LES CHERCHEURS SE PENCHENT SUR L’APRES ECOWAP+10
INVESTISSEMENT DANS L’AGRICULTURE EN AFRIQUE DE L’OUEST
La question de l’investissement dans l’agriculture est largement discutée vendredi et samedi derniers à Dakar. La rencontre, initiée par Enda Cacid (Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement) et ses partenaires de l’Afao et de l’Ipar, a mobilisé plusieurs chercheurs de la sous-région. Occasion pour la plupart de ses participants de se demander où sont passés les 10% des dépenses publiques pour le développement agricole et rural.
Pour trouver une solution efficace et durable au problème de la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest, les chercheurs de la sous-région ont croisé leurs regards à Dakar, les vendredi 20 et samedi 21 novembre, pour discuter des perspectives post Ecowap+10 (Politique agricole régionale de l’Afrique de l’Ouest) et l’investissement dans l’agriculture. «Cette rencontre s’inscrit dans le sens d’avoir des politiques inclusives parce qu’il est important que la société civile ait une voix, qu’elle puisse participer à l’élaboration des politiques. Et je crois que la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) l’a déjà compris. Je pense que nous aurons la possibilité d’avoir un regard croisé pour qu’un dialogue constructif puisse démarrer aujourd’hui et se prolonger dans les dix prochaines années», a signalé Ibrahima Hathie, directeur de recherche à l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar).
Khady Mme Fall Tall, présidente de l’Association des femmes de l’Afrique de l’Ouest (Afao), toute réflexion qui n’a pas d’impact sur les populations à la base, les ayant-droits, qui puisse pas rendre positif ou changer leur quotidien ne vaut pas la peine. «Nous avons fait le bilan des dix ans d’exercice dans notre région, ça n’a pas été mauvais parce que tout début est difficile. Mais il reste à améliorer pour que les populations reçoivent les fruits de nos efforts de réflexion parce que c’est de ça qu’il s’agit. Toute réflexion qui ne peut pas atterrir à la base, au niveau des ayant-droits, pour rendre positif ou changer leur quotidien ne vaut pas la peine d’être attendue», a-t-elle déclaré.
Mme Khady Fall Tall de l’Afao d’ajouter: «nous nous sommes positionnés dans ce que l’Afrique n’a jamais pu réussir, c’est-à-dire, son industrie. On ne pense pas, comme l’a réussi la Tunisie, qu’il s’agisse de mettre de grandes industries pour reverser les ressources dans un autre pays. Cette forme d’agrobusiness, nous n’en voulons pas. Nous avons pris l’option de l’exploitation familiale. Donc nous voulons que l’essentiel du travail et de la main d’œuvre qui la rendrait consommable viennent de notre pays», a laissé entendre la présidente de l’Afao.
«L’Afrique de l’Ouest ne transforme que 2% de sa production agricole. C’est ce qu’il faut corriger car on ne peut pas avoir une industrie en exportant sa matière première vers d’autres pays qui l’utilisent à notre place. Alors que nous sommes assis sur une bombe du non emploi des jeunes», soutient Mme Tall. «A ce titre, je pense que des ruptures doivent être amorcées par rapport à ce qui se passe jusqu’à présent. Nous devons soutenir les petites initiatives de transformation. C’est le travail du ministère de l’Industrie, mais peut être tel que c’est dispatché en amont ça ne facilite pas les choses», poursuit-elle.
Le représentant du ministère de l’Industrie, Ibrahima Sonko, a rassuré quant à l’engagement du gouvernement qui ne ménagera aucun effort pour les accompagner, à travers le Plan Sénégal émergent (Pse).