«JE PENSE DEJA A MONTER SUR LE PODIUM AUX CHAMPIONNATS DU MONDE»
Le monde du judo sénégalais pourrait bien donner à Mbagnick Ndiaye « l’homme du 27 avril ».
Après 23 ans de diète, le judoka a fini, ce jour-là, par offrir au Sénégal la consécration avec cette médaille d’or décrochée haut la main dans la catégories des lourds des championnats d’Afrique de Cap town en Afrique du Sud. Une belle embellie pour la discipline mais aussi pour le judoka sénégalais de 25 ans. Le précieux métal au cou, le champion d’ Afrique revient sur cet exploit qui lui ouvre de bonnes perspectives, notamment pour les prochaines échéances. Avec en ligne de mire les championnats du monde et les Jeux olympiques de 2020 qui restent aujourd’hui ses défis majeurs.
Le judo sénégalais a attendu pendant ces 23 ans années et c’est vous qui offrez au Sénégal la médaille d’or à ces championnats d’Afrique. Comment appréciez-vous cette consécration ?
Je suis heureux et très honoré d’avoir ramené cette médaille tant attendue. Cela faisait longtemps que le Sénégal n’avait pas obtenu de médailles d’or chez les hommes
Il vous a fallu plusieurs tentatives pour arriver à cet objectif ?
J’ai participé à cinq championnats d’Afrique. J’ai déjà obtenu deux médailles de bronze, deux médailles d’argent et une médaille d’or. La cinquième compétition à Cap Town a été la bonne
Qui est Mbagnick Ndiaye ?
J’ai 25 ans et plus de 100 kg et j’ai commencé le judo à l’âge de 7 ans en l’an 2000 au dojo Momar Dieng avec l’appui et l’aide de feu Me Amara Dabo. C’est lui qui m’a fait aimer le judo en venant me chercher. J’étais très jeune et en voyant mon gabarit, il m’a dit que je ne suis pas fait pour le football et il a parlé à mes parents.
Cette victoire en finale des 100 kg n’a pas été facile à réaliser. Comment l’avezvous préparé ?
Au début, c’était très difficile parce que le niveau africain est très élevé. Dans ma catégorie, on trouve des champions du monde et des vice-champions olympiques. Au début ce n’est pas facile mais j’ai travaillé et cru en mois. Finalement, cela a payé
Votre adversaire en finale, c’est un combattant que vous connaissiez bien ?
Je le connaissais puisque je l’ai battu deux fois. Les championnats d’Afrique, c’est une compétition à part. Quand on vient sur le tapis, on n’imagine pas l’adversaire en se disant comment il va venir et comment il s’est préparé. Même si les vidéos que l’on a visionnées, nous aident à le faire
Lorsque vous êtes monté sur le tatami, cette longue période de disette du judo sénégalais avait sans doute rejailli dans votre esprit ?
J’ai d’abord pensé à moi avant de penser à autre chose. Penser à ces 23 ans de diète, peut causer des stress et tu peux facilement sortir du combat. J’ai cru en moi et j’ai attaqué mon adversaire et j’ai réglé l’affaire en 40 secondes
Avec quel mouvement avezvous conclu cette victoire ?
Avec un osoto gari.
Est-ce que l’on peut parler de supériorité ou une suprématie du judo maghrébin ? Est-ce que aujourd’hui, on peut renverser la tendance ?
C’est possible. Mais il faudra mettre plus de moyens car les Maghrébins mettent beaucoup de moyens. Ce n’est pas le cas pour nous. Voyager, c’est déjà difficile pour nous. C’est souvent des problèmes. Il faut beaucoup d’argent et ces pays du Nord y mettent beaucoup. Pour rivaliser avec eux, voire les dépasser, il faut mettre le paquet et beaucoup d’argent
Les perspectives pour le judo sénégalais, ce sont, sans doute, les championnats du monde et les jeux olympiques 2020
La prochaine étape, ce sont les Jeux africains qui se dérouleront au Maroc et les championnats du monde. L’objectif pour le Sénégal c’est d’avoir au moins deux ou trois qualifiés pour les jeux olympiques de 2020 à Tokyo. Déjà, moi, je suis dans la bonne voie et j’espère que les autres frères vont se qualifier. C’est cela l’objectif. Nous allons nous rendre en France pour préparer les championnats du monde qui auront lieu au Japon en fin août. J’espère cela va bien se dérouler.
Quel est aujourd’hui votre défi majeur ?
J’ai fait deux fois les championnats du monde. Pour les objectifs, je pense déjà à monter sur le podium aux championnats du monde. Il n’y a maintenant que le travail qui peut m’y amener. Je vais bosser tout en espérant y parvenir
Est-ce que le judo peut compter sur vous pour offrir au Sénégal une médaille olympique en judo ?
Je m’entraîne pour cela et c’est un de mes objectifs majeurs. Les dirigeants m’aident pour y arriver. Maintenant, je croise les doigts
Je ne pourrais vous le dire. Même moi, je n’ai pas compris et j’ai du mal à le comprendre. Peut être cela est dû à un manque de moyens
Est-ce qu’au niveau des anciens judokas, vous bénéficiez d’un soutien. Ne serait ce que pour vous faire bénéficier de leurs riches expériences et même leurs échecs ?
Quand je monte sur le tatami, je reçois le message des anciens. Ils me soutiennent tous les jours. Je peux parler de Karim Seck qui a été mon coach national et il m’a toujours soutenu. Si je suis arrivé à ce niveau, c’est grâce à lui. Ainsi que beaucoup d’anciens comme l’ancien directeur technique national, Me Alassane Thioub qui m’a prodigué beaucoup de conseils. Il y des hommes comme Me Moussa Sall, qui est un entraineur de club. Un homme qui a beaucoup fait pour moi. Je veux dire que beaucoup d’anciens étaient derrière moi.
Quels sont vos besoins pour atteindre maintenant le très haut niveau, à savoir mondial ?
Déjà, le Comité national olympique sportif sénégalais (Cnoss) m’accordé une bourse et je le remercie. Mais ce n’est pas assez et il faut beaucoup d’autres moyens. Dans le privé aussi, il faut que les sponsors viennent. Nous combattons partout dans le monde et nous pouvons porter leurs images et elles peuvent aller très loin. Je lance également un appel au Président de la République pour qu’il nous vienne en aide.
Votre médaille d’or peut sans doute constituer une opportunité pour porter le déclic et booster le judo sénégalais ?
Après la médaille d’or, il faut se préparer pour une médaille mondiale et la médaille olympique. Il faut le préparer dés maintenant et ne pas attendre l’approche des Jeux olympiques. C’est maintenant qu’il faut mettre les moyens pour espérer une médaille olympique.
Il y a les Jeux olympiques de la jeunesse ( JOJ) que Dakar va accueillir…
C’est déjà bien de les accueillir.
Votre prochaine étape et tournoi, ce sera où ?
En mi- juillet, nous nous rendrons à Budapest en Hongrie. Je reviendrai à Dakar pour préparer les Jeux Africains prévus au Maroc
Rrecueillis par Omar DIAW