LE PEUPLE DJALONKÉ DE KÉDOUGOU
UNE RICHESSE ENTRE PERTE DE VITESSE ET RISQUES DISPARITION

hormis son potentiel minier qui aiguise l’appétit, la région de Kédougou est l’une des plus riches régions du Sénégal culturellement parlant. C’est dans cette localité nichée à l’extrême sud-est du pays qu’on retrouve ce qu’on appelle communément ou abusivement les ethnies minoritaires composées de quatre communautés conservatrices. Il s’agit des bassaris, des djalonkés, de bediks (tenda) et des peuls. Ce groupe ethnique est regroupé dans une Association des minorités ethniques qui a pour ambition la valorisation et la conservation de ces cultures menacées de disparition et méconnues de bon nombre de Sénégalais. Dans cet article, Le Quotidien vous embarque dans un voyage en profondeur à la découverte du Peuple djalonké, établi à Fongolimbi après l’éclatement de l’empire mandingue et pour se protéger de la guerre de l’islamisation enclenchée à l’époque par le guerrier guinéen, Alpha Yaya Diallo, du Xiiième au XiVème siècle.
Tout comme les autres, le peuple djalonké a son histoire et ses origines. Originaire de l’empire mandingue, une partie de l’ethnie djalonké se serait dirigée en direction du Sierra Leone après l’éclatement de l’empire du Mali et une autre vers la Guinée, dans la zone du Fouta Djalon. Ils sont très proches des Soussou de Guinée, appelés par eux (Banisosone), du nom de leur région, Bani, et d’une population soussou foulanisée vivant dans le Fouta, les Fulamasosone, par la langue comme par les traditions.
D’ailleurs, d’aucuns estiment que c’est des groupes qui viennent d’une même ethnie. Cette communauté habite une vingtaine de villages dans l’arrondissement de Fongolimbi au sud-est de Kédougou.
Se dressant à 42 Km de la commune de Kédougou, l’accès à Fongolimbi est un véritable parcours du combattant du fait de l’état cahoteux de la route qui y mène. L’hivernage installé, cette localité bordée par les contreforts du Fouta Djalon est doté d’un paysage luxuriant qui fait subjuguer les cœurs et éveille l’envie.
Pour s’y rendre, il faut bien ménager sa monture. D’après la légende contée dans cette localité, «tous les villages djalonké sont situés à l’est de la Gambie et à quelques encablures des frontières du Mali, de la Guinée où vivent des djalonké du même groupe. Les djalonké s’appellent eux-mêmes Yalungané et/ou Yalungana».
Ce nom recouvrirait plusieurs groupes dont la langue présente certaines différences bien qu’ils se comprennent entre eux. Ces trois groupes sont : le Sangala qui s’étend à l’est jusqu’au village de Saroudia en Guinée comme au Sénégal, puis un autre groupe qui occupe l’extrême sud-est de la région et déborde sur les territoires du Mali et de la Guinée et le troisième, qui serait le plus important, se dresserait autour de Wontofa, au Mali.
Ces trois groupes parlent des langues voisines et peuvent se comprendre.
L’IMPLANTATION DES DJALONKÉ AU SÉNÉGAL ORIENTAL
D’après les traditions écrites et orales, ce serait Tanou Kamara qui se serait installé dans les montagnes sur la rive droite du fleuve Gambie. Il y fonda le village de Ouyoukha. Lequel nom a été formé sur le nom de Ouya (captif de Tanou).
Ce, parceque conte la légende djalonké, «le nom d’un homme non captif ne saurait être appliqué à un village». Ainsi, narre la légende «Ouyoukha, village le plus ancien et le plus important, joua le rôle de capitale pour une partie de cette contrée qui portait le nom de Sangala. Elle se serait étendue au nord jusqu’au rebord du plateau qui domine Vélingara. Au delà, la plaine porte le nom de Dantila».
Toujours poursuit notre légende, «d‘autres familles djalonké sont venues rejoindre Tanou à Ouyoukha. Il s’agirait de son frère Manga Kasa Kamara qui lui succéda comme chef de village».
Par ailleurs, nous apprend Cheikh Oumar Keïta président de l’Association pour le développement culturelle et artistique des Djalonké (Adcad) et membre fondateur de l’Association des minorités ethniques (Ame) que, «d’autres familles Djalonké ont fui la région pour se réfugier sur la rive droite de la Gambie». «Ainsi, ont été créés Dioulabaya par les Niakhasso et Dombya par les Keïta», renchérit la légende.
Toujours poursuit notre conteur, le Sieur Keïta, «les Peuls auraient ensuite porté la guerre jusque dans cette région. Néanmoins, Ouyoukha a été un solide village fortifié qui n’a jamais pu être pris par ses assaillants. Dont les principaux furent : Tégényé, Peul du Fouta, Tamba Bakari, un djalonké de Toumba en Guinée et Alfa Gassouma, frère de même père de l’empereur Alfa Yaya, que ce dernier tua par la suite».
Et Cheikh Oumar Keïta d’expliquer que le Ouyoukha avait comme guerriers des abeilles. Et quiconque osait s’approcher de la localité de Ouyoukha avait affaire à ces derniers. Avant de préciser que «seuls les djalonké avaient accès à Ouyoukha et que les abeilles ne protégeaient que les djalonké».
A en croire les traditions écrites, «au moment de l’arrivée des Européens, les djalonké étaient encore à Ouyoukha. Au temps de Al- mamy Samory, le village a encore été attaqué. Encore une fois, il résista victorieusement et les assaillants ont été surpris par les Européens commandés par un lieutenant venant de Khaso au Mali pour s’attaquer à Samory».
Cette intervention a marqué la fin de la guerre et le Sangala serait passé sous la protection du lieutenant. C’est par la suite, de file en aiguille, que la sécurité a fini par être restaurée. Le village de Ouyoukha, abandonné, les djalonké ont fini par se disperser.
Toutefois, ce lieu a laissé des traces visibles dans l’organisation actuelle des villages en groupes distincts et dans l’attribution des chefferies des villages. A cet effet, la création des villages dans le Sangala obéit aux trois centres que sont : Ouyoukha, Dombya et Dioulabaya dont la chefferie revient respectivement aux Kamara, Keïta et Niakhasso.
Les Niakhasso de Dioulabaya ont créé le village de Lébédiyoukouré qui se trouve entre Saroudia et Wamba puis ceux de Moulounga et de Taméguidia dont ils ont la chefferie. Quant à Dombya, la légende raconte que la localité a été fondée par Manga Dombi Keïta qui a été succédé par son fils Sinbara Keïta.
De nos jours, les Keïta de Dombya détiennent les chefferies des villages de Kobokoto. Ces derniers sont des descendants de la famille de Soulémani, fondateur de Bagata, Sakhouya et Dindiary. Le premier village créé au Sénégal par les Kamara de Ouyoukha est celui de Timbéry. Il aurait été d’abord occupé par Ténin Kamara fils de Sambé.
Puis par Kassa Kamara. Ils proviennent tous de Ouyoukha. C’est par la suite que sont venus les Dangnokho, forgeron de Solya. «Les premiers djalonké, qui ont quitté la Guinée pour s’établir à Timbéry, fuyaient les contraintes de l’administration qui exigeait d’eux la fourniture de quantités très importantes de caoutchouc de cueillette», renseigne la légende de ce peuple. De même que les autres localités, Marougou a été fondé par Pâté Kamara, accompagné de Yango Niakhasso, originaires de Ouyoukha.
Plus tard Kassa Kamara a quitté Timbéry pour aller créer Sécréta où il devient le chef de village. A sa mort, il sera remplacé par son fils Kallé. «L’emplacement choisi par Kassa- Kamara pour établir le nouveau village était connu d’avance par les populations de Ouyoukha. En fait, toute la région nord du Sangala, inhabitée à l’époque, constituait pour eux une zone de chasse et de récolte de miel. Le point d’eau et les grands arbres qui s’y trouvaient en ont fait un lieu de repos fréquenté depuis longtemps par les chasseurs de Ouyoukha», raconte notre source.
Le village porterait le nom d’un arbre qu’on trouve en grand nombre à cet endroit. Cependant, force est de constater que les temps changent. Et comme tel, depuis quelques années le mode de chefferie semble avoir perdu beaucoup de sa rigueur. Pourtant, on raconte qu’autrefois «seuls les Kamara (Kassaya et Boloya) avaient le privilège d’être chefs dans le pays de Ouyoukha».
Ils étaient désignés dans les familles Boloya et Kassaya en fonction des villages, par les autres sections. Il s’agit pour cela des Keïta, des Niakhasso et des Samoura. Les mêmes étaient chargés d’arbitrer toutes querelles ou contestations entre les Kassaya et les Boloya.
Les Kondjira considérés comme des étrangers parce qu’arrivés plus tard ainsi que les forgerons et les griots Dangnokho, Touré et Cissokho et/ou Soussokho étaient exclus de ceux qui pouvaient nommer les chefs. Aujourd’hui, la distribution des tâches est plus fluctuante qu’autrefois : les chefs de village sont élus par la population et peuvent appartenir à n’importe quelle famille.
Par ailleurs, la société djalonké est composée de trois classes d’âge. La première commence à la naissance et va jusqu’au quinzième anniversaire du jeune djalonké. Ensuite, la seconde comprend les jeunes gens jusqu’à ce qu’ils atteignent trente cinq à quarante ans.
Enfin pour la dernière classe, elle symbolise la sagesse, le savoir et le pouvoir. Par opposition à la seconde qui consacre l’âge de la procréation, la force de travail. La dernière classe a pour mission ou rôle de transmettre aux jeunes gens les secrets légués par les ancêtres et veiller au respect des us et coutumes.
L’INITIATION CHEZ LES DJALONKÉ
L’un des principaux rites de la société djalonké est l’initiation qui regroupe la circoncision et le séjour dans le bois sacré. L’initiation permet à l’enfant le passage dans la classe des adultes responsables. Initiés selon la tradition, autrefois, narre, Yaya Niakhasso petit-fils du fondateur de Fongolimbi, Sagnégné Niakhasso, «la circoncision avait lieu lorsque le jeune garçon avait atteint une taille suffisante et était doté d’une certaine force physique».
Ces derniers doivent être le plus souvent capables de porter un certain poids et de parcourir une certaine distance en courant. Cela signifierait, d’après l’histoire, que le jeune djalonké est prêt à devenir homme.
A en croire Talibé Samoura, la date du rituel est fixée après «les récoltes». Concomitamment, les futurs initiés étaient pris en main par leurs aînés qui les éloignent de leurs cama- rades plus jeunes. Une fois circoncis, les jeunes garçons prennent le chemin du bois sacré pour une durée d’«un à deux mois», informe Yaya Niakhasso.
Une fois dans le bois sacré, ces derniers sont confrontés à la souffrance physique et à des labeurs pénibles par leurs aînés. Ce, dans le but de les préparer aux souffrances qu’ils auraient à affronter tout au long de leur vie terrestre. Par la suite, les nouveaux initiés reprennent le chemin du village où ils peuvent désormais accéder à la case des adultes. En attendant le mariage qui ne tardait pas à se pointer. C’est le même cas qui était appliqué aux filles.
Après le rite de l’excision, les jeunes filles devenues femmes pouvaient être données en mariage. De nos jours, ces pratiques ne sont plus d’actualité chez les filles notamment avec la loi interdisant l’excision chez cette couche de la société.
Par ailleurs, la période de l’initiation coïncide avec la période de l’apparition des masques qui accompagnent les circoncis durant leur vie d’homme avant, pendante et après leur sortie du bois sacré. Les principaux masques chez cette communauté sont au nombre de trois.
Le masque «Quindin» qui est un mot djalonké qui veut dire «un bon fils» d’après le président de l’Association des ethnies minoritaires Talibé Samoura qui est lui, même de cette ethnie. A en croire ce dernier, ce masque ne sort que pour «protéger les circoncis contre le mauvais sort» lors de leur passage à la case des hommes.
Ensuite, les djalonké disposent d’un autre masque dénommé «Woulounding-Kindéna». C’est le masque qui sort avant «l’initiation pour préparer le terrain aux futurs circoncis», informe le président Talibé Samoura. Cependant, contrairement au premier, il ne doit pas être vu par une femme. Au cas contraire, cette dernière est condamnée à ne point avoir d’enfant.
Comme «woulounding-kindéna, «tamaguira- kindéna» est un autre masque djalonké qui précède l’entrée dans le bois sacré et sort bien avant l’annonce de la date de la circoncision. Tous ces masques jouent un rôle important dans la vie de cette ethnie et participent à la promotion de l’identité culturelle de cette dernière.
En outre, les femmes ne sont pas en reste. En pays djalonké, l‘ensemble des femmes excisées était appelé ; ginedine. Les filles non excisées sont : les sungulune. On trouvait des groupes d’âges féminins seulement parmi les sungulune.
Lorsque la fille était excisée. Elle quittait son carré, son groupe et, éventuellement, son village pour aller vivre chez son futur mari. A l’époque, elle ne pouvait plus participer à une vie collective du fait de la dislocation du groupe d’âge de son village par son mariage et celui de ses compagnes.
A en croire nos informateurs, «il ne se reconstituait pas, au niveau du nouvel habitat, de nouveaux groupes de femmes». Les filles les plus jeunes sont appelées : sungutukhurine, (les plus petites). Elles ont un chef de groupe dans chaque village mais n’ont pas de fonctions sociales bien définies.
Elles ne participent pas non plus aux cadeaux faits aux Dukusine. Trois ans avant leur excision, les filles entrent dans le groupe des ; sunguiumokhine, «les plus grandes». Il faut dire que cette hiérarchisation n’est plus d’actualité car, elle a tendance à disparaître avec l’interdiction de l’excision des filles.
PRINCIPALES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES ET RELIGION
Les djalonké qui, au départ, vivaient de chasse et de cueillette sont aujourd’hui agriculteurs. «Les cultures principales, semées alternativement sur la même parcelle sont le mil (mengina) et l’arachide (kansina). Généralement, chaque famille consacre une petite parcelle à la culture des pois de terre qui sont appelés landakansine.
Les cultures secondaires sont le fonio et le riz. Il arrive aussi qu’on sème des haricots dans le champ de mil lorsque celui-ci a environ cinquante centimètres de haut. Les hommes, comme les femmes, peuvent travailler dans les champs d’arachide, de riz, de fonio et de pois de terre ; mais les hommes sont seuls à s’occuper du champ de mil et les femmes sont chargées de toutes les opérations relatives à la culture du maïs».
La jouissance des récoltes revient aux hommes pour le mil et le riz ; aux femmes pour le fonio et le maïs. L’arachide est généralement pour les femmes mais il arrive parfois que les hommes en aient une parcelle dont le produit leur est attribué. Les produits de l’agriculture sont, pour leur plus grande part, destinés à l’autoconsommation.
Cependant, l’excédent éventuel peut être commercialisé. Seulement, les populations de la localité sont confrontées à un réel problème d’écoulement de leur production du fait de la situation cahoteuse de la route. En plus, informe, Cheikh Oumar Keïta, «les djalonké sont dans la poterie, la vannerie, le tissage de tissu avec les tisserands». Entre autres métiers qui, aujourd’hui, font la fierté de cette communauté.
L’élevage avait peu d’importance dans la vie économique. Les djalonké possédaient quelques vaches et surtout des moutons qui entrent pour une part importante dans la constitution de la dot. Pendant la saison sèche, la seule occupation importante dans les villages djalonké est le tissage du coton que peuvent pratiquer tous les hommes.
Ce qui a favorisé une importante émigration temporaire vers les grandes villes et le centre du Sénégal. Les hommes reviennent ensuite au village pour la saison des cultures. Avant l’islamisation, et comme tant d’autres ethnies du Sénégal oriental, les djalonké étaient des animistes.
Toutefois, depuis plus d’un siècle, ils sont majoritairement musulmans même s’ils conservent des croyances animistes. L’Islam, a maintenant gagné l’ensemble de la population et les personnes âgées qui n’ont jamais quitté la région pratiquent régulièrement les rites musulmans. La fabrication et la consommation de la bière de mil ont disparu dans tous les villages.
LA FAMILLE
Il n’existerait pas de mot Djalonké pour désigner les grandes sections : Kamara, Keïta, Niakhasso, etc. Bien qu’on emploierait quelques fois le mot Khabilana. Ce nom désignerait les différentes branches à l’intérieur d’une section.
Cette dernière porterait un nom particulier comme les kassaya ou les boloya, du nom de leur ancêtre, ou bien les Kamara de Bourya qui sont appelés yambatounni, du nom d’une montagne. Généralement, nous dit-on, «on désignait le Khabilana par le nom de la section suivi du nom du village d’origine : les Niakhasso de Ouyoukha, les Niakhasso de Bourya, les Kondjira de Morya, les Keïta de Solya, etc.»
A l’origine le khabilana serait une «unité exogamique». Mais son extension, après plusieurs générations aurait provoqué sa division et va permettre les mariages à l’intérieur du khabilana originel. C’était à partir de la division de la société en khabilana que furent organisés les groupes de villages, les chefferies et les commandements des groupes d’âges.
L’ensemble des habitants d’une concession familiale pouvait porter deux noms qui seraient synonymes : dimbayana ou encore bengune. L’endroit où vit un dimbayana, l’ensemble des cases, la cour, les dépendances est appelé landena qui voudrait dire : «carré». Le chef de carré était appelé tandekana. Au pluriel, tandekane, désignant l’ensemble des chefs de carré du village.
Certaines personnes, qui ne seraient pas des parents directs du chef de carré, pouvaient vivre chez lui et faire partie de son dimbayana. Il n’y avait pas de noms propres pour désigner les divisions à l’intérieur du dimbayana. On pouvait distinguer cependant la (ou les) femme (s) et les enfants de chacun des hommes du dimbayana en disant fodéyane «ceux de Fodé», ou talibéyane «ceux de Talibé».
Quand une femme se mariait, elle quittait le dimbayana de son père pour entrer dans celui de son mari (ou du père de son mari). En fait, elle venait habiter dans le carré de son futur mari dès qu’elle a été excisée. Bien que ce dernier n’avait pas toujours fini de payer la dot et de distribuer les divers cadeaux dus à la famille de sa femme.
Il fallait longtemps pour s’acquitter de tout. La dot consistait principalement en argent, bétail (des moutons, mais aussi des vaches et des chèvres) et bandes de coton. Il était également fréquent de donner des arachides à la mère de la future femme si elle manquait de semence.
En principe, on ne donnait pas à un enfant le nom de son père ou de sa mère. Il y avait une préférence pour le nom du père de son père, lorsqu’il s’agissait d’un garçon ; et pour le nom de la mère de son père lorsqu’il était question d’une fille.
Pourtant de nos jours, indique Yaya Niakhasso, «le mariage n’est pas aussi contraignant qu’avant, on a la possibilité d’épouser dans une autre communauté que la nôtre». Alors que poursuit ce dernier, «cela n’était pas permis à l’époque».
Une société en quête d’ouverture
Comme les autres ethnies dites minoritaires de la région de Kédougou, les djalonké sont méconnus par une bonne partie de la population sénégalaise. Pour se faire connaître et mieux valoriser la culture, ces derniers se sont mobilisés en formant l’Association pour le développement culturel et artistique des djalonké (Adcad).
L’association regroupe l’ensemble des membres de l’ethnie djalonké. Elle a pour objectif la défense et la promotion du riche patrimoine culturel djalonké. D’ailleurs, la langue a été la 18e langue à être codifiée par le Sénégal. Par ailleurs, l’association a initié l’organisation des journées culturelles djalonké qui se déroulaient à Fongolimbi.
La première édition a eu lieu en 2004 et la deuxième en 2006. Ces journées qui ont l’habitude d’être célébrées tous les deux ans n’ont pas pu être célébrées depuis leur dernière édition. En cause, des querelles internes.
En fait, les journées culturelles djalonké sont à l’origine de la création du festival des ethnies minoritaires dont la première édition a été célébrée en 2006 à Bandafassi. Cependant, son président national en l’occurrence, Cheikh Oumar Keïta rassure «toutes les dispositions ont été prises pour qu’on puisse reprendre la célébration de ces moments qui consacrent la richesse de notre culture».