UN LIVRE LEVE LE VOILE SUR ANNE PINGEOT,"LA CAPTIVE DE MITTERRAND"

PARIS, 13 mars 2014 (AFP) - Le 11 janvier 1996, lors des obsèques de François Mitterrand, la France et le monde découvrent, au côté de l'épouse officielle, le visage d'Anne Pingeot, "vraie compagne" de l'ex-chef d'Etat pendant 30 ans: c'est le portrait de cette femme secrète que dessine David Le Bailly dans "La captive de Mitterrand".
Emouvante pour les uns, choquante pour les autres, cettte image a fait le tour de la planète. Anne Pingeot, la mère de Mazarine, "a été la vraie compagne de Mitterrand. Elle l'a accompagné pendant trente ans, ne s'est affichée en public que le jour de ses obsèques et, depuis, s'arc-boute sur son silence", dit à l'AFP l'auteur de cet ouvrage à paraître le 19 mars aux éditions Stock.
"Leur histoire d'amour, c'est celle d'un secret d'alcôve devenu secret d'Etat". Pour tenter de déchiffrer cette "femme énigmatique, héroïne totalement romanesque mais personnage ignoré", et reconstituer sa vie, David Le Bailly, journaliste à Paris-Match, a enquêté de Clermont-Ferrand, la ville natale d'Anne, à Hossegor, où les deux amants s'étaient connus, en passant par Paris ou Château-Chinon.
Il a rencontré plusieurs de ses proches, ses collègues du Louvre et du Musée d'Orsay, où elle était conservateur, spécialiste de la sculpture du XIXe siècle. Anne Pingeot, elle, a refusé de lui parler.
Née le 13 mai 1943, dans une famille bourgeoise auvergnate, Anne Pingeot incarne une certaine France catholique et de droite, dont Mitterrand est aussi issu, relève l'auteur. "Elle était une sorte de miroir de Mitterrand".
Pour le Syndicat des métaux, qui le dénonce à la Libération, le grand-père d'Anne, Henri Pingeot, cousin des Michelin, appartenait à ces notables "partisans d'une victoire allemande". Les usines Pingeot ont été aussi "soupçonnées de servir de dépôt d'armes pour La Cagoule", un groupe d'extrême droite, écrit le journaliste.
Cette "jeune fille comme il faut" aux grands yeux bleus, allure modeste sous une coupe de cheveux sage, monte à Paris à 17 ans pour suivre des études d'art. Elle se rend souvent chez les Mitterrand, François et Danielle, amis de ses parents.
L'histoire d'amour entre Anne et le futur président de la République, de vingt-sept ans son aîné, commence vraiment en 1963. Il est marié, a deux enfants, ne peut divorcer. Elle l'accepte. Les amies de la jeune fille accusent Mitterrand "d'enfermer Anne".
Déjà... - Une femme qui s'est forgé une carapace - "Sous ses airs discrets et presque effacés, c'est une femme au caractère très fort qui s'est forgé une carapace, tenue au secret, captive, et surveillée en permanence, avec Mazarine, après l'élection de François Mitterrand".
"C'est le pire jour de ma vie", souffle-t-elle à une amie, ce 10 mai 1981. Leur fille, Mazarine, a alors six ans. François Mitterrand la reconnaîtra le 25 janvier 1984 par un acte privé signé devant notaire.
Anne Pingeot, qui a par ailleurs porté le secret de la maladie du chef de l'Etat pendant de longues années, "n'a pas profité de la situation pour faire carrière. Mais on ne passe pas 30 ans avec Mitterrand sans avoir de lien avec le pouvoir", estime l'auteur.
"Elle insistait, raconte une de ses collègues, pour qu'on la considère comme n'importe quel conservateur, mais elle savait très bien que tout le monde savait".
Il est plus que probable, ajoute David Le Bailly, qu'elle ait laissé, comme les Reines de France, sa marque sur le patrimoine national, veillant de près à la réalisation du Grand Louvre et au réaménagement des Tuileries.
Cette femme de savoir, écrit l'auteur, "a sacrifié la gloire fugace des épouses officielles (...) mais, dans le huis clos de sa prison dorée, elle a eu plus de pouvoir que n'importe quel ministre d'Etat. La France lui doit, en partie, un musée magnifique et une pyramide contemplée par des millions de touristes".