LA LANGUE FRANÇAISE N’EST PLUS UN PRÉALABLE POUR ÊTRE ÉLU
COLLECTIVITES LOCALES
La lecture et l’écriture du français ne sont plus une condition pour être un élu local. L’Assemblée a abrogé cette dis- position hier, en votant des amendements dans ce sens.
L’obligation pour tout élu, de savoir lire et écrire en français n’agréait pas la grande majorité des élus locaux. Le constat émane du ministre de l’Aménagement du territoire et des Collectivités locales, Oumar Youm qui présentait hier, à l’Assemblée nationale, le projet de loi modifiant les articles 31, 92 et 95 du Code général des collectivités locales.
« Après l’adoption du Code général des Collectivités locales, le gouvernement s’est rendu compte des difficultés découlant de l’exigence de maîtriser la langue officielle qui est la langue française comme instrument de travail dans l’administration et les Collectivités locales », a-t-il encore affirmé ; sans doute pour justifier la pertinence des amendements proposés.
Amendements que les députés ont, dans leur écrasante majorité, salués puis votés. Du coup, les alinéas des articles 31 et 92 disposent comme suit :
« Les membres du bureau, en raison des responsabilités qui leur sont dévolues, doivent savoir lire et écrire ». Il est aussi dit, dans le troisième article amendé que « le conseil municipal élit le maire et les adjoints parmi les membres sachant lire et écrire ».
L’exigence initiale consistant, pour tout élu à savoir lire et écrire en français, n’est donc plus de rigueur. Maintenant, il suffit juste de pouvoir lire et écrire peu importe la langue pour aspirer à être élu. Oumar Youm a assuré que toutes les dispositions sont prises pour la traduction, dans les langues nationales, des documents de travail dans l’administration et les Collectivités.
Il a, toutefois, soutenu que compte tenu des moyens que cela demande, son département n’est pas pour l’instant en mesure de faire traduire le budget dans les langues nationales. Il en a profité pour annoncer la hausse des allocations de l’Etat en faveur des Collectivités locales.
Désormais, le montant annuel qui était de 4,5 milliards de FCfa sera porté, selon lui, à 6.230.000.000 de FCfa. Une augmentation qui entre dans le cadre du Conseil national de développement des collectivités locales et qu’il a qualifiée de révolution vu le montant de la hausse.
A noter que le député Mamadou Faye de « Rewmi » a saisi, par voie épistolaire, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, pour un renvoi du texte au gouvernement.
Le camarade de Thierno Bocoum qui, dès le début avait effectué une motion préjudicielle, estime que le projet de loi qui leur a été soumis est un document illégal et fictif différent du vrai texte voté par l’Assemblée nationale, il y a presque trois mois.
Une accusation que le ministre Oumar Youm a balayée d’un revers de la main. Toujours est-t-il que Moustapha Niasse a promis de mener l’instruction jusqu’au bout.