Un bon moyen de couvrir ses arrières en cas d’échec
GIRESSE ET L’OBSESSION DES MAUVAISES CONDITIONS DE TRAVAIL

Depuis le match de Conakry où la tanière version Giresse a étalé ses limites devant une modeste sélection angolaise, le sélectionneur ne rate plus une occasion de dénoncer ses conditions de travail. Une belle manière pour le technicien de protéger ses arrières. Et pourtant, jusque-là c’est lui qui dicte les conditions de travail. La fédération et l’Etat qui a mis 300 millions sur la table ne font que suivre les indications du technicien, en tout ce qui concerne la préparation de l’équipe. Une préparation qui risque d’étaler ses insuffisances, samedi contre l’Angola, du fait des choix opérés par le coach qui est allé se regrouper à Bruxelles, loin de Luanda où se jouera le match. De même, Giresse s’est contenté d’une équipe formée au pied levé par des joueurs de seconde zone, vite écrasés (7-1).
Alain Giresse, un coach trop tendu depuis le retour de Conakry
«Je ne travaille pas dans de bonnes conditions», cette phrase a été lâchée par Alain Giresse le 23 mai dernier, à travers les ondes d’une radio gironde (Bordeaux en France). Auparavant il avait fait état de ses craintes quant aux conditions de préparation des Lions pour les matchs contre l’Angola et le Libéria les 8 et 15 juin. Et ces nombreuses alertes (souvent pas opportunes) ne traduisent que la tension qui habite le technicien à l’approche de ces sorties déterminantes pour la qualification ou non du Sénégal au dernier tour vers Brésil 2014. Sur les nerfs depuis le camouflé de Conakry, le coach avait agacé plus d’un journaliste lors de la conférence de presse de publication de la liste des 23 joueurs. Tantôt il refusait de répondre à une question, tantôt il le faisait de manière très désinvolte. Et le problème du retard de payement des frais d’hôtel à Bruxelles est venu en rajouter à la nervosité apparente de Giresse qui a vite fait de pointer du doigt la «négligence» des autorités (fédérales et surtout étatiques parce que c’est l’Etat qui paye).
Pourquoi le coach est devenu subitement si tendu ? Est-il hanté par l’échec parce qu’au sortir du match de Conakry, il se serait rendu compte que la tâche ne sera pas aussi aisée qu’il l’avait espéré? En tirant sans cesse sur la corde des conditions de travail qui ne seraient pas des meilleures, Giresse n’est-il pas en train de couvrir ses arrières et de détourner les attentions ailleurs en cas d’échec?
Stage à Bruxelles et match de préparation contre une équipe de fortune : des choix contestables
Pour affronter l’Angola et le Libéria, Alain Giresse a choisi de faire six jours de regroupement à Bruxelles. Sans douter de ses qualités de technicien, on est en droit de douter de la pertinence de ce choix. D’abord, il y a le décalage géographique et climatique entre le lieu de préparation (Bruxelles) où les températures sont comprises entre 13 et 16° et le lieu du match (Luanda) où les températures oscillent entre 28 et 30°.
Dans un souci d’acclimatation, le Sénégal aurait dû se regrouper dans un pays proche de l’Angola comme la Rdc, le Congo Brazza ou la Namibie. Mais Giresse lui, a sa haute opinion de la question. Lors de sa conférence de presse de publication de la liste des 23 joueurs, il avait déclaré : «La question d’acclimatation, je n’y crois qu’à moitié. On me parle de l’acclimatation par rapport à l’heure du match, par rapport à la température. Je pense que l’organisme peut s’adapter rapidement». Mais Giresse aura du mal à convaincre les techniciens et acteurs du football qui trouvent nécessaire ce temps d’acclimatation. D’ailleurs, la thèse du Français sur l’acclimatation à laquelle il ne croit qu’à moitié a été mise à rude épreuve lors du précédent Sénégal-Angola du 23 mars dernier. Alors que le match était programmé à 17h (pendant que le soleil tapait encore à Conakry), Giresse, pour éviter les «conditions difficiles» à ses joueurs, avait choisi de s’entraîner une heure plus tard, à 18h, au moment où la fraîcheur tombait sur la ville. Un choix que le professeur Fallou Cissé avait tenté d’expliquer sans trop convaincre.
La suite, on la connaît. Après une première mi-temps (sous le soleil), les Lions étaient complètement grillés. D’ailleurs, cette curiosité que les journalistes avaient déjà constatée, le coach adjoint Boubacar Gadiaga l’a soulignée lui aussi après le match dans des propos repris par l’Agence de presse Sénégalaise. «Nous avons pris un véritable bain de soleil. Moi qui étais sur le banc, j’étais cuit. (…). Je pense qu’il s’est posé peut-être ce problème d’adaptation à la chaleur. (…). Après 15 à 20 minutes, la majorité des joueurs n’en pouvaient plus». Apparemment, Giresse n’a pas retenu la leçon de Conakry. Si ses joueurs se consument au bout de 45 minutes à Luanda, il n’aura qu’à s’en prendre à lui-même.
Un stage dans un pays limitrophe coûterait moins cher et offrirait la possibilité de jouer contre une sélection ou un grand club
En plus de la nécessité de se mettre aux mêmes conditions climatiques qu’à Luanda, un stage des Lions à Kinsahsa (Rdc), Brazaville (Congo) ou à Windhoek (Namibie) aurait des avantages financiers plus intéressants qu’un regroupement à Bruxelles où l’hôtel et la location du terrain d’entraînement d’Anderlecht vont nous coûter une fortune. En tout cas beaucoup plus cher qu’un hôtel et un terrain dans les pays cités ci-dessus
Au plan sportif également, le Sénégal pourrait sur place trouver un sparring partner de taille. Au lieu de se contenter d’une équipe constituée au pied levé par des joueurs sénégalais de seconde zone en Belgique, Giresse pourrait même avoir une sélection comme adversaire si l’on sait que, dans ces pays, les équipes nationales sont à base locale. Les fédérations de ces pays se saisiraient certainement de cette belle occasion de jouer les Lions sans bourse délier. D’ailleurs, la Tanzanie qui n’est pas trop éloignée avait émis le vœu de rencontrer les Lions en amical le 4 juin dernier.
Seulement, la perspective de jouer avec une sélection africaine n’était pas dans les plans de Giresse qui craignait sans doute des blessures et les longs déplacements qui semblent lui donner le tournis. Mais en Afrique centrale les Lions pourraient affronter au moins un grand club comme il en existe dans cette partie de l’Afrique.