposition du préfet. Depuis, aucune nouvelle de ce capitaine. Nous n’avons plus de nouvelles et ne savons ce qu’il est advenu de lui », regrette notre interlocuteur.