NADINE GORDIMER EST MORTE
PRIX NOBEL DE LITTERATURE, MILITANTE DE LA LUTTE ANTI-APARTHEID

“J’ai lu tous les romans non interdits de Nadine Gordimer et ai appris beaucoup sur la sensibilité des Blancs libéraux” (opposés à l’apartheid), a écrit Nelson Mandela dans son autobiographie, relatant ses vingt-sept ans passés en prison. C’est cette voix forte de la lutte anti-apartheid qui vient de s’éteindre.
L’écrivaine sud-africaine Nadine Gordimer, est décédée dimanche à l’âge de 90 ans, dans son sommeil, à son domicile de Johannesburg, a annoncé hier lundi, un communiqué de la famille. Composée de quinze romans, quelque 200 nouvelles et de nombreux essais et critiques, son œuvre dont la plupart avait été interdite sous l’apartheid, dénonce avec force la politique d’apartheid de son pays.
«Ses plus grandes fiertés», rappellent ses enfants, «n’était pas seulement d’avoir reçu le prix Nobel de littérature en 1991, mais aussi d’avoir témoigné (à un procès) en 1986, contribuant à sauver la vie de 22 membres de l’ANC, tous accusés de trahison». Membre du Congrès national africain (ANC) depuis 1990, elle fut longtemps l’une des dirigeantes du Congrès des écrivains sud-africains (COSAW). Elle a continué à écrire après l’avènement de la démocratie en 1994, n’hésitant pas, malgré son grand âge, à pointer les défauts du nouveau pouvoir des successeurs de Nelson Mandela.
“Le slogan de l’ANC, Une vie meilleure pour tous, n’est pas allé sous terre !” , avait-elle indiqué en 2012, quelques semaines après que la police a abattu 34 grévistes à la mine de Marikana (nord). Elle s’était récemment opposée à une loi restreignant la diffusion d’informations classifiées, jugée liberticide par la presse sud-africaine. Née le 20 novembre 1923, de père juif lituanien et d’une mère chrétienne anglaise, chrétienne elle-même, Nadine Gordimer vit une enfance conformiste dans le milieu petit-bourgeois de Springs, cité minière de la banlieue de Johannesburg.
Débordant d’amour pour sa terre qu’elle n’a jamais voulu quitter même aux pires moments de l’apartheid, elle incarnait la conscience littéraire de la littérature sud-africaine. Proche des avocats de Nelson Mandela, elle fut l’une des premières personnalités que l’icône de la lutte anti-apartheid a demandé à voir après sa libération de prison en 1990.