11 directives pour un nouvel élan
Enseignement supérieur et recherche
Le Conseil présidentiel tenu, mercredi dernier, au Palais de la République, a permis au chef de l’Etat, Macky Sall, d’annoncer onze décisions pour adapter le système universitaire et de recherche, aux exigences d’un monde globalisé et en mutations permanentes.
Le président de la République, Macky Sall, a tenu sa promesse. Il a présidé, mercredi après midi, un Conseil présidentiel sur l’avenir de l’enseignement supérieur et de la Recherche. Comme on pouvait s’y attendre, il y avait une forte présence de la communauté universitaire : recteurs, professeurs, enseignants-chercheurs, étudiants et personnel administratif, technique et de service.
Le Premier ministre et les ministres concernés y étaient également, de même que les partenaires, amis et autres acteurs, soucieux du développement du système : syndicats, élus, partenaires techniques et financiers, parents d’élèves et d’étudiants, patronat et membres de la société civile. C’est la conviviale salle des banquets qui a accueilli tout ce monde. Le président Macky Sall n’a aucun doute. Dans cette forte mobilisation, a-t-il dit, il y a un signal fort. « Une démarche de rupture qui vise à moderniser le système scolaire et universitaire ».
Elle donne aussi, avance le chef de l’Etat, « un sens à la marche de notre nation » qui ne pourra réussir son projet de société que si elle a, à la base, des ressources humaines bien formées qui s’engagent efficacement pour son développement. Devant les acteurs et amis de l’université, le chef de l’Etat a dit avoir pris conscience de l’enjeu que représente l’existence d’un système performant d’enseignement supérieur dans le développement économique et social d’une nation.
« Dans mon programme de développement « Yoonou Yokouté », j’accorde une priorité stratégique à l’enseignement supérieur et à la Recherche ainsi qu’à l’innovation en vue d’assurer l’orientation, l’accueil des étudiants dans les meilleures conditions d’études et de promotion sociale », a souligné le président de la République.
Un vaste programme de réformes
Il a rappelé que c’est pour aussi donner corps à cette vision et répondre aux exigences de développement du Sénégal qu’il a initié la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (Cnaes) articulée autour de 5 thématiques : la gouvernance, le financement, l’internationalisation et l’ouverture sur le marché, l’offre et la qualité, la recherche et l’innovation. A l’issue des travaux de cette concertation, 78 recommandations ont été formulées.
Le Conseil présidentiel de mercredi était justement convoqué pour les valider. Le président de la République en a profité pour donner une information : le gouvernement, s’appuyant sur les recommandations de cette concertation, a élaboré un vaste programme de réformes de l’enseignement et de la recherche et un plan de développement sur 5 ans (2013-2017).
Mieux, Macky Sall, s’inspirant certainement de ces recommandations, a pris 11 décisions dévoilées au cours de ce Conseil. La première est d’orienter le système d’enseignement supérieur vers les sciences et la technologie pour favoriser l’émergence économique du Sénégal. « Nous devons orienter les formations supérieures vers les Sciences, la technologie, les Sciences de l’ingénieur et les Mathématiques (Stem), les filières courtes, techniques et professionnelles », a expliqué le chef de l’Etat.
La deuxième décision consiste à mettre les technologies de l’information et de la communication au cœur du développement de l’enseignement supérieur et de la recherche pour améliorer l’accès à l’enseignement supérieur et l’efficacité du système. Le Président veut une Université virtuelle dans chaque région du Sénégal pour développer l’enseignement à distance et encourage le personnel d’enseignant et de recherche à utiliser les Tic. La troisième décision porte sur le pilotage du système. L’idée est « d’améliorer ce pilotage et de réformer la gouvernance » des Etablissements publics d’enseignement supérieur.
10 restaurants et des chambres
La quatrième décision évoque la nécessité d’instaurer « une culture de paix » au sein des universités. Dans ce sens, le président annonce « l’actualisation des textes sur les franchises universitaires et la mise en place d’une Police universitaire dans les Etablissements d’enseignement supérieur afin d’assurer la sécurité des personnes et des biens ». La cinquième décision présidentielle est relative à la carrière des enseignants, des chercheurs et du personnel administratif, technique et de service.
« Il s’agit là d’une aspiration légitime de la communauté universitaire à laquelle le gouvernement devra prêter une attention particulière », a admis le chef de l’Etat. La directive donnée par le président est claire : la loi 81-59 du 9 novembre 1981 et le décret n°89-909 du 5 août 1989 seront révisés pour les adapter au système LMD, à la culture de l’évaluation. La sixième décision va dans le sens de responsabiliser davantage l’étudiant. L’objectif est de faire de l’étudiant un acteur de sa formation, de favoriser sa réussite et d’améliorer ses conditions de vie. Des efforts seront consentis pour renforcer la capacité d’accueil des campus sociaux. 1.044 nouveaux lits seront livrés dès janvier 2014. 12.500 autres lits, 6700 chambres et 10 restaurants viendront renforcer ce lot, a promis Macky Sall.
« Le gouvernement fera tout pour améliorer les conditions d’études dans les universités ». La septième décision est relative à la Recherche et à l’innovation. Le président Macky Sall veut donner un nouvel élan à ces deux domaines qui constituent de « puissants leviers de développement ». « Nous devons mieux construire la chaîne de l’innovation et veiller à son application industrielle au service de la communauté », a insisté le chef de l’Etat.
Suivi rigoureux
Les quatre autres décisions présidentielles ne sont pas moins importantes. Il s’agit de renforcer la carte universitaire pour faciliter l’accès, diversifier l’offre de formation et assurer la qualité ; d’investir dans l’enseignement supérieur à la hauteur de la nouvelle ambition ; d’ouvrir le système sur l’Afrique et l’international et d’améliorer la gestion des budgets et des ressources propres des universités.
Les réformes à entreprendre sont donc nombreuses. Et les moyens à dégager pour les mettre en œuvre, considérables. Mais c’est décidé : le Sénégal ne lésinera pas sur les moyens. Il investira à la hauteur de sa nouvelle ambition. Le président de la République l’a remarquablement expliqué : « plus que par le passé, il s’agit de créer les conditions d’un enseignement supérieur de qualité, instrument de l’émergence du Sénégal ». Instruction a été donnée au Premier ministre pour un « suivi rigoureux » des décisions prises. Le président lui-même a promis qu’il présidera, chaque semestre, un Conseil présidentiel sur le sous-secteur.
Un programme stratégique de 302 milliards FCfa
Le président de la République, Macky Sall a annoncé le lancement d’un programme de développement stratégique du sous-secteur. Son coût est estimé à 302 milliards de FCfa.
Parmi les onze décisions présidentielles prises, mercredi, en faveur du développement de l’enseignement supérieur, figure en bonne place celle relative au financement. La volonté exprimée est claire : investir dans le sous-secteur à la hauteur de l’ambition du Sénégal. Il s’agit, pour les nouvelles autorités, sous l’impulsion du président Macky Sall, de porter la contribution de l’Etat. « Nous devons respecter, à l’horizon 2016, le plan d’équilibre budgétaire des universités défini dans le cadre des Contrats de performance (Cdp) et porter, à l’horizon 2017, conformément aux engagements communautaires, la part de la recherche à 1 % du Pib», a expliqué le chef de l’Etat, au terme du conseil présidentiel consacré à ce secteur.
Et Macky Sall ajoute : « un effort exceptionnel est demandé au gouvernement pour mobiliser 302 milliards de FCfa, pour le financement du programme de développement stratégique de l’enseignement supérieur et de la recherche que nous envisageons de lancer ». Le président de la République qui a plaidé pour « une plus grande implication » des partenaires techniques et financiers et des Collectivités locales dans le financement du sous-secteur, a aussi promis une augmentation graduelle du budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Le travail du comité de pilotage magnifié
Lors du Conseil présidentiel, le président de la République, Macky Sall, a magnifié le « remarquable travail » accompli par les membres du Comité de pilotage de la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (Cnaes). « Je salue et félicite les membres du Comité de pilotage qui, par une démarche patriotique et participative, ont su créer un espace de dialogue, de confiance et de travail entre les différents acteurs de l’enseignement supérieur et de la Recherche », s’est réjoui le chef de l’Etat. Il a parlé de « lucidité et de pragmatisme » qui ont marqué les travaux de cette concertation.
Ce qui a permis, a-t-il expliqué, de faire un diagnostic « en toute liberté » du système « et de formuler des propositions pertinentes et consensuelles. « Vous avez intégré, dans votre démarche, l’impératif de l’adaptation de notre système universitaire et de recherche aux normes internationales, répondant ainsi aux exigences d’un monde globalisé et en mutation permanente », a-t-il adressé à l’équipe du Pr. Bachir Diagne.
Le président de la République a aussi exprimé sa reconnaissance à l’ensemble des partenaires techniques et financiers, les partenaires sociaux et les personnes ressources dont les contributions, a-t-il dit, ont été « décisives pour la réussite » des travaux.
Abdoulaye DIALLO
Des droits d’inscription compris entre 25.000 et 75.000 FCfa
Dès la rentrée prochaine, les étudiants devront débourser entre 25.000 et 75.000 FCfa, selon le niveau, pour les droits d’inscription dans les universités sénégalaises. L’annonce a été faite, mercredi, par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mary Teuw Niane, à l’issue du Conseil présidentiel sur l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche.
A la prochaine rentrée académique, les étudiants de L1 (Licence 1) devront payer 25.000 FCfa de droits d’inscription, 30.000 FCfa pour ceux de Licence 2 et 35.000 FCfa pour ceux de Licence 3. Quant aux étudiants de Mater 1 et 2, ils devront débourser respectivement 50.000 et 60.000 FCfa. Les doctorants paieront 75.000 FCfa. Ces tarifs seront applicables aussi bien aux étudiants sénégalais que ceux issus des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africain (Uemoa).
Des taux « tout à fait raisonnables et à la portée des étudiants issus même de familles défavorisées », selon le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. « C’est donc des taux qui sont très loin de ceux qui nous ont été annoncés. C’est à nous maintenant de bien gérer ce montant et de faire en sorte que les universités l’utilisent de la meilleure des façons possibles conformément aux réformes en cours », a dit Mary Teuw Niane.
Une nouvelle politique de bourses
La nouvelle politique de bourses alliant critères pédagogiques et sociales vise à favoriser le label « étudier au Sénégal » tout en assurant une mobilité des étudiants.
Concernant les bourses, la nouvelle politique de l’Etat vise à encourager les étudiants qui réussissent, a indiqué Mary Teuw Niane. Parallèlement, il y aura une politique d’équité pour permettre aux étudiants issus de couches défavorisées ou ayant un handicap de pouvoir bénéficier de bourses. Ainsi, pour les nouveaux bacheliers, 80 % des bourses entières seront attribuées sur des bases pédagogiques, le reste sur des bases sociales.
Pour ce qui est des demi-bourses, 60 % seront attribuées sur des bases pédagogiques et 40 % sur des bases sociales. « C’est un effort très important et une sorte de rééquilibrage pour assurer plus d’équité sociale », a expliqué le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Selon lui, les bourses sociales intègrent les critères d’équité eu égard au genre, au handicap physique et psychique, aux résultats au baccalauréat, aux notes des classes de 1ère et de Terminale, aux filières choisies, aux conditions sociales des parents et à l’éloignement de l’établissement choisi par rapport à la résidence habituelle de l’étudiant.
Par ailleurs, de manière plus générale, la nouvelle politique de bourses va encourager le label « étudier au Sénégal », ajoute Mary Teuw Niane. Ainsi, « les meilleurs bacheliers seront encouragés à aller, si c’est en France, au niveau des classes préparatoires ou, si c’est dans d’autres pays, dans les meilleures universités selon le classement de Shanghai ». Mais s’ils restent au Sénégal, ils auront des bourses d’excellence, indique le ministre.
Une manière d’encourager les étudiants sénégalais à rester au pays. Cependant, ils ne seront pas « scotchés » au Sénégal parce qu’au niveau du Master ou du doctorat, il y aura des bourses de mobilité pour leurs permettre de bouger et d’être ouverts au monde, a dit M. Niane, non sans demander aux élites de faire confiance aux universités sénégalaises.
« Rattraper notre retard dans le virtuel »
« Je vais prendre en compte les précautions pour la mise en œuvre de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) », a annoncé le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Selon lui, le monde francophone est très en retard sur la question du virtuel. « L’Uemoa n’a pas plus de 8.000 étudiants dans l’enseignement en distance là où l’Afrique anglophone a des centaines de milliers d’étudiants dans le virtuel.
Nous sommes très en retard, il nous faut donc rattraper ce gap », a expliqué Mary Teuw Niane. Ceci, malgré une certaine expérience dont dispose le Sénégal dans ce domaine. « Nous avons déjà des acquis : l’Ebad (Ecole des bibliothécaires, archivistes et documentalistes, Ucad) délivre, depuis très longtemps, des diplômes à distance.
De même que l’Université Gaston Berger (Ugb) depuis près d’une décennie le Master du droit de cyber espace et, depuis l’année dernière, une licence d’enseignement de mathématiques en ligne. La Fastef a formé des milliers d’enseignants à distance. Nous avons donc une expérience, mais le monde est en avance sur nous », a-t-il avoué. Il voit dans le virtuel un moyen pour donner plus de chance aux étudiants sénégalais car, dit-il, l’université virtuelle va contribuer à régler la question de la décentralisation, de la territorialisation ».
Toutes les infrastructures seront terminées avant la fin de l’année
Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche promet la livraison des infrastructures en construction, notamment à l’Ucad, avant fin 2013. « Il y a eu des retards dans leur achèvement, mais je peux vous assurer que, cette année, toutes les infrastructures seront terminées », dit-il. Il précise que, dans tous les nouveaux bâtiments, il y aura des rampes d’accès pour les étudiants handicapés ».
REACTIONS… REACTIONS… REACTIONS…
PR OUMAR GUEYE, COORDONNATEUR DE LA 2e UNIVERSITE DE DAKAR : « Nous évertuer à améliorer la gouvernance »
« Je félicite le chef de l’Etat qui, par ces décisions, a confirmé sa volonté de soutenir le secteur de l’enseignement supérieur. Nous sortons de ce conseil présidentiel soulagé et réconforté dans notre volonté d’aller de l’avant. Nous avons bien compris le message et nous nous évertuerons à améliorer la gouvernance et à relever le défi pour gérer, au mieux, les ressources qui seront mises à notre disposition afin de mettre les étudiants au centre de notre préoccupation pour que ces efforts de l’Etat servent réellement au développement de l’enseignement supérieur ».
OUMAR SOCK, DIRECTEUR GENERAL DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR : « Une volonté de faire de l’enseignement supérieur le pilier de développement »
« Je sors rassuré de cette rencontre puisque le chef de l’Etat a montré sa volonté de faire de l’enseignement supérieur le pilier de développement de notre pays. Vous avez vu les engagements qui ont été pris sur les ressources nécessaires aussi bien pour le fonctionnement que l’investissement ? Le chef de l’Etat a demandé au Premier ministre et au ministre de l’Economie et des Finances de prendre toutes les dispositions pour que ce programme de développement de l’enseignement supérieur soit une réalité. Il a aussi demandé au Premier ministre de tenir des réunions trimestrielles pour le suivi de ces conclusions. Et lui-même, chaque semestre, tiendra une réunion d’évaluation. Cela montre l’importance fondamentale que le président de la République accorde au développement de l’enseignement supérieur. Et cela nous rassure énormément ».
SOULEYMANE BACHIR DIAGNE, PRESIDENT DU COMITE DE PILOTAGE SUR L’AVENIR DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR : « Je suis vraiment ravi »
« Je suis animé d’un sentiment d’espérance très vive concernant notre système d’enseignement supérieur parce que je vois le chemin parcouru, d’où nous sommes partis et la détermination avec laquelle les différents acteurs ont parlé aujourd’hui, notamment le président de la République. J’ai vu de quelle manière, absolument brillante, le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche a traduit en un plan d’actions très clair les recommandations que nous avions faites et c’est la raison pour laquelle je suis vraiment ravi ».
COURFIA DIAWARA, RECTEUR UNIVERSITE DE ZIGUINCHOR : « La balle est maintenant dans notre camp »
« Aujourd’hui, le Sénégal est à la croisée des chemins. C’est le choix de l’ensemble du peuple sénégalais pour faire du Sénégal un pays émergent en matière d’enseignement supérieur et de la recherche. Tout le monde doit s’impliquer pour que cela soit une réussite. Le président de la République a clairement dit qu’il va consacrer beaucoup de moyens à l’enseignement supérieur, malgré les nombreuses priorités. Jamais dans l’histoire du Sénégal, il n’y a eu autant de moyens consacrés au sous-secteur. C’est quelque chose à saluer. Toutefois, il faut que le système soit stable pour dérouler le programme. La balle est maintenant dans le camp des acteurs que nous sommes ».
AMADOU DIAW, PRESIDENT DE LA CONFERENCE DES GRANDES ECOLES: « Nos préoccupations majeures ont été prises en compte »
« 2013 est une année exceptionnelle pour le dialogue entre l’enseignement supérieur privé et l’Etat. Nous avons été totalement impliqués dans la Concertation sur l’avenir de l’enseignement supérieur et le Cames a fait le déplacement vers le privé. Ce qui est une grande première. Je peux dire que c’est le fruit de 20 ans de combat. Nos préoccupations majeures ont été intégrées dans les recommandations du comité de pilotage sur l’avenir de l’enseignement supérieur. Il faut aussi souligner que j’ai été nommé à la tête du comité de pilotage pour la mise en place de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) qui doit démarrer en janvier 2014. Enfin, je salue la décision du chef de l’Etat d’allouer au privé 6 des 12 hectares qui doivent abriter la Cité du savoir à Diamniadio. C’est un premier pas. Mais nous aimerions que l’Etat fasse davantage confiance au privé ».
CHEIKHOU issa SYLLA, SG SUDES/UNIVERSITES : « Tous les acteurs ont été associés »
« Globalement, le fait de se parler est une bonne chose. Je peux dire qu’on a connu une avancée réelle dans ce sens, dans la mesure où le processus qui a conduit à ce conseil présidentiel est un processus inclusif qui a associé tous les acteurs de bout en bout. Il y a bien eu une association de tous les acteurs de l’enseignement supérieur. Parmi les décisions, je retiens celle du président de la République de mettre en relation les conclusions du comité de pilotage sur l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche et les Assises de l’éducation qui se tiendront prochainement. C’est quelque chose de fondamental parce que c’est à la base qu’il faut préparer les élèves à poursuivre des filières scientifiques et techniques. Cela a toujours été la position du Sudes. Le deuxième point de satisfaction, c’est qu’on a une planification des actions sur 5 voire 10 ans et on a déterminé les sources de financement. Ce qui n’a pas souvent été le cas ».
BIRIMA NDIAYE, SG DU SYNDICAT DES TRAVAILLEURS DES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES ET UNIVERSITAIRES / CNTS : « Des efforts colossaux pour le sous-secteur»
« On est sorti satisfait de ce conseil présidentiel. On n’a jamais eu autant de milliards destinés à l’enseignement supérieur. C’est dire que le président est en train de faire des efforts colossaux pour le sous-secteur. Maintenant, reste à savoir si l’on a tenu compte des travailleurs dans ces financements. Je salue la démarche du ministre Mary Teuw Niane qui a toujours privilégié le dialogue et la concertation. Cependant, j’ai déploré le fait que des recteurs recrutent leurs parents dans les universités. Le président m’a publiquement donné raison sur ce point en annonçant qu’il y aura un audit du personnel des universités ».
Propos recueillis par Seydou KA
AUGMENTATION DES FRAIS D’INSCRIPTION DANS LES UNIVERSITES PUBLIQUES : Des étudiants expriment leur désaccord
A la prochaine rentrée, les frais d’inscription dans les structures publiques d’enseignement supérieur connaîtront une hausse. Ils seront compris entre 25.000 et 75.000 FCFA selon les niveaux. Ce que des étudiants désapprouvent.
C’est un calme inhabituel qui règne à l’Université Cheikh Anta Diop en cette matinée de l’Assomption, la célébration de l’élévation de Marie au ciel. Même dans le campus social, d’habitude grouillant de monde, l’ambiance n’est pas au rendez-vous. Au « couloir de la mort » qui longe le campus pédagogique, des marchands d’accessoires scolaires tentent de mettre à l’abri leurs marchandises face à la menace du ciel. A la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, des étudiants en quête de quiétude sont assis sur les escaliers du nouvel amphithéâtre, les yeux rivés sur les cours.
Moussa Diouf et Fatou Kiné sont, tous les deux, en licence 1 au département de Lettres Modernes. Ils affirment ne pas être au courant de la nouvelle décision d’augmenter les frais d’inscription. « Nous avions entendu parler de ce comité, mais nous n’étions pas au courant qu’une nouvelle grille de frais d’inscription a été arrêtée. Mais si cela se vérifie, l’espace universitaire risque de connaître de nouvelles perturbations, parce que j’imagine mal que les étudiants acceptent une telle chose. Nous sommes, pour la plupart, des fils de paysans », a dit Moussa Diouf. Des propos partagés par Fatou Kiné.
Dans le hall de ladite faculté, El Hadji Gora Fall est debout devant un tableau d’affichage portant un sac à dos. Il est étudiant en licence 3 d’Anglais. Il dit être en désaccord avec cette mesure qui, selon lui, risque de rehausser la tension déjà vive à l’université de Dakar. « Augmenter des frais d’inscription ne contribue pas à pacifier l’espace universitaire », a-t-il soutenu. Khadim Guèye, étudiant en licence 2 d’histoire, prend, lui, le contre-pied. Il pense que l’augmentation est raisonnable. « Nous allons nous débrouiller avec les bourses », a-t-il affirmé.
A la faculté des Sciences et Techniques, derrière l’Institut des sciences de l’environnement (Ise), fiches ou feuilles de note à la main, des étudiants font les cent pas. Mamadou Cissé et Aliou Dia sont tous en master 1 en Physique-chimie. Ils jugent tous les deux que cette somme arrêtée pour les inscriptions est trop élevée, si l’on sait que plus de « 60% des étudiants viennent de l’intérieur du pays, de familles démunies ». A la faculté des Sciences Juridiques et Politiques, les étudiants interrogés ont tous exprimé leur désaccord.
Ndiol Maka SECK
Pilier de l’émergence du Sénégal
Le conseil présidentiel sur l’enseignement supérieur souhaité s’est finalement tenu le mercredi dernier au Palais de la République. Il aura abouti à de fortes décisions présidentielles appelées directives. Celles-ci portent sur l’orientation du sous-secteur, son pilotage, la réforme de la gouvernance, l’instauration d’une culture de la paix au sein de nos établissements d’enseignements publics.
Elles concernent également la carrière des enseignants-chercheurs (premiers intrants) et du personnel administratif, technique et de service (Pats), l’étudiant qui doit être « acteur de sa formation », non sans oublier d’améliorer ses conditions de vie, le renforcement de la carte universitaire. Mais aussi et surtout, l’utilisation à fond des opportunités offertes par les Tic et la nécessité de donner un nouvel élan à la recherche, tendon d’Achille de notre enseignement supérieur, faute de moyens et d’orientations claires. Il ainsi prévu de lui consacrer 1% du Pib (la norme requise).
A travers ces directives, le chef de l’Etat exprime une volonté politique claire : faire de l’enseignement supérieur le pilier de développement de notre pays.
Il est heureux que le Gouvernement ait refusé que le sous-secteur ne devienne un multiplicateur de médiocres parce qu’un mauvais produit de l’enseignement supérieur aura des impacts sur tous les segments de la vie. Le Sénégal ne peut se permettre d’être le pays le plus dépensier sur ses étudiants et continuer d’avoir des résultats médiocres. Une rupture s’imposait alors pour que l’université publique puisse survivre à la concurrence et à la compétition.
Il fallait oser tant les réticences sont nombreuses, mais dans la concertation. C’est parce que la Concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur (Cnaes) fut inclusive et a abouti à des consensus forts que le chef de l’Etat a accepté la tenue de ce conseil présidentiel. Il y a donc lieu de saluer ce dialogue sans lequel rien n’est réalisable.
Maintenant que la voie est tracée ; il faut travailler pour que notre enseignement supérieur retrouve sa place en Afrique. Certes, rien n’est perdu puisque l’Ucad occupe la première place du classement Shangaï dans l’espace francophone africain. Mais, il est aussi important de reconnaître que depuis quelques années, notre système éducatif, dans son ensemble, allait à vau-l’eau.
Les nations, aujourd’hui, ne se distinguent plus par la seule ressource du sous-sol, mais également par la qualité de ses ressources humaines. Ce 21ème siècle est celui de la connaissance (nous sommes dans une société du savoir). C’est pourquoi, essayer de trouver une solution pérenne à la profonde crise des universités ne peut que favoriser l’émergence du pays.
Daouda MANE
La Fenapes en congrès les 21, 22 et 23 août prochain
La Fédération nationale des parents d’élèves et étudiants du Sénégal (Fenapes) organise son congrès, les 21, 22 et 23 août prochain, dans la région de Sédhiou sur le thème : « Bonne gouvernance dans un système éducatif apaisé et performant ». Ces assisses seront une occasion pour cette organisation de réactualiser les textes qui régissent son fonctionnement, en vue d’œuvrer davantage pour le bien-être de l’école sénégalaise. En prélude à l’organisation de son congrès prévu la semaine prochaine à Sédhiou, la Fenapes a décliné son programme lors d’une rencontre avec la presse.
Le choix de Sédhiou d’abriter l’événement s’explique par une récompense faite à l’endroit des autorités de cette nouvelle région, eu égard aux brillants résultats obtenus à tous les niveaux. Cette assemblée générale intervient dans un contexte particulier pour le mouvement qui a fini de boucler le processus de redynamisation de ses structures de base aux niveaux départemental et régional. L’objectif de ces retrouvailles, selon Bakary Badiane, président de la Fenapes, outre le bilan des activités et le renouvellement des instances fédérales, est de procéder à la réactualisation des textes qui régissent le mouvement. « Le projet d’école en chantier, fil conducteur de notre action, occupera une place centrale à la rencontre de Sédhiou. Centré sur l’enfant et sa réussite, il sera la référence et le guide de l’action des parents », a-t-il déclaré.
La Fenapes, a rappelé son président, considère les enfants et les jeunes comme acteurs de leur propre formation. Ce faisant, elle entend mettre en exergue le rôle irremplaçable des parents dans le processus de formation, tout en défendant l’idée selon laquelle tout projet d’école doit tenir compte des droits de l’enfant. « Cette école est un lieu d’épanouissement et de réussite pour tous. C’est la vision que nous voulons partager avec nos partenaires », a fait comprendre M. Badiane. La Fédération se veut un outil et un guide de réflexion et de propositions, mais également de référence.
Et cela, dans le souci d’apporter sa pierre dans l’édification d’un système éducatif garantissant à chaque enfant les moyens de sa réussite. « Ce que nous voulons, c’est un nouveau type de parent d’élèves imbu des préoccupations de l’école. Aussi, nous souhaitons avoir une école qui sort des élèves employables », a soutenu Djim Momar Cissé, chargé de communication de la structure. Toutefois, a noté Bakary Badiane, « le combat ne sera totalement gagné que si l’on reconnaît le rôle des parents dans la transformation du système éducatif ».
Ibrahima BA