LE ''TOTEM'' DU FESTIVAL A BIEN GRANDI
ABLAYE CISSOKHO, ARTISTE-COMPOSITEUR

Le concept est fondé sur le partage dans cette « vaste et grande cour avec toujours une porte toujours ouverte ». Dans la langue mandingue, l’expression « Korda Ba » renvoie non seulement à l’immensité de la cour, mais aussi au fait qu’on y entre en apportant quelque chose. Et par extension, Ablaye Cissokho y invite ses amis, musiciens comme mélomanes.
En fait, une « continuité de la scène, permettant par exemple à des artistes du « In » du festival, de venir côtoyer d’autres personnes, des jeunes, de nouer des rencontres artistiques ». Déroulé « Autour de minuit », le spectacle d’Abdoulaye Cissokho a été le plus couru durant le festival après les prestations du « In » de la place Faidherbe.
Pour ce musicien, qui se définit comme « petit griot qui joue à la kora tout en essayant de préserver l’héritage qui m’a été légué », le Festival de jazz constitue une « identité » eu égard au fait de l’opportunité artistique et à la renommée qu’il a eues grâce à celui-ci. D’aucuns le désignent d’ailleurs, de son air de faux timide, comme le « totem » du festival qui l’a vu grandir.
L’artiste dit « être redevable à la ville de Saint- Louis qui m’a tout donné ». Même son épouse. « Je suis tombé amoureux de la ville », souligne-t-il, de ses binocles d’intello qui s’exprime dans un français très correct acquis certainement avec ses nombreux voyages.
Se voulant griot, Abdoulaye Cissokho revendique être, à la base, un « noble qui ne cours pas les baptêmes, mariages ou cérémonies auxquels » il n’est pas invité. Il se veut un gardien de la tradition qui préfère aller « jouer dans les bars ou restaurants pour gagner mon pain » et ne pas se contenter de l’étiquette d’un « griot collant». Il est d’avis qu’il « n’est pas facile d’être un griot dans un environnement où l’on n’est pas écouté et compris ». Le jeune griot a compris très tôt qu’il pouvait vivre de son art tout en restant un « gardien de la tradition ».
Aussi, il dit jouer pour les mélomanes sans pour autant donner un qualificatif à sa musique. « Je préfère laisser les autres caractériser ma musique. Certains disent que je fais du jazz, d’autres du classique. Il y en a même qui soutiennent que je fais du blues. Je peux dire que je ne suis pas à la recherche de quelque chose, mais bien à la découverte », estime l’artiste qui déroule dorénavant une carrière internationale qui l’a conduit un peu partout dans le monde.
Ce qui entre en phase dans sa conception de l’art qu’il voudrait être un « dialogue permanent entre artistes ». Il est à l’aise quand il partage la scène avec d’autres confrères. Et laisse libre cours à l’expression d’une partition solo d’un musicien qui se lance.
Parlant du festival de jazz, Abdoulaye Cissokho appelle toutes les bonnes volontés à le soutenir puisqu’il s’« agit là d’une vitrine pour la ville ». Bien que la « Fondation Bnp Paribas et la Bicis sont des acquis pour le festival, il faudrait que d’autres sponsors puissent venir appuyer ce qui se fait ».
Il dit aussi être reconnaissant à l’endroit de l’institution bancaire et sa Fondation qui l’ont permis d’ « asseoir une carrière ». « J’insiste beaucoup sur le soutien de la Bicis puisqu’elle m’a appuyé pour mon premier album en 2008. C’est grâce à la banque que j’ai connu la Fondation Bnp Paribas qui m’a soutenu également dans mes projets artistiques et permis de me produire à l’étranger », rappelle M. Cissokho.
Avec neuf albums à son actif, il taquine aussi la musique de film depuis trois ans. Si les débuts ont été difficiles, il ne regrette pas le chemin parcouru qui l’a permis de se forger une stature artistique. Il vient juste de créer une entreprise culturelle et promet un album à la fin de cette année.
Interpellé par tout ce qui se passe dans son environnement, Abdoulaye Cissokho dit se laisser guider par son inspiration. « Je ne force pas les choses quand je compose. Les choses m’arrivent naturellement, mais mes chansons constituent souvent un condensé de l’actualité.
Des thèmes comme l’amour, la paix, la mort m’inspirent naturellement », confirme celui qui chante la plupart du temps dans la langue mandingue.