LES GOUVERNEMENTS INVITÉS À PROTÉGER LA MÉMOIRE COLLECTIVE
MUSEE, ARCHIVES, BIBLIOTHEQUE...

Un colloque international sur le thème « Patrimoine documentaire en danger : quelles stratégies de préservation dans les zones en situation de conflits » s’est ouvert, hier, à Dakar. La rencontre a été une occasion pour le ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, d’exhorter les gouvernements africains à œuvrer pour la protection de la mémoire collective.
En Afrique, les guerres, les conflits et les troubles occasionnent, très souvent, la destruction d’édifices et bâtiments publics abritant le patri- moine documentaire. Ce qui impacte de plein fouet la mémoire collective, avec la dégradation, voire la disparition de fonds et collections documentaires.
C’est dans le but de mettre un terme à cette crise qui efface une partie de l’histoire des peuples que la Commission nationale sénégalaise pour l’Unesco et le Co- mité sénégalais «Mémoire du monde» organisent, depuis hier, un colloque international sur le thème : « Patrimoine documentaire en danger : quelles stratégies de préservation dans les zones en situation de conflits ».
L’objectif visé est d’œuvrer pour la promotion et la protection de cet héritage dans les zones en situation de conflits. Le ministre de la Culture et de la Communication a invité les gouvernements et institutions compétentes à protéger ce patrimoine. Lequel, d’après Mbagnick Ndiaye, est souvent menacé et risque de disparaître pour toujours si rien n’est entrepris pour sa sauvegarde et sa transmission aux générations actuelles et futures.
« La protection du patrimoine documentaire dans les zones en proie à de fréquents conflits armés, de rébellions, de guerres civiles, religieuses, ethniques ou de sécession devient un impératif. Ces troubles occasionnent souvent la destruction d’édifices et de bâtiments publics abritant le patrimoine documentaire des pays en conflit, entraînant inéluctablement la dégradation, voire la disparition de fonds et collections documentaires de très grande valeur pour la postérité qu’on a mis du temps à collecter, traiter et stocker », a-t-il expliqué.
Il a ainsi appelé à la réouverture du débat sur la sauvegarde des fonds documentaires et les enjeux qui l’entourent. « Notre pays a lancé plusieurs programmes qui sont des indicateurs de sa volonté de revisiter et de systématiser une politique nationale d’information documentaire, à savoir les projets de construction de la Maison des archives du Sénégal et de la Bibliothèque nationale », a-t-il dit.
Ces programmes, d’après M. Ndiaye, marquent une « volonté politique résolue » et la prise de conscience du rôle de l’information comme facteur déterminant pour assurer le développement durable.
Pour sa part, Fatoumata Cissé, présidente du Comité sénégalais « Mémoire du monde», a souligné la nécessité de créer un comité sous- régional pour la sauvegarde du patrimoine. « Le patrimoine documentaire de la sous-région est très exposé. Pour l’essentiel, il est consigné sur papier qui est un support très fragile. En plus, les conflits notés dans ces pays ne militent pas en sa faveur », a-t-il fait comprendre.
Hommage à Ndèye Sokhna Guèye
Ce colloque qui a mobilisé des participants venant, entre autres, du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali et de la République centrafricaine a aussi été une occasion de rendre un hommage, à titre posthume, au Dr Ndèye Sokhna Guèye, enseignante-chercheur à l’Ifan/Cheikh Anta Diop, ancienne présidente du Comité sénégalais «Mémoire du monde», décédée.
Pour Aliou Ly, secrétaire général de la Commission nationale sénégalaise pour l’Unesco, Ndèye Sokhna Guèye était une femme d’une grande rigueur intellectuelle et scientifique, et elle a dévoué toute sa vie à la cause de l’éducation.
« Sa délicatesse, son raffinement ainsi que ses rapports avec ses collègues ont fait d’elle une référence dans l’espace universitaire », a-t-il soutenu.