"CE SONT LES CONTRATS SPÉCIAUX ET AGENCES QUI CRÈVENT LE BUDGET…"
DÉMENTI DE L'UNION DES SYNDICATS DE L'ADMINISTRATION CENTRALE

De Wade à Macky, ils ont régulièrement fait l'objet d'attaques, mais pour les fonctionnaires de l'administration centrale, la coupe est pleine. En plus de contredire les chiffres avancés par le chef de l'Etat, les syndicalistes préviennent l'Etat qui, selon eux, veut revenir sur leurs acquis. Ils ont décidé de faire bloc autour de l'Union des syndicats de l'administration centrale (USAC).
Le pacte de stabilité sociale signé en 2014 semble rompu entre le gouvernement et les centrales syndicalistes. Du moins pour certains syndicats de l'administration centrale. Face à la presse hier, ils ont affiché leur détermination à ne plus se laisser faire.
Véritablement sur le pied de guerre, ils font désormais bloc autour de l'Union des syndicats de l'administration centrale (USAC). Elle réunit le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust), le Syndicat des agents des impôts et des domaines (SAID), le Syndicat unique des travailleurs du Trésor (SUTT), le Syndicat des contrôleurs et des inspecteurs du travail et de la sécurité sociale (Sictrass) et le Syndicat national des cadres et employés de l'administration publique (SYNECAP).
Ces six syndicats ont décidé d'unir leurs forces pour faire face au gouvernement dont "le jeu favori est de brocarder les fonctionnaires sénégalais", selon Mamour Fall, secrétaire général du Sictrass. "Cela a commencé avec l'ex-Président Wade qui avait dit qu'ils ne font même pas une demi-journée de travail", fulmine le syndicaliste.
M. Fall de se désoler que l'actuel Président Macky Sall ait embouché la même trompette. En effet, les propos du Chef de l'Etat soutenant que "les fonctionnaires coûtent cher à l'Etat alors qu'ils ne constituent que 1% de la population", leur sont restés en travers de la gorge.
Ces syndicalistes sont d'avis que "le Chef de l'Etat est trompé par son entourage". Parce qu'ils estiment que la masse salariale allouée aux fonctionnaires est loin d'absorber le budget national. "Nous n'avons même pas atteint le ratio de 35% sur les recettes fiscales, comme le suggère l'UEMOA", a renchéri Mactar Dabo, du Syndicat national des cadres et employés de l'administration publique (SYNECAP).
En revanche, Mactar Dabo affirme que la masse salariale de l'Etat est absorbée par les contrats spéciaux et les agences qui foisonnent. "Entre 1960 et 2000, le régime socialiste n'a pas utilisé 10 contrats spéciaux. Maintenant, on en use et en abuse et ce n'est pas moins de 500 contrats qui ont été utilisés par les deux régimes, depuis l'alternance et c'est cela qui éponge le budget", a fulminé M. Fall.
Tout en laissant entendre que "l'utilisation abusive" des contrats spéciaux est due au fait que "l'actuel président soit arrivé au pouvoir avec beaucoup de chômeurs et de retraités", M. Dabo a aussi pointé du doigt les cumuls de fonctions. "Avec le cumul de fonctions, certains agents nommés pour satisfaire une clientèle politique peuvent avoir 12 à 15 millions. C'est eux qui crèvent notre budget", a soutenu le syndicaliste qui a mis sur la liste certaines indemnités de logement accordées sans étude préalable.
D'ailleurs, dans ce sens, le syndicaliste soutient qu'ils n'accepteront pas qu'elles soient revues à la baisse. Il préconise plutôt sa généralisation, afin de supprimer une certaine disparité existant entre fonctionnaires.
Heures supplémentaires
Par ailleurs, les syndicalistes ont fustigé la volonté du gouvernement de supprimer le paiement des heures supplémentaires, alors que l'Etat fait juste une quantification approximative, en leur allouant un forfait tournant entre 45 000 et 50 000 francs CFA. "Nous pensons que si l'Etat paie une indemnité de 500 000 francs à une femme dont le seul mérite est d'avoir un mari diplomate, il peut payer 50 000 francs à ses fonctionnaires", a asséné Me Aya Boun Malick Diop du Sytjust.
Quoi qu'il en soit, Mamadou Keïta du SUTT considère que les autorités n'ont pas intérêt à continuer à jeter du discrédit sur les fonctionnaires et à toucher à leurs acquis. Sinon, a-t-il menacé : "Nous allons faire feu de tout bois car nous avons la vérité des chiffres avec des chauffeurs qui perçoivent plus que des hauts fonctionnaires." Mieux, ils n'excluent pas de déposer un préavis de grève, comme l'a fait le Sytjust.