EN COULISSES : ENQUETE DE CE MARDI
CRISE ÉTAT DU SÉNÉGAL / EMIRATES : Le linge sale lavé à Dubaï
Le linge sale se lave en famille. Ce n’est pas à Dakar, mais à Dubaï que l’Etat du Sénégal et la société de navigation aérienne Emirates ont arrondi les angles. Et selon ce qu’on nous rapporte, la crise est bien derrière nous. Tim Clark, à la tête d'Emirates depuis 1985, entouré de ses plus proches collaborateurs, avait en face de lui le Directeur de cabinet du Président Sall, son ministre de l’Economie et des Finances, celui délégué en charge du Budget, le ministre du Tourisme etc. Cinq tours d’horloge durant, les deux parties ont discuté pour s’entendre sur la fameuse “Cinquième liberté” (qui donne le droit d’embarquer/débarquer dans un État tiers des passagers à destination/ en provenance de tout autre État contractant). Sénégal Airlines avait perdu le contrôle sur ce filon, au point que son taux de remplissage en était devenu faible à Dakar. Conséquence : la compagnie des Emirats Arabes Unis avait annoncé qu’à partir du 27 mars 2015, elle ne proposerait plus ses quatre rotations hebdomadaires entre sa base de Dubaï et l’aéroport Dakar-Léopold Sédar Senghor. Un coup dur pour l’aéronautique au Sénégal du fait que la ligne vers le Sénégal avait été inaugurée en septembre 2010 avec cinq vols par semaine. Une bonne manne qui menaçait justement d’être réduite à néant. En même temps, Emirates perdait une bonne destination ; le PDG Tim Clark ayant annoncé au mois de juillet dernier vouloir se concentrer sur l’Afrique et y renforcer son offre de 40%, l’Afrique étant justement un continent sous-desservi, alors qu’il est un excellent moteur de croissance pour Emirates Airlines. Désormais, le Sénégal se range aux conditions de Dubaï sur la 5ème liberté. Concrètement, cette société va non seulement avoir plus de liberté à transporter ses passagers mais aussi elle va pouvoir exercer dans les types de services comme le fret etc. L’origine de la crise étant liée au prochain transfert des compétences de Dakar à l’aéroport Blaise Diagne de Diass, un projet de Centre de maintenance d’un coût de 30 milliards de francs Cfa est prévu. Emirates s’est aussi plaint du système de double imposition, à la fois à Dakar et à Dubaï, que l’Etat du Sénégal s’est promis de revoir. Une nouvelle convention devrait être signée dans les prochains jours. Malgré les apparences, Emirates a aussi intérêt à garder la place dakaroise, à six heures de vols des aéroports européens et moins de cinq heures pour l’Amérique du Sud. Il est ressorti des discussions qu’il faut non seulement accélérer les travaux pour finaliser l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, mais aussi accélérer les réformes pour rendre plus performantes les plates-formes aéroportuaires. Sans doute pour accélérer la cadence à ce niveau, la délégation sénégalaise rencontre les autorités saoudiennes dans les prochaines heures, surtout celles de Bin Ladin, pour que Diass puisse être finalisé… A suivre donc…
LEVEE DES COULEURS
La tournée économique que le chef de l’Etat vient d’effectuer dans la partie Sud du pays est toujours d’actualité à la présidence de la République. La preuve, la traditionnelle cérémonie de levée des couleurs qui a lieu tous les premiers lundis du mois pour rappeler les valeurs de citoyenneté, de patriotisme et de civisme, a été l’occasion hier pour le chef de l’État de revenir sur certaines décisions prises lors de cette tournée. Et selon Macky Sall, la baisse sur le prix du transport par bateau est déjà entrée en vigueur. ‘’D’autres mesures connaîtront un début de mise en œuvre d’ici la fin mars. C’est le cas notamment des mesures incitatives pour le tourisme mais aussi les projets routiers qui contribueront au désenclavement de la Casamance’’, a dit le chef de l’Etat. Qui a aussi lancé un appel pour la paix définitive en Casamance à l’endroit du Mfdc, et de toutes les forces vives de la région. Le président de la République a enfin annoncé l’organisation, au mois de mai, d’une conférence des bailleurs sur la relance et le développement des activités socio-économiques de la Casamance, à travers le Projet Pôle de développement territorial de la Casamance. Wait and see !
EMPRUNT OBLIGATAIRE
On commence à y voir un peu clair dans le différend opposant la ville de Dakar à l’Etat à propos de l’emprunt obligataire d’un montant de 20 milliards de F CFA. En effet, le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, Amadou Ba, a reconnu, hier à Dubaï, l’existence de ‘’problèmes techniques’’ avec la mairie de Dakar au sujet de son emprunt obligataire, assurant qu'une solution sera bientôt trouvée à ce différend qui fait l'objet de discussions entre les deux parties. L’information émane d’un communiqué du ministre de l’Economie, des Finances et du Plan parvenu à EnQuête. "Les seuls blocages qui existent sont d’ordre technique. Dès qu’ils seront levés, cet emprunt pourra être lancé", a rassuré le ministre qui estime que ‘’leGouvernement du Sénégal continuera conformément aux instructions du chef de l’Etat à accompagner et à soutenir les collectivités locales pour qu’elles soient autonomes, performantes et économiquement viables". Toujours, selon le communiqué du Mefp, ''l'Etat veut seulement que les mêmes principes qui l'ont guidé dans la formulation des emprunts obligataires soient appliqués par les collectivités locales à la recherche d'un financement innovant''.
PRIX SUKUK
Restons sur ce registre pour dire que le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan a reçu hier, à Dubaï, en Emirats Arabes Unis, le premier prix africain des Awards de la Finance pour le prix Sukuk qui a largement contribué dans le financement des projets structurants du Plan Sénégal Emergent. D’après le service de Com du Ministère de l’Economie, Amadou Ba qui avait à ses côtés le Directeur de cabinet du président de la République, Mouhamadou Makhtar CISSE et Birima Mangara, le ministre du Budget, a tenu à remercier les membres du Jury du prix au nom du président de la République Macky Sall. "La performance enregistrée dans la mobilisation de l’emprunt "Sukuk" 2014 aujourd’hui primé, est le reflet de l’ambition et de l’action du Président Macky Sall, pour un développement économique prononcé du Sénégal’’, a soutenu le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan. Il faut dire que cet emprunt porte en grande partie la ‘‘griffe’’ de l’actuel Dircab du Président, très discret, mais très compétent. Cet emprunt obligataire Sukuk ‘’Etat du Sénégal 6,25% 2014-2018’’ marque un tournant important dans le développement de la finance islamique sur le marché des capitaux de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA). Il a permis aux banques et institutions financières islamiques de pouvoir améliorer leur liquidité par l’accès au refinancement.
ARABISANTS REPUBLICAINS
Le mouvement national des Arabophones républicains (MNAR) regrette avec amertume les propos de Me Abdoulaye Wade accusant la descendance du Président Macky Sall d’anthropophagie et de lignée d’esclaves. ‘’De tels propos ne peuvent émaner que d’un homme en panne de spiritualité. Abdoulaye Wade qui a longtemps négligé la purification de son âme à cause de ses ambitions politiques démesurées, a fini par tomber en panne sèche et cruelle d’énergie spirituelle. Il souffre actuellement d’une carence en foi et d’une anémie spirituelle et il doit être admis en urgence dans un Daara’’, croient savoir les arabisants de Macky à travers un communiqué publié hier et dont EnQuête détient copie. Pour le Mnar, Les maladies de l’âme se manifestent dans les moments d’épreuve et de souffrance, car c’est la foi solide en Dieu et la bonne éducation spirituelle qui aident à surmonter les épreuves les plus difficiles. ‘’Me Abdoulaye Wade est en train de prouver aux Sénégalais qu’il fait partie des gens qui adorent Allah marginalement et qu’il appartient à cette catégorie de croyants décriée dans le verset 11 de la sourate 22 Al – Hajj (le pèlerinage) : « Il en est parmi les gens qui adorent Allah marginalement. S’il leur arrive un bien, ils s’en tranquillisent, et s’il leur arrive une épreuve, ils détournent leur visage, perdant ainsi (le bien) de l’ici-bas et de l’au- delà. Telle est la perte évidente ‘’, lit-on dans le communiqué.
ESCROQUERIE
Un communiqué du Ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne (MJECC) met en garde contre les agissements frauduleux d’un groupe de personnes non identifiées. Le modus operandi de ces malfaiteurs est de se faire passer pour le ministre himself. ‘‘Ces personnes font miroiter à leurs cibles des opportunités d’emploi, notamment dans les pays d’Amérique du nord et les domaines agricoles communautaires DAC)’’ fait savoir le communiqué. La finalité est de demander aux victimes de verser d’importantes sommes d’argent pour la facilitation des procédures d’agrément de ces supposés offres d’emplois. Le ministre demande aux Sénégalais de se montrer vigilants et se réserve le droit de donner une suite judiciaire à cette affaire.
GAMBIE
Les autorités gambiennes ont publié, dimanche, un communiqué annonçant l’interdiction de tout jeu de hasard pouvant générer de l’argent à des parieurs. La décision du gouvernent de Yahya Jammeh ordonne l’arrêt immédiat, sur tout le territoire gambien, des activités des casinos, de la loterie et de toute autre forme de jeu d’argent. Par ailleurs Jammeh a lui-même annoncé, vendredi, l'interdiction d'importer des légumes en provenance de l'Etranger. Il s'adressait aux députés de l'Assemblée nationale de son pays, lors de l'ouverture de "l'année législative". Pour le gouvernement gambien, il n'est plus question de souscrire à l'argument selon lequel, "Les jeux et les paris seraient des moyens additionnels d'augmenter les ressources issues des impôts. "Il est bien évident", indique le communiqué, que "ces jeux deviennent des vices qui blessent souvent les couches pauvres et les défavorisés. Les coûts sociaux et économiques sont énormes et contribuent à briser des vies et des familles", explique-t-il. Le communiqué note que "le nombre alarmant de personnes, dont de jeunes enfants qui cèdent aux jeux de hasard, justifie l’interdiction". Le gouvernement ajoute dans le communiqué que ‘’La société gambienne est fondée sur la promotion de valeurs sociales positives comme l’épargne et l’intégrité plutôt que la cupidité et l’avarice qui sont des attitudes négatives". Dès lors, "Il est du devoir du gouvernement gambien de protéger et de promouvoir le bien être de ses citoyens", lit-on dans le communiqué. Cette interdiction des jeux de hasard et de toute autre forme de pari lucratif vient rattraper, à quelques heures d'intervalle, une autre interdiction prononcée par Yahya Jammeh devant ses députés, au moment d'ouvrir "l'année législative" gambienne.