«IL N’Y A PAS DE DIALOGUE POSSIBLE AVEC LES TERRORISTES»
MACKY SALL A L’OUVERTURE DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LA PAIX
Le chef de l’Etat n’est pas d’avis qu’il faille discuter avec les organisations terroristes islamistes. Pour lui, ces gens sont des «‘saï-saï’ ne connaissent pas la religion» et avec qui «il est impossible de discuter».
Le président de la République qui s’exprimait, hier, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la Conférence internationale sur la paix mondiale dont le thème portait sur la : «Contribution de l’islam pour l’avènement d’une paix mondiale durable», a écarté toute possibilité de dialogue avec les terroristes. Pour Macky Sall, il n’est pas possible de discuter avec des terroristes.
«Si on voit des problèmes qui surgissent, il faut se prémunir, d’autant plus que nous vivons dans un espace de libre circulation. Ce qui se passe actuellement au Nigeria, on n'aurait jamais pensé que cela puisse se produire en Afrique de l’Ouest. Il faut y prendre garde. Mais on ne peut pas avoir peur de la mort, parce que un jour ou l’autre, la mort nous frappera», a d’abord indiqué le chef de l’Etat en ouvrant cette Conférence initiée par la communauté niassène, à travers la «Jamhiyatu Ansaaru-Dîn», une association qui regroupe les disciples de Cheikh Al Islam Baye Niasse.
«Ces ‘saï-saï’ ne connaissent pas la religion»
Puis, il a soutenu que ces gens véhiculent une mauvaise image de l’islam ne vivent que de la drogue et des rançons lors des prises d’otages. Avant d’ajouter : «Ces ‘saï-saï’ ne connaissent pas la religion. Ils sont là pour salir l’image de l’islam. Si vous devez discutez, vous discutez avec des gens qui ont le sens de l’écoute. Que ce soit clair, il n’y a pas de dialogue possible avec les terroristes. Ce n’est pas possible».
Selon le président de la République, il faut renforcer la sécurisation de nos frontières pour que, dit-il: «On puisse sécuriser la population, sécuriser le pays afin que la paix et l’harmonie puissent régner». Et s’agissant de la peur qui planent sur les populations par rapport au terrorisme, Macky Sall de préciser : «Certains pensent que si vous parlez du terrorisme, ils vont vous attaquez. Mais détrompez vous. Ils sont partout, peut-être qu’ils n’ont pas encore les moyens de nous attaquer. Nous devons surveiller les mosquées, les cohabitations...».
«Nous ne devrions avoir peur que de Dieu et pas d’aucune autre créature»
«Personne ne peut dicter une personne sa façon de pratiquer l’islam. Ce n’est pas cela l’islam. Le Prophète (Psl) n’a contraint personne à entrer dans l’islam. Je ne vois pas qui d’autre doit avoir cette attitude. Nous ne devrions avoir peur que de Dieu et pas d’aucune autre créature».
Pour lui, des extrémistes s’acharnent à prendre la religion à contre avis et d’autres s’entêtent dans une islamophobie tout aussi répugnante qui nourrit la peur du musulman. Mais, estime le chef de l’Etat «les Sénégalais sont de bons pratiquants, c’est donc cet islam de paix, et social que nous devons préserver pour que cela puisse s’étendre dans le monde».
A en croire le chef de l’Etat, «l’islam se veut une religion du juste milieu et de la paix. Et la paix, selon l’islam, c’est la justice sociale et la solidarité. «Voilà pourquoi, renchérit-il, je souhaite que le Sénégal de tous soit le Sénégal de pour tous, pour une société plus juste et plus solidaire. C’est tout le sens des politiques novatrices que j’ai engagées comme la Couverture maladie universelle (Cmu), la Carte d’égalité des chances, les Bourses de sécurité sociale et le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc)».
Pr Kane : «Le grand djihad est celui de l’âme»
De son côté, la représentante de la Fondation Carter, Daniela Taylor, a interpellé les experts et les universitaires qui participent à cette Conférence à la production d’une déclaration de Dakar ponctuée par des résolutions qui visent à apaiser les foyers de tensions à travers le monde.
Lui emboîtant le pas, le Professeur Ousmane Kane, dans son discours introductif, a fait savoir que la question islamique est inscrite dans les centres d’intérêts à travers le monde et qu’aujourd’hui, il y a une perception négative de l’islam qu’il convient de corriger. «L’islam est assimilé à une mauvaise image. Parce que pris en otage par une minorité de musulmans. Sur 1,5 milliard de musulmans dans le monde, seuls 100 millions de musulmans s’adonnent à cette forme de pratique islamique très radicale», a fait savoir Pr Kane.
Le petit-fils de Cheikh Al Islam Baye Niasse d’expliquer ensuite que «le pourcentage de musulmans impliqué dans la violence au nom de l’islam est estimé à 1/15 de la population musulmane dans le monde». Or, dit-il, «le grand ‘djihad’ est celui exercé sur l’âme et la perfection humaine».
Quant au Dr Ahmad Tawfekh, ministre marocain des Affaires religieuses, il indique que «ces gens violents vous diront que l’islam est une religion de soumission. Oui. Mais soumission à Dieu, pas à une personne qui qu’elle soit. L’islam nous confère une responsabilité personnelle et une expression des libertés vis-à-vis des forces négatives de ce monde».
«D’aucuns ont fini de faire de l’islam une doctrine de guerre. Mais le soufisme qui nourrit l’islam en Afrique est une sagesse et une expression de paix», conclut le ministre du Royaume chérifien en charge des Affaires religieuses.