COVID-19 : COMMENT MOBILISER LES 64 MILLIARDS DÉCIDÉS PAR L'ETAT ?
L’économiste Demba Moussa Dembélé soutient qu’à ce stade, personne ne peut estimer le coût réel de la pandémie, car on ne maîtrise pas le rythme et l’ampleur de la propagation. Ce qui réduit considérablement la marge de manœuvre de l'Etat

L’économiste Demba Moussa Dembélé est formel. Se prononçant sur le plan de Macky Sall pour soutenir l’économie sénégalaise face à ce contexte de Covid-19, il a soutenu
qu’à ce stade, personne ne peut estimer le coût réel de la pandémie, parce qu’on ne maîtrise pas le rythme et l’ampleurde la propagation. Et de relever que le cas des pays développés sont là pour le prouver. Quoi qu’il en soit, il a tenu à noter que les coûts économiques et sociaux de la pandémie sur l’économie sénégalaise sont déjà très élevés. « Le secteur du tourisme est presque sinistré, comme le dit sur tous les tons, Mamadou Racine Sy, le gérant de l’hôtel King Fahd Palace. Et il demande à l’Etat de secourir le secteur qui est le deuxième en termes de contribution au Produit intérieur brut (PIB) du pays. On voit ainsi les sommes considérables qu’il faudra mobiliser rien que pour ce secteur ».
Toutefois, Demba Moussa Dembélé a tenu à relever que beaucoup d’autres secteurs sont également frappés de plein fouet et ont besoin d’être secourus. « En outre, ce ne sont pas seulement les entreprises qu’il faut secourir. Beaucoup de ménages sont également sinistrés, du fait des mesures déjà prises par le président de la République. Les marchés fermés, les écoles et universités qui sont fermées, les limitations des déplacements, l’interdiction des rassemblements publics, toutes ces mesures entraînent des pertes incalculables pour de nombreux commerces et les ménages qui en dépendent ». Toujours selon lui, «Dans ce contexte de tension sur les finances publiques, pour faire face aux conséquences de la pandémie, le régime va naturellement se tourner vers ses principaux bailleurs, comme les institutions multilatérales (Banque africaine de développement ; Banque mondiale, Fmi, Banque islamique de développement, etc.)
Ensuite, il va compter sur ses partenaires bilatéraux». Mais dans ce cas, L’Etat ne risque pas de récolter gros, étant donné que tous les pays sont attaqués et doivent d’abord faire face à leurs propres problèmes. Surtout, a-t-il dit, que « l’Union européenne est devenue l’épicentre de la pandémie et cherche à mobiliser des centaines de milliards d’Euros pour secourir ses entreprises et citoyens. La Banque centrale européenne est appelée au secours des Etats, avec un plan de rachat des dettes d’un montant de 750
milliards d’euros. On voit ainsi que l’Europe ne pourra pas faire grandchose pour le Sénégal ». Qui plus est, a noté Dembélé, « C’est la même chose pour les Etats-Unis
qui travailleraient sur un plan de près de 1000 milliards de dollars pour faire face aux conséquences de la pandémie ».
En fin de compte, il a fait savoir que « Peut-être que le Sénégal aura un peu plus de chance du côté de ses partenaires arabes ». Conséquence : « On voit ainsi que la mobilisation des 64 milliards de francs CFA risque d’être plus difficile pour le Sénégal. Mais même s’il arrivait à mobiliser ce montant, suffira-t-il ?», s’est-il interrogé.