CHRISTIAN THIAM ZOOME SUR LA CRISE CASAMANÇAISE SOUS L’ANGLE CULTUREL
DOCUMENTAIRE ''CASA DI MANSA''

Sous un format de 52 minutes, le réalisateur Christian Thiam a eu la lumineuse idée de traiter le conflit casamançais sous le prisme culturel. Le documentaire « Casa Di Mansa », projeté hier au Théâtre national Daniel Sorano, relate les soubresauts dans le sud du pays comme l’émanation d’une incompréhension.
« Pourquoi ne doit-on pas en parler, nous devons poser le débat sur ce conflit » ? Par cette question, Chris- tian Thiam, le réalisateur du film « Casa Di Mansa », a campé le débat.
Et à lui de se demander pourquoi on va laisser des étrangers évoquer cette question casamançaise et pas nous ? Sa perception est claire, il faut rappeler cette épineuse question, afin que des dynamiques puissent naître et que la région sud soit, à jamais, en paix avec elle-même.
En ce qui concerne le film, il est inédit dans tous les sens. Pour la première fois, depuis bien longtemps, on voit le chef des Mouvements de forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) prendre la parole. Il donne sa conception du conflit et réitère sa volonté de voir la Casamance libre.
On y voit aussi les militaires, de même que les démineurs qui étaient pris en otage donner leur appréciation. Des témoignages poignants.
« Cette incompréhension historique » est née, selon Christian Thiam, un jour de décembre 1982. Lors d’une marche pacifique des membres Mfdc, une répression des forces de l’ordre s’en suivra. Ainsi naîtra Atika, la branche armée du Mfdc.
Dans ce documentaire, outre Salif Sadio, Kamougué Diatta, César Atoute Badiate, tous ont donné leur version. Mais le plus instructif demeure cette approche culturelle que le Pr. Assane Seck, l’ancien ministre Robert Sagna, Mamadou Mbodji du Forum Civil, donnent à ce conflit.
En effet, de l’avis de ces autorités, l’Etat n’avait pas compris qu’il fallait intégrer la donne culturelle dans toutes les mesures à prendre en Casamance. Selon Robert Sagna, au moment de faire des lotissements, l’autorité administrative n’avait pas compris que chez certaines ethnies, dans leurs maisons, il y avait des sépultures de membres de leur famille.
C’est dans ce sens que, pour l’ancien maire de Ziguinchor, « soustraire, avec ce nouveau lotissement de la ville, ce lien affectif à certaines familles fut très difficile et augmentera le degré d’exaspération des populations ».
Dans ce même ordre d’idées, le Pr. Assane Seck est revenu sur les péripéties des négociations qu’il avait menéés. Et à lui d’avouer : « Jamais un centime n’a été dépensé quand je me- nais les négociations entre l’Etat du Sénégal et le Mfdc ».