MULTIPLE PHOTOSCE QUE LE MONDIAL ENSEIGNE
On ne peut sortir d’un mois de Coupe du monde en tournant juste la page pour retrouver le train-train de l’actualité au quotidien, revenir à l’ordinaire de votre rendez-vous journalier avec ces pages.
Bien sûr que ce train-train est important. Ce sont ces dimanches des stades, ces rendez-vous avec le coach au terrain d’entrainement, la traque des joueurs, des athlètes et autres compétiteurs, qui entretiennent la flamme. Mais aussi ces coups de fil lancés ici ou là pour soutirer une info aux dirigeants et autres administratifs.
Ce sont ces palpitations quotidiennes qui font vivre les cœurs à un point tel que, dans quatre ans, quand viendra un autre Mondial, Russie-2018 en l’occurrence, on n’aura rien perdu de la passion pour le plus grand théâtre sportif au monde. La plus grande scène tout court.
On ne peut sortir d’un Mondial en tournant la page, comme si cette énorme respiration qui donne le plus grand souffle de vie au foot, devait avoir le même destin qu’un ballon crevé, mort en se vidant de sa dernière dose de pression.
Après la clameur de la finale remportée dimanche par l’Allemagne devant l’Argentine, ce qui était le vécu quotidien du milliard de footeux à travers le monde commence à entrer dans l’histoire. Pour qu’il guide et inspire, on a voulu en capter les éléments essentiels dans cette seconde édition spéciale consacrée à Brésil-2014.
Le premier «Spécial» avait été réalisé après les 8es de finale. On supputait alors sur l’avenir. Aujourd’hui, les vérités sont établies. Ou plutôt les tendances. Car rien n’est plus aléatoire dans le sport que les évidences d’un jour qui peuvent appeler les remises en question du lendemain.
Ce que ce Mondial enseigne, c’est que la victoire de l’Allemagne n’est pas révolutionnaire. Elle n’a pas changé le foot. Elle a juste confirmé combien le pragmatisme, la cohérence des idées et leur mise en application structurée conduisent au plus heureux des aboutissements. La «Mannschaft» est une œuvre impressionnante qui sort d’une chaîne de montage, programmée pour gérer les défis, répondre aux situations, apporter des solutions.
Ce que le Mondial enseigne et qui n’était qu’avant-propos au cours de ces deux dernières années, c’est que la possession du ballon n’est plus le facteur ultime de la domination - au plan du résultat. Plutôt qu’un ballet tournant, une sorte de farandole espagnole, on est retourné aux vertus de l’explosivité, de la projection rapide et de la recherche absolue de la verticalité.
Beaucoup d’équipes l’ont fait, l’Allemagne a montré comment le rendre d’une terrible efficacité. On ne projette pas les ballons, on les monte avec le moins d’intervenants possible, en variant les approches et les combinaisons.
On sort de ce Mondial convaincu de l’importance de la multifonctionnalité du joueur. On ne parle pas de polyvalence, mais de cette capacité à donner différentes mesures à son rôle. Les gardiens de but deviennent des liberos, les défenseurs deviennent amovibles et construisent plus qu’ils ne détruisent, alors que les milieux participent à la dislocation des blocs défensifs adverses pour mieux ouvrir les espaces aux buteurs.
Ce Mondial a aussi enterré les demi-dieux. Messi a perdu la force du verbe sacré que dessinaient ses pieds. Neymar aurait sans doute atteint son niveau de carence devant l’hermétisme allemand, si sa vertèbre lombaire n’avait pas été martyrisée pour le rendre impotent. La débauche d’énergie qu’il déployait pour chercher des solutions aux carences technico-tactiques du Brésil ne pouvaient opérer dans la durée.
On retourne donc au collectif. Le Mvp, c’est le groupe. Le magnétisme individuel se dilue dans le référentiel de groupe.
On sort de ce Mondial en remerciant tous ces collaborateurs extérieurs qui y ont contribué. Avec Alain Giresse, Iba Dia, Abdou Rahmane Mbengue, Abdoulaye Dabo, Oumar Dioume, Doudou Sène venus appuyer les éléments de la rédaction, on avait une «Dream Team». L’Allemagne a disputé 7 matches pour remporter sa coupe ; ils en ont joué 64.
Ce Mondial n’a pas révolutionné le foot, la couverture qu’en fait Waa Sports n’a pas révolutionné la pratique, mais il y a des évidences…