AMINATA SY ENTEND RELEVER LE DEFI AVEC «L’APPUI DE TOUT LE MONDE»
NOUVELLE DIRECTRICE DES NEAS

Relever le défi de la relance des Nouvelles éditions africaines du Sénégal (Neas). Voilà l’ambition que se fixe Aminata Sy, la nouvelle directrice des Neas, avec «l’appui de tous de monde».
Les Nouvelles éditions africaines du Sénégal (Neas), ont une nouvelle patronne. Elle se nomme Aminata Sy et remplace à ce poste Seydou Sow. Elle a pris fonction en début de semaine dernière. La nouvelle directrice qui connaît déjà cette maison compte sur l’appui de tous pour réussir sa mission. Aminata Sy a ainsi souligné que depuis quelque temps, la maison est confrontée à des difficultés financières, qui ont fait que les agents ont 7 mois d'arriérées de salaires. «Personne n’a bronché, ils viennent tous travailler comme il le faut. Ce, dans le seul souci de mieux booster le milieu du livre», a-t-elle témoigné. Le président Senghor, rappelle-t-elle, qui avait créé cette maison d’édition, en 1972, leur donnait d'importantes subventions. «Parce que, Senghor voulait qu’après l’indépendance, qu'on fasse des livres adaptés au contexte africain, au contexte du Sénégal. Il nous avait aussi donné le monopole du marché de l’éducation nationale », dit-elle en relevant que les premiers auteurs qui ont eu à publier leurs oeuvres aux Neas ont vraiment connu un succès. Il s’agit de Cheikh Aliou Ndao, Aminata Sow Fall ou encore Ken Bugul, qui ont remporté beaucoup de prix au niveau national et international.
«C’est après le départ du feu Président Senghor que les subventions et le marché de l’éducation nationale ont été retirés. Et c’est depuis cette époque que nous avons commencé à avoir des problèmes et on est arrivé à cette crise actuelle. L’ancien directeur, Seydou Sow, a fait tout son possible pendant dix ans. Je viens d’être nommée pour relever le défi avec tout le monde», a-t-elle asséné.
Pour relever ce défi, elle suggère : «Il nous faut aller sur de nouvelles bases. En général, l’édition ce n’est pas seulement la littérature générale. D’autant plus qu’au Sénégal, nous n’avons pas trop la culture du livre (…)». Cependant, elle fait savoir que pour que les maisons d’édition survivent, «il faut un marché de l’éducation nationale. Nous sommes confrontés à ces difficultés, car avec nos maigres moyens nous ne pouvons même plus être compétitifs.
S’il y a un appel d’offres de la Banque mondiale par exemple, les éditeurs étrangers ont les moyens et ils gagnent les marchés. C’est le cas d’éditeurs comme Edicef et Nathan qui raflent tous les marchés, les manuels scolaires sont entre leurs mains. Chaque année, des milliards échappent aux maisons d’éditions sénégalaises. Il est temps de relever le défi».
Et Mme Sy de noter qu’après cinquante ans d’indépendance, «il nous faut avoir une part importante de ce marché scolaire. Pour cela, il faut mettre en oeuvre la préférence nationale et surtout une volonté gouvernementale comme cela a été le cas en Côte d’Ivoire. Le Président Gbagbo s’est levé un beau jour et il a décidé de donner le marché scolaire aux éditeurs locaux. Ici, au Sénégal, les éditeurs sont en train de mener cette bataille. Il est vrai qu’avec le Président Wade un Fonds d’aide à l’édition avait été mis en place, ce qui nous avait permis de survivre tant soit peu. Le Président Macky Sall a dit qu’il va augmenter ce fonds et depuis lors on attend». Et d’ajouter : «Cette année, il y a un nouveau programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence que le gouvernement a mis en place pour essayer de booster l’édition locale».