MACKY SALL S’EN PREND AUX MÉDIAS DU CHANTAGE
CLÔTURE DES 43ÈMES ASSISES DE L’UPF
Le chef de l’Etat du Sénégal s’est soumis, samedi dernier, aux questions des journalistes membres de l’Union internationale de la presse francophone (Upf). Invité à la clôture des 43èmes assises de l’Upf, Macky Sall a apporté des réponses sur la pratique du journalisme au Sénégal, et a évoqué la situation du Burkina, ainsi que l’épidemie d’Ebola.
C’était un invité de taille, dans tous les sens du terme. Le Président Macky Sall s’est soumis, samedi dernier, lors de la cérémonie de clôture des 43èmes assises de l’Union internationale de la presse francophone (Upf), à l’exercice des questions- réponses de certains journalistes membres de cette organisation.
Interpellé sur l’état de la presse au Sénégal, le chef de l’Etat a assuré : «Au Sénégal, nous avons une presse libre. Et ça ne date pas de Macky Sall. C’est un acquis historique dans ce pays. La presse vient d’installer le tribunal des pairs. En ce qui nous concerne, si nous avons des reproches à faire à un journaliste, nous nous adresserons au tribunal des pairs. Et nous avons un code de la presse élaboré depuis plusieurs années. Il est bloqué à l’Assemblée nationale parce que les députés ont estimé qu’il est attentatoire.»
Le chef de l’Etat constate qu’il y a, parfois, des dérives. «Lorsque des non-journalistes utilisent la profession comme un moyen de chantage, on n’est plus dans le journalisme. Donc, Il y a urgence à voter le nouveau code la presse, qui consacre totalement la dépénalisation des délits de presse pour les journalistes. Politiquement, je vais informer notre groupe parlementaire pour qu’on l’adopte. Il y a une nécessité à faire de la régulation sur le net. Car derrière un clavier, on détruit par- fois des vies», avance le Président.
«La presse a besoin de soutien»
Le Président invite la presse privée à travailler avec le public pour qu’il y ait une amélioration globale de la convention collective des journalistes. Selon lui, les journalistes doivent eux-mêmes défendre leur métier.
«A partir de ce moment, il sera plus facile d’améliorer, de manière sensible, les conditions de vie et de travail des journalistes. Nous avons une aide à la presse qui s’élève pour le moment à 700 millions de francs Cfa. Et nous voulons l’augmenter régulièrement. Nous avons aussi fait des abandons de dettes fiscales pour la presse. Nous l’avons fait parce que la presse a besoin d’être soutenue», explique M. Sall.
Il a également annoncé être en train d’étudier, avec les éditeurs de presse, les moyens de faciliter les conditions de travail des professionnels de l’information.
«Le journalisme est un métier difficile, risqué. Les journalistes payent les plus lourds tributs dans les zones de guerre, de conflit. Donc, il faut les mettre dans de meilleures conditions. Le gouvernement fera le maximum pour que la presse sénégalaise continue à être une presse libre, de qualité», s’est engagé le Président Macky Sall.
Passage au numérique
Selon le chef de l’Etat, le passage au numérique est une obligation. D’après lui, l’Union internationale des télécommunications souhaite que le Sénégal soit au rendez-vous en juillet 2015.
«Nous avons mis en place une Commission nationale qui a fait un excellent travail. Elle a proposé au gouvernement le schéma de transition. Et nous avons sélectionné une télévision sénégalaise privée, avec des professionnels locaux, qui feront le passage. Avec des professionnels, nous allons veiller sur les contenus pour protéger nos citoyens.»
Le chef de l’Etat estime que le monde est en train de subir des mutations extraordinaires du fait de la révolution numérique.
«Chaque journaliste doit être formé pour utiliser les outils numériques, les technologies de l’information et de la communication. C’est une opportunité pour tout le monde. Et Il n’y a pas beaucoup d’investissement à faire. Il s’agit juste de se mettre à l’ère du numérique pour participer au concert du monde. Et je pense que nos jeunes sont en train de se préparer.
Maintenant, les Etats doivent faire des efforts sur l’accès à internet qui reste très cher. C’est pourquoi le Sénégal a décidé que tous les campus universitaires et les lycées, seront des espaces où l’accès à internet sera gratuit pour l’ensemble des apprenants», a affirmé l’invité des journalistes francophones.
Il en a appelé à la protection des pro- duits locaux tout en restant ouvert aux autres cultures.
Transition au Burkina
Le Président Macky Sall signale que la transition au Burkina doit «nous convaincre qu’en Afrique, les changements anticonstitutionnels ne sont pas acceptés».
Commentaire : «La leçon doit être apprise pour tout le monde. Maintenant, je souhaite que cette transition soit pacifique pour qu’ils se concentrent autour de l’essentiel. Il faut que les 12 mois qui viennent soient consacrés à aider le Burkina à aller vers des élections transparentes, à assurer la continuité de l’Etat. Maintenant, il appartient à chaque pays de s’organiser pour vivre sa démocratie. Avec moi, c’est la réduction des mandats», précise-t-il.
En outre, M. Sall avance que les Africains se battent autant qu’ils peu- vent contre Ebola. Pour réussir cette lutte, il soutient que la prise en charge doit se faire au niveau planétaire.
«Il faut que le monde entier se mobilise. Aujourd’hui, si on s’organise bien, on peut contenir la maladie et l’éliminer. Donc, il faut une solidarité réelle, mais dans la vigilance. Nous devons faire des efforts pour que nos systèmes de santé répondent aux défis qui se posent au monde.»
Le Président a dévoilé que sa participation au G20, en tant que président du Nepad, a été l’occasion d’attirer l’attention du monde développé sur le fait que Ebola ne menace pas que l’Afrique.