VIDEO"SI JE SUIS BIEN APPUYÉ, JE SUIS SÛR QUE JE FERAIS RAYONNER LE NOM DU SÉNÉGAL UN PEU PARTOUT"
MAKHOU LÉBOUGUI

Makhou Laye Fall n’est pas un inconnu du paysage musical national. Ce chanteur qui se définit comme le "gardien du Temple" a su revigorer le riche folklore lébou. Il a eu à connaitre ses heures de gloire au début des années quatre-vingt. Dans cet entretien qui suit, le "baron de Thiaroye" revient sur son parcours et sur ses projets. Rencontre avec un grand artiste qui ne connait pas la langue de bois.
Le Témoin - On ne vous entend plus depuis très longtemps, mais que fait donc Makhou Lébougui?
Makhou Lébougui - Je dois admettre que cela fait un bon moment que je n’ai pas donné de mes nouvelles. Mais c’est juste parce que je suis entrain de travailler d’arrache-pied sur une grande nouveauté qui doit sortir aussi bien sur le plan national que sur l’international que je me suis volontairement imposé le silence. Cela dit, s’il plait à Dieu,j’espère que mon nouveau produit va plaire au public.
Vous avez collaboré avec Cheikh Tidiane Tall, Lamine Faye et aussi Dembel Diop, quel est parmi eux l'arrangeur qui vous a le plus marqué ?
Je dois reconnaître que Cheikh Tidiane Tall a joué un grand rôle dans mon éclosion au grand jour. Il a permis à beaucoup de Sénégalais de découvrir Makhou Lébougui, donc je dirais qu’il m’a vraiment marqué. Il me connaît très bien, j’en dirais autant pour Dembel Diop qui comprend bien ma manière de travailler. Cependant, force est, encore une fois, de dire que Cheikh Tidiane Tall constitue un vrai repère pour moi. Il m’a vraiment marqué et je ne saurais passer cela sous silence. J’ai aussi eu à travailler avec Lamine Faye qui est pétri de talent.
Vous avez des relations privilégiées avec Idrissa Diop, comment appréciez vous son come–back réussi au Sénégal ?
Je connais Idrissa Diop depuis bien longtemps car nous avons cheminé ensemble au sein d’un groupe dénommé le "Téranga Express". Il m’a toujours fait comprendre que, dans la musique, il faut toujours avoir foi en sa bonne étoile et ne jamais baisser les bras. J’étaisdans cette formation en compagnie d’artistes comme Thierno Kouyaté, le saxophoniste du Baobab, et tous m’ont appris beaucoup de choses dans le domaine musical. On a eu à jouer ensemble au Méridien et à faire du jazz et de la variété. C’est pourquoi, je ne cesserai jamais de les remercier. Quant au retour gagnant d’Idrissa Diop, je l’apprécie à sa juste valeur car c’est un artiste qui a acquis une dimension internationale. Sa proximité avec des sommités mondiales comme Carlos Santana et tant d’autres atteste de sa vraie valeur. Il continue d’abattre un énorme travail pour le Sénégal. Je vous citerais par exemple le grand concert qu’il avait organisé en 2008 avec le soutien de l’ancien maire de Dakar, Pape Diop. Cela s’était passé dans d’excellentes conditions et aucun artiste n’avait été lésé, ce qui n’est pas très courant. Ce qui prouve tout le professionnalisme de l’homme. Encore une fois, je ne peux que lui tirer mon chapeau car beaucoup d’artistes côtoient les hommes politiques dans le seul souci de se faire une place au soleil. Il ne cesse de produire et se produire pour rehausser le niveau de notre musique. Il l’a encore prouvé récemment en sortant un bel album avec la complicité de Cheikh Tidiane Tall et Dembel. Bref, Idrissa Seck est un grand monsieur que je respecte beaucoup et il me le rend bien.
Vous aviez connu un franc succès avec votre première cassette et après, vous eu du mal à confirmer pouvez-vous nous expliquer les raisons de ce blocage?
Ah non, cela ne peut constituer en aucun cas un blocage car c’est grâce à cela que j’ai été connu et reconnu. Il faut savoir que je suis un pur produit du Sénégal des profondeurs aussi. Je suis bien ancré au Cayor car je suis un Damel, descendant de la grande lignée d’Amary Ngoné Sobel et aussi, d’un autre côté, de Tafsir Malick Diop. Ce qui signifie que je suis un vrai citoyen de ce pays. Cependant, j’ai été connu grâce à mon appartenance à la grande famille des Lébous et je ne saurais le réfuter. C’est une culture qui m’a fait connaître et que je revendiquerai toujours.
Ne pensez-vous pas avoir connu un grand retard au vu du déroulement de votre carrière qui tarde à décoller au Sénégal? Concrètement, qu'est ce qui manque à Makhou Lébougui?
Je ne vais pas user de la langue de bois. Makhou n’a pas été bien soutenu comme les autres. Si je suis bien appuyé, je suis sûr que je ferais rayonner le nom du Sénégal un peu partout. Tous les chanteurs de ce pays me connaissent et ils reconnaissent ma valeur. Il se passe beaucoup de choses dans ce pays sur le plan musical et Makhou n’y est jamais associé. Pour l’heure, nous poursuivons notre travail et espérons pouvoir atteindre un jour nos objectifs avec l’aide de Dieu.
Vous avez fini d'enregistrer un produit acoustique depuis plus d'une année, qu’attendez-vous pour le sortir?
Je vous l’ai dit tantôt, nous sommes en train de travailler depuis très longtemps sur ce produit. Il s’agit d’un album de huit titres que nous avons fini de concocter. Cependant, nous allons prendre tout notre temps pour le sortir car nous ne sommes pas pressés. Je n’ai plus besoin de brûler les étapes. J’attends la sortie imminente de l’album et je voudrais aussi profiter de cette occasion pour demander aux mélomanes d’acheter le produit original à sa sortie en lieu et place des supports contrefaits. Un clip est déjà réalisé et il est diffusé sur les écrans. Je profite de cette occasion pour remercier certains journalistes qui se préoccupent des artistes en hibernation. Ce qui est une bonne source de motivation pour nous autres.
Que nous prépare alors concrètement Makhou ?
Je travaille actuellement sur un grand projet. Cette belle trouvaille du directeur général d’une compagnie d’assurances de la place, M. Pape Ndiogou Ndiaye, a trouvé une oreille attentive auprès de tous les pêcheurs du Sénégal et de l’ensemble de la communauté léboue avec à leur tête le Grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop. Il ne faut pas oublier le soutien agissant du ministre en charge de la Pêche. Il s’agit d’assurer l’ensemble des pêcheurs du Sénégal. A ce propos, j’ai déjà sorti un titre et la vidéo est en train d’être diffusée. Il ya aussi le projet qui consiste à immatriculer toutes les plages du Sénégal. Tout cela pour vous dire que je continue d’œuvrer avec mes moyens pour le bien-être des pêcheurs et membres de la grande communauté léboue de ce pays. Une tournée nationale, qui nous mènera jusqu’à Saint Louis et Ziguinchor, va d’ailleurs démarrer ce 30 août.
Vous étiez très proche de Alioune Petit Mbaye, comment appréciez-vous sa situation actuelle, et avez-vous gardé le contact avec lui ?
Petit Mbaye est en train de vivre une situation certes difficile mais qui est aussi inévitable car cela fait partie de sa destinée et il ne pourrait y échapper en aucune façon. Tout cela découle de la volonté divine. Cependant, Petit Mbaye est un grand seigneur qui a fait beaucoup de bien autour de lui. Notre relation est sincère et dépasse le cadre du visible. Ce qui fait que je voudrais garder pour moi la véritable nature de nos rapports.
Est-ce que vous êtes en contact avec lui ?
Petit Mbaye est mon ami mais, comme je vous l’ai dit, je ne saurais trop m’aventurer sur tout ce qui nous lie et je préfère m’en arrêter là.
Vous aviez l'habitude d'organiser un festival à Thiaroye, pourquoi n'avez-vous pas encore fixé de date pour cette année ?
Ce festival aura bel et bien lieu au mois de décembre à Thiaroye-sur-mer. On l’organise chaque année et, pour cette fois, l’événement sera étalé sur trois jours avec beaucoup de surprises. Je peux vous assurer que cela se fera car j’ai toujours le soutien d’amis et de parents comme Abdoulaye Makhtar Diop, Alioune Badara Bèye etc.
Après plus de trente ans de présence sur la scène musicale sénégalaise, que nous réserve Makhou Lébougui ?
Je prépare une grande surprise qui fera certainement date et le monde entier se rendra compte que Makhou ne dormait pas sur ses lauriers. Je vais revenir en force et, avec l’aide de Dieu, je pense que le résultat sera à la hauteur de l’attente. Je terminerai par lancer un appel à nos dirigeants. Il est impossible de répondre à toutes les attentes mais il faut essayer de trouver des solutions aux problèmes liés au coût de la vie. Je voudrais souhaiter que les hommes politiques se retrouvent.