MIMI TOURÉ APPELÉE À LA BARRE
L’ANCIEN PREMIER MINISTRE CITÉE À COMPARAÎTRE LE 13 NOVEMBRE PROCHAIN PAR LES AVOCATS D'HISSÈNE HABRÉ
Finalement, l’affaire du faux présumé relatif à la convention judiciaire signée entre le Sénégal et l’Union Africaine, va atterrir devant le tribunal correctionnel de Dakar. En effet, l’ancien Premier ministre, Mme Aminata Touré, est citée à comparaître par les avocats de l’ancien chef de l’Etat tchadien, M. Hissène Habré, le 13 novembre prochain. Ce pour répondre des accusations de faux et usage de faux. C’est ce qu’on a appris hier soir de source judiciaire. Un rappel des faits qui vont conduire le deuxième Premier ministre du président de la République devant les juges, si la plainte des avocats de M. Habré n’est pas classée sans suite, bien sûr, comme celle qu’ils avaient déposée contre l’actuel ministre de la Justice devant le doyen des juges d’instruction lorsque Me Sidiki Kaba avait qualifié leur client de "bourreau".
Lors d’une conférence de presse tenue il y a trois mois à Dakar, les avocats de M. Habré avaient menacé de porter plainte pour "faux" contre l’ancien Premier ministre, Mme Aminata Touré. Et ce au motif qu’elle n’avait pas pouvoir pour signer un accord international engageant le Sénégal. En effet, avaient expliqué les robes noires, l’article 95 de notre Constitution accorde ce pouvoir au seul président de la République. Lequel, à les en croire, peut cependant déléguer ce pouvoir — pour un objet précis, limité dans le temps — à son ministre des Affaires étrangères.
Les avocats s’étaient interrogés à bon droit de savoir pourquoi cet accord a été signé par Mme Aminata Touré, ministre de la Justice au moment des faits, alors que le jour de la signature du fameux accord, dont la cérémonie s’était tenue dans les locaux du ministère des Affaires étrangères qui plus est, M. Alioune Badara Cissé, le MAE de l’époque, était bel et bien présent à Dakar et en bonne santé aussi. Maîtres El Hadj Diouf et compagnie disaient donc d’autant plus douter que Me Cissé ait délégué ses pouvoirs à sa collègue de la Justice que, au moment où se tenait la cérémonie de signature, il se trouvait dans son bureau, à quelques mètres de la salle où Mme Aminata Touré et Me Robert Dossou, l’avocat béninois chargé par l’Union africaine de signer en son nom, apposaient leurs griffes au bas de ce document.
Au lendemain de la conférence de presse du collectif des avocats de l’ancien président tchadien, qui l’avaient interpelé publiquement, l’ancien ministre des Affaires étrangères s’était fendu d’un communiqué pour dire en substance qu’il n’avait mandaté personne pour signer un quelconque accord en son nom. En tout cas pas avec l’Union africaine encore moins au sujet de l’organisation du procès de M. Habré. La réplique — cinglante — de Mme Aminata Touré ne s’était pas fait attendre puisque, après cette sortie de Me Alioune Badara Cissé, sa cellule de communication avait sorti un communiqué pour confirmer que l’ancienne ministre de la Justice avait bel et bien reçu délégation du chef de la diplomatie sénégalaise de l’époque pour signer ledit accord.
Mieux, les membres de cette cellule avaient joint à leur communiqué un fac simile du document par lequel M. Cissé aurait délégué ses pouvoirs à Mme Touré pour signer un accord avec l’Union Africaine. Ce pour le compte de l’Etat du Sénégal. La cause semblait donc entendue à la suite de ce communiqué de presse d’autant plus que, selon la plupart des confrères, l’ancien Premier ministre avait cloué le bec à l’ex-ministre des Affaires étrangères en montrant même en scanner la signature de M. Cissé au bas du document. Imparable !
Malgré ce scanner censé leur clouer le bec, cependant, les défenseurs de M. Habré étaient restés sceptiques. Preuve qu’ils continent de croire à un faux commis par Mme Aminata Touré dans la signature de la convention judiciaire liant le Sénégal à l’Union Africaine, ils viennent de citer l’ancien Premier ministre à comparaître devant la justice le 13 novembre prochain. Une affaire dont on n’a pas fini de parler, assurément…