VIDEO«IL N’Y A PAS QUE LE MBALAKH AU SÉNÉGAL!»
TROIS QUESTIONS À WOZ KALY, MUSICIEN

L’ancien chanteur du « Missaal » de la Patte d’Oie, Woz Kaly, était encore dans nos murs. Une occasion que nous avons saisie pour échanger avec lui sur sa dernière actualité et sa vision de la musique sénégalaise.
Woz, parlez-nous de l’évolution de votre carrière et des raisons de votre séjour à Dakar.
J’ai l’habitude dire que je fais de l’Afro Fusion. C’est à dire un mélange de musique sénégalaise, africaine et des influences de tout ce que j’ai pu faire avec des amis musiciens rencontrés au gré de mes voyages. Il y a vraiment du tout. Du jazz à la funky en passant par le reggae. Je suis quelqu’un de très curieux et j’essaye d’emmener ma musique avec moi partout où je vais. Donc je fais de la fusion, je mélange des choses. Je séjourne actuellement à Dakar pour les besoins de l’enregistrement du vidéo clip de mon dernier single titré « Non à l’excision ». J’en ai juste pour dix jours avant de reprendre les tournées.
Ici, au Sénégal, la musique qui domine est le Mbalakh et vous n’en faites pas. Comment comptez-vous alors convaincre le public sénégalais ?
Les gens ont tendance à dire que la musique nationale du Sénégal est le Mbalakh. Mais je suis convaincu que la musique sénégalaise, ce n’est pas seulement le Mbalakh. C’est en fait une situation que les gens veulent imposer. Encore une fois, pour moi, la musique sénégalaise n’est pas que le Mbalakh. Il y a des gens qui font du rap, d’autres font du yéla, d’autres jouent du sawrouba et j’en passe. Tout cela pour dire que la musique sénégalaise est très vaste. Il ne faut pas la cantonner dans le carcan du Mbalakh pur et dur. Moi, je suis un vrai Sénégalais, ma mère est une wolof du Nord et mon père est de la Casamance. Tout cet héritage musical doit transparaitre dans ma musique. Il y a les Frères Touré Kunda qui ont été là. Il y a le Xalam et aussi Youssou Ndour. Le meilleur morceau de Youssou Ndour que tout le monde a fredonné (seven seconds, ndlr) n’est pas du tout de la musique sénégalaise. C’est bien seven seconds mais la voix, elle, est bien de chez nous. Moi, je ne peux pas m’inscrire dans cette logique. J’apporte ma couleur avec le cœur car je sais qu’il y a un public qui a aussi besoin d’autres rythmes.
Comment appréciez-vous la musique sénégalaise actuelle ?
Il y a de belles choses mais je me demande parfois qui je suis pour apprécier le travail des autres. Je respecte vraiment les autres musiciens. On a eu boulot très dur et il faut vraiment beaucoup travailler. Je déplore le fait que les gens ne prennent pas le temps de beaucoup travailler. J’ai l’impression que certains ont envie de devenir célèbres très vite. Tout le monde a tendance à faire la même chose et cela transparait dans la production. On a l’impression d’entendre tout le temps les mêmes choses. Mais il y a de bonnes choses et de grands artistes et je les respecte beaucoup.