PAPE GUEYE, LE GENTIL GEANT
L'OM doit permettre à ce joueur talentueux de seulement 21 ans d'accélérer sa progression. Un nouveau défi qu'il aborde avec sérieux et l'envie de franchir un palier.
L'OM doit permettre à ce joueur talentueux de seulement 21 ans d'accélérer sa progression. Un nouveau défi qu'il aborde avec sérieux et l'envie de franchir un palier.
Boubacar Kamara est tout heureux. Non seulement l'OM vient de recruter un joueur appelé à évoluer en sentinelle devant la défense, lui qui a si souvent dépanné à ce poste-là la saison dernière, mais celui-ci est en plus l'un de ses potes de la génération 1999. Le minot de la Soude s'est rapproché de Pape Guèye dans les rangs des équipes de France U18 et U19 couvées par Bernard Diomède. Une belle génération peuplée par les Lafont, Zagadou, Diaby et autres... Cuisance, qui était également dans le viseur d'André Villas-Boas et ce, depuis l'hiver dernier.
Pas facile pour Guèye de se faire une place au sein de ces escouades quand on évolue seulement avec un pensionnaire de Ligue 2, quand bien même Le Havre, son port d'attache depuis ses 13 ans, figure parmi les meilleurs centres de formation de l'Hexagone.
L'OM doit lui permettre d'accélérer sa progression. « L'OM, c'est un bon choix, une bonne étape », évalue Johann Louvel, ancien directeur de la pouponnière du club doyen qui a dirigé Guèye en équipe réserve. «Je trouve toujours dommage qu'un garçon parte à l'étranger directement, après son club formateur. À Marseille, des garçons vont l'encadrer, lui apporter leur expérience. Il va avoir besoin d'un temps d'adaptation, mais il est très intelligent, ce qui va lui permettre de très vite franchir le cap. L'OM va aussi forger son caractère», a-t-il ajouté. Une constante dans le parcours de celui qui découvrira l'élite sous les couleurs ciel et blanches et non pas à Watford.
Le natif de Montreuil a longtemps eu tendance à se reposer sur son seul talent. «Quand il était en classe foot en 6e-5e, je l'ai bougé assez souvent », rembobine Philippe Lemaître, son éducateur au Blanc-Mesnil, en région parisienne, de ses 6 ans jusqu'à son départ pour la Normandie. «Il était un peu nonchalant, je lui demandais de combattre ce trait de sa personnalité. Le talent ne doit pas être une fin. Chez nous, il jouait en 10. Son pied gauche, c'était déjà une main. On sentait qu'il y avait un petit truc», renseigne Lemaître.
Le Havre a flairé la bonne affaire et jeté son dévolu sur lui. «C’est un super gamin qui a reçu une bonne éducation. Le papa ne rigolait pas », poursuit Lemaître. Le joueur d'origine sénégalaise ne connaîtra pas de hic au HAC.
Sur le terrain, sa patte gauche subtile enchante les siens et martyrise ses adversaires. «Il était très sérieux, très doué pour son âge et avait notamment une qualité de passe impressionnante, aussi bien dans le jeu court que le jeu long », décrypte Louvel. « Il s'est très bien adapté au Havre, était très apprécié de ses copains et l'équipe encadrante car il était très sociable, doté d'une gentillesse naturelle. « Un trait de sa personnalité qui a trop tendance à se répercuter sur le pré», ajoute-t-il.
Ses entraîneurs le poussent dans ses retranchements pour que cette gentillesse s'efface, pour que le doux récupérateur se mue en harceleur permanent. « Il était très discret, ne faisait pas de vague», reprend Louvel. «En plus d'améliorer sa vitesse gestuelle, le travail consistait à ouvrir sa personnalité, à le rendre plus agressif. Je l'ai beaucoup piqué à l'entraînement pour le mettre en colère et gagner en niaque, je ne l'ai jamais mis dans le confort.
À force de le provoquer et quand il a compris que c'était pour son bien, il a assimilé et commencé à s'imposer », détaille l'ancien directeur de la pouponnière du club doyen qui a dirigé Guèye en équipe réserve. Il a gagné des galons jusqu'à devenir un pilier du Havre et l'un des vice-capitaines du groupe façonné par Paul Le Guen. Le tout à seulement 21 ans.
Le voilà au pied d'un nouveau défi, d'une nouvelle ampleur. Il l'aborde avec le sérieux qui le caractérise et l'envie de franchir un palier. Mais pas que. « Sa nonchalance est aussi une force car il n'a jamais la pression et joue tranquille. Son détachement va lui servir», prédit Philippe Lemaître.
Source : La Provence