ENTRE PERE ET FILS
«LA COQUE ET LE FRUIT» UN ROMAN DE MAMADOU DIA MBAYE

La quatrième de couverture présente son roman comme un ouvrage à la fois «caustique et dramatique», mais « La Coque et le fruit » de Mamadou Dia Mbaye a encore quelque chose d’un «essai philosophique». Présenté ce jeudi 17 septembre à la librairie Clairafrique, ce livre de 293 pages publié aux éditions Abis raconte l’histoire de Modou, du nom de ce père intransigeant qui imposera à son fils une éducation à la dure, une éducation stoïcienne. C’est dans la seconde partie de l’ouvrage, plus qu’un essai qu’un roman finalement, que l’on découvre toutes les prises de position de l’auteur : pour l’Islam et contre la «dénaturation» de son message, contre les fanatiques et contre les raccourcis d’un certain discours médiatique.
Signé Mamadou Dia Mbaye, l’ouvrage que l’on présentait au public de la libraire Clairafrique, dans l’après-midi de ce jeudi 17 septembre, se présente comme un roman aux allures de texte «semi-autobiographique». C’est ce que dit l’un de ses plus fervents lecteurs, aussi enthousiaste que passionné, le Pr Waly Ba, chargé à cette cérémonie de présenter l’œuvre. Dans «La Coque et le fruit», explique aussi son éditeur Abdoulaye Fodé Ndione de la maison Abis, on est entre «l’approche réaliste» et «la démarche fictionnelle».
Au-delà du titre et de sa «métaphore alimentaire», c’est une histoire aigre-douce que l’on raconte à un lecteur plus ou moins écartelé entre un père, stoïcien dans l’âme ou «tortionnaire malgré lui», c’est selon, et son fils Moussa, que papa a choisi d’élever à la dure et sans «effusions sentimentales». Modou ne négocie pas: son fils sera un homme digne et droit. Quand on y songe, Modou ne transige pas et ne se soumet jamais vraiment non plus, si ce n’est lorsqu’il s’agit de foi, de Dieu. Là, monsieur «s’aplatit volontairement» et joue allègrement les «captifs volontaires éternels», sans doute parce que tout le reste est aussi accessoire que dérisoire.
Quelque part, mutatis mutandis bien sûr, Modou ferait presque songer à l’auteur lui-même. Mamadou Dia Mbaye, dit quelqu’un comme le journaliste Abdoulaye Ndiaye qui le connaît plutôt bien, pour avoir «partagé avec lui un long parcours», est un «homme arc-bouté aux valeurs auxquelles il croit». On retrouvera un peu de ce tempérament dans le discours que Mamadou Dia Mbaye lui-même prononcera devant le public de la librairie Clairafrique.
Un discours à la fois contre la «dénaturation du message de l’Islam» et contre tous les fanatiques, dans un contexte où les médias eux-mêmes seraient plus ou moins coupables d’une «profonde méconnaissance» de la religion musulmane, et qui se contenteraient parfois de quelques trop faciles raccourcis.
Ce sont des propos comme ceux-là que l’on retrouve d’ailleurs dans la seconde partie de «La Coque et le fruit», à partir de la 160ème page à peu près, sur un texte qui en compte 293. Une seconde partie qui se présente surtout comme un «essai philosophique axiologique» et où l’on retrouve quasiment tous les ingrédients d’un «café philosophique». C’est la lecture qu’en fera par exemple l’ancien Premier ministre Mamadou Lamine Loum, vieil ami de l’auteur, modérateur d’un soir, et lecteur insatiable de plusieurs passages du texte. Mamadou Dia Mbaye, dit-il encore, a un avis sur tout, ou presque : sur la magistrature, le journalisme, la société civile, le civisme, mais sans la dictature d’une «pensée unique».
Si «La Coque et le fruit» en a séduit plus d’un, ce n’est pas que pour son contenu. Certains comme le Pr Waly Ba disent s’être délectés de la «qualité de l’écriture», portée par une «exquise langue colorée». Mamadou Dia Mbaye a encore l’outrecuidance sinon l’élégance de «mettre au goût du jour l’imparfait du subjonctif».
Né un mois d’août 1950 à Rufisque, l’auteur est «le premier garçon d’une fratrie de 10 enfants», et le «fils d’un père passionné par le travail de la terre». Plus jeune, c’était surtout un solitaire, dit son ami le journaliste Abdoulaye Ndiaye, «quelqu’un qui ne cherchait qu’à savoir», doublé d’un «garçon studieux » qui étudiera le droit et le latin, en jouant les équilibristes entre l’école coranique et l’école occidentale.