CE TABLEAU QUI ÉCORNE L'IMAGE DU SÉNÉGAL
PHENOMÈNE DES TALIBÉS-MENDIANTS

«Les images d’enfants en haillons, l’air maladif, sébiles à la main, sillonnant les rues de Dakar et des capitales régionales » ont été largement dénoncées hier. Pour enrayer ce phénomène récurrent, les acteurs de la société civile, en collaboration avec l’Etat du Sénégal, ont mis en place une stratégie nationale d’amélioration des mécanismes de coordination et de communication pour mieux former les femmes membres des organisations de la société civile sur la protection et les droits de l’enfant.
La mendicité prend une ampleur inquiétante dans la capitale du Sénégal. Des enfants en guenilles sillonnent Dakar à la recherche de la pitance. Pour arriver à retirer ces enfants de la rue, à éradiquer à jamais ce phénomène, avec l’appui de l’agence espagnole de coopération internationale pour le développement (Aecid), les acteurs de la société civile ont mis en place une stratégie nationale d’amélioration des mécanismes de coordination et de communication entre eux et l’Etat. En effet, il s’agit de mieux outiller les femmes membres des organisations de la société civile sur la protection et les droits de l’enfant. C’est l’objet de l’atelier qui a été ouvert hier.
«Les images d’enfants miséreux, en haillons, l’air maladif, sébiles à la main, sillonnant les rues de Dakar et des capitales régionales, devenues des images d’Epinal, heurtent la conscience», déclare Mouhamadou Moustapha Seye, directeur des droits de l’homme au ministère de la Justice, qui ajoute que la réputation de notre pays en prend un sacré coup. Il a toutefois dénoncé, face à la presse, les mauvais traitements à l’encontre des talibés, qui constituent une violation des droits internationaux et nationaux. Pour régler à jamais ce phénomène, il a estimé qu’à travers ce plan d’action mis en place, le retrait de ces enfants dans la rue, Sénégalais comme non Sénégalais, pourra être efficient. «Le sort subi par ces «bouts de bois de Dieu» viole leurs droits à l’éducation, à la Santé, à l’alimentation, à leur développement physique et à leur épanouissement», avance-t-il. S’employant à éradiquer sans succès ce phénomène depuis des années, Mouhamadou Moustafa Seye invite le gouvernement, les parents, les éducateurs, la société civile et les hommes religieux à ne pas verser dans la lassitude et la résignation. «Nous ne devons pas rester impuissants ou fatalistes. Avec cette stratégie nationale de protection de l’enfant adopté par l’Etat du Sénégal, l’espoir est permis et je suis persuadé qu’au bout de l’effort, Dieu nous assistera», avance-t-il.
La réalisation de ce projet exige, selon Niokhobaye Diouf, directeur de la protection de l’enfance et des groupes vulnérables, la contribution de tous les acteurs institutionnels et sociaux, mais aussi la mobilisation de toutes les couches de la société, notamment les femmes qui représentent plus de 52% de la population. Il a toutefois demandé à toute la gent féminine de mieux s’impliquer dans les thématiques spécifiques des droits des enfants. «La méconnaissance du dispositif institutionnel de protection des enfants, le manque de suivi et l’insuffisance des ressources justifient cette situation», dit-il, en appelant à une adhésion massive à cette formation qui a pour but de renforcer les capacités des acteurs dans le domaine des droits de l’enfant pour leur permettre de mieux comprendre les aspects juridiques et judiciaires de la protection.