UN TALENT PROMETTEUR AU SERVICE DU DOCUMENTAIRE SÉNÉGALAIS
KADY DIÉDHIOU, RÉALISATRICE SÉNÉGALAISE SÉLECTIONNÉE

Elle était partie pour faire la coiffure. Kady Diédhiou, après une brève formation en cinéma, fait partie désormais des jeunes talents du 7e art sénégalais. Déjà primée au festival Image et Vie en 2006 pour son court métrage fiction, Saly, elle représentera le Sénégal à l’édition 2014 du festival Clap Ivoire, qui s’ouvre lundi prochain à Abidjan. Rencontrée hier à la direction de la Cinématographie, la jeune réalisatrice dont le documentaire Guinaw Rails (derriere les rails) a été sélectionné pour les besoins de cette messe du cinéma sous-régional, se laisse découvrir.
Elle est toute simple. Sans artifice et sans manie des jeunes filles de son âge. Kady Diédhiou, la trentaine révolue, est une jeune réalisatrice récemment sélectionnée pour l’édition 2014 du Clap Ivoire qui s’ouvrira lundi 1er septembre prochain à Abidjan.
Pour ce baptême du feu dans un festival de dimension sous-régionale, Kady ne semble pas impressionnée. Elle garde la tête sur les épaules, tout en confiant sa fierté de représenter son pays en Côte d’Ivoire où seront présents de jeunes réalisateurs de tous les pays membres de la Cedeao.
«Clap Ivoire sera ma première participation à une rencontre sous- régionale en tant que réalisatrice. Je suis très contente et honorée de pouvoir aller représenter mon pays le Sénégal à ce festival. Je pars à la découverte», affirme la jeune fille avec un sourire qui atteste de sa fierté.
Une joie qui pourrait s’expliquer par le fait que rien ne prédestinait Kady Diédhiou à ce parcours élogieux.
En effet, il y a quelques années encore, Kady Diedhiou était loin de s’imaginer qu’elle allait représenter son pays pour les besoins du 7e art. C’est en effet en 2005 que par pur hasard, elle entame son aventure avec le cinéma.
«Quand je quittais mon village pour Dakar, j’étais censé aller faire une formation en coiffure. Il y avait un centre qui s’appelait Reac’film et qui était basé à Thiaroye Gare. Ce centre formait les jeunes dans divers métiers : la teinture, la poterie... Et comme je n’avais pas encore trouvé d’école de coiffure, j’y allais avec une cousine. Puis au bout de quelques mois, une réalisatrice finlandaise était passée nous donner une petite formation de trois mois en cinéma. Jai été sélectionnée pour suivre cette formation. Ce fut ma rencontre avec le cinéma», narre la jeune réalisatrice.
Depuis lors, elle a pris goût et a voulu continuer son expérience dans le milieu du 7e art. Pour cela, Kady s’arme de courage et d’abnégation, fréquentant les acteurs du secteur du cinéma et profitant des expériences diverses.
En 2008, sa rencontre avec Ciné Banlieue lui permis d’ailleurs de travailler avec d’autres amis et connaissances, mais surtout d’écrire des projets de films. Ensemble, ils réalisèrent plusieurs projets collectifs.
Guinaw rails, une ouverture sur l’Afrique
Cette jeune réalisatrice, pleine de bonne volonté, a déjà séduit ses pairs sur le plan national avec son court métrage fiction titré Saly. En effet, en 2006, ce film qu’elle a réalisé après trois mois de formation au Reac’Film a reçu le prix du jeune public au festival Image et Vie. D’autres distinctions suivront pour cette même réalisation, notamment en Norvège puis en Finlande.
Pour le Clap Ivoir, Kady présente un documentaire baptisé Guinaw rails, (derrière les rails). Il s’agit d’un film qui raconte l’histoire d’une dame : «Dior Lèye qui se lève tous les jours à 5h du matin, traversant les rues sombres et obscures de son quartier insécurisé et l’imposante autoroute à péage qui comme un barrage le sépare de la Route nationale pour aller au marché central du poisson. N’ayant aucun soutien y compris de son mari qui n’a jamais travaillé, Dior fait vivre sa famille grâce à son petit commerce de poisson qu’elle revend dans son quartier et ce depuis plus de 30 ans.»
Ce film, qui a été choisi «pour l’intensité de sa trame narrative, ses qualités artistiques et techniques», permettra à Kady de défendre les couleurs de son pays au Clap Ivoire 2014. Pour la jeune réalisatrice, le contenu de ce documentaire présente un modèle, un exemple à la jeune génération.
«La dame, qui est au centre de l’histoire racontée, est un modèle pour les femmes et pour la société. Car certaines femmes pensent que ce sont les hommes qui doivent subvenir aux besoins de la famille», commente Mme Kady Diédhiou qui dit ne pas se faire trop de fixation sur les récompenses du Clap Ivoire.
En attendant Songo
«J’aime les surprises. Et je vis les choses telles qu’elles m’arrivent. Je vais d’abord au Clap Ivoire pour faire des découvertes et apprendre de mes pairs. Je vais voir d’autres films et d’autres jeunes réalisateurs africains. Cela me permettra de m’améliorer. S’il y a un prix, c’est tant mieux», dit-elle lorsqu’on l’interpelle sur ses attentes. En réalité, de retour du Clap Ivoire, Kady Diédhiou a encore un projet filmique à finaliser. Cela lui tient à cœur.
Elle confesse : «Je travaille actuellement sur un documentaire de 52 minutes avec la maison de production française, Les films de l’Atelier. Ce sera une coproduction. C’est un projet sur lequel je travaille depuis trois ans. Le film raconte l’histoire d’un toxicomane, une personne qui a eu des difficultés avec la drogue et les maladies mentales et qui aujourd’hui veut une reconnaissance sociale à travers sa musique, parce qu’il est devenu un artiste et a abandonné la drogue.»
Ce documentaire de 52 minutes, Kady compte le finaliser pour le mois de décembre prochain. Le titre provisoire est Songo. En attendant, elle va à son rythme et veut continuer à apprendre. Celle qui penche beaucoup plus pour les films documentaires que les fictions dit vouloir beaucoup appendre des autres.
«J’ai commencé à faire des fictions. Mais le documentaire sur lequel je travaille actuellement et dont le titre provisoire est Songo, m’a permis de me rendre compte que je me sens plus à l’aise en documentaire. Aujourd’hui, je me rends compte que le documentaire est plus proche de la réalité. Et cela me permet d’être plus proche des gens. Je me sens mieux avec le documentaire», confie-t-elle avant de s’éclipser à pas de lionne.
Sûrement une façon de nous revenir professionnellement plus grande.