DIALOGUE DE SOURDS ENTRE L’ÉTAT ET LES MAÎTRES CORANIQUES
MODERNISATION DES DAARA

Les malentendus ont encore persisté, hier à Somone, entre l’État du Sénégal et des membres de la fédération nationale des associations des écoles coraniques, sur le projet de loi devant porter sur la modernisation des daara
Les violons ne s’accordent toujours pas entre l’État et certains membres de la fédération nationale des associations des écoles coraniques. La pomme de discorde porte sur le projet de loi relatif à la modernisation des daara. Lors d’un séminaire organisé ce week-end par la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO), à Somone, il a été reproché à l’État d’exclure les vrais acteurs dans le processus.
Sous le thème "projet de termes de référence", cette rencontre a été l’occasion pour les maîtres coraniques de décrier le fait qu’ils ne sont pas associés dans la procédure de reddition des textes. Vice-président à l’Assemblée nationale, le député Abdou Mbow a souligné d’emblée : "La première opportunité de réussite d’un enfant, c’est de le mettre dans de bonnes conditions. C’est pourquoi il est urgent que l’État du Sénégal, en collaboration avec tous les acteurs, puissent résoudre le problème de l’enseignement coranique."
Le député déplore par conséquent des sorties "inopinées" de certains maîtres coraniques qui assimilent le projet de loi à une lutte contre l’islam. "Beaucoup de gens ne comprennent pas le projet de loi. Malheureusement, ils se permettent de faire des commentaires inopportuns comme quoi, cette loi a pour objectif de combattre la religion musulmane. Tel n’est pas le cas. Avec l’application de ce projet de loi, les daara vont bénéficier de l’aide de l’État et par ricochet, diminuer la mendicité des enfants", a-t-il déclaré.
En dépit de ces propos d’Abdou Mbow, le vice-président de la fédération des écoles coraniques, Mouhamadou Lamine Fall, s’est simplement contenté de "brûler" le projet de loi. Il dit ferme : "Le projet ne prend pas en charge nos revendications. Si on l’applique, les jeunes ne pourront plus maîtriser le Coran". Au sujet de la mendicité, il dégage les accusations en touche et indexe la responsabilité de l’État. "La mendicité est un signe de pauvreté. Plusieurs jeunes franchissent nos frontières pour venir mendier et l’État ne fait rien pour stopper les dégâts. Il ne faut donc pas indexer les maîtres coraniques comme responsables d’un tel fléau", a-t-il ajouté.
Le projet de modernisation des daara date du régime du président Abdoulaye Wade. A l’époque, en 2010, le ministre Kalidou Diallo avait commencé les discussions. Dans un souci d’assurer la continuité de l’État, le ministre Serigne Mbaye Thiam, sous le magistère de Macky Sall, a continué dans la même lancée. C’est ainsi que le document a été signé par le président et le secrétaire de la Fédération nationales des écoles coraniques. Malgré les réticences, le député Imam Mbaye Niang a tenu à préciser que "l’État va appliquer la loi". Et en s’appuyant sur ce projet, il informe qu’au final, 62 daara modernes dont 32 publics devront être implantés.