UN ÉMISSAIRE DE L’UNION AFRICAINE JOUE LA MÉDIATION DANS L’AFFAIRE HABRÉ
REJET DE L’ENTRAIDE JUDICIAIRE DU TCHAD
Robert Dossou, le représentant spécial de la présidente de la commission de l’Union africaine (UA), est au Sénégal pour discuter avec les autorités judiciaires sur la procédure concernant l’affaire Hissène Habré. Ceci après avoir effectué une visite au Tchad. Il se dit satisfait des missions effectuées sans pour autant donner plus de précision.
Par lettre datée du mardi 14 octobre 2014, les autorités judiciaires du Tchad ont fait parvenir à la Chambre d’instruction des Chambres africaines extraordinaires, la notification du rejet de la demande d’entraide judiciaire formulée par celle-ci. En effet, ladite Chambre d’instruction avait, le 03 octobre 2014, adressé une Commission Rogatoire Internationale (CRI) aux autorités tchadiennes, aux fins de procéder à l’inculpation et à l’interrogatoire de MM Saleh Younous et Mahamat Djibrine dit El Jonto.
Ces deux personnes, actuellement en détention provisoire à N’Djamena, sont poursuivies devant les Chambres africaines extraordinaires pour crimes contre l’humanité et torture. Depuis, plusieurs questions sont posées sur la continuité de la procédure. Cela étant, le représentant spécial de la présidente de la commission de l’UA sur ce dossier explique que sa mission consiste à conduire une délégation de l’UA au Tchad et au Sénégal. Après s’être rendu au Tchad, du 09 au 14 novembre, Robert Dossou est au Sénégal depuis lundi dernier.
Très évasif et sans vouloir préciser davantage, il estime que des étonnements ont fusé de Tchad comme du Sénégal. C’est la raison pour laquelle la présidente de l’UA l’a envoyé en mission dans les deux pays. Selon M. Dossou, le Tchad est toujours mobilisé et a mis en œuvre des procédures. Il révèle avoir rencontré les autorités chargées du dossier, ainsi que le ministre de la justice du Tchad. "Le président Idriss Déby nous a fait l’honneur de nous recevoir", dit-il.
Et du coté du Sénégal, il renseigne que même si Macky Sall ne l’a pas encore reçu du fait de son absence du territoire, il les a entendus sur la teneur de leur mission et leur a réaffirmé son engagement. Il dit par ailleurs que des séances de travaux ont été effectuées avec le ministre de la Justice du Sénégal, mais également avec les chambres africaines extraordinaires notamment le parquet général, la chambre d’instruction et la chambre d’accusation. "On a lancé un travail avec l’administrateur des chambres et tout se déroule bien", a-t-il affirmé.
Un émissaire dans le clair-obscur
Tout le monde s’attendait hier à ce que l’émissaire de l’union africaine (UA) se prononce sur le refus d’entraide judicaire du Tchad et la position de Ndjamena dans l’instruction des deux co-inculpés. Mais rien ! Robert Dossou a joué au clair-obscur soulignant qu’il est très satisfait des deux missions aussi bien au Tchad qu’au Sénégal et qu’il ne pourra pas répondre à certaines questions du fait des limites que lui impose sa déontologie à cette phase de la procédure. En ce qui concerne la mise à disposition des deux co-inculpés qui sont actuellement au Tchad, il répond qu’il est encadré par un certain nombre de principe et que la discrétion est le moteur de la réussite.
Pour ce qui est du blocage et du retard de la procédure, M. Dossou d’estimer que les juges des Chambres africaines ont promis de respecter les délais. "Il n’y a pas lieu de s’inquiéter que les délais prévus ne soient pas respectés. Ces juges minutieusement choisis connaissent leur métier et disposent d’un arsenal de moyens juridiques et techniques pour résoudre le problème des témoins", a-t-il expliqué. Il poursuit que l’UA s’abstient de se mêler de tel ou tel autre moyen et que ce n’est pas parce que l’UA a un accord avec le Sénégal pour mettre en place cette juridiction, qu’elle va se mêler de l’orientation et à la démarche des chambres africaines. L’UA doit respecter l’indépendance des juges et assurer que tous les moyens soient à leur disposition, conclut-il.